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La lumi`ere, nous le savons, a un comportement complexe qui peut ˆetre tantˆot appr´ehend´e en utilisant une description corpusculaire, et tantˆot en la consid´erant comme une onde. Les deux aspects sont en r´ealit´e compl´ementaires mais permettent, cha- cun, d’´elaborer des m´ethodes de simulations bien sp´ecifiques. Nous en donnons un bref aper¸cu dans les sections suivantes.

7.1.1 L’optique g´eom´etrique

La nature particulaire de la lumi`ere est sans doute celle qui a ´et´e appr´ehend´ee en premier dans l’histoire, par le biais de l’optique g´eom´etrique. Initi´ee, notamment, par les travaux d’Euclide (∼325 av. JC - ∼265 av. JC), elle s’attache `a d´ecrire par de simples relations g´eom´etriques, le trajet de la lumi`ere et, les ph´enom`enes de r´eflection et r´efraction qui se produisent aux interfaces entre diff´erents milieux. La lumi`ere est repr´esent´ee par des rayons rectilignes et ses interactions avec les surfaces se r´esument en de simples changements de direction.

Cette repr´esentation est aussi celle qui nous servira pour les mod´elisations pr´esent´ees un peu plus loin. Nous en proposons ici une illustration classique en figure 7.1, ainsi que les ´equations qui y sont associ´ees (cf formules 7.1). Sur la figure et dans les ´equations, on note θi l’angle que forme le rayon incident avec la normale `a la surface, θs l’angle

que forme le rayon r´efl´echi avec cette mˆeme normale, et θrl’angle du rayon r´efract´e. n1

et n2 sont les indices de r´efractions des milieux qui se trouvent de part et d’autre de

l’interface repr´esent´ee sur la figure 7.1.

θi = θs et n1· sin θi= n2· sin θr (7.1)

Nous pouvons d’ores et d´ej`a noter que l’utilisation de ces lois assez simples nous permet de comprendre intuitivement l’influence que la rugosit´e d’une surface peut avoir

i Réflection (spéculaire) Réfraction Rayon incident s r

n

1

n

2

Figure 7.1 – R´eflection et r´efraction de la lumi`ere `a l’interface entre deux mat´eriaux d’indices diff´erents (n1 et n2)

sur son apparence. Pour s’en faire une id´ee, nous pouvons consid´erer la figure 7.2 qui indique comment la repr´esentation g´eom´etrique de la propagation de la lumi`ere induit la pr´esence de zones d’ombres o`u aucun rayon ne pourra parvenir et de diff´erences d’´eclairement des diverses facettes de la surface.

Source "//"

Figure 7.2 – D´eviation des rayons et ombrages sur une surface rugueuse. Ici, pour simplifier le sch´ema, nous avons consid´er´e une source de lumi`ere collimat´ee pour avoir des rayons incidents parall`eles entre eux. La zone gris´ee correspond `a la section de la surface qui n’est pas ´eclair´ee.

7.1.2 L’optique physique

mati`ere est alors dict´ee par les ´equations de Maxwell que nous rappelons en (7.2).          div ~B = 0 rot ~E = −∂ ~∂tB div ~D = 0 rot ~H = ∂ ~∂tD + ~jcond (7.2)

Nous ne m`enerons ici aucun d´eveloppement suppl´ementaire `a partir de ces ´equations sauf `a faire les quelques remarques suivantes. Tout d’abord ces ´equations assez com- plexes se placent dans un cadre plus g´en´eral que la lumi`ere visible. Ici la lumi`ere est une onde ´electromagn´etique caract´eris´ee par les champs ´electriques et magn´etiques, ~E et ~B, et va influencer le comportement du mat´eriau o`u elle est plong´ee, comportement mod´elis´e par l’induction du champ ´electrique ~D = ǫǫ0E et de l’intensit´e du champ~

magn´etique ~H = µµ10B.~

De tout ceci, nous retiendrons que ces ´equations mettent en ´evidence la d´ependance des interactions entre lumi`ere et mati`ere, vis `a vis des propri´et´es de la mati`ere. En particulier, nous voyons ici que jouent la r´epartition des charges ´electriques, `a travers la perm´eabilit´e di´electrique ǫ et, l’aimantation, `a travers la perm´eabilit´e magn´etique µ1. Nous pouvons aussi noter l’influence que peuvent avoir des param`etres ext´erieurs

comme la pr´esence d’un courant ´electrique, not´e ici ~jcond. Le lecteur qui voudra se faire

une meilleure id´ee de la fa¸con dont ces interactions se transposent dans le cas des aciers plats pourra se r´ef´erer notamment `a la th`ese d’A. Aubert[2].

Les mod`eles d´eriv´es de ces ´equations montrent aussi que l’onde lumineuse va r´eagir diff´eremment suivant sa pulsation. Nous engageons le lecteur qui voudrait en savoir plus `a se r´ef´erer aux chapitres 4 `a 7 du livre La couleur. Lumi`ere, vision et mat´eriaux [16] o`u certains de ces mod`eles sont pr´esent´es et clairement expliqu´es. Il nous suffira ici d’observer que les influences combin´ees des propri´et´es intrins`eques des mat´eriaux et de la pulsation de la lumi`ere qui s’y propage, sont `a la base de l’apparition de la couleur des mat´eriaux2. Outre les exemples d’applications fournis dans le livre sus-cit´e, il est aussi bon de noter que, pour la couleur des revˆetements des aciers plats, plusieurs mod`eles pr´edictifs sont en cours d’´elaboration, comme par exemple au VUB (Bruxelles) avec les travaux de V. Goossens[19, 18].

Rajoutons enfin que, sur le plan de la physique, la couleur peut aussi ˆetre influenc´ee par la g´eom´etrie `a tr`es petite ´echelle des surfaces, et l’on pense ici par exemple `a des ph´enom`enes d’interf´erences produisant des surfaces iris´ees (comme celles des CD notamment). Dans un cadre plus g´en´eral, l’appr´eciation de la couleur par les ˆetres humains est une exp´erience subjective, qui d´epend aussi de nombreux facteurs externes tels que l’environnement lumineux. Devant toutes cette complexit´e, que nous n’avons fait qu’effleurer ici, nous allons consid´erer par la suite que la couleur et l’aspect plus ou moins r´efl´echissant des mat´eriaux sont des param`etres que nous n’essaierons pas de calculer ni de pr´edire, mais que nous consid´ererons plutˆot comme des donn´ees et tout au plus comme des param`etres `a ajuster.

7.1.3 Radiom´etrie

Repla¸cons nous maintenant dans le cadre de notre d´emarche qui consiste `a simuler l’aspect peint des aciers plats. Nous avons d´ej`a pr´evenu que nous ne d´etaillerons ni les

1. ǫ0et µ0sont des constantes bien connues d´esignant les perm´eabilit´es di´electrique et magn´etique

du vide

2. Nous parlons ici de la couleur au sens physique qui la d´efinit comme une s´election de certaines longueurs d’onde de la lumi`ere visible qui seraient transmises par le mat´eriau vers l’ext´erieur.

ph´enom`enes physiques de l’interaction entre la lumi`ere et la mati`ere qui compose la tˆole peinte, ni les ph´enom`enes physiologiques et psychologiques qui accompagnent la perception de cette lumi`ere lorsqu’elle arrive au yeux de l’observateur. Il nous reste alors comme tˆache essentielle `a d´eterminer la propagation de la lumi`ere entre sa source, la surface que l’on veut caract´eriser et l’oeil de l’observateur. Et, suite `a cette propagation, nous devons savoir “sous quelle forme” et “en quelles quantit´es” cette lumi`ere arrive `a l’observateur.

Cette probl´ematique rel`eve d’un domaine particulier de l’´etude des ph´enom`enes lumineux, et des ondes ´electromagn´etiques en g´en´eral : la radiom´etrie. Cette discipline consiste `a d´eterminer, pour une sc`ene donn´ee (c’est `a dire un arrangement donn´e de plusieurs objets) la r´epartition de l’´energie lumineuse dans l’espace. Il est en outre possible d’estimer cette r´epartition de l’´energie longueur d’onde par longueur d’onde, ce qui donne acc`es ensuite aux informations de couleurs. Enfin, si, parmi les surfaces pr´esentes, nous consid´erons la r´etine d’un observateur ou, au choix, le capteur d’une cam´era, la radiom´etrie peut nous permettre de synth´etiser l’image per¸cue de la tˆole.

Cette technique est d’ailleurs, `a ce titre, le fondement des algorithmes de synth`ese d’images et nous allons ici en pr´esenter certains ´el´ements cl´es. Le lecteur trouvera des informations plus d´etaill´ees dans le livre Advanced Global Illumination[14].

Afin de se placer d´ej`a dans le cadre de la synth`ese d’image, nous faisons ici l’hy- poth`ese d’un r´egime stationnaire des transferts d’´energie. Nous pouvons aussi ajouter l’hypoth`ese que le comportement des objets pr´esents se r´esume par des lois de comporte- ment de leurs surfaces. L’exercice de la radiom´etrie consiste alors `a calculer des bilans d’´energie en prenant en compte les ´energies re¸cues, absorb´ees, transmises et r´efl´echies. Nous pouvons, pour cela, manipuler des flux d’´energie, usuellement not´es Φ, et nous commen¸cons par d´efinir le flux d’´energie re¸cu par unit´e de surface, aussi appel´e ´eclairement, not´e E (W att.m−2). Mais, ici une remarque s’impose, car ces grandeurs surfaciques, si elles sont bien adapt´ees `a r´ealiser des bilans de transferts d’´energie sur des surfaces, ne donnent acc`es ni `a la provenance des flux, ni `a leur destinations. D`es lors, mˆemes les lois macroscopiques les plus simples, comme celles de Snell-Descartes, ne peuvent permettre d’exploiter des informations aussi synth´etiques. Ceci ne laisse pas beaucoup de possibilit´es pour suive les trajets de la lumi`ere des sources jusqu’`a l’observateur et donc ne permet pas une synth`ese d’image correcte.

Afin de pouvoir caract´eriser les transferts d’´energie en tenant compte de leur direc- tion d’incidence et d’´emission, il faut introduire la notion de luminance. La luminance ´emise, par exemple, correspond `a la portion du flux surfacique total qui n’est envoy´e que dans un cˆone infinit´esimal dont le sommet est `a la surface de l’objet consid´er´e. Ce cˆone est d´efini par la direction θ de son axe par rapport `a la normale `a la surface et l’angle solide dω qui d´efinit son ouverture angulaire. La luminance s’´ecrit alors :

L = d

2Φ

dωdA cos θ (7.3)

La luminance est d´efinie de fa¸con similaire dans le cas de la lumi`ere incidente et la figure 7.3 repr´esente les deux “types” de luminance. Pour distinguer les deux, une nota- tion classique consiste `a appeler L(x → Θ) la luminance ´emise vers le cˆone infinit´esimal Θ et L(x ← Ψ) celle re¸cue depuis le cˆone Ψ.

N

d

d

Figure 7.3 – Luminances ´emise (`a gauche) et re¸cue (`a droite). Sur cette figure, Ψ repr´esente le cˆone d’incidence, et Θ celui de l’´emission. Alternativement, Ψ, Θ et N peuvent aussi ˆetre consid´er´es comme des vecteurs pointant dans les directions indiqu´ees sur le sch´ema.

le cˆone d’incidence Ψ qui contribuera `a la luminance ´emise vers le cˆone Θ. Ceci est r´esum´e par l’´equation (7.4). Cette fonction est d´ependante des directions d’incidence et d’´emission ainsi que du point consid´er´e `a la surface de l’objet. C’est par cette fonction que l’on peut mod´eliser les ph´enom`enes de r´eflection et aussi certains comportements particuliers des surfaces, comme leur tendance `a diffuser la lumi`ere.

fr(x, Ψ → Θ) = dL(x → Θ)

dE(x ← Ψ) =

dL(x → Θ)

L(x ← Ψ)cos(θ′)dω′ (7.4)

Nous finirons notre survol de la radiom´etrie en pr´ecisant que les grandeurs pr´esent´ees jusqu’ici servent `a ´ecrire l’´equation du rendu (7.5) qui, en tout point d’une surface, donne acc`es `a la luminance ´emise dans une direction particuli`ere. Notons, afin de clar- ifier l’´equation pr´esent´ee ici, que l’on ajoute classiquement un terme Le(x → Θ) qui

permet de prendre en compte le cas o`u la surface ´emettrait une lumi`ere propre.

L(x → Θ) = Le(x → Θ) +

Z

fr(x, Ψ → Θ)L(x ← Ψ)cos(θ′)dω′ (7.5)

Nous avons donc pu poser les principaux piliers des m´ethodes radiom´etriques pour ´evaluer la r´epartition des ´energies sur les objets d’une sc`ene. Il faut ajouter `a cela que si l’on consid`ere pour les luminances et les BRDF des d´ependances suivant la pulsation des ondes lumineuses, cela nous permet de synth´etiser aussi les couleurs des objets de la sc`ene. Comme nous l’avons annonc´e, ces m´ethodes sont `a la base des algorithmes de synth`ese d’image qui cherchent `a r´esoudre les ´equations de rendu dans des situations complexes o`u de nombreuses surfaces sont en vis-`a-vis. Pour avoir plus de renseignement `a ce sujet, nous invitons `a nouveau le lecteur `a se r´ef´erer au livre Advanced Global Illumination[14] ainsi qu’au chapitre 12 du livre Couleur. Lumi`ere, vision et mat´eriaux [16].