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Incidence du changement climatique sur la ressource

3. Prise en compte de l’environnement dans le projet

3.2 Préservation des milieux aquatiques

3.2.6 Incidence du changement climatique sur la ressource

La MRAe recommande d’étudier avec soin, sur la base des connaissances établies sur les effets du changement climatique sur la ressource en eau, la faisabilité à moyen et long terme du prélèvement projeté, à l’horizon 2030 et 2040 en termes de ressource disponible afin d’évaluer la pérennité du projet et d’éviter les impacts qualitatifs et quantitatifs sur les ressources en eau.

Changement climatique

Le changement climatique pourrait avoir un effet important sur la Garonne et donc sur le fonctionnement du projet.

Plusieurs études sont actuellement disponibles sur cette thématique dans la région :

 Thèse de Gildas DAYON (2015) "Evolution du cycle hydrologique continental en France au cours des prochaines décennies",

 Projet Explore 2070, eau et changement climatique - ONEMA (2012)

 Schéma régional AIR-EAU-ENERGIE en Midi-Pyrénées - 2012

Ces 3 documents convergent vers une probable évolution à la baisse de la ressource en eau sur le bassin de la Garonne avec des quantifications importantes faites dans la thèse de G.Dayon et présentées ci-dessous.

Ces figures montrent un impact important sur le QMNA5 de la Garonne : entre -20 et -70% du débit actuel en fonction des scénarios.

Ces simulations présagent de difficultés que pourra rencontrer la région en raison du changement climatique.

Toutefois, elles ne prennent pas en compte les soutiens d’étiages qui pourront compenser en partie les baisses de débits de la Garonne. Ceux-ci sont quand même limités au regard des besoins. Actuellement, le soutien d’étiage sur la Garonne en amont de la confluence avec l’Ariège est de 5,8 M m3 (voir ci-après).

Les éléments issus de "Garonne 2050" montrent également des déficits prévisionnels importants qui sont supérieurs aux capacités de soutien d’étiage actuel de la Garonne. D’après ce document, la baisse du débit d’étiage de la Garonne en amont de Toulouse est estimée à 30 % à l’horizon 2050.

Débits de la Garonne Définitions :

DOE : débit d'objectif d'étiage servant de référence pour l'atteinte du bon état des eaux et la satisfaction des usages 8 années sur 10 en moyenne

QA : débit d'alerte déclenchant les mesures de restriction.

QAR : débit d'alerte renforcée durcissant les mesures de restrictions

DCR : débit de crise au-dessous duquel seuls les usages prioritaires peuvent être satisfaits (santé, salubrité publique, sécurité civile, AEP...)

DCG : débit de consigne de gestion du fonctionnement d'ouvrage de réalimentation de cours d'eau pour satisfaire la salubrité et les usages (= DOE pour les cours d’eau réalimentés).

Le tableau ci-dessous présente les Débits d’Objectif Etiage (DOE) et les Débit de Crise (DCR) sur les points nodaux en amont et en aval de Carbonne (Valentine et Marquefave).

Garonne à Valentine Garonne à Marquefave

Surface bassin versant 2 230 km² 5 243 km²

Situation par rapport au projet 50 km en amont de Carbonne 3,5 km en aval de Carbonne

DOE 20 m3/s 25 m3/s

DCR 14 m3/s 18 m3/s

Tableau 12 : Débits de la Garonne

Soutien d’étiage

Le SMEAG (syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne) organise les réalimentations de soutien d’étiage de la Garonne afin de maintenir les niveaux d’eau nécessaires pour éviter les conflits entre usagés et la détérioration du milieu aquatique.

La localisation des retenues structurantes et des barrages de soutien d’étiage est présentée sur la figure suivante.

Figure 17 : Retenues structurantes et barrages de soutien d’étiage

Les capacités des ouvrages et les volumes de soutien d’étiage sur la Garonne en amont de Carbonne sont présentés dans le tableau suivant.

Nom Capacité

Volume de soutien d’étiage Période d’utilisation

Débit mis à disposition Retenues structurantes

Réserve montagne 48 hm3 - -

Filheit 1 hm3 1 hm3

1/7 au 31/10 1 m3/s

Barrages de soutien d’étiage

Lac d’Oô 13 hm3 8 hm3

1/9 au 31/10 4 m3/s

TOTAL 62 hm3 9 hm3 5 m3/s

Tableau 13 : Capacité des soutiens d’étiage

La capacité de soutien d’étiage sur la Garonne juste à l’aval de la confluence de l’Arize représente 9 hm3 et un débit de 5 m3/s.

Ainsi, en supposant une diminution des débits de 50% en raison du dérèglement climatique, le soutien d’étiage ne permet pas d’assurer le DOE au niveau de Marquefave (25 m3/s), ce qui nécessite la mise en place de mesurer de restriction d’eau.

Mesures

Les seuils de déclenchement des restrictions ainsi que les mesures prises sont définis dans l'arrêté départemental du 4 juillet 2017 relatif à la réglementation provisoire des usages de l'eau en cas de sécheresse.

Les mesures de restrictions sont déclenchées à l’amont d’une station de référence dès lors que la moyenne des débits journaliers des 3 derniers jours (QMJ3) franchit un seuil. L’application de ces mesures est au minimum d’une semaine.

Franchissement du DOE : Seuil de sensibilisation

Communication et sensibilisation aux économies d’eau du grand public et des professionnels

Franchissement du QA : Seuil d’alerte

Objectif de limitation de 15 à 30% du débit global prélevé

Franchissement du QAR : Seuil d’alerte renforcée Objectif de limitation de 50% du débit global prélevé

Franchissement du DCR : Seuil de crise

Interdiction totale des prélèvements, à l’exception de l’usage eau potable et des mesures spécifiques pour les canaux

Impacts en cas de sécheresse

 Impact du prélèvement :

Les débits de prélèvement en activité de pointe sont rappelés dans le tableau suivant pour la situation actuelle et la situation future.

Ce tableau présente le prélèvement net total et le prélèvement final qui prend en compte un ratio consommation/prélèvement de 20 % couramment utilisés pour les usages d’eau potable.

Situation actuelle

Le tableau suivant présente l’impact du prélèvement final sur le débit d’étiage de la Garonne (% du débit horaire de la Garonne, débit résiduel en aval du rejet) en cas de sécheresse sévère (50% du débit d’étiage : 12,5 m3/s soit un débit inférieur au débit de crise) et sans prendre en compte les objectifs de limitation des prélèvements présentés ci-dessus (soit l’activité de pointe de l’usine).

Situation actuelle Prélèvement final : 60 m3/h

Situation future Prélèvement final : 140 m3/h

DOE : 25 m3/s 0,07 % 0,16 %

24,98 m3/s 24,96 m3/s

50% DOE : 12,5 m3/s 0,13 % 0,31%

12,48 m3/s 12,46 m3/s

L’impact du prélèvement sur le débit de la Garonne apparait très faible en raison :

 Des très faibles pourcentages que le prélèvement représente par rapport aux débits de la Garonne : maximum 0,31% en cas de sécheresse sévère et activité de pointe de l’usine,

 Des débits résiduels de la Garonne en aval du périmètre.

En considérant le débit journalier, l’impact du prélèvement sur les débits de la Garonne est minimisé car le prélèvement ne s’effectue que pendant 20 heures par jour à capacité nominale de l’usine.

Remarque : Pour le prélèvement dans l’Arize, la gestion quantitative de la ressource est présentée au chapitre 3.2.1 précédent

 Qualité de la Garonne :

L’impact des rejets de l’usine a été évalué en cas de sécheresse sévère (50% du débit d’étiage : 12,5 m3/s soit un débit inférieur au débit de crise) et sans prendre en compte les objectifs de limitation des prélèvements présentés ci-dessus (soit l’activité de pointe de l’usine).

Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 14 : Impact des rejets moyen sur la Garonne en période de sécheresse prolongée Même avec un débit réduit de la Garonne à 50% du débit d’étiage, les rejets de l’usine de production d’eau potable n’entraineront que de très faibles augmentations des concentrations.

Les objectifs de qualité de la Garonne seront respectés.

Le projet apparait donc pérenne même en cas de diminution des débits de la Garonne en raison du changement climatique.