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Les indicateurs de la variable indépendante : le chez-soi en communauté

2.  Identités géographiques individuelles et chez-soi : démarche méthodologique 25 

2.2 Les indicateurs du chez-soi en communauté fermée et des identités

2.2.1   Les indicateurs de la variable indépendante : le chez-soi en communauté

Les indicateurs du chez-soi en communauté fermée peuvent être divisés en trois groupes, qui possèdent chacun leurs objectifs spécifiques : le premier vise à saisir le parcours résidentiel de l’individu, le deuxième aborde le chez-soi actuel ainsi que les usages qui y sont associés et le dernier traite du chez-soi idéal.

On distingue deux indicateurs liés au parcours résidentiel : le type de résidence à la naissance ainsi que les différents types de résidences occupés au cours des déménagements. Le type de résidence renvoie ici au type de construction (maison détachée, semi-détachée, appartement, etc.), mais également au contexte dans laquelle elle se situe: en milieu urbain, en milieu rural, ou encore en communauté fermée. Il s’avère que les lieux habités du passé étendent leur influence jusque dans le présent : « En effet, la dimension mémorielle de l’expérience géographique des lieux habités a une incidence notable sur les stratégies et les

choix résidentiels, sur le bien comme sur le mal-être ressenti dans les lieux » (Morel- Brochet, 2007 : 25). Il devient donc pertinent d’insérer cette dimension temporelle et éventuellement de s’interroger sur la façon dont les individus lient ces précédentes résidences avec celle qu’ils occupent à l’heure actuelle, car toutes ces résidences contribuent à forger l’idée de chez-soi. De plus, ce parcours résidentiel permet de connaître l’étendue des formes de logement dans lesquels ils ont vécu. Ont-ils toujours habité des logements de types similaires, ou au contraire de types variés au cours de leur vie?

Le chez-soi actuel est abordé à travers une série d’indicateurs associés à des dimensions variées de l’espace domestique. Nous avons mentionné dans le chapitre précédent le rôle d’acteur que tient l’individu en matière de choix d’habitat (Lévy, 1994). En ce sens, à travers un choix spatial permanent, l’espace résidentiel devient un lieu décisif pour la construction identitaire. D’autre part, dans leur étude des choix résidentiels, Bonvalet et Dureau (2000) relèvent plusieurs logiques à l’œuvre dans ces processus, qui dépassent la seule rationalité économique. Il semble en effet qu’à travers « une certaine position résidentielle (définie par la localisation, le type d'habitat et le statut d'occupation), ce sont bien un statut social et un niveau de développement qui sont recherchés » (Bonvalet et Dureau, 2000 : 135). La valeur associée à ces différents facteurs varie selon les contextes; il deviendra donc intéressant d’aborder cette dimension dans le cas particulier de l’habitat en communauté fermée. Les raisons du choix de la résidence constituent donc le premier indicateur du chez-soi actuel.

D’autre part, nous nous attarderons également au temps et aux ressources accordés à la maison. En ce sens, la part de temps passé à la maison, la part de temps passé à s’occuper de la maison ainsi que la part du budget qui y est consacrée deviennent révélateurs de l’importance que revêt le logis pour ses habitants. À notre sens, une plus grande attention accordée à l’espace résidentiel, un plus grand soin porté à son aménagement et à son entretien s’avèrent des dimensions révélatrices de la nature significative qu’il tient par rapport aux autres lieux de vie de l’individu. Le déploiement de ressources financières et l’attention portée à l’aménagement du chez-soi se voient d’ailleurs associées à la notion de

cocooning, « une recherche de confort et de sécurité chez-soi qui traduit le besoin de se protéger contre les réalités, perçues comme dures et imprévisibles, du monde extérieur » (Serfaty-Garzon, 2003 : 74). De plus, chercher à projeter une image soignée à travers le chez-soi peut en quelque sorte être attribué à une volonté de maintenir, à travers l’image, un certain statut social. Fourny (2002) relève d’ailleurs cet aspect de l’espace résidentiel. Il devient également intéressant de comprendre dans quelle mesure le chez-soi des habitants de communautés fermées constitue un espace de sociabilité, de rencontre avec autrui. Selon Capron (2006a), l’accueil et l’hospitalité, qui tendraient à se faire rares dans les villes contemporaines, sont particulièrement mis à l’épreuve au sein de ces ensembles résidentiels. Serfaty-Garzon et Condello, dans leur étude sur l’hospitalité, formulent plusieurs questions en lien avec le rapport à autrui dans la maison : « Ouvre-t-on volontiers sa porte? Est-on indifférent à autrui? Qui met-on à distance, et pourquoi? » (1989 : 3). Dans le présent contexte, ces pratiques de l’hospitalité seront questionnées, et une attention particulière sera portée à celles qui engagent les résidents d’une même communauté fermée.

Finalement, les trois derniers indicateurs ont pour objectif de saisir quels types de résidences sont valorisés par les individus, tout comme de savoir si leur résidence actuelle correspond à cet idéal. Puisque les choix résidentiels constituent des choix contraints (Lévy, 1994), il devient pertinent de s’intéresser à cet aspect en dehors des limites auxquelles font face les ménages dans la réalité. En effet, tel que mentionné par Gervais-Lambony (2004), les lieux auxquels s’identifient l’individu peuvent s’avérer aussi bien connus qu’imaginés, vécus que rêvés. Nous chercherons donc à comprendre à quels types de résidence les individus sont attachés, quels sont les types de résidences aimés et au contraire ceux qui ne le sont pas, ainsi que les types de résidences qui constituent un idéal, auxquels ils aspirent. Nous questionnerons finalement les habitants sur leur désir de quitter leur résidence actuelle, s’ils pouvaient le faire.

TABLEAU I: Indicateurs de la variable indépendante VARIABLE INDÉPENDANTE Chez-soi en communauté fermée

INDICATEURS

Parcours résidentiel

 Type de résidence à la naissance

 Types de résidences au fil des déménagements Résidence actuelle

 Raisons du choix du lieu de résidence  Pourcentage de temps passé à la maison

 Pourcentage de temps passé à s’occuper de la maison  Pourcentage du budget consacré à la maison

 Interactions des habitants de la communauté fermée chez eux

Résidence et idéal

 Types de résidences auxquels ils sont attachés, qu’ils aiment

 Types de résidences pas aimés  Résidence idéale

2.2.2 Les indicateurs de la variable dépendante : les identités géographiques