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L'innovation, au fondement des approches traditionnelles de la firme L’approche traditionnelle considérait la firme comme étant une boîte noire dont "les

Section1. Innovation: Définition et caractéristiques

Section 2. L'innovation suivant les théories cognitivistes de l'entreprise

1. L'innovation, au fondement des approches traditionnelles de la firme L’approche traditionnelle considérait la firme comme étant une boîte noire dont "les

possibilités technologiques sont représentées par une fonction de production qui est définie comme la frontière de l’ensemble de production" (COHENDET & GAFFARD, 1990), vu que son environnement est simple et figé (FLEUTOT, 1999).

Cette partie est consacrée à traiter l'innovation à partir de l’approche des théories traditionnelles de la firme, à savoir la théorie néoclassique et les théories de l’agence et des coûts de transaction.

1.1. La théorie néoclassique

Selon la théorie économique de l’équilibre général, l’innovation est perçue comme un processus d’allocation de ressources et la firme comme une "boîte noire ", un lieu de production transformant les inputs en outputs afin de maximiser son profit sous contrainte de coût. Puisque le processus d’innovation augmente automatiquement l’efficacité de chaque combinaison de ressources, la théorie néo-classique n’intègre pas la dimension de la création de ressources et prend en compte la seule fonction d’allocation des ressources. Du point de vue de l'approche néoclassique, la firme est traitée comme un acteur qui recherche la maximisation de son profit sous multiples contraintes (capacité technologique, revenu) (EPINGARD, 1999). Son comportement se limite à celui de son propriétaire qui a pour but principal la maximisation de son profit ; elle ne prend en considération ni la réalité ni la complexité des comportements. Dans le cadre de la théorie néoclassique, le processus d’innovation est conçu comme un processus linéaire allant de la recherche au progrès technique

matérialisé par des gains de productivité en passant par l’invention et l’innovation (COHENDET &GAFFARD, 1990).

Or la notion de création de ressources n'a été intégrée dans le cadre de l’approche standard qu'a partir des apports introduits par ARROW K. (1962).Celui-ci a mis l'accent sur l'importance de la prise en compte des comportements des agents en matière d’innovation; une caractéristique absente dans l'analyse néoclassique. Dès lors, la firme n'est plus liée au seul objectif de son propriétaire mais l'a dépassé pour devenir un lieu d'intégration de plusieurs décideurs dont les buts et les comportements sont distincts Des interrogations sur l’existence et la nature de la firme ont donné lieu à d’autres esquisses théoriques rendant compte de la firme non plus en termes de fonction de production ou en termes de nœud de contrats. A cet effet, et pour corriger les défauts de la théorie standard, la théorie de l’agence et celle de la théorie des coûts de transaction se sont développées.

1.2. La théorie de l'agence

JENSEN et MECKLING, sont les deux auteurs fondateurs de la théorie de l’agence (JENSEN M. et MECKILING W., 1976). D'après eux, la relation d'agence est définie comme étant un contrat par lequel un "principal" (un ou plusieurs personnes) engage un "agent" (une ou plusieurs autres personnes) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation (mandat) d’un certain pouvoir. Ils considèrent la firme comme "une fiction légale qui sert de point focal à un processus complexe dans lequel les conflits entre les objectifs des individus sont résolus par la mise en place d'un réseau de relations contractuelles" (ibid. p.311). C'est d'ailleurs

cette définition qui les engage à considérer la firme comme "un nœud de contrats" Cette théorie décrit les relations entre le principal et les agents dans un contexte

d'asymétrie d'information. En effet, les subordonnées peuvent disposer des informations qui ne sont pas mises à la disponibilité du principal mais qui sont utiles pour la performance de l'entreprise.

Comme JENSEN et MECKLING l'affirment, la distinction entre l'intérieur de la firme ("la boite noire") et l'extérieur n'a aucun sens dans la théorie de l'agence. Delà, la

1.3. La théorie des coûts de transactions

Une autre théorie vient s'ajouter à celle de la théorie de l'agence; c'est la théorie des coûts de transaction. Deux auteurs sont à la base de cette dernière. On fait référence, en premier, à RONALD COASE (1937) qui selon lui il faut subir des coûts pour pouvoir aller sur le marché; c’est ce qu’on appelle les coûts de transaction. Le second auteur est OLIVER WILLIAMSON (1975) qui a développé cette théorie afin de comprendre la firme du point de vue contractualiste. C'est grâce à ce concept que la théorie de coût de transaction est en mesure de rendre en compte de l'existence de la firme dans une économie de marché.

-Selon COASE R. (ibid.), les coûts d’accès aux informations-prix se placent au centre de l'analyse et constituent la raison qui détermine le choix entre la firme et le marché (COHENDET, 1997) en matière de coordination. Dans le cadre de la coordination de la production et d’allocation des ressources, la firme peut constituer une alternative nécessaire au marché lorsque l’économie sur les coûts de transaction reste supérieure aux coûts organisationnels. Ainsi, la firme réalise des économies sur les coûts de transaction (COASE, 1937) tout en effectuant elle-même certaines activités. La firme dépasse dans ce cas le marché car elle permet la réalisation de contrats au-delà des défaillances du marché. A partir de ce concept, se lance la théorie des coûts de transaction.

-Selon WILLIAMSON, l’existence de la firme s'explique en la nécessité de corriger les failles du marché quand celui-ci ne dispose pas les moyens efficaces pour traiter les informations. La firme est alors conçue "comme le mécanisme institutionnel permettant de mettre en place les incitations appropriées pour corriger les biais informationnels et d’éviter les comportements de recherche improductive de rentes opportunistes qu’autorise l’imperfection de l’information" (COHENDET & LLERENA, 1999, p.212). La théorie des coûts de transactions selon WILLIAMSON se converge avec la théorie de l’agence sur l'idée que la firme constitue un nœud de contrats, un groupement qui renvoie de plusieurs rapports bilatéraux étudiés séparément (CORIAT & WEINSTEIN, 1995 ; COHENDET, 1997).

En contrepartie des apports qu'a introduits la théorie des coûts de transaction en faveur de la firme, on ne peut pas nier les limites qui en résultent. Cela renvoie à la sous-estimation du rôle des facteurs technologiques et de l’innovation dans son

explication de la firme, dans un contexte d’allocation des ressources (FAVEREAU O., 1989). Il s’agit donc d’une théorie de la firme qui privilégie le concept de transaction dans son analyse tout en négligeant les aspects de création de ressources.

Les théories appartenant à l'approche traditionnelle de la firme partagent, toutes, une idée commune; c'est celle de la nature contractuelle de la firme dans le cadre d'une asymétrie d’information. De même, elles se contentent à faire appréhender le concept d'allocation des ressources mais échouent dans l'explication du processus d'innovation et de la création de nouvelles connaissances.

Afin d’abolir les lacunes ressortant des approches néo-classiques de la firme et des théories néo-institutionnalistes (la théorie de l’agence et la théorie des coûts de transaction), et pour expliquer la fonction de création de ressources, on va essayer en ce qui suit d'identifier les apports de l’approche évolutionniste. La théorie évolutionniste de l’innovation a pour objectif de mieux appréhender le processus d’innovation qui ne peut être détaché de cette fonction.