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L'Internet et l'enseignement

4.2. La croissance du réseau Internet dans le monde

4.2.5. L'Internet et l'enseignement

L'enseignement et la formation sont déterminants dans les perspectives de développement économique et humain et de compétitivité internationale d'un pays. Le miracle économique asiatique nous a, en effet, appris que le niveau d'études est le facteur le plus important pour expliquer la forte croissance économique enregistrée au cours des dernières décennies. On comptait pourtant, en 1996, près de 1,5 milliard d'enfants et d'adultes illettrés dans le monde. Le téléenseignement offre des possibilités d'acquisition des connaissances à des étudiants qui, autrement, pour diverses raisons :1- éloignement géographique des centres d'enseignement, 2- horaires de travail, 3- ressources financières limitées, etc…seraient exclus du système éducatif. Pour un pays, cette stratégie permet d'augmenter considérablement le nombre de personnes ayant reçu une éducation, avec les retombées positives pour son économie. Par ailleurs, le téléenseignement à l'université a fait naître l'espoir de mettre enfin un terme à la fuite des cerveaux qui affectent la plupart des pays en voie de développement qui voient leurs habitants les plus instruits partir à l'étranger pour une formation et la moitié d'entre eux environ ne jamais revenir. Pour le système éducatif global d'un pays, le téléenseignement offre la possibilité d'accroître les économies d'échelle et de réduire les coûts d'infrastructure.

Ces dernières années le nombre de programmes de téléenseignement dans les pays en voie de développement a augmenté de façon spectaculaire, à tel point que les six plus grandes universités de téléenseignement dans le monde sont situées dans des pays en développement (voir le Tableau ci-dessous).

Pays Institution Créée en Etudiants Budget* Faculté

Turquie Université Anadolu 1982 577’804

[95]

30 1’260

Chine Système d'université par réseau

de télévision de Chine 1979 530’000 [94] 1.2 31’000

Indonésie Université Terbuka 1984 353’000

[95] 21 5’791

Inde Enseignement universitaire à

distance de l'Université nationale Indira Gandhi

1985 242’000 [95]

10 13’652

Thaïlande Enseignement universitaire à distance de l'Université Sukhothai Thammathirat

1978 216’800

[95] 46 3’536

Corée Enseignement universitaire à

distance national de Corée 1982 210’578 [96] 79 2’840

France Centre National d'Enseignement à

Distance 1939 184’614 [94] 56 4’800

Royaume-Uni Enseignement universitaire à

distance (Open University)

1969 157’450 [95]

300 8’191

sud-africaine [95]

Iran Université Payame Noor 1987 117’000

[95]

13.3 3’665

Espagne Université nationale

d'enseignement à distance

1972 110’000 [95]

129 4’600

Tableau 14: Les plus grandes universités de téléenseignement dans le monde 1 Source: http://www.open.ac.uk/ou/news/vc/botsfig2.hmtl

Dans un grand nombre de cas les résultats ont été plutôt décevants, essentiellement pour les raisons suivantes: a) encadrement insuffisant; b) sensation d'isolement due au manque d'interaction avec d'autres étudiants; c) accent mis sur les programmes par correspondance; et d) retard dans la réponse apportée aux besoins des étudiants.

L'avènement de l'Internet a révolutionné le téléenseignement et bon nombre de ces obstacles ont aujourd'hui disparu. L'Internet est une salle de classe virtuelle caractérisée par une très grande interactivité et un partage des ressources et de l'information. Dans de nombreux pays en effet, l'État - depuis toujours principale source de financement de l'enseignement - aux prises avec de sérieuses contraintes budgétaires se replie et n'intervient plus aussi directement qu'avant. Mais au moment où les États revoient leur financement à la baisse, deux autres types d'institution accroissent leur participation financière dans le secteur: les institutions multilatérales de prêt et les entreprises du secteur privé. Certaines de ces institutions privées dans les pays en voie de développement, ont non seulement les liquidités nécessaires pour informatiser et mettre en réseau leurs services éducatifs, mais encore réussissent relativement bien à mobiliser des fonds sur le marché des valeurs, comme en témoigne l'exemple de la Education Investment Corporation (Educor) en République sud-africaine. Ce groupe, qui a investi dans l'éducation et le placement des portefeuilles, est en plein essor depuis ces dernières années. Le secteur de l'éducation compte plus de 4 000 enseignants du supérieur qui disposaient des cours à 300 000 étudiants inscrits dans 160 disciplines. En juin 1996 les parts de la compagnie ont été introduites en bourse à la Bourse de Johannesburg. Le chiffre d'affaires d'Educor a triplé entre décembre 1996 et fin 1997 et ses bénéfices d'exploitation ont augmenté de 78% pendant la même période. La capitalisation boursière d'Educor dépasse déjà 433 millions de dollars EU.

Il ressort de ce qui précède que la mise en place de programmes de téléenseignement sur Internet dans les pays en voie de développement est non seulement viable sur le plan théorique,

1 Note: La date renvoie à l'année pour laquelle les données sont disponibles. *millions de dollars EU.

mais aussi réalisable sur le plan pratique. La construction de l'infrastructure de communication nécessaire est en règle générale la partie la plus facile et à long terme, la moins chère, du processus. Ce qui semble beaucoup plus difficile - en termes de temps et de coût - c'est d'assurer de façon durable la production et la fourniture de contenu. Pour un certain nombre de pays en voie de développement, le problème du contenu risque de s'aggraver pour les raisons suivantes:

- le contenu pour les programmes de téléenseignement a des caractéristiques propres qui tiennent à la fourniture en ligne de ce service; et

- le contenu doit être adapté aux besoins locaux en matière d’enseignement.

Malgré ce problème de contenu, l'Internet va vraisemblablement non seulement stimuler les services d'enseignement classiques dans le monde, mais aussi transformer la manière dont nous appréhendons et expérimentons le processus d'acquisition des connaissances.

L'enseignement à distance est très peu développé dans les pays arabes par rapport à la demande sociale. On peut dénombrer au début des années 90 cinq établissements d'enseignement supérieur dispensant entièrement ou partiellement un enseignement ouvert ou à distance, avec des effectifs qui ne dépassent guère (selon les estimations de l'Union des Universités Arabes) 20 000 étudiants (soit 0.002% des effectifs mondiaux). Ces Etablissements sont implantés en Algérie (UFC1 d'Alger), en Egypte (Université du Caire), en Jordanie (l'Open University El Qods) et en Tunisie (1'ISEFC de Tunis). Cet état de fait ne semble pas répondre aux demandes sociales en matière d'éducation à l'aube du 21éme siècle. L'Union des Universités Arabes comptait 7 Millions le nombre des étudiants dans le monde Arabe en 2000. La formation de cette population a coûté un budget global de 15 milliards de dollars. Une mention spéciale doit, enfin être faite pour "l'Open University d'El Qods"(Palestine) fondée en 1986 qui fonctionne comme un établissement d'enseignement ouvert et profite actuellement à 2775 étudiants. Il convient de remarquer que c'est le secteur public, qui exerce le monopole de l'enseignement à distance. L'Institut Tunisien MASSMEDIA serait une rare exception qui tente de s'imposer comme un établissement du secteur privé dans la région arabe2.

Concernant l’Algérie, l’université de formation continue (UFC) compte réaliser la première université virtuelle algérienne dans les années à venir, il y a des équipes, en partenariat avec d’autres de l’étranger, sont en train de travailler dans ce projet. L’UFC a déjà lancé plusieurs formations à distance (téléenseignement), il s’agit des formations de cycle court (DEUA) dans

1 L’université de la formation continue fût créée par le décret exécutif n° 90-149 du 26 mai 1990.

2 Voir article du Dr Mustapha MASMOUDI Tunis le 10 11-1995 « Les nouvelles technologies de l'information au service de l'enseignement et de la formation »

les sciences humaines et sociales. Cet enseignement se base sur l’utilisation des TIC (Internet et CD-rom). D’autres établissements de formation1 utilisent les TIC dans la dispense des cours à distances. L’EEPAD, qui était à l'origine un établissement spécialisé dans l’enseignement professionnel à distance, a repris sa fonction d’origine. En plus de sa position de fournisseur de technologie, cette entreprise développe une plateforme de téléenseignement dénommée CLICFORMA qui permet d'héberger des dispositifs de formation et de dispenser des formations à distance via Internet. Cette plateforme accessible à l'adresse www.clicforma.com est multi utilisateurs en arabe et français. Cet outil d'enseignement intéresse les établissements scolaires du secteur de l'Education nationale ainsi que les écoles privées qui dispensent des formations en partenariat avec des écoles et universités étrangères. Ces dernières pourront ainsi réaliser des économies en matière de regroupement des stagiaires, de déplacement et d'hébergement des enseignants etc. En tant qu'établissement de formation, l'EEPAD a développé un dispositif dénommé EcolePlus qui consiste à utiliser la plateforme CLICFORMA pour faire un soutien scolaire via Internet. Elle propose des contenus parascolaires multimédias attractifs qui sont destinés aux élèves de classe de la terminale pour leur permettre d’augmenter leurs chances de réussite au Baccalauréat. D’après les responsables de cet organisme, ce dispositif sera élargi progressivement aux élèves des autres niveaux et plus particulièrement ceux qui préparent les examens du BEM et de la Sixième.

En 2005, et à titre exceptionnel, l'accès aux différents cours de EcolePlus de l'EEPAD s’est effectué gratuitement. Près de 500 apprenants ont été inscrits à la plateforme Clicforma et au dispositif de soutien scolaire EcolePlus. En juin 2006, l'EEPAD a proposé un examen d'évaluation en ligne pour permettre aux élèves inscrits d'évaluer leurs connaissances et de se préparer à l'examen officiel du baccalauréat2.

Un service «e-learning», par carte prépayée, a été lancé par la filière d’Algérie Télécom, Djaweb. Le service est réalisé en partenariat avec les multinationales Thomson Netg et Microsoft. Il est le premier du genre en Afrique, ce service propose, via Internet, un contenu de 4.000 cursus de formation dans le domaine des Technologies de l’information et de la communication et du développement des compétences professionnelles. Il s’agit, entre autres, de l’initiation à l’informatique aux certifications les plus connues des grands éditeurs informatiques (Microsoft, Oracle, Cisco, IBM, Novell Comptia, SAP...). Un progrès qui s’illustre aussi par la création de près de 200.000 emplois direct et indirect3.

1 Il y a entre autres le CNEPD.

2 Souce : voir site http://www.ousratic.dz/