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C. ANALYSE DES DONNÉES

8. Le transfert négatif

8.1. Analyse du transfert négatif – piste A

8.1.2. Conformité avec la norme

Faisons tout d’abord certaines observations concernant le calcul de la conformité avec la norme. Rappelons-nous la formule à utiliser pour calculer la conformité :

E = (Fcor / (Fcor + Finc)) x 100

On est tenté de croire que Fcor + Finc (formes correctes + formes incorrectes) est égal au nombre total des formes d’un texte donné. La pratique nous a fait prendre conscience que certains mots absents du texte devraient être comptés dans le nombre total des formes, afin que l’application de la formule donne un résultat fiable. Il s’agit des mots omis dans les productions écrites, que l’on compte comme formes incorrectes. Dans ce cas-là, Fcor + Finc est égal au nombre total des formes d’un texte + le nombre des formes omises. Voici un exemple :

il est *superior fille (Sujet X10E1/I (texte 2))

À première vue, ce texte contient 4 formes, dont 3 sont correctes et une incorrecte. Son pourcentage de la conformité avec la norme est donc : E = (3/ (3+1)) x 100 = 75 %. Mais le texte contient aussi des erreurs d’omission qui n’affectent pas une forme déjà présente dans le texte, ce qui induit que le pourcentage change. Les omissions seront étiquetées comme erreurs de syntaxe <S><OMS> :

99

il est *superior *_ _ fille / il est *superior à la fille : 6 formes = 3 correctes + 1 incorrecte + 2 omises

De ce fait, le pourcentage de conformité avec la norme est E = (3/ (3+3)) x 100 = 50 % Ce deuxième résultat est conforme à la réalité, tandis que le premier est faux car il ne prend en considération que la surface du texte. Par conséquent, nous trouvons absolument nécessaire d’ajouter au nombre total des mots d’un texte le nombre des omissions.

Nous avons expliqué, dans la partie méthodologique, que l’étiquetage ne s’opère qu’une seule fois sur un même mot. Si un mot contient trois erreurs, nous étiquetons l’erreur qui est la plus pertinente, qui affecte donc le plus la production. Dans ce cas-là, on pourrait se demander si ce type d'étiquetage ne fausse pas le calcul de la conformité, puisque l’on ne prend pas en compte toutes les erreurs. Après avoir analysé la situation, nous avons conclu que le fait de ne mettre qu’une étiquette sur un seul mot ne peut pas fausser le pourcentage de la conformité avec la norme. En effet, cette formule ne calcule pas la conformité avec la norme selon les niveaux (lexical, morphologique, syntaxique), mais en fonction du total des formes incorrectes. Un mot est incorrect, qu’il contienne une seule erreur, ou qu’il en présente plusieurs. Ce type d’étiquetage n’affecte pas donc le calcul de la conformité.

Afin de déterminer de la conformité, nous avons fait des calculs détaillés pour chaque production des onze sujets, présentés dans les annexes (2 – 7, 14 – 19, etc.) Dans ce qui suit, les résultats seront présentés et interprétés d’une perspective diachronique intra-interlangue et, vers la fin, inter-interlangue. Nous avons choisi de les synthétiser par l’intermédiaire des diagrammes, au lieu de les présenter tels quels ; en effet, à l’aide des représentations graphiques, il est beaucoup plus facile de percevoir les variations des systèmes transitoires. Nous rappelons que la conformité est calculée en pourcentages (de 0% à 100%) et nous précisons que les couleurs gris, bleu et rouge indiquent le groupement des textes selon l’enquête à laquelle ils appartiennent.

100

Figure 19 – Conformité de l’interlangue du sujet (1) IX7-I1/E

La conformité de l’interlangue du sujet (1) IX7-I1/E présente des variations faibles à l’intérieur de la même enquête -2%, +0,10%, -3%, mais des variations plus évidentes entre les textes des enquêtes différentes +12%, -4%. Pendant la deuxième enquête, la conformité atteint le point le plus élevé, la variation entre les deux moments de l’enquête étant seulement de 0,07%.

Figure 20 – Conformité de l’interlangue du sujet (2) IX7-I1/E

Chez le sujet (2) IX7-I1/E, la conformité de l’interlangue est toujours croissante. Les variations sont assez amples, surtout vers la fin de la période observée : les trois premiers textes

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t exte 1 t exte 2 t exte 3 t exte 4 t exte 5 t exte 6

text e 1 t exte 2 text e 3 t ext e 4 t exte 5 text e 6

Text e 52,5 57,92 59,22 65,66 74,63 82,75

Conformité de l'interlangue avec la norme (2) IX7-I1/ E

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t ext e 1 t ext e 2 t ext e 3 t ext e 4 t ext e 5 t ext e 6

text e 1 text e 2 text e 3 text e 4 text e 5 text e 6

Texte 66,05 64,06 76,25 76,32 72,72 69,65

101

présentent une conformité dont les valeurs se déroulent entre 50% et 60%, tandis que les trois derniers textes présentent des valeurs de conformité qui augmentent de 10% par texte : 60%, 70%, 80%. Ceci nous amène à affirmer que sa conformité augmente de plus en plus, en accélérant vers la norme de la langue cible.

Figure 21 – Conformité de l’interlangue du sujet (3) X8-E1/I

Dans ce cas-ci, on observe des mouvements d’augmentation des valeurs de conformité à l’intérieur des deux premières enquêtes. Les variations sont amples, d’une dizaine 60% - 70% et 70% - 80%. Par contre, la troisième enquête dévoile un mouvement inverse (de diminution) de la variation de la conformité. Ici encore, on constante que le point le plus élevé est enregistré dans le premier moment de la troisième enquête (texte 5).

Figure 22 – Conformité de l’interlangue du sujet (4)

X8-E1/-0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t exte 1 t exte 2 t exte 3 t exte 4 t exte 5 t exte 6

text e 1 t ext e 2 t exte 3 t exte 4 t ext e 5 text e 6

Text e 65,46 75,14 74,34 82,35 88,7 83,34

Conformité de l'interlangue avec la norme (3) X8-E1/ I

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t ext e 1 t ext e 2 t ext e 3 t ext e 4 t ext e 5 t ext e 6

text e 1 text e 2 t exte 3 t exte 4 text e 5 text e 6

Texte 76,64 79,85 77,39 82,25 78,1 81,1

-102

L’interlangue du sujet (4) X8-E1/- présente des variations de conformité faibles tant à l’intérieur des enquêtes qu’entre les enquêtes : les valeurs observées se déroulent entre 76% et 82%. Le moment qui enregistre la conformité la plus élevée est le second de la deuxième enquête, c’est-à-dire le texte 4. Un mouvement d’augmentation est observable seulement à l’intérieur de l’enquête : le second moment d’une enquête présente toujours une valeur plus élevée que le premier moment de l’enquête qui suit. Ainsi, même si les mouvements des variations sont discrets, couvrant des intervalles de 5% au maximum, les valeurs de la conformité oscillent beaucoup. De cette manière, la variation de la conformité dessine une trajectoire en zigzag.

Figure 23 – Conformité de l’interlangue du sujet (5) XI6-I2/E

La variation de la conformité de l’interlangue observée au sujet (5) XI6-I2/E dessine des mouvements ascendants faibles et très faibles au début : 4%, 1%, 1%. Notons ici encore, que le moment 5 enregistre une diminution abrupte qui remène la conformité à la valeur initiale (celle du texte 1). À la fin, on observe une ascension brusque de 10%.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t ext e 1 t ext e 2 t ext e 3 t ext e 4 t ext e 5 t ext e 6

text e 1 text e 2 text e 3 text e 4 t exte 5 t exte 6

Text e 69,44 73,38 74,74 75,21 69,44 79,66

103

Figure 24 – Conformité de l’interlangue du sujet (6) XI6-I2/E

L’interlangue du sujet (6) XI6-I2/E présente des variations amples d’environ 10% entre les moments observés. Les deux premières enquêtes commencent une trajectoire en zigzag interrompue par le texte 5, qui atteind une valeur de conformité qui dépasse celle des autres. De cette manière la trajectoire devient ascendante, dans son ensemble.

Figure 25 – Conformité de l’interlangue du sujet (7) XI6-I2/E

Chez le sujet (7) XI6-I2/E, la conformité de l’interlangue présente des variations de à l’intérieur des enquêtes de plus en plus faibles : -10% dans la première enquête, -6% dans la seconde enquête et +0,07% dans la troisième enquête. Cela traduit la constance vers laquelle tend la conformité de cette interlangue. À la différence des autres interlangues analysées jusqu’ici,

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t exte 1 t exte 2 t exte 3 t exte 4 t exte 5 t exte 6

text e 1 t ext e 2 t exte 3 t ext e 4 text e 5 t exte 6

Text e 64,51 73,18 61,97 70,62 79,39

Conformité de l'interlangue avec la norme (6) XI6-I2/ E

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t ext e 1 t ext e 2 t ext e 3 t ext e 4 t ext e 5 t ext e 6

text e 1 text e 2 t exte 3 t exte 4 text e 5 text e 6

Texte 77,77 68,83 71,66 65,16 73,26 73,33

104

dans ce cas, on observe un mouvement descendant à l’intérieur des deux premières enquêtes, partant de la valeur la plus élevée (texte 1). Seule la troisième enquête enregistre un mouvement ascendant, mais très faible de 0,07%.

Figure 26 – Conformité de l’interlangue du sujet (8) XI6-I2/E

Les valeurs de la conformité des trois premiers textes dessinent une trajectoire descendante par des mouvements qui recouvrent des intervalles de 4% et 6%. Par contre, les trois derniers textes tracent une trajectoire ascendante dans son ensemble, malgré la petite diminution d’environ 0,30% enregistrée entre les moments 4 et 5.

Figure 27 – Conformité de l’interlangue du sujet (9)

I8-I1/-0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t ext e 1 t ext e 2 t ext e 3 t ext e 4 t ext e 5 t ext e 6

text e 1 text e 2 t exte 3 t exte 4 text e 5 text e 6

Texte 72,72 80,38 75,16 78,54 84,37 84,66

Conformité de l'interlangue avec la norme (9) I8I1/

-0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 text e 1 text e 2 text e 3 text e 4 text e 5 text e 6

text e 1 text e 2 t ext e 3 t ext e 4 t exte 5 t exte 6

Texte 64,7 72,72 66,66 72,72 72,38 80,95

105

Dans le cas du sujet (9) I8-I1/-, le moment 2 enregistre une valeur élevée faisant note discordante. Les autres cinq valeurs s’inscrivent dans un mouvement ascendant qui recouvre, par des variations assez faibles, un intervalle de 12%.

Figure 28 – Conformité de l’interlangue du sujet (10) I8-E1/-

Dans le cas du sujet (10) I8-E1/-, la variation de la conformité de l’interlangue dessine une trajectoire ascendante qui recouvre un intervalle de 20%. Dans une première étape (les deux premières enquêtes), les mouvements des variations sont faibles et très faibles tant à l’intérieur des enquêtes (+5%, +0,5%) qu’entre elles (+2%). Par contre, le passage à la troisième enquête se fait par un saut de 12%. À l’intérieur de cette dernière enquête, la variation reste très faible : (+0,02) ce qui traduit la tendance de la conformité à devenir constante.

Figure 29 – Conformité de l’interlangue du sujet (11) I8-I1/E

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 t ext e 1 t ext e 2 t ext e 3 t ext e 4 t ext e 5 t ext e 6

text e 1 text e 2 t exte 3 t exte 4 text e 5 text e 6

Texte 67,83 73,1 75,33 75,81 87,77 87,79

Conformité de l'interlangue avec la norme (10) I8E1/

-0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 text e 1 text e 2 text e 3 text e 4 text e 5 text e 6

text e 1 text e 2 text e 3 text e 4 text e 5 text e 6

Texte 73,01 73,05 70,66 84,86 80,31 80,15

106

Dans ce cas-ci, on observe des variations très faibles à l’intérieur de la première et de la troisième enquête : 0,04% et 0,15%, tandis qu’à l’intérieur de la seconde enquête on a enregistré un saut de 14% entre les deux moments. Dans son ensemble, la conformité augmente dans la mesure où les trois premiers textes enregistrent des valeurs d’environ 70%, alors que les trois derniers textes enregistrent des valeurs d’environ 80%.

Observations générales :

 L’analyse ci-dessus nous a aidé à repérer les variations de la conformité de l’interlangue en fonction du sujet et du moment de l’enquête. La trajectoire de la conformité fait tantôt des mouvements amples, tantôt des mouvements faibles, ce qui traduit ses variations abruptes ou légères.

 Nous avons également constaté que la trajectoire de la conformité de l’interlangue atteint le point maximal dans le dernier moment de la période enquêtée chez six sujets. De plus, chez 10 sujets sur 11, la valeur enregistrée au premier moment de l’enquête est plus basse que la valeur du dernier moment, ce qui suggère un développement ascendant dans son ensemble, tout au long de la période d’observation, au-delà des variations modérées qui se produisent entre ces deux moments.