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Régions, localités de la Fédération d’AEF

Infrastructures sportives

Brazzaville (Moyen-Congo) 3 stades, 1 vélodrome, un terrain de basket-ball, et un bassin de natation

Pointe-Noire (région de Likouala-Mossaka)

Tennis (1), football (1), basket-ball (1), volley-ball (1)

Région du Pool 22 terrains de sports (districts de Mayama et Mindouli) Région du Niari 5 à 10 terrains (Sibiti, Komono, Mossendjo, Divénié)

Région de l’Alima-Léfini 7 terrains de football, 6 de basket et de volley, un court de tennis

Gabon 1 terrain de rugby, sept terrains de football et basket, stade municipal de Libreville

Tchad 2 stades civils (dont le stade municipal) et un stade militaire

L’arrêté du 5 janvier 1951 pris par le Haut-commissaire de la République en AEF Bernard Cornut-Gentille permet de donner un nouvel élan au sport dans la Fédération comme le souligne l’Inspecteur de la Jeunesse et des Sports, Blanchard, également président de la Fédération des Sports d’AEF :

« Durant les quinze dernières années, le sport en AEF a été essentiellement le fait de quelques bonnes volontés ardentes et convaincues qui ont présidé à sa naissance et en ont assuré le développement.

L’arrêté du 5 janvier 1951 pris par le Haut-Commissaire de la République, après une large consultation des groupements sportifs de ce pays, est le témoignage concret d’une volonté de voir se développer le sport et de l’encourager. Il consacre un très large esprit de décentralisation et donne aux sportifs eux-mêmes, la gestion des intérêts qui leur sont confiés. Il laisse aux autorités administratives hautement qualifiées, le soin d’établir un patrimoine sportif qui fait tant défaut à tous les territoires d’Afrique équatoriale. […]. »441.

441 BNF/Cote : 8-V-60766, Afrique Equatoriale Française, Affaires Sociales-Services, Le sport en AEF, introduction de Blanchard (président de la Fédération des Sports de l’AEF).

Les développements du sport en AOF et en AEF s’étendent à une plus grande partie de la population indigène. Les pratiques physiques et sportives touchent particulièrement les jeunesses des milieux urbains alors qu’elles restent rares voire inexistantes en brousse. Après la Seconde Guerre mondiale, le sport dans les territoires coloniaux d’Afrique noire francophone prend une part de plus en plus importante dans la socialisation des individus.

Aux formes militaires, médicales et religieuses, on assiste à la véritable émergence d’un embryon de mouvement sportif indigène. Cependant, les secteurs sportifs civils comme scolaires n’ont pas encore les cadres nécessaires pour assurer le fonctionnement d’un mouvement sportif autonome africain. Ce n’est d’ailleurs pas le projet de la métropole, et encore moins celui des colons de laisser les africains investir les postes à responsabilité dans le domaine sportif. Et bien que la métropole se dirige de plus en plus vers un dialogue avec les élites politiques émergentes en Afrique au détriment du colonat, cela s’adresse d’abord aux mouvements de jeunesse. L’enjeu de la formation des cadres africains et leur contrôle selon les normes de la métropole va peu à peu gagner le secteur sportif. Mais, de nombreux freins s’opposent à un « vrai décollage » qui serait synonyme d’une réelle émancipation et donc d’une indépendance. Des problèmes humains en personnel qualifié pour assurer l’enseignement et l’animation du sport et de l’EPS, des moyens financiers insuffisants et un paternalisme colonial obèrent la poursuite de projets de grande ampleur. En effet, le projet de Jeux de l’Union française permettant de faire se rencontrer métropolitains et africains lors de manifestations sportives nécessite des moyens budgétaires et de main d’œuvre. Mais, ne s’agit-il pas plutôt d’un blocage idéologique de la métropole qui se rallie finalement au lobby colonial pour éviter toute occasion de rupture avec l’Empire, et la remise en cause de la France internationalement ?

16. Manuel programme du sport en AEF, (BNF).

17. Un match de football au Stade Félix Eboué, (BNF).

18. Carte postale représentant le Stade Félix Eboué inauguré par le Général de Gaulle en 1945 (non daté, collection privé Pascal Charitas)

19. La foule dans les stades pour les matches de football, les débuts du basket-ball et du cyclisme en AEF, (BNF).

20. Kodia à l’entraînement (au centre), détenteur de quatre records d’AEF et son entraîneur, (BNF).

21. Records et meilleures performances athlétiques d’AEF en 1951, (BNF).

22. Résultats de la saison 1949-1950, (BNF).

23. Un saut d’Ombonwan, co-recordman d’AEF (à gauche) et Ombonwan, détenteur de cinq records d’AEF, Champion de France OSSU 1951 de saut en longueur, et son entraîneur,

(BNF).

24. Sport civil et/ou sport scolaire en Guinée-Conakry, photographie Lemoullec, 1956 (archives privées, Pascal Charitas)

- La première forme d’intégration de l’Afrique au Mouvement olympique : Des Jeux Africains aux Jeux régionaux Méditerranéens sous influence tiers-mondiste

« The Games are suffering from giganticism and the costs are growing up and alarming fashion. Asian and African countries are at last becoming interested on a world-wide scale, and with this increased participation costs will become greater than ever »442

Lancé en 1896 aux Jeux d’Athènes, avec 13 nations et 311 athlètes, le Mouvement olympique a longtemps gardé une configuration très européenne. Jusqu’en 1952, les premiers Jeux olympiques sont très majoritairement célébrés sur le Vieux Continent. En effet, dix sur douze (ceux de 1916, 1940 et 1944 n’ayant pas été célébrés), les deux autres étant organisés outre-Atlantique (Saint-Louis 1904 et Los Angeles 1932). Avant la Seconde Guerre mondiale, les Jeux régionaux émergent dans la sphère d’influence du Royaume-Uni et celle des Etats-Unis avec les Jeux d'Extrême-Orient (1921), les Jeux d'Amérique Latine (1922, Rio de Janeiro) qui concordent avec les Jeux du Centenaire puis ceux d’Amérique Centrale et des Caraïbes en 1926 (Mexico) et enfin les Jeux Pan-Indiens de New-Dehli (1934).

L’olympisme s’élargit ensuite mais il faut attendre les Jeux de Tokyo (1964), les Jeux Africains (Congo-Brazzaville, 1965) puis les Jeux olympiques Mexico (1968) pour que l’Afrique et l’Asie soient réellement concernées. Entre-temps, l’Asie post-coloniale s’est organisée. L’idée est partie de l’Union indienne peu après la proclamation de son indépendance. Le membre indien G.D. Sondhi du CIO décide, lors de la Conférence des Relations asiatiques, d’organiser le premier championnat de Track & Field en 1948 mais son projet est annulé à cause de l’organisation des Jeux de Londres la même année. Les leaders politiques et sportifs de Birmanie, Ceylan, Taiwan, Inde, Corée et Philippines se rencontrent lors des Jeux olympiques à Londres et se mettent d’accord pour réaliser les premiers championnats d’athlétisme à New Dehli (Inde) en février 1949 juste après la formation de la Fédération d’Athlétisme d’Asie (FAA).

442 Notre traduction : « Les Jeux souffrent de gigantisme et leur coût en constante augmentation est relativement alarmant. Les pays d’Asie et d’Afrique sont enfin intéressés au niveau mondial et avec l’augmentation du nombre de pays, les coûts de participation seront plus importants que jamais. » Archives CIO/Fond A.

Brundage, Box n°70, mi4, Lettre circulaire aux membres du CIO d’A. Brundage, 30/08/1957, p.2.

Cependant, pour des raisons politiques et économiques, cette compétition ne peut avoir lieu et les représentants d’Afghanistan, Birmanie, Ceylan, Inde, Indonésie, Népal, Pakistan, et Philippines puis Thaïlande sont rassemblés au second meeting de la FAA en février 1949 pour décider de la transformer en des Jeux multi-sports sous le patronage de l’Asian Games Federation (AGF) et de son premier président, l’indien Yadavindra Singh. Alors que dans le même temps en Indonésie, le futur leader tiers-mondiste Soekarno instaure la République d’Indonésie après La Conférence de la Table Ronde de La Haye fin 1949 qui débouche sur la reconnaissance par les Pays-Bas de la création des Etats-Unis d’Indonésie dans le cadre de l’Union néerlandaise sous l’égide de l’ONU. La même année en Afrique anglophone, le leader Kwame Nkrumah revient en Gold Coast et fonde le Parti de la Convention du peuple qui réclame l’autonomie immédiate. La France est confrontée à des émeutes de la faim à Sétif puis aux mouvements indépendantistes en Tunisie et au Maroc où l’Istiqlal en particulier réussit à internationaliser la question marocaine. Deux ans auparavant en 1947, des émeutes conduites par les nationalistes malgaches sont réprimées à Madagascar.

En Asie et peu à peu en Afrique anglophone, l’heure est à la redécouverte mutuelle et à la solidarité entre les nations et les premiers Jeux asiatiques sont décidés pour 1950 à New Dehli (Inde)443. Ceux-ci se tiennent en 1951 entre les représentants de onze nations (Afghanistan, Birmanie, Inde, Indonésie, Iran, Japon, Népal, Philippines, Singapour, Sri Lanka et Thaïlande). Les Asian Games affirment l’existence de l’Asie par le sport international444 et participent de la construction de l’identité nationale445. Ainsi, les Jeux régionaux sont des Jeux politiques qui concurrencent les Jeux olympiques446. Dans la lignée des travaux d’Edward Saïd (1980)447, l’ouvrage de Fan Hong (2006) présente ces Jeux Asiatiques comme une force d’opposition et de résistance aux hégémonies occidentales dans le processus de décolonisation et de position entre les blocs de la guerre froide448. Ainsi, pour l’Afrique, le projet des Jeux Africains est réactualisé à l’aune des bouleversements en Asie comme l’indique le président du CIO J.S. Edström au membre du CIO égyptien Mohammed Taher Pacha :

443 Lam S.F., Chang Julian W., The quest for gold : fifth years of amateur sports in Hong Kong, 1947-1997, Hong Kong, Sports & Recreations, 2006.

444 Tertais Hugues, Sport et identités régionales en Asie orientale, Bulletin n°16, Institut Pierre Renouvin, 2003.

445 Mangan James A., Hong Fan, Sport in Asian society : past and present, New York, Frank Cass, 2003.

446 Senn Alfred Erich, Power, politics, and the Olympic Games, New York, Human Kinetics, 1999.

447 Edward Saïd, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, 1980.

448 Hong Fan, Sport, nationalisme and orientalism : the Asian Games, New York, Routledge, 2006.

« I have personally been thinking about the problem and if I am not wrong there is now a special organisation for Games in Asia Minor. Would it not be sufficient if Egypt joined this federation ? One could also perhaps have Maroc, Tunis and other North African countries. The European Meditterranean countries are already engaged with the European championships of the IAAF and it will not be possible for them to participate in two events »449.

Lors de la première session du CIO d’après-guerre le 3 septembre 1946 le projet de l'organisation des Jeux Africains selon les vœux de Pierre de Coubertin est mis à l’ordre du jour par Avery Brundage alors que vont se dérouler les Ve Jeux de l’Amérique Centrale et des Caraïbes à Barranquilla et puis les Jeux de Bolivar à Lima en décembre. A ce titre, il n’est pas anodin que ce soit le membre du CIO S.E. Taher Pacha du CNO égyptien issus de l’Empire britannique qui s’empare de ce projet. En effet, il est secondé par son collègue Angelo Bolanachi alors en charge des Jeux Africains à qui la tâche avait été confiée d’organiser ces Jeux en 1924450. A la session suivante des 19 au 21 juin 1947 à Stockholm (Suède), le lieu même reste inchangé puisque S.E. Taher Pacha annonce que ces Jeux peuvent reprendre en 1950, à Alexandrie. Comme durant l’entre-deux-guerres, il signale cependant que les Jeux Africains n'offrent pas un intérêt suffisant, car ils ne réunissent que les athlètes de l'Afrique du Sud et de l'Égypte. Afin d’organiser le mouvement sportif à partir des pays arabophones sous influence britannique et les ouvrir aux pays arabophones du pourtour méditerranéen, il propose de remplacer les Jeux Africains par des Jeux régionaux

« Mediterranéens » intégrant les protectorats francophones d’Afrique du Nord. Or, le Marquis d’Exeter membre britannique et président de l’IAAF ne souscrit pas à ce projet car sa fédération pour ne citer que celle-ci, organise tous les quatre ans des championnats d'Europe pour lesquels les Jeux Méditerranéens sont une sérieuse concurrence451.

Les Jeux méditerranéens sont à la fois le reflet de la situation géopolitique de l’espace méditerranéen452 mais apportent également progressivement une réponse alternative au projet

449 Notre traduction : « J’ai personnellement pensé au problème et je ne crois pas me tromper s’il y a une organisation spéciale pour les Jeux en Asie Mineure. Ne serait-elle pas suffisante si l’Egypte rejoignait cette fédération ? Celle-ci pourrait avoir peut-être aussi le Maroc, la Tunisie et d’autres pays d’Afrique du Nord. Les pays européens de la méditerranéen sont déjà engagés avec les championnats européens de l’IAAF et il n’est pas possible pour eux de participer à deux événements ». Archives CIO/Correspondance du président du CIO Edström, notice : 0059911, J.S. Edström à Mohammed Taher Pacha, 06/12/1947.

450 P.V. de la session du CIO, Lausanne (Suisse), 3-6 septembre 1946, p.13.

451 P.V. de la session du CIO, Stockholm (Suède), 19-21 juin 1947, p.6.

452 Adami Sylvain, « Les Jeux méditerranéens. Un reflet de la situation géopolitique de l’espace méditerranéen », in Chiclet Christophe et Gjeloshaj Kolë, Sport et politique en méditerranée, Paris, L’Harmattan, Les Cahiers de Confluences, 2004, pp.71-81.

de Jeux africains sans cesse repoussé par les puissances coloniales depuis la Première Guerre mondiale.

En effet, en août 1947, les membres britanniques au CIO révèlent ainsi leurs craintes d’une organisation sportive dans leurs colonies en Afrique et en Asie, synonyme d’indépendance de l’Empire et du Commonwealth suivant en cela l’Inde et le Pakistan.

Finalement, le président J.S. Edström donne son accord pour ces Jeux régionaux et sous pression de l’IAAF ceux-ci prennent date pour 1951453, en même temps que les premiers Jeux Panaméricains (Buenos Aires, Argentine) et les premiers Jeux Asiatiques (New Dehli, Inde) à la veille des Jeux olympiques d’Helsinki (1952)454. La France n’accueille pas avec enthousiasme ces Jeux régionaux, tout comme les britanniques, car le projet présenté par Mohamed Taher Pacha aux délégués des CNO du pourtour méditerranéen lors des JO de Londres de 1948 affiche le souhait de faire de l’Egypte un pays leader dans cette zone géographique, une puissance régionale au Proche Orient et œuvre à la réalisation de cette grande compétition sportive afin de participer à cette reconnaissance. Le membre français du CIO, Armand Massard, émet des réserves sur la participation française aux premiers Jeux Méditerranéens dans une correspondance à Otto Mayer le 9 février 1951 :

« Par ce même courrier, je vais écrire à Bolanaki et Taher Pacha qu’il ne faut guère compter sur la participation française pour les Jeux Méditerranéens. J’en suis bien désolé pour eux, mais cela ressort d’une entrevue avec notre Ministre des Sports et son Directeur Général »455.

Il ajoute, « mais ce n’est pas facile avec un calendrier de rencontres internationales déjà trop abondamment surchargé…et des crédits amenuisés »456. Otto Mayer comme le Marquis d’Exeter sont hostiles à ces Jeux qu’ils considèrent comme un danger pour le CIO car il n’est pas du ressort de cette institution d’encourager les Jeux régionaux. De plus, ils critiquent le

453 P.V. de la session du CIO, Saint-Moritz (France), 29/01/1948, p.31.

454 La France envoie en qualité d’observateur un professeur d’Education Physique détaché au Cameroun, Roger Portal doit rendre compte à l’Inspection Générale de l’Enseignement et de la Jeunesse et est envoyé sur la demande du Haut-commissaire de la République française au Cameroun adressée au Ministre des Affaires Etrangères à la Direction Europe et Direction des Conventions administratives et sociales, Archives MAE/Série 175.115, colonies françaises, 1948-1953, sous-série : 2.57.8, sports, tourisme, 08/12/1951, lettre du Docteur Aujoulat, secrétaire d’Etat à la FOM à l’Inspecteur Général de l’Enseignement et de la Jeunesse, signée Debayle.

455 Archives CIO/SD3 : Correspondance du membre Massard, 1951-1952, Armand Massard à Otto Mayer, 09/02/1951.

456 Ibid.,14/02/1951.

fait que les membres du CIO se mélangent à des membres des gouvernements des pays organisateurs de ces Jeux457 et, par ailleurs parce que les FI n’ont pas été consultées.

Le Comité des Jeux Méditerranéens se réunit malgré tout le 12 octobre 1951 à Alexandrie et se compose des membres du CIO représentants des pays du bassin méditerranéens : S.E. Mohamed Taher Pacha (Egypte), Angelo Bolanaki (Grèce), Jean Ketseas (Grèce), Armand Massard (France), Baron de Guell (Espagne), Dr Giorgio de Stefani (Italie), Akbel (Turquie), Felek (Turquie), Gabriel Gemayel (Liban). Puis le Comité organisateur des premiers Jeux Méditerranéens (COJM) s’organise sur les bases du CNO égyptien autour de son président S.E. Mohamed Taher Pacha (président du CNO et du COJM), avec un Comité exécutif composé d’Ibrahim Chahine Bey (président, secrétaire général du CNO), le général S.E. Hassan Hosny El Zeidy Pacha (trésorier et également trésorier du CNO), et M. Ahmed El E. Touny (directeur des Jeux et secrétaire général adjoint du CNO)458.

Les premiers Jeux Méditerranéens se déroulent du 5 au 20 octobre 1951 sur le Stade Fouad 1er, à la piscine et à la grande salle du même Stade, au Lac de Nouzha-Alex, dans la salle à Alexandrie, au New Sports Club-Alex, au Stade de Mustafa Pacha-Alex, à l’Alexandria Sporting Club, et au Club de Chasse au Caire avec 13 disciplines sportives représentées (athlétisme, aviron, basket-ball, boxe, équitation, escrime, football, gymnastique, hockey, lutte, natation, poids et haltères, et tir) puis 21 aux Jeux suivant à Barcelone du 16 au 26 juillet 1955 sous la direction du vice-secrétaire du Comité d’organisation des Jeux de Barcelone, Juan Antonio Samaranch. Et, comme pour les Jeux précédents, le COF se préoccupe tardivement des conditions de déplacement de la délégation française au mécontentement des fédérations sportives françaises.

Ces premiers Jeux méditerranéens de 1951 à Alexandrie ne regroupent cependant que dix CNO et posent immédiatement la question de la participation et la reconnaissance du CNO d’Israël par le CIO qui intervient en 1952. Puis, à la suite des seconds Jeux asiatiques à Manille (Iles Philippines) en mai 1954, des Jeux d’Amérique Centrale à Mexico City en mars 1954, et les jeux Pan-Américains à Mexico City en mars 1955, les seconds Jeux Méditerranéens se déroulent à Barcelone (Espagne) en mai 1955. Alors que le nouveau président du CIO, l’américain Avery Brundage prend ses fonctions et que le CNO d’URSS

457 Archives CIO/SD3 : Correspondance du membre Lord Burghley (Marquis d’Exeter), 1933-1956, notice : 0056869, 20/11/1951 et 14/12/1951.

458 Archives CAC/Carton n°19780586, article 99, Dossier : Jeux méditerranéens, Plaquette programme, règlements généraux des premiers Jeux méditerranéens, CNO égyptien.

vient d’être reconnu en 1951 à la veille des Jeux olympiques d’Helsinki (1952), l’ancien président du CIO J.S. Edström459 le prévient de la nouvelle menace tiers-mondiste le 22 avril 1955 :

« The liberation of the coloured countries, who have more or less been under the yoke of the western powers such as India, Pakistan, Dutch Indies, Algeria, Indo China, etc. Is continuing. These coloured people in Asia and Africa are now uniting themselves not only to take care of their own affairs but also trying to influence and perhaps lead the world. At the great congress in Bamdoeng on Java, which is going on just now, but in few years they will have more courage, and we western countries can fear difficulties. It is therefore highly desirable that the western countries unite themselves to defend their common interests. Thus we will have two great parts of the world »460.

Les Jeux régionaux des années 1950 sont en effet marqués par l’émergence d’un nouveau mouvement anticolonialiste. Après l’Asie, les Jeux pan-arabes organisés à Alexandrie, en Egypte, en 1953 sont l’expression de cette influence. Au lendemain de la Conférence de Genève qui met fin à la guerre d’Indochine (1954), la puissance coloniale française est opposée aux nouvelles puissances asiatiques qui souhaitent accélérer le processus d’indépendance. Ces accords signés par Pierre Mendès France mettent cependant fin à la première guerre d’Indochine, avec l’indépendance du Laos et du Cambodge et sépare le Vietnam communiste du Nord du Vietnam du Sud qui devient un protectorat américain.

D’abord réunies à Colombo (Sri Lanka) du 5 avril au 2 mai 1954, les cinq puissances invitantes de Bandung (Inde, Ceylan actuel Sri Lanka, Pakistan, Birmanie et Indonésie) se prononcent pour chercher les moyens de mettre fin au colonialisme, de faire la paix en Indochine et admettent l’admission de la République populaire de Chine aux Nations Unies.

Ils établissent une zone de paix fondée sur le principe de la coexistence pacifique.

459 L’ancien président J.S. Edström a des connaissances politiques sur le continent africain car une de ses filles vit et se marie en Afrique de l’Est en 1955.

460 Notre traduction : « La libération des pays de couleur, qui sont plus ou moins sous le carcan des pays occidentaux tels que l’Inde, le Pakistan, les Indes allemandes [devenues Néerlandaises], l’Algérie, l’Indochine, etc. se poursuit. Ces peuples de couleurs en Asie et en Afrique sont maintenant en train de s’unir pas seulement afin de prendre soin de leurs affaires mais aussi afin d’essayer d’influencer et peut-être diriger le monde. A la

460 Notre traduction : « La libération des pays de couleur, qui sont plus ou moins sous le carcan des pays occidentaux tels que l’Inde, le Pakistan, les Indes allemandes [devenues Néerlandaises], l’Algérie, l’Indochine, etc. se poursuit. Ces peuples de couleurs en Asie et en Afrique sont maintenant en train de s’unir pas seulement afin de prendre soin de leurs affaires mais aussi afin d’essayer d’influencer et peut-être diriger le monde. A la