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3.3 Tests de sensibilité

3.3.5 Influence de la vitesse de dissolution

Cubillas et al. (2005) observent que la vitesse de dissolution de la calcite chute d’un ou deux ordres de grandeur lorsque celle-ci est couverte d’un revêtement de 3-10µm d’épaisseur.

Pour tester si le modèle réalisé ici permet de reproduire une telle baisse de réactivité, des simulations ont été réalisées en considérant une vitesse de dissolu-tion de 2,69.10−4 mol.m−2.s−1. Cette vitesse correspond à celle de la calcite à pH

FIGUREIV.8:Influence de la température du système. (a), (c) Profils de concentration au sein de revêtements de 1,2 et 5,2µm d’épaisseur. (b), (d). Évolution du rapport CN/C0en fonction delog(t) pour des températures de 180C (en noir) et 25C (en gris) poure = 1,2

et 5,2 µm. Les simulations ont été réalisées avec un revêtement de porosité constante et égale à 22%.∗ marque le temps au bout duquel CN = 0,95C0(graphique b) etCN = 0,7C0 (graphique d).

2 et 25C (Cubillas et al. 2005; Palandri and Kharaka 2004). Notons aussi que la vitesse de dissolution de la calcite varie proportionnellement à la concentration en

H+et non enñ[H+] comme dans le cas de l’orthose. Le terme puits est ici égale à

P = 2r0

ϕN∆x Ct

N

C0.

La figure IV.9 présente les profils de concentration obtenue avec cette nouvelle vitesse de dissolution. Les simulations ont été effectuées pour un revêtement de porosité égale à 22% et dont l’épaisseur est de 5,2µm ou 10 µm.

On remarque que la concentration en régime stationnaire Cstat est bien plus faible pour la calcite que pour l’orthose. Celle-ci est égale à 4,8.10−3 mol.L−1

lorsque e = 5,2 µm. Dans ces conditions, la vitesse de dissolution apparente de la calcite est de1,3.10−4 mol.m−2.s−1. La baisse de réactivité observée est de 52%. En revanche, pour l’orthose, la baisse de réactivité constatée n’est que de l’ordre de 16% (cf. figure IV.4).

FIGURE IV.9:Influence de la vitesse de dissolution. On étudie ici l’évolution de la concen-tration en H+ dans deux revêtements d’épaisseur égale à 5,2µm et 10 µm. La porosité

est fixée à 22%. (a), (c) Profils de concentrations : le rapportC(x)/C0 est représenté en fonction dex pour différents temps t. (b), (d) Évolution du rapport CN/C0 en fonction de

log(t).

que celle de l’orthose. De plus, celle-ci varie proportionnellement à[H+] alors que la vitesse de dissolution de l’orthose varie enñ[H+] (Palandri and Kharaka 2004).

Pour un revêtement de 10 µm, Cstat est de 2,1.10−3 mol.L−1. Dans ces condi-tions, la vitesse de dissolution apparente de la calcite est de5,75.10−5 mol.m−2.s−1. La baisse de réactivité observée atteint donc 80% !

Ces résultats mettent en évidence qu’un revêtement d’une dizaine de µm à la

surface de la calcite engendre une baisse de réactivité de pratiquement un ordre de grandeur. Cela est dû à la très forte vitesse de consommation des ions H+ par ce minéral. Ainsi, les observations de Cubillas et al. (2005) pourraient, en partie, s’expliquer par ce modèle.

4 Bilan

Le modèle de diffusion réalisé ici nous permet de confirmer que la taille des revêtements formés ainsi que la vitesse de consommation des ionsH+par l’orthose ne permettent pas de limiter significativement sa vitesse de dissolution.

Des tests de sensibilité ont été effectués afin de connaître l’influence de l’épais-seur, de la porosité du revêtement, du pH, de la température du système ou de la vitesse de dissolution du minéral étudié (i.e. la vitesse de consommation des ions

H+). On observe que le pH, la porosité et la température n’ont que peu d’influence sur le transport des ionsH+et la vitesse de dissolution de l’orthose. Les paramètres les plus sensibles correspondent à l’épaisseur du revêtement et à la vitesse de dis-solution du minéral. Ainsi, avec des revêtements de quelques dizaines de µm et

une vitesse de consommation des ionsH+élevée à la surface du minéral (106 fois plus importante dans le cas de la calcite par rapport à celui de l’orthose), la baisse de réactivité induite par la limitation du transport des ions H+ au sein du revê-tement peut être significative (environ un ordre de grandeur). On explique ainsi pourquoi la présence de revêtements peut avoir des effets significatifs sur la calcite (comme observé expérimentalement par Cubillas et al. 2005) et négligeables sur l’orthose.

V

Conclusion de la partie I

Dans cette étude, des expériences de dissolution ont été réalisées sur des poudr-es d’orthose totalement ou partiellement couvertpoudr-es d’un revêtement de boehmite d’épaisseur comprise entre 1,2 et 5,2µm. Les vitesses de dissolution de ces poudres

sont légèrement inférieures à celles mesurées sur des poudres non-couvertes de phases secondaires. Cependant, la réalisation de modélisations de diffusion indé-pendantes et basées sur la caractérisation physique des revêtements suggère que la modeste baisse de réactivité observée (environ 40%) serait en meilleur accord avec l’action de l’effet inhibiteur de l’aluminium en solution.

Les revêtements de boehmite formés dans cette étude ne semblent donc pas jouer de rôle majeur sur la cinétique de dissolution de l’orthose à pH 2 et 180C.

Cependant, pour confirmer ce résultat, il serait intéressant de modifier les conditions expérimentales utilisées dans cette étude afin de maintenir la même concentration en aluminium lors de toutes les expériences. Cela permettrait d’iso-ler l’influence des revêtements sur la vitesse de dissolution. Une solution simple serait notamment de travailler avec un minéral ne contenant pas d’aluminium. De plus, le protocole expérimental doit être amélioré afin d’assurer 100% de couver-ture lors des expériences de dissolution. Pour cela, la manipulation et le séchage des poudres doivent être limités. Aussi, effectuer des expériences en cellule per-mettant le suivi du développement des revêtements à la surface des grains ainsi que la mesure directe de leur coefficient de diffusion via le suivi de traceurs non réactifs permettrait une meilleure estimation des propriétés des revêtements.

A partir des données expérimentales collectées, un modèle simulant la diffu-sion des ions H+ à travers les revêtements a été réalisé. Les résultats du modèle montrent que l’épaisseur des revêtements formés (1-5 µm) est trop faible pour

limiter significativement le transport des ions H+ dans les conditions expérimen-tales de l’étude.

Des tests de sensibilité ont été réalisés afin de pouvoir appliquer ce modèle de diffusion dans d’autres conditions. Par exemple, dans des conditions proches de celles du réservoir de Soultz-sous-Forêts, on estime qu’une diminution d’un ordre de grandeur de la vitesse de dissolution apparente de l’orthose peut être observée si celle-ci est couverte par des revêtements d’environ 30µm d’épaisseur.

De plus, une augmentation de la vitesse de consommation des ionsH+(induite par la dissolution de l’orthose) d’un facteur 106 (comme dans le cas de la calcite) permet d’observer une baisse de réactivité de 80% pour un revêtement de 10 µm

d’épaisseur.

Le pH, la température du système ou la porosité des revêtements jouent un rôle mineur sur le processus de diffusion des ionsH+ au sein des revêtements.

Finalement, ce travail a permis de mettre en évidence que l’effet des revête-ments de phases secondaires sur la vitesse de dissolution peut être expliqué par la mise en place d’une barrière de diffusion qui peut limiter, de manière significa-tive ou non, le passage des ions H+ et donc la vitesse de dissolution apparente de la phase primaire. La baisse de réactivité observée dépend surtout de l’épaisseur des revêtements et de la vitesse de dissolution des phases primaires. On explique ainsi pourquoi l’influence des revêtements est négligeable pour l’orthose et peut être bien plus importante pour la calcite. Cela est en accord avec les données de Cubillas et al. (2005) qui observent une baisse de réactivité de 1 à 2 ordres de grandeurs de la calcite lorsque celle-ci est recouverte de phases secondaires.

L’implémentation de ce modèle de diffusion dans les codes de transports réac-tifs permettrait d’améliorer l’estimation des cinétiques des interactions fluide/roche en contexte naturel. Notons cependant que le modèle réalisé ici ne tient pas compte de la perte de surface de phase primaire en contact avec le fluide induite par la présence des couvertures. Il serait intéressant de considérer cet effet afin d’amélio-rer les résultats du modèle. Cela permettrait peut-être de reproduire encore plus fidèlement les observations de Cubillas et al. (2005) et les vitesses de dissolu-tion mesurées sur le terrain. Cubillas et al. (2005) mettent également en évidence l’importance de la structure relative des phases secondaire et primaire. En effet,

lorsque les phases secondaires ne précipitent pas de manière épitaxiale, leur effet est moins important. Le modèle réalisé ici ne permet pas de rendre compte de cet effet.

Du millimètre au micron : effet de

l’orientation cristallographique sur

la vitesse de dissolution. Évolution

de la surface à l’échelle de l’habitus

VI

Anisotropie de dissolution et

relations vitesse-affinité

chimique

Sommaire

1 Anisotropie de dissolution . . . 102

1.1 Structure cristallographique de l’orthose . . . 102