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C. ANALYSE DES DONNÉES

8. Le transfert négatif

8.1. Analyse du transfert négatif – piste A

8.1.4. Interférences et conformité

Dans ce sous-chapitre, nous revenons à l’objectif pour lequel il a fallu au préalable présenter le second niveau de l’annotation, à savoir déterminer dans quelle mesure les erreurs interlinguales affectent la conformité de l’interlangue. Les fiches de calculs (Annexes 8 – 13, 20 – 25, etc.) présentent cette analyse en détail, mais ici nous proposons seulement des diagrammes afin de synthétiser les résultats. Les analyses sont diachroniques intra-interlangue.

Analyse diachronique intra-interlangue (1) IX7-I1/E

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Figure 30 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (1) IX7-I1/E

Comme l’indiquent les diagrammes précédents, chez le sujet (1) IX7-I1/E l’influence négative des autres langues romanes sur sa production en français se concrétise tant dans des substitutions que dans des calques. Prises ensemble, les substitutions et les calques, autrement dit les interférences, affectent la conformité de l’interlangue d’une manière variable, d’un moment à l’autre. Parfois, les erreurs interlinguales sont plus nombreuses que les intralinguales (textes 2, 3, 5), d’autres fois c’est l’inverse (textes 1, 4, 6). Cependant, le rapport entre calques et substitutions reste, dans tous les cas, le même : les substitutions sont beaucoup moins nombreuses que les calques. De plus, dans le second texte, les substitutions sont absentes. Tout ceci nous amène à penser que l’apprenant ne se contente pas de faire appel à la langue maternelle ou aux autres langues connues, en substituant au terme français son équivalent roumain, italien ou espagnol (parfois même anglais) afin de combler les méconnaissances en français. Au contraire, il formule des hypothèses sur le système linguistique du français à l’aide des autres langues romanes et il en résulte les calques.

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Analyse diachronique intra-interlangue (2) IX7-I1/E

(Pourcentage des erreurs selon leur source + pourcentage des calques / substitutions)

Figure 31 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (2) IX7-I1/E

La variation du pourcentage des erreurs interlinguales, d’un moment à l’autre, est aussi observable chez le sujet (2) IX7-I1/E. Cependant, le nombre des interlinguales n’est jamais plus élevé que le nombre des erreurs intralinguales. Les substitutions apparaissent seulement dans trois textes (1, 2, 5) mais, là ou elles se trouvent, elles affectent la conformité de l’interlangue avec un pourcentage élevé, qui atteint même 7,5% (dans le premier texte). Cela veut dire que

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dans ces moments de productions, le sujet a rempli les vides de ses connaissances linguistiques avec des mots étrangers, transférés tels quels dans son interlangue. Nous avons constaté qu’au fur et à mesure que l’on avance, le pourcentage des substitutions diminue (7,25%, 4,26%, 1,45%). Toutefois, les calques restent supérieurs de point de vue numérique, ce qui traduit les tentatives de validation des hypothèses faites sur le système linguistique du français.

Analyse diachronique intra-interlangue (3) X8-E1/I

(Pourcentage des erreurs selon leur source + pourcentage des calques / substitutions)

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Selon les diagrammes ci-dessus, l’interlangue du sujet (3) X8-E1/I présente des erreurs interlinguales qui affectent moins sa conformité avec la norme que les erreurs intralinguales. Le premier texte de la première enquête enregistre le nombre le plus grand de substitutions. Au long des deux premières enquêtes le nombre des substitutions continue à varier. Par contre, elles sont absentes dans la troisième enquête (textes 5 et 6) ce qui traduit le fait que le sujet ne se contente plus de combler les vides de ses connaissances linguistiques en introduisant des mots étrangers tels quels, mais qu’il commence à vérifier des hypothèses ; il en résulte les calques. Il serait intéressant d’observer quel est le rôle des calques dans l’ensemble de l’interlangue. Par rapport à la conformité, ils ont une valeur négative, mais par rapport à la complexité de l’interlangue, ils pourraient s’investir d’une valeur positive. Nous analyserons ces aspects dans la partie finale (voir le sous-chapitre 8.2.3.).

Analyse diachronique intra-interlangue (4) X8-E1/-

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Figure 33 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (4) X8-E1/-

Chez le sujet (4) X8-E1/-, la variation des pourcentages des erreurs dévoile une prédominance des formes interlinguales dans la première partie de la période enquêtée (textes 1 et 2). À partir du moment 3, la situation s’inverse et les erreurs intralinguales ont le rôle principal dans l’établissement de l’écart de l’interlangue par rapport à la norme de la langue cible. Cela traduit le fait que, peu à peu, le sujet acquiert des connaissances linguistiques en français et qu’il n’est plus nécessaire de faire appel si souvent aux autres langues romanes connues. Nous avons constaté aussi que les substitutions manquent au dernier moment de la période enquêtée ce qui soutient l’idée ci-dessus.

Analyse diachronique intra-interlangue (5) XI6-I2/E

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Figure 34 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (5) XI6-I2/E

Comme les diagrammes l’indiquent, l’interlangue du sujet (5) XI6-I2/E présente des erreurs intralinguales plus nombreuses que les formes interlinguales. Les calques sont présents dans tous les textes, tandis que les substitutions apparaissent seulement dans trois textes (2, 4 et 5). Ces observations nous amènent à penser que lorsque ses connaissances linguistiques ne sont pas suffisantes, le sujet fait appel aux autres langues romanes. Toutefois, il ne se contente pas d’introduire dans son interlangue des mots étrangers tels quels (substitutions), mais il formule plutôt des hypothèses sur le système linguistique du français, en s’appuyant sur les autres langues romanes connues.

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Analyse diachronique intra-interlangue (6) XI6-I2/E

(Pourcentage des erreurs selon leur source + pourcentage des calques / substitutions)

Figure 35 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (6) XI6-I2/E

Dans le cas du sujet (6) XI6-I2/E, les erreurs intralinguales sont responsables pour l’écart de l’interlangue par rapport à la langue cible, loin devant les erreurs interlinguales. Les

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erreurs interlinguales en sont responsables beaucoup plus moins. Toutefois, on trouve des calques dans tous les textes. Les substitutions sont présentes dans le premier texte et elles réapparaissent dans le texte 4 avec un pourcentage de seulement 0,52%. Tout cela suggère que notre sujet préfère inférer des hypothèses sur le système linguistique de la langue française, en s’appuyant aussi sur les connaissances qu’il a dans d’autres langues romanes, au lieu d’utiliser des mots étrangers tels quels dans son interlangue.

Analyse diachronique intra-interlangue (7) XI6-I2/E

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Figure 36 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (7) XI6-I2/E

Chez le sujet (7) XI6-I2/E, le rapport erreurs intralinguales – erreurs interlinguales est très variable. Dans les textes 1 et 4, les interlinguales sont plus nombreuses que les intralinguales, tandis que dans les autres textes 2, 3, 5, 6, la situation montre l’inverse. Le plus grand nombre des erreurs interlinguales sont des calques, les substitutions étant moins nombreuses, voire absentes dans les textes 5 et 6. Nous observons, chez ce sujet aussi, que vers la fin de la période de l’enquête, les mots étrangers introduits tels quels disparaissent et les sujets utilisent leurs connaissances en d’autres langues romanes, afin de formuler des hypothèses sur le système linguistique du français.

Analyse diachronique intra-interlangue (8) XI6-I2/E

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Figure 37 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (8) XI6-I2/E

Chez le sujet (8) XI6-I2/E, les erreurs intralinguales sont plus nombreuses que les interlinguales, sauf dans le texte 5, où la situation est inverse. Cela veut dire que le sujet vérifie des hypothèses concernant le système du français, en s’appuyant plutôt sur ses autres connaissances en français que sur ses connaissances dans d’autres langues romanes. Les substitutions sont présentes en faibles pourcentages, dans les textes 1 et 4.

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Analyse diachronique intra-interlangue (9) I8-I1/-

(Pourcentage des erreurs selon leur source + pourcentage des calques / substitutions)

Figure 38 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (9) I8-I1/-

La situation de l’interlangue du sujet (9) I8-I1/-, ressemble beaucoup à celle du sujet précédent, sauf qu’ici aucun texte ne change la hiérarchie des erreurs responsables de l’écart par

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rapport à la norme de la langue cible. Chez le sujet (9) I8-I1/-, la situation reste inchangée : les erreurs intralinguales sont toujours plus nombreuses que les interlinguales. Les erreurs interlinguales sont représentées plutôt par des calques, tandis que les substitutions apparaissent dans des pourcentages très faibles, dans les textes 1, 3 et 5. Cela traduit, comme dans les autres cas, la tendance du sujet à formuler des hypothèses concernant le français en s’appuyant sur les connaissances dans d’autres langues romanes, plutôt qu’à combler les vides avec des mots étrangers introduits tels quels.

Analyse diachronique intra-interlangue (10) I8-E1/-

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Figure 39 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (10) I8-E1/-

Selon les diagrammes, chez le sujet (10) I8-E1/-, les erreurs intralinguales dominent dans tous les textes, tandis que les erreurs interlinguales deviennent progressivement moins nombreuses. Les substitutions apparaissent seulement dans le premier texte. Nous avons constaté également que vers la fin de la période de l’enquête, le nombre des calques diminue ce qui coïncide avec l’augmentation du pourcentage de conformité. Tout cela traduit le fait que, au fur et à mesure que l’on avance, le sujet (10) I8-E1/- fait de moins en moins appel aux autres langues romanes et que les hypothèses qu’il veut vérifier par rapport au système linguistique du français sont formulées en s’appuyant plutôt sur ses autres connaissances en langue cible.

Analyse diachronique intra-interlangue (11) I8-I1/E

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Figure 40 - Pourcentage des erreurs selon leur source. Sujet (11) I8-I1/E

L’interlangue du sujet (11) I8-I1/E présente plus d’erreurs intralinguales que d’erreurs interlinguales, à tous les moments sauf dans le cinquième texte. Les substitutions sont présentes dans cinq textes sur six, dans des pourcentages qui une seule fois dépassent 1%. Ceci nous conduit à dire que le sujet (11) I8-I1/E, comme bien d’autres sujets, choisit de formuler des hypothèses sur le système du français en s’appuyant plutôt sur les autres connaissances en langue cible que sur les autres langues romanes connues. De plus, le sujet fait appel aux substitutions de manière très restreinte.

Observations générales, analyse inter-interlangue

 Le fait que l’interlangue des sujets présente des écarts par rapport à la langue cible, démontre leur activité d’esprit. Ils ne laissent pas les vides de leurs connaissances linguistiques marquer leurs productions, mais essayent de les combler en formulant des hypothèses sur le système linguistique du français, s’appuyant soit sur leurs autres connaissances en langue cible, soit sur leurs connaissances en d’autres langues romanes.

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De cette manière, les hypothèses qui ne sont pas validées se concrétisent dans des erreurs intralinguales ou interlinguales.

 Les calques sont présents dans tous les textes chez tous les sujets, ce qui traduit le fait que ceux-ci font des efforts pour s’exprimer en français même si l’influence de la langue maternelle et des autres langues romanes connues est évidente. Ils prennent des structures appartenant aux autres langues et essaient de les adapter au système linguistique du français.

 Les substitutions sont beaucoup moins nombreuses que les calques et elles sont parfois même absentes des productions des sujets. Cela veut dire que les sujets utilisent rarement des structures appartenant aux autres langues, telles quelles. Parfois, lorsqu’ils font une substitution, ils mettent en évidence cette forme-là, en la soulignant. Cela montre qu’ils sont bien conscients de ce qu’ils font.

 Cette analyse concernant l’influence des calques et des substitutions sur la conformité de l’interlangue avec la norme, nous montre la dimension négative des erreurs interlinguales.

Afin d’avoir une image complète de l’influence des erreurs interlinguales sur l’interlangue, il est nécessaire d’analyser leur effet sur la complexité de l’interlangue, ce que nous ferons dans le sous-chapitre 8.2.3.

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