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Introduction du chapitre 5

5.2 Impulsions composites magiques

5.2 Impulsions composites magiques

Pour une séquence RMN donnée, il est possible de calculer le Hamiltonien dipolaire moyen agissant sur les spins lors de la séquence. Une séquence RMN optimalement adaptée à notre système permet alors de contrôler l'interaction dipolaire eective lorsqu'elle est appliquée. Par analogie avec le sandwich magique, nous allons construire des séquences RMN pendant lesquelles le champ dipolaire moyen est proportionnel au champ dipolaire libre.

Nous dirons qu'une séquence est magique si pour cette séquence He ∝ HRWA

d (5.42)

Dénition

Etant donné que le développement en série du Hamiltonien moyen donne des termes faisant intervenir des termes de couplage d'ordre de plus en plus élevé, cette condition s'écrit



He(0)= kHRWA

d

He(n)= 0 pour tout n > 0 (5.43)

Nous verrons que les séquences développées ne satisfont la condition (5.43) que jusqu'à un certain ordre n maximal. On appellera par conséquent séquence magique d'ordre n une séquence pour laquelle la condition (5.43) est vériée jusqu'à l'ordre n inclus :



He(0)= kHRWA

d

He(m)= 0 pour tout m ≤ n (5.44)

5.2.1 Parenté des impulsions composites magiques

Nous allons rechercher de courtes séquences RMN pouvant se substituer aux impulsions π/2 du sandwich magique tout en minimisant la perturbation de l'évolution par l'interaction dipolaire eective pendant la séquence. Cette démarche consistant à remplacer une impulsion donnée par une combinaison d'impulsions de manière de manière à produire un eet voulu sur une bande spectrale donnée tel que le découplage de spins ou l'excitation sélective d'une partie de l'échan-tillon a été suivie par Levitt [98] qui nomme de telles séquences des impulsions composites. Les séquences composites qu'il a étudiées (dont nous aurons l'occasion de parler à nouveau dans le chapitre 6) sont destinées à corriger les imperfections des séquences usuelles dues aux inhomogénéités des champs magnétiques B0 et B1. Trois grandes communautés utilisent des séquences composites : la RMN du solide (pour contrôler l'interaction dipolaire pendant les impulsions rf), la RMN des liquide109 et l'IRM pour compenser les défauts des spectroscopes RMN. Et depuis une dizaine d'années, les chercheurs (pour le moment principalement des théoriciens) du traitement de l'information quantique s'y intéressent beaucoup110.

La littérature traitant des impulsions composites est beaucoup moins abondante lorsqu'il s'agit des impulsions composites magiques. La communauté de RMN du solide s'interessant à l'af-109. notamment pour le développement de séquences de découplage

110. Le qubit étant un système à 2 niveaux, il est naturel de transposer les techniques développées en RMN à ce domaine. L'impulsion composite est intéressante parce qu'il s'agit d'une opération sur l'état du système insensible dans une certaine mesure aux imperfections expérimentales.

nement spectral, elle a découvert plusieurs impulsions composites magiques qui produisent une rotation globale multiple de π [99,100], indispensable pour générer des échos de spins. À notre connaissance, les séquences décrites dans ce chapitre sont nouvelles. Nous resterons cependant prudents quant à leur originalité réelle car la littérature traitant des impulsions composites est surabondante et les techniques utilisées dans ce chapitre sont déjà assez an-ciennes111.

5.2.2 Conditions d’ordre zéro

Le calcul de He(n) est a priori dicile, mais on remarque que l'opérateur d'évolution D(t) ne concerne que la partie opératorielle du Hamiltonien (eq. (5.1)) et n'a aucun eet sur sa dépendance spatiale (eq. (5.2)). Le terme He(0) s'écrit alors

He(0)= 1 τ τ Z 0 D(t1)HRWA d D(t1)−1dt1 =   X j X i<j bij   1 τ τ Z 0 D(t1)(~Ii· ~Ij− 3IziIzj)D(t1)−1dt1 (5.45) Cette expression peut être simpliée en réécrivant le produit scalaire de l'expression précé-dente :

(~Ii· ~Ij − 3IziIzj) =t~IiA ~Ij (5.46) où A est appelée matrice dipolaire et vaut

A =   1 0 0 0 1 0 0 0 −2   (5.47) or DtI~iA ~IjD−1 = (DtI~iD−1)(DAD−1)(D ~IjD−1) (5.48) À ce stade, nous remarquons que D(t) est un opérateur rotation112 dans SU(2). On appelle R la rotation correspondante dans SO(3), de sorte que

D ~IjD−1= (R ~Ij) (5.49)

et

DtI~iD−1 =t(R~Ii). (5.50)

De plus, D laisse invariante A qui appartient à l'espace des rotations SO(3) :

DAD−1= A (5.51)

d'où

DtI~iA ~IjD−1 =t(R~Ii)A(R ~Ij) =tI~iA0(t) ~Ij (5.52) 111. Le sandwich magique, qui est une forme particulière d'impulsion composite magique, date de la n des années 60.

112. En fait, D(t) agit de la même manière sur l'ensemble des spins de l'échantillon, c'est la raison pour laquelle nous employons cette formulation simpliée.

5.2. Impulsions composites magiques avec A0(t) = R−1   1 0 0 0 1 0 0 0 −2  R (5.53)

On écrit à présent la condition (5.43) pour que la séquence soit magique à l'ordre zéro, qui est

He(0) = kHRWA

d (5.54)

Ce critère peut être réécrit sous une forme plus simple qui ne fait pas intervenir d'opérateur quantique : 1 τ τ Z 0 A0(t1)dt1= kA (Diag0)

En dénissant ¯A0 la matrice dipolaire moyenne qui vaut 1 τ Rτ 0 A0(t1)dt1, on peut réécrire ce critère ¯ A0 = kA (5.55)

Dans l'annexe E, on retrouve cette équation par une méthode perturbative appliquée à l'équa-tion d'évolul'équa-tion classique.

5.2.2.1 Valeurs possibles de k

Nous allons montrer que la valeur de k est comprise entre -1/2 et 1. En eet, la matrice dipolaire A possède trois valeurs propres : 1, 1 et −2. Par conséquent, les valeurs propres de

1 τ

Rτ

0 A0(t1)dt1 = kA sont k, k et −2k. Or les valeurs propres de A0(t1) sont les mêmes que les valeurs propres de A d'après (5.53) (seuls les vecteurs propres sont modiés sous l'eet des matrices de rotation). On en déduit que la valeur propre maximale de ¯A0 = 1τR0τA0(t1)dt1 est

1 τ

Rτ

0 dt1 = 1 car cette quantité est un barycentre des valeurs propres de A0(t1). Si k ≥ 0, la valeur propre maximale de kA est k et on a k ≤ 1. Si k ≤ 0, la valeur propre maximale de kA est −2k et on a −2k ≤ 1. On en déduit l'intervalle des valeurs possibles pour k : −1/2 ≤ k ≤ 1.

5.2.2.2 La matrice dipolaire A0(t)

L'équation (5.47) nous donne une expression de A que l'on peut réécrire ainsi :

A =1 − 3ˆz ·tzˆ (5.56)

L'équation (5.53) nous indique comment se transforme A lors d'une séquence RMN :

A0 =1 − 3R−1z ·ˆ tzRˆ (5.57)

Ce qui donne :

A0 =1 − 3(R−1z) ·ˆ t(R−1z)ˆ (5.58)

Si on dénit le vecteur ˆu(t) = R−1zˆ, on constate que la matrice dipolaire eective se met sous la forme suivante :

5.2.2.3 Signication du vecteur ˆu(t)

Le vecteur ˆu(t) représente la direction de l'anisotropie de l'interaction dipolaire dans le double référentiel tournant. Dans le référentiel tournant, ˆu(t) = ˆz en permanence (ce résultat est directement issu du calcul de champ dipolaire dans le référentiel tournant eectué dans l'annexe B). Mais lorsque l'on se place dans le double référentiel tournant, l'axe ˆz du référentiel tournant se déplace. L'axe ˆu est en fait la direction du champ principal ~B0vu depuis le double référentiel tournant.

Rappelons que le double référentiel tournant coincide avec le référentiel tournant juste avant la première impulsion RMN, par convention (xée au Ÿ5.1.3). Les résultats obtenus par la méthode du Hamiltonien moyen sont indépendants de la convention pour le choix du double référentiel tournant et donc du choix de ˆu(t) correspondant.

5.2.3 Exemples de séquences magiques d’ordre zéro

5.2.3.1 Le sandwich magique standard

Le sandwich magique décrit par Rhim, Pines et Waugh [80] est π

2y

, (πx, −πx)N,π

2y (5.60)

et consiste à appliquer un intense champ de radiofréquence (par paires alternées en phase pour réduire la sensibilité de l'expérience aux réglages du dispositif RMN) entre deux impulsions π/2 instantanées (dans le cas où l'impulsion π/2 n'est pas instantannée voir Ÿ5.2.3.2). Nous allons calculer le Hamiltonien eectif à l'ordre zéro He(0) durant l'application du champ rf le long de l'axe ˆx. La rotation R induite par le champ rf appliqué pendant une durée t est :

R =   1 0 0 0 cos Ω1t − sin Ω1t 0 sin Ω1t cos Ω1t   (5.61) donc A0(t) =   1 0 0 0 −12 +32cos 2Ω1t −32sin 2Ω1t 0 −32sin 2Ω1t −1232cos 2Ω1t   (5.62)

et si l'on réalise une rotation d'angle π (ou un multiple de π), la matrice d'interaction dipolaire moyenne ¯A0 est ¯ A0(t) =   1 0 0 0 −12 0 0 0 −1 2   (5.63) ¯

A0 n'est pas proportionnelle à A, mais, en permutant les axes ˆx et ˆz grâce aux impulsions π/2 au début et à la n du sandwich, elle le devient. On obtient alors comme valeur k = −1/2. On pourra trouver un autre calcul de l'interaction dipolaire eective pendant le sandwich magique au chapitre 4.

5.2.3.2 Eet de l'amplitude nie des rotations π/2 dans le sandwich magique Si l'on ne dispose pas d'une intensité de radiofréquence innie, il faut prendre en compte l'eet des π/2 initiaux et naux. Le π/2 nal consiste en une rotation autour de l'axe ˆy. On calcule l'interaction eective (l'impulsion dure τ = π/2Ω1) :

5.2. Impulsions composites magiques 1 τ τ Z 0 A0(t)dt = 2Ω1 π π 2Ω1 Z 0 dt   −1 23 2cos 2Ω1t 0 32sin 2Ω1t 0 1 0 3 2sin 2Ω1t 0 −1 2+ 32cos 2Ω1t  =   −1 2 0 3π 0 1 0 3 π 0 −1 2   (5.64) Cette matrice d'interaction dipolaire moyenne n'est pas proportionelle à la matrice d'interac-tion dipolaire libre. Il en résulte que, appliquées avant et après un magique sandwich censé réalisé une évolution à rebours, les deux impulsions π/2 produisent une perturbation de la carte d'aimantation par rapport à la carte d'aimantation que l'on aurait obtenue si l'interac-tion dipolaire eective était proporl'interac-tionnelle à l'interacl'interac-tion dipolaire libre. Ces perturbal'interac-tions peuvent avoir un eet important sur les signaux RMN observés après le sandwich magique. La perturbation de la carte d'aimantation provient du terme parasite du Hamiltonien moyen dans l'équation d'évolution pendant l'impulsion π/2 qui modie l'évolution RMN. À l'ordre le plus bas, la taille de la perturbation de la carte d'aimantation est proportionnelle à la durée de l'impulsion. Une impulsion de durée inniment brêve n'introduit donc pas de perturbation. Augmenter l'intensité du champ B1 tout en diminuant la durée de l'impulsion est donc une solution ecace pour réduire la taille de la perturbation de la carte d'aimantation produite par l'impulsion. Malheureusement, il n'est pas possible de suivre cette stratégie dans notre expé-rience, car augmenter l'intensité du champ B1 augmente la chaleur déposée dans l'échantillon lors de l'expérience et le perturbe. (La chaleur déposée est proportionnelle à B2

1 × τ ∝ 1/τ.) Il est aussi possible (et c'est la stratégie que nous suivons dans ce chapitre) d'utiliser une séquence composite magique d'ordre n pour laquelle le Hamiltonien moyen est très proche du Hamiltonien dipolaire libre (à un facteur multiplicatif près). La perturbation produite par le terme résiduel du Hamiltonien moyen est alors beaucoup plus faible.

5.2.3.3 Le π/2 composite magique simple d'ordre 0

Pour supprimer la perturbation introduite par les impulsions π/2 dans le sandwich magique, nous avons remplacé les impulsions π/2 par des impulsions composites correspondant à (πx -(π/2)y - (π/2)y,0.5 - (π/2)−y,0.5) comme celà va être montré ci-après. Les indices 0, 5 supplé-mentaires indiquent que les impulsions sont réalisées en un temps moitié moindre que le temps habituel. La durée totale des impulsions selon l'axe ˆx est égale à la durée totale des impulsions selon l'axe ˆy.

Nous allons séparer le calcul de la matrice d'interaction dipolaire moyenne en deux parties correspondant aux impulsions selon l'axe ˆx et selon l'axe ˆy :

¯ A0 = 1 τx+ τy ( τx Z 0 dtA0(t) + τx+τy Z τx dtA0(t)), (5.65)

où τx (resp. τy) est la durée des impulsions selon l'axe ˆx (resp. ˆy). Nous utilisons des impulsions selon ˆx réalisant une rotation globale multiple de π. Elles n'ont donc pas d'eet sur la matrice d'interaction dipolaire instantanée pendant les impulsions selon ˆy, qui peut être calculée comme si les impulsions selon ˆx n'avaient pas eu lieu. Le calcul de la matrice d'interaction dipolaire moyenne est donc indépendant pour les impulsions selon l'axe ˆx et selon l'axe ˆy. On a donc

¯ A0 = 1 τx+ τyxA¯ 0 x+ τyA¯0 y) (5.66)

l'axe ˆx (resp. ˆy). Enn, nous nous restreignons au cas où τx = τy qui est la condition sine qua non pour obtenir une impulsion composite magique. La matrice d'interaction dipolaire moyenne est alors la moyenne des matrices d'interaction dipolaire moyennes pour les impulsions selon les axes ˆx et ˆy :

¯ A0 = 1 2( ¯A 0 x+ ¯A0y) (5.67) La rotation π selon ˆx ¯ A0x= 1 π π Z 0 dθ R−1x (θ)ARx(θ) (5.68) avec Rx(θ) =   1 0 0 0 cos θ − sin θ 0 sin θ cos θ   (5.69) d'où ¯ A0x=   1 0 0 0 −1 2 0 0 0 −12   (5.70)

La séquence selon ˆy

L'eet de la rf le long de l'axe ˆy est plus complexe, mais elle est conçue de manière à ce que le temps passé selon chaque direction du cercle décrit sur la sphère de Bloch soit le même, de sorte qu'au premier ordre il est identique à l'eet d'une rotation homogène 2π.113

¯ A0y=   −12 0 0 0 1 0 0 0 −12   (5.71) La séquence complète

L'eet successif de la rf long de ˆx puis le long de ˆy donne ¯ A0 =   1 4 0 0 0 14 0 0 0 −1 2   (5.72)

L'interaction dipolaire eective à l'ordre zéro est k = 1/4 et la rotation équivalente durant l'impulsions est πx - (π/2)y ce qui ramène la composante ˆz du spin selon la direction ˆx. Cette propriété fait de cette séquence un substitut intéressant pour les (π/2)y des sandwiches magiques habituels puisque, pour celle-ci, l'interaction dipolaire est bien contrôlée à l'ordre le plus bas.

5.2. Impulsions composites magiques 5.2.3.4 Autres séquences π/2 composites magiques d'ordre 0

La technique utilisée dans la section précédente et consistant à réaliser toutes les impulsions selon ˆx puis toutes les impulsions selon ˆy pour construire le π/2 magique est simple d'em-ploi. On peut cependant trouver d'autres π/2 magiques dont la perturbation résiduelle peut être moins importante dans certaines situations (voir 5.3.5 pour une discussion du choix de l'impulsion composite magique).

Dans cette partie, nous allons donner une stratégie permettant de trouver des impulsions composites magiques. Nous présenterons aussi des exemples de séquences construites grâce à cette stratégie. (sans démonstration)

Les impulsions composites que nous présentons contiennent des impulsions selon les axes ˆx et ˆ

y. On s'aperçoit facilement que l'impulsion composite doit comporter des impulsions de phase diérentes. En eet, dans le cas d'une impulsion composite ne possédant que des impulsions selon ˆx par exemple, la matrice dipolaire moyenne s'écrit

¯ A0 =   1 0 0 0 a b 0 b −a − 1   (5.73)

avec −2 ≤ a ≤ 1 d'après les contraintes sur les valeurs propres de ¯A0 que nous avons vu au Ÿ5.2.2.1. Le critère de magicité impose alors la condition a = 1 pour la séquence, ce qui n'est possible que s'il n'y a pas d'impulsion rf, c'est-à-dire si il s'agit d'une évolution libre. Par conséquent, une impulsion composite comporte nécessairement des impulsions de deux phases diérentes au minimum.

Stratégie pour construire une impulsion composite magique d'ordre zéro

Par dénition une impulsion composite magique est une séquence radiofréquence qui vérie la condition décrite par l'équation (Diag0). La condition (Diag0) peut être décomposée en un ensemble d'équations sur l'ensemble des 9 composants de la matrice A ; le jeu des symétries réduit à 4 le nombre d'équations indépendantes.114La résolution d'un jeu de quatre équations non-linéaires n'est pas un problème simple. Fort heureusement, il sut de rajouter des im-pulsions à la séquence pour ajouter des degrés de liberté à notre problème, on dispose donc d'un grand espace des phases pour résoudre ce problème. Cet espace des solutions est si grand que pour pouvoir y trouver un ensemble de solutions, nous avons volontairement restreint la structure des séquences étudiées. On peut en eet constater que si la séquence se compose d'une série d'impulsions selon l'axe ˆx ayant pour eet global une rotation multiple de π puis une série d'impulsions selon l'axe ˆy ayant pour eet global une rotation de π/2 (modulo π) alors le Hamiltonien moyen d'ordre zéro est facile à calculer. Pour nous aider dans la recherche de ces séquences, nous dénissons des sous séquences faibles.

Séquence faible d'ordre zéro : On dit qu'une séquence rf est faible d'ordre zéro si le Hamiltonien dipolaire moyen à l'ordre zéro durant cette séquence est proportionnel au Hamiltonien dipolaire libre à une permutation des axes près (cette condition est vériée si et seulement si le tenseur ¯A0 est diagonal).

Dénition

114. 3 équations pour les coecients non diagonaux, 1 pour les coecients diagonaux car la trace de la matrice Aest nulle et l'égalité est dénie à une constante multiplicative près.

La stratégie que nous utilisons consiste à associer une séquence magique faible selon l'axe ˆx à une séquence magique faible selon l'axe ˆy. Or, comme nous le montrons dans l'annexe F, une séquence magique faible d'ordre zéro est une séquence qui vérie la condition :

Z

0

dθ η(θ) e2iθ= 0 (5.74)

où η(θ) est la densité de présence dans la direction θ pour l'aimantation, qui est dénie mathématiquement par η(θ) = R 1 0 dθ η(θ) 1 τ 1 ˙ θ(t). (5.75)

où τ désigne la durée de la séquence considérée.

Variantes pour des rotations autour d'un seul axe

En s'arrangeant pour que η(θ) soit constant sur l'intervalle [0, π] (modulo π) pour les deux sous-séquences, on est assuré d'obtenir des sous-séquences magiques faibles d'ordre zéro et donc d'obtenir une impulsion composite magique.

La première impulsion composite selon l'axe ˆx peut être choisie parmi :        πx, π−xx, 2π−x±x π±x (5.76) La seconde impulsion composite selon l'axe ˆy peut être choisie parmi les séquences suivantes :

  

π/2−y,0.5, π/2y,0.5, π/2y

π/2y, π/2y,0.5, π/2−y,0.5

α−y,0.5, αy,0.5, π/2y, (π/2 − α)y,0.5, (π/2 − α)−y,0.5

(5.77) Une séquence construite à partir de deux impulsions composites choisies parmi la liste précé-dente a exactement les mêmes propriétés que l'impulsion composite magique (πx - (π/2)y -(π/2)y,0.5 - (π/2)−y,0.5) décrite au Ÿ5.2.3.3.

Variantes pour des impulsions à intensité constante

On autorise à présent η(θ) à varier sur l'intervalle [0, π] (modulo π) pour les deux sous-séquences. Il faut alors composer les sous-séquences selon ˆx et ˆy de manières à satisfaire la condition (Diag0) pour chacune. On dit que de telles séquences produisent des rotations inhomogènes en angle.

Voici un exemple où la deuxième partie de la séquence est composée d'impulsions ayant toutes la même intensité :

πx,7/6, π/6−y, π/6y, π/2y, π/6y, π/6−y (5.78)

On peut constater que la séquence selon l'axe ˆy n'explore pas l'ensemble des directions pos-sibles pour l'aimantation (1/6e du cercle n'est pas exploré), contrairement à l'impulsion π/2 composite magique simple. Cependant elle a bien les mêmes propriétés.

5.2. Impulsions composites magiques 5.2.3.5 Séquences robustes pour une radiofréquence non résonnante

On peut utiliser la méthode du Hamiltonien moyen pour calculer la perturbation de l'évolution lorsque la fréquence du champ rf généré par le spectromètre est désaccordée par rapport à la fréquence de Larmor. Cette situation est fréquemment rencontrée expérimentalement, soit par accident (le spectromètre n'est pas bien réglé), soit à cause de l'application envisagée (on réalise une expérience en présence d'une inhomogénéité de champ statique, par exemple en imagerie). Pour une inhomogénéité δB0 de l'amplitude du champ statique ~B0 (qui dénit là encore la direction ˆz), le Hamiltonien qui perturbe l'évolution est :

HδB0 = γδB0Iz (5.79)

Après passage dans le référentiel tournant, on a : HRWA

δB0 = γδB0Iz (5.80)

Le passage dans le double référentiel tournant donne le Hamiltonien :

HδB 0(t) = γδB0D(t)IzD(t)−1 (5.81)

L'équation d'évolution de la matrice densité ρ dans le double référentiel tournant pendant la séquence est régie par l'équation (5.14) où le Hamiltonien H(t)considéré est

H(t) = Hd(t) + HδB 0(t). (5.82)

En appliquant la méthode du Hamiltonien moyen à H(t) on obtient le Hamiltonien eectif Hecorrespondant. D'après l'équation (5.25), le Hamiltonien eectif à l'ordre zéro dans ce cas est

He(0) = He(0)

d + He(0)

δB0 . (5.83)

Nous ne nous intéresserons pas dans ce chapitre aux ordres supérieurs à l'ordre nul, mais précisons que l'additivité des Hamiltoniens eectifs est une propriété de l'ordre nul115 et n'est pas applicable aux ordres supérieurs. Nous pouvons donc traiter indépendamment le terme de désaccord de la rf.

D'après la relation (5.49) on a

HδB 0 = γδB0R(t)Iz (5.84)

L'équation (5.25) nous permet, à partir du Hamiltonien de perturbation dans le double réfé-rentiel tournant, d'obtenir le Hamiltonien eectif à l'ordre zéro qui est :

He(0) δB0 = 1 τ τ Z 0 dt1γδB0R(t1)Iz. (5.85)

On peut reformuler cette relation ainsi : He(0)

δB0 = γδB0hR(t)ˆzit· ~I, (5.86)

115. En eet, dans le cas général, le Hamiltonien eectif dans le cas où l'interaction dipolaire et un désaccord de Larmor sont considérés simultanément n'est pas la somme des Hamiltoniens eectifs des deux couplages calculés indépendamment.