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Age des exploitants enquêtés

Encadré 1 : Le Groupement des producteurs corses de Roquefort :

2. Influences de ces modèles de fonctionnement sur les pratiques d’élevage 1. Qualité du lait

Même si tous les transformateurs ont des exigences minimum en termes de qualité sanitaire impactant la transformation, leurs attentes et leur suivi quant à la qualité bactériologique sont variables.

Si certains (particulièrement les transformateurs de types T1 et T5) accordent une importance primordiale à la qualité du lait, en termes bactériologiques, pour d’autres elle est moins importante et peut être rattrapée par la pasteurisation. Les transformateurs de type T2 et T4 semblent notamment plus « compréhensifs » d’après les éleveurs enquêtés. On remarquera que parmi les 7 fromageries enquêtées, les deux fromageries artisanales (T5) travaillent principalement en lait cru, et sont donc souvent plus exigeantes en termes de qualité du lait, mais pour autant les laiteries travaillant en lait pasteurisé (T1, T2, T3 et T4) ont aussi des exigences variables.

C’est au niveau de l’accompagnement et du suivi que les différences sont les plus notables : 2 laiteries seulement ont un technicien chargé spécifiquement du suivi de la qualité du lait, mais si l’un donne directement des conseils pour régler les problèmes (chez le T1), l’autre dirigera plutôt les éleveurs vers des techniciens extérieurs, à l’ILOCC

49 par exemple (chez le T2). Finalement 3 fromageries sur 7 déclarent suivre et accompagner directement les éleveurs sur leurs exploitations : les transformateurs de types T1 et T2, ainsi qu’un transformateur de type T5. Mais ce suivi ne semble pas égal dans toutes les exploitations, en effet 3 apporteurs contredisent en partie ces déclarations en disant « régler les problèmes seuls. ». Cependant ce suivi n’est pas forcément nécessaire partout. De plus, ce sont ces 3 mêmes fromageries qui semblent avoir un système de primes à la qualité s’ajoutant à la grille de pénalités, avec une prime « super A » et un « joker ».

Le paiement du lait à la qualité incite globalement les éleveurs apporteurs à maintenir une qualité du lait relativement bonne. Cependant, si tous y font plus ou moins attention, car cela impacte directement leur revenu, trois d’entre eux (deux apporteurs du T1 et un d’un T5), mettent en doute sa légitimité, pensant par exemple que cela a été fait « pour faire baisser le prix du lait », ou se disant que « de toute façon le lait ils ne le jettent pas », et font les mêmes fromages avec. Au contraire d’autres le comprennent, et trouvent même cela « motivant ». 4 éleveurs déclarent pouvoir toucher la prime « Super A » régulièrement.

2.2. Volumes et saisonnalité de la production

En ce qui concerne les quantités de lait produites, les objectifs des transformateurs sont aussi contrastés : 5 manquent de matière première en Corse et déclarent vouloir augmenter leur production locale, en nombre d’apporteurs ou au niveau de leur productivité. Et sur ces 5 transformateurs, les actions mises en œuvre ne sont pas les mêmes : le transformateur T1 pratique un suivi technique et un accompagnement pour augmenter la production. Mais ce suivi est sélectif, car l’ARC ne le met en place que dans les seules exploitations où il en voit le potentiel. Ce choix de sélection est fait dans un contexte où il doit suivre 80 éleveurs. 2 autres transformateurs, les représentants du T2 et T4, donnent plus des conseils occasionnels, ou dirigent les apporteurs qui le souhaitent vers des techniciens de l’ILOCC ou des Chambres d’Agriculture. Les deux coopératives en discutent uniquement avec les éleveurs. Les laiteries artisanales sont plutôt satisfaites de leur apport en matière première.

De plus, l’impact des primes concernant les volumes et la prise en charge du contrôle laitier et des IA sont limitées dans l’échantillon. La prime de précocité semble inciter les éleveurs qui en ont le potentiel à produire plus tôt, mais encore une fois il ne s’agit pas de tous les éleveurs.

Et finalement, si 7 apporteurs sur 8 vendant au T1 déclarent recevoir des incitations ou au moins des conseils concernant leurs volumes de production, les apporteurs des autres laiteries enquêtés répondent tous négativement : ils n’ont pas eu d’incitations ou de conseils directs concernant leur volume de production. Parmi ceux-ci un apporteur aimerait justement avoir un suivi direct, avec un technicien.

50 2.3. Influences indirectes

Les aides financières peuvent constituer des influences indirectes sur les exploitations, en facilitant les investissements et ont donc peut-être participé à une augmentation de la production ou une amélioration de la qualité. En effet ces aides ont notamment servi à des investissements sur les équipements ou les bâtiments, ce qui peut faciliter l’augmentation de la quantité ou de la qualité de la production. Plus directement, deux éleveurs parmi les enquêtés ont pu bénéficier d’avances qui ont facilité des achats de brebis, et l’augmentation du troupeau ainsi permise a sans doute participé à une augmentation de la production laitière de l’exploitation. Il est toutefois important de rappeler que ces aides financières sont mises en œuvre à la demande de chaque éleveur, et si elles peuvent faciliter les investissements, ceux-ci émanent d’une volonté de l’apporteur, et non pas d’une incitation de la laiterie.

Les paiements par acomptes pratiqués par 4 transformateurs de types T2, T3, T4 et T5 ont également pu influer indirectement sur la production, car ils peuvent faciliter la gestion financière des exploitations, et donc indirectement les investissements éventuels.

Des échanges informels avec le transformateur de type T4 et un des transformateurs de type T5 peuvent également avoir une influence sur les exploitations : en effet ces transformateurs sont ou ont été eux aussi éleveurs ovins, et, s’il ne s’agit pas de conseils officiels, des discussions avec les apporteurs sur la conduite des bêtes ou la gestion du territoire ont pu influer sur les pratiques d’élevage des apporteurs.

Le prix du lait et les modalités de la transaction influent donc directement sur la qualité et la quantité de lait produites. De plus les attentes et les objectifs des transformateurs ont bien des impacts sur les pratiques d’élevage, avec des influences directes et indirectes notables sur la qualité du lait et la production.

2.4. Confrontation des influences

Le transformateur de type T1, dans son fonctionnement industriel, est le seul pour lequel on observe des interactions directes concernant les volumes et la saisonnalité de la production de lait, avec un suivi organisé, qui est adapté selon les potentialités des exploitations perçues par l’entreprise. Les apporteurs de ce transformateur sont regroupés et organisés, et profitent, pour certains, des services proposés par le groupement. De plus les services proposés par ce groupement occasionnent également des impacts spécifiques sur les pratiques d’élevage (achat d’aliment, d’équipements, vente des agneaux). C’est également le plus exigeant en termes de qualité du lait, même si tous les transformateurs ont des exigences minimum en termes de qualité du lait.

Cependant, au-delà de cette distinction du transformateur T1 et du modèle de fonctionnement industriel, on n’observe pas de variation générale des influences des transformateurs laitiers en fonction des autres modèles de fonctionnement. Finalement on voit que la typologie structurelle de départ (T1 à T5) semble être un critère de

51 variation plus pertinent pour ces influences, qu’elles s’appliquent sur la qualité du lait ou les volumes et la saisonnalité de la production.

On remarque cependant une spécificité pour le modèle de fonctionnement « domestique » : les échanges informels. Mais les impacts de ces derniers sont plus difficiles à appréhender.

Enfin, on remarquera des possibilités d’influence communes à tous les transformateurs laitiers dans les aides financières.