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Int´ erieur, adh´ erence, fronti` ere

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L’espace euclidien R n

2.3 Suites dans R n

2.4.2 Int´ erieur, adh´ erence, fronti` ere

Remarquons de suite qu’il existe des parties de Rn qui ne sont ni ouvertes, ni ferm´ees. Il en est ainsi, par exemple, des intervalles des types ]a, b] et [a, b[ dans R. Dans ce paragraphe, `a toute partie A de Rn, nous allons associer un ouvert et un ferm´e particuliers qui permettent de “cerner” A.

D´efinitions. Un point x de Rn est int´erieur `a la partie A de Rn s’il est le centre d’une boule incluse dans A.

L’int´erieur de A est l’ensemble des points int´erieurs `a A; il est not´e A ou (A). Proposition 2.4.2.1 L’int´erieur de A est un ouvert inclus dans A et contient tout ouvert inclus dans A. (On dit que A est “le plus grand ouvert ” inclus dans A.)

En particulier, on a A = A si et seulement si A est ouvert.

Preuve. Il est clair que A est inclus dans A et il est imm´ediat que A contient tout ouvert inclus dans A. Pour conclure, il suffit alors de prouver que A est un ouvert. Or, pour tout x ∈ A, il existe r > 0 tel que { y : |x − y| ≤ r} ⊂ A donc tel que l’ouvert { y : |x − y| < r} soit inclus dans A donc dans A, ce qui suffit.

Exemples. On v´erifie ais´ement les ´egalit´es

[a, b] = ]a, b[ et { y : |x − y| ≤ r} = { y : |x − y| < r} .

D´efinitions. Un point x de Rnest adh´erent `a la partie A de Rnsi toute boule de centre x est d’intersection non vide avec A.

L’adh´erence de A est l’ensemble des points adh´erents `a A; il est not´e A ou A ou (A).

Voici une caract´erisation interne de l’adh´erence de A.

Proposition 2.4.2.2 Dans Rn, un point x appartient `a l’adh´erence de A si et seulement s’il existe une suite de A qui converge vers x.

Preuve. La condition est n´ecessaire. De fait, si x est adh´erent `a A, alors, pour tout m ∈ N0, l’ensemble Am = A ∩ { y : |x − y| ≤ 1/m} n’est pas vide. Il existe donc une suite xm telle que xm ∈ Am pour tout m ∈ N0. D’o`u la conclusion car il s’agit d’une suite de A qui converge vers x.

La condition est ´evidemment suffisante.

Proposition 2.4.2.3 L’adh´erence de A est un ferm´e contenant A et inclus dans tout ferm´e contenant A. (On dit que A est “le plus petit ferm´e” contenant A.)

Preuve. Il est clair que A est inclus dans A. De plus, vu la proposition pr´ec´edente, il est imm´ediat que A est inclus dans tout ferm´e contenant A. Pour conclure, il suffit donc de prouver que A est ferm´e. Cela r´esulte aussitˆot de la formule

Rn\ A = (Rn\ A)

qui exprime tout simplement que x ∈ Rn n’appartient pas `a A si et seulement s’il existe r > 0 tel que la boule { y : |x − y| ≤ r} soit incluse dans Rn\ A.

Exemples. On v´erifie ais´ement les ´egalit´es

]a, b[= [a, b] et { y : |x − y| < r} = { y : |x − y| ≤ r} .

Proposition 2.4.2.4 Pour toute partie A et tout ouvert Ω de Rn, on a (Ω ∩ A) = (Ω ∩ A).

Preuve. L’inclusion (Ω ∩ A)⊂ (Ω ∩ A) r´esulte aussitˆot de ce que (Ω ∩ A) est un ferm´e contenant Ω ∩ A.

Inversement, soit x un ´el´ement de (Ω ∩ A). Il existe donc une suite xm de Ω ∩ A qui converge vers x. Pour tout m ∈ N0, il existe rm > 0 tel que { y : |xm− y| ≤ rm} soit inclus dans Ω et nous pouvons supposer que la suite rm converge vers 0. Cela ´

etant, pour tout m ∈ N0, Am = A ∩ { y : |xm− y| ≤ rm} n’est pas vide et il existe donc une suite ym telle que ym ∈ Am pour tout m ∈ N0. D’o`u la conclusion car il s’agit d’une suite de Ω ∩ A qui converge vers x.

Remarque. Pour toute partie A de Rn, nous venons d’introduire le plus grand ouvert A et le plus petit ferm´e Atels que A⊂ A ⊂ A. Pour savoir `a quel point ces inclusions sont fines, il suffit de consid´erer l’ensemble A \ A, c’est-`a-dire l’ensemble des points fronti`ere introduit ci-apr`es.

D´efinitions. Un point x de Rn est fronti`ere de A si toute boule de centre x est d’intersection non vide avec A et avec Rn\ A.

La fronti`ere de A est l’ensemble des points fronti`ere de A; il est not´e A ou (A). Il est clair que A = A\ A.

Exemples. On v´erifie ais´ement les ´egalit´es ]a, b[ = [a, b] = {a, b} et

{ y : |x − y| < r} = { y : |x − y| ≤ r} = { y : |x − y| = r} . Proposition 2.4.2.5 Pour toute partie A de Rn, A = A∩ (Rn\ A). En particulier, la fronti`ere de A est ferm´ee et A = (Rn\ A).

Proposition 2.4.2.6 La fronti`ere d’un ouvert (resp. d’un ferm´e) est un en-semble d’int´erieur vide.

Preuve. Comme on a A = (Rn \ A)

pour toute partie A de Rn, il suffit d’´etablir la proposition dans le cas d’un ouvert Ω. Proc´edons par l’absurde. Sup-posons que x soit un point int´erieur `a Ω. Il existe alors r > 0 tel que la boule { y : |x − y| ≤ r} soit incluse dans Ω. De plus, il doit exister un point z de Ω tel que |x − z| ≤ r/2. Or un tel point z ne peut appartenir `a Ω puisqu’il est le centre d’une boule incluse dans Ω. D’o`u la conclusion.

Remarques. Il existe de nombreuses relations entre les ensembles A, A, A et A. Nous n’allons en citer que quelques unes, laiss´ees comme exercices.

a) Pour toute partie A de Rn, ´etablir que Aet A sont disjoints et d’union ´egale `a A. En particulier, on a A ⊂ A si et seulement si A est ferm´e. De mˆeme, on a A ⊂ Rn\ A si et seulement si A est ouvert.

b) Pour toute partie A de Rn, on a les ´egalit´es

Rn\ A = (Rn\ A) et Rn\ A= (Rn\ A),

qui permettent de d´eduire les propri´et´es de l’adh´erence (resp. de l’int´erieur) de A `a partir de celles de l’int´erieur (resp. l’adh´erence) de son compl´ementaire.

∗ → Le recours aux op´erations d’int´erieur, d’adh´erence et de fronti`ere sur une mˆeme partie A de Rn n’introduit qu’un nombre fini d’ensembles distincts.

Proposition 2.4.2.7 Tout ensemble form´e `a partir de A et des op´erations d’in-t´erieur, d’adh´erence et de fronti`ere est n´ecessairement ´egal `a un des ensembles sui-vants:

∅, A A, A, A,

A−◦, A−•, A◦−, A◦•, A•◦, A••, A−◦−, A−◦•, A◦−◦, A◦−•, A•◦−, A•◦•. Preuve. Bien sˆur, on rencontre A, A, A et A.

Consid´erons `a pr´esent les ensembles obtenus `a partir de A et deux des op´erations envisag´ees. En plus de ceux mentionn´es dans l’´enonc´e, on peut aussi rencontrer A−−= A, A◦◦ = A et A•− = A.

Consid´erons ensuite les ensembles obtenus `a partir de A et trois des op´erations envisag´ees. En plus de ceux mentionn´es dans l’´enonc´e, on peut rencontrer (tout en n´egligeant bien sˆur ceux qui commencent ou se terminent par un des assemblages

−−, ◦◦ ou•− d´ej`a ´elimin´es)

A−••= A−• car la fronti`ere d’un ferm´e est d’int´erieur vide et car un ferm´e est ´egal `a l’union de son int´erieur et de sa fronti`ere, A◦•◦ = ∅ car la fronti`ere d’un ouvert est d’int´erieur vide,

A◦•• = A◦• car la fronti`ere d’un ouvert est d’int´erieur vide et car un ferm´e est ´egal `a l’union de son int´erieur et de sa fronti`ere, A••◦ = ∅ car la fronti`ere d’un ferm´e est d’int´erieur vide,

A••• = A•• car la fronti`ere d’un ferm´e est d’int´erieur vide et car un ferm´e est ´egal `a l’union de son int´erieur et de sa fronti`ere.

Consid´erons ensuite les ensembles obtenus `a partir de A et quatre des op´erations envisag´ees. En plus des assemblages qui commencent ou se terminent par un des assemblages d´ej`a ´elimin´es, on trouve

A−◦−◦ = A−◦ car on a A−◦− ⊃ A−◦ ⇒ A−◦−◦ ⊃ A−◦ et A−◦⊂ A⇒ A−◦− ⊂ A ⇒ A−◦−◦ ⊂ A−◦, A−◦−• = A−◦• car on a A−◦−• = A−◦−−(Rn\ A−◦−◦) = A−◦−∩ (Rn\ A−◦◦) = A−◦•, A◦−◦− = A◦− car on a A◦−◦ ⊂ A◦− ⇒ A◦−◦− ⊂ A◦− et A◦−⊃ A ⇒ A◦−◦⊃ A ⇒ A◦−◦− ⊃ A◦−,

A◦−◦• = A◦−• car on a A◦−◦• = A◦−◦−• = A◦−•, la premi`ere ´egalit´e provenant de E−◦• = E−◦−• pour toute partie E de Rn, A•◦−◦ = A•−◦−◦= A•−◦= A•◦,

A•◦−• = A•◦−−∩ (Rn\ A•◦−◦) = A•◦−∩ (Rn\ A•−◦−◦), ce dernier ensemble ´etant ´egal `

a A•◦−∩ (Rn\ A•−◦) = A•◦−∩ (Rn\ A•◦◦) = A•◦•.

Au total, aucune autre possibilit´e que celles annonc´ees dans l’´enonc´e ne peut apparaˆıtre.

Pour conclure, nous devons encore prouver qu’aucune des possibilit´es de l’´enonc´e n’est superflue. Pour s’en assurer, il suffit de proc´eder comme suit: on choisit a, b, c, d ∈ R tels que a < b < c < d puis on consid`ere l’ensemble

A = ]−∞, a[ ∪ ]a, b[ ∪ {c} ∪ { x : x ∈ Q , x ∈ ]d, +∞[} . Il est non vide et tel que

A = ]−∞, b] ∪ {c} ∪ [d, +∞[ , A = ]−∞, a[ ∪ ]a, b[ , A = {a, b, c} ∪ [d, +∞[ , A−◦ = ]−∞, b[ ∪ ]d, +∞[ , A−• = {b, c, d}, A◦− = ]−∞, b] , A◦• = {a, b}, A•◦ = ]d, +∞[ , A•• = {a, b, c, d}, A−◦− = ]−∞, b] ∪ [d, +∞[ , A−◦• = {b, d}, A◦−◦ = ]−∞, b[ , A◦−• = {b}, A•◦− = [d, +∞[ , A•◦• = {d}.

Nous voyons que, pour cet ensemble A particulier, toutes les possibilit´es de l’´enonc´e sont distinctes.

D’o`u la conclusion. ← ∗

2.4.3 Compacts

Dans une premi`ere ´etude de l’espace Rn, les parties compactes peuvent ˆetre introduites en recourant `a la caract´erisation de Heine-Borel.

D´efinition. Une partie K de Rn est compacte (on dit aussi que K est un compact ) si elle est born´ee et ferm´ee.

Exemples. a) Tout intervalle born´e et ferm´e est compact. b) Toute boule ferm´ee de Rn est compacte.

c) Toute partie finie est compacte.

d) Si la suite xm converge vers x0 dans Rn, alors K = { xm : m ∈ N} est un compact. D’une part K est born´e car toute suite convergente est born´ee. D’autre part, K est ferm´e. De fait, soit ym une suite de K qui converge et soit y0 sa limite. S’il en existe une sous-suite yk(m) constante, bien sˆur la limite y0 appartient `a K. Si ym n’admet pas de sous-suite constante, on v´erifie ais´ement qu’il en existe une sous-suite qui est en mˆeme temps une sous-suite de xm et ainsi on a y0 = x0 ∈ K. D’o`u la conclusion.

Voici une propri´et´e remarquable des compacts de Rn.

Th´eor`eme 2.4.3.1 (Bolzano-Weierstrass) De toute suite born´ee de Rn, on peut extraire une sous-suite de Cauchy.

D`es lors, de toute suite d’un compact K de Rn, on peut extraire une sous-suite convergente vers un point de K.

Preuve. Soit (xm)m∈N0 une suite born´ee de Rn. Proc´edons par r´ecurrence. Le nombre de mailles du r´eseau d´ecimal d’´equidistance 10−1 qui contiennent au moins un ´el´ement de la suite est fini. Par suite, il existe au moins une maille I de ce r´eseau telle que { m ∈ N0 : xm ∈ I} ne soit pas fini, soit I1 une maille du r´eseau qui jouit de cette propri´et´e et soit k(1) un entier tel que xk(1) appartienne `a I1. Si I1, . . . , Im−1 et xk(1), . . . , xk(m−1) sont obtenus, on d´etermine Im et xk(m) de la mani`ere suivante. Le nombre de mailles du r´eseau d´ecimal d’´equidistance 10−mincluses dans Im−1 est fini. Il existe donc au moins une de ces mailles, soit I, telle que l’ensemble { m : xm ∈ I} ne soit pas fini. Alors Im est une telle maille et k(m) est un entier strictement sup´erieur `a k(m − 1) et tel que xk(m) ∈ Im. Cela ´etant, la suite xk(m) est bien sˆur une sous-suite de la suite xm. Pour conclure, il suffit alors de noter que cette suite xk(m) est de Cauchy car on a

p ≤ q ⇒ xk(p), xk(q) ∈ Ip

xk(p)− xk(q)

≤ diam(Ip) = 10−pn1/2. D’o`u la conclusion.

Voici quelques applications de ce th´eor`eme d’extraction.

Proposition 2.4.3.2 Le diam`etre de tout compact non vide de Rn est r´ealis´e. En d’autres termes, pour tout compact non vide K de Rn, il existe x, y ∈ K tels que |x − y| = diam(K).

Preuve. Comme K est born´e et non vide, il admet un diam`etre donn´e par diam(K) = sup { |x − y| : x, y ∈ K} .

On sait alors qu’il existe une suite de { |x − y| : x, y ∈ K} qui converge vers diam(K), c’est-`a-dire qu’il existe des suites xm et ymde K telles que la suite |xm− ym| converge vers diam(K).

Par le th´eor`eme d’extraction, de la suite xm, on peut extraire une sous-suite xk(m) qui converge vers un point x de K. Cela ´etant, yk(m) est une suite de K dont, par le th´eor`eme d’extraction ´egalement, on peut extraire une sous-suite yl(k(m)) qui converge vers un point y de K. Remarquons alors que xl(k(m)) est une sous-suite de xk(m), donc est une suite qui converge vers x. Au total, il vient

xl(k(m))− yl(k(m))

→ |x − y| avec x, y ∈ K alors que xl(k(m))− yl(k(m))

est une sous-suite de |xm− ym|, donc est une suite qui converge vers diam(K).

D’o`u la conclusion.

Proposition 2.4.3.3 Dans Rn, la distance d’un compact non vide `a un ferm´e non vide est r´ealis´ee.

En d’autres termes, pour tout compact non vide K et tout ferm´e non vide F de Rn, il existe x ∈ K et y ∈ F tels que |x − y| = d(K, F ).

Preuve. Comme on a

d(K, F ) = inf { |x − y| : x ∈ K, y ∈ F } ,

il existe des suites xm de K et ym de F telles que |xm− ym| → d(K, F ). De la suite xm du compact K, on peut extraire une sous-suite convergente dans K: soit xk(m) → x une telle sous-suite. Cela ´etant, consid´erons la sous-suite yk(m)de la suite ym. Comme, pour tout m ∈ N0, on a |ym| ≤ |xm| + |xm− ym|, on voit que la suite ym est born´ee. Par cons´equent, de la suite yk(m), on peut extraire une sous-suite convergente: soit yl(k(m)) → y une telle sous-suite. Comme yl(k(m)) appartient au ferm´e F pour tout m ∈ N0, on obtient que y appartient `a F . La conclusion est alors directe: on a bien sˆur xl(k(m))→ x puis

xl(k(m))− yl(k(m)) → x − y donc xl(k(m))− yl(k(m)) → |x − y| , ce qui entraine |x − y| = d(K, F ).

Corollaire 2.4.3.4 Si le compact non vide K et le ferm´e non vide F de Rnsont tels que d(K, F ) = 0, alors K ∩ F 6= ∅.

Corollaire 2.4.3.5 Si le compact non vide K et l’ouvert non vide Ω de Rn sont tels que Ω 6= Rn et K ⊂ Ω, alors d(K, Rn\ Ω) > 0.

Th´eor`eme 2.4.3.6 (Cantor) Si (Km)m∈N

0 est une suite de compacts non vides emboˆıt´es en d´ecroissant (c’est-`a-dire que Km+1 ⊂ Km pour tout m ∈ N0), alors K =T

m=1Km est un compact non vide.

Preuve. Comme toute intersection de born´es est born´ee et que toute intersec-tion de ferm´es est ferm´ee, nous savons d´ej`a que K est compact.

Pour conclure, prouvons que K est non vide. Comme Km diff`ere de ∅ pour tout m ∈ N0, il existe une suite xm telle que xm ∈ Km pour tout m ∈ N0. En particulier, la suite xm est une suite de K1 et on peut en extraire une sous-suite xk(m) qui converge vers un ´el´ement x0 de K1. En fait, on a x0 ∈ KM pour tout M ∈ N0 car la suite (ym = xk(M +m))m∈N0 est ´evidemment une suite de KM et une sous-suite de xk(m). On a donc x0 ∈ K.

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