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Imagerie médicale

1.

Radiographie

La radiologie est l’examen indispensable à faire en première intention, aussi bien pour confirmer une suspicion de trouble squelettique (Ex : maladie osseuse métabolique) que pour objectiver l’étendue de lésions osseuses (Ex : fractures, infection, processus tumoral).

a) Équipement et réglage des constantes

Tous les appareils de radiographie utilisés en médecine vétérinaire sont adaptés aux reptiles. Le développement numérique offre un avantage significatif. La possibilité d’orienter la source de rayons par rotation de 90° est intéressante chez les reptiles, particulièrement chez les chéloniens. (104, 129)

La mise au point des constantes radiologiques est variable en fonction de l’espèce, de la taille de l’animal et de l’organe visé par cet examen. Peu de données sont décrites concernant les réglages pour une radiographie du squelette, mais les règles devraient être les mêmes que chez les mammifères.

Pour bien visualiser la cavité cœlomique des reptiles, qui ne présente qu’un faible contraste (peu d’espace et de graisse entre les organes), on considère qu’il est nécessaire de

garder un kilovoltage bas mais avec une fourchette large (entre 40 kV pour les plus petits individus et 100 kV pour les grands), une intensité élevée (> 300 mA) et un temps d’exposition court (1/60e

de seconde). (80, 102, 114, 129) Le Tableau 5 propose quelques exemples de constantes.

Espèce kV mAs Petite tortue <2kg 54 (40-60) 4- 10 Tortue moyenne 2-8kg 68 (60-80) 10 Grande tortue > 8kg 80 -100 10 Serpent moyen 42 10 Serpent grand 64 10 Grand lézard 36-55 4-10

Tableau 5: Exemples de constantes radiographiques chez les reptiles, d’après (102)

b) Incidences des clichés et contention des reptiles

Les incidences utilisées pour les clichés des membres chez les reptiles sont comparables à celles des mammifères : une incidence latéro-latérale dite « de profil » et une incidence dorso-ventrale dite « de face ». Pour la cavité cœlomique, une troisième vue antéropostérieure est recommandée chez les chéloniens. Elle est par exemple intéressante lors de fracture de la carapace car elle permet une visualisation optimale de l’intégrité des poumons. (80, 86, 104, 114, 129)

Quant à la contention, elle est souvent assurée par des supports de diverses natures : (86, 102)

 Chez les chéloniens : Pour l’incidence dorso-ventrale, avec de préférence la tête et les pattes sorties pour bien observer les os longs, l’animal est posé sur une boite qu’il ne peut pas atteindre avec ses membres. Pour les incidences latéro-latérale et crânio- caudale, l’animal est maintenu en équilibre avec sa carapace posée sur un support solide, comme une bouteille pleine ou un sac de sable.

 Chez les sauriens : Les petites espèces peuvent être laissées dans une boite radio- transparente pour un premier cliché global. Pour les plus grandes espèces, comme l’iguane vert, le réflexe oculo-cardiaque avec pose d’une bande cohésive sur la face peut se révéler très utile.

 Chez les ophidiens : les clichés de profil sont effectués par « tranches », en maintenant l’animal ou bien à l’aide d’un tube radio-transparent dans lequel l’animal est obligé de s’allonger.

c) Interprétation radiographique de l’appareil squelettique

L’interprétation radiographique du squelette des reptiles présente quelques spécificités. Tout d’abord, la différence de densité osseuse entre la cavité médullaire et les corticales est moins évidente que chez les mammifères, en particulier chez les tortues. Le réseau osseux trabéculaire n’est également que peu, voire pas visible. Le ratio cortico- médullaire et l’épaisseur des corticales sont très variables suivant les espèces. Ainsi, ils deviennent aussi importants que chez les mammifères chez les reptiles de grande taille. Tout ceci peut rendre un diagnostic radiographique très complexe pour un clinicien peu expérimenté dans ce domaine. (102, 114)

Chez certaines tortues et notamment chez les « tortues boites » (Ex : Terrapene spp.), des images de fissures physiologiques du plastron sont observées, caudalement et parfois crânialement. Elles ne doivent pas être confondues avec des images de fractures. Ces fissures correspondent à des surfaces articulaires entre deux ostéodermes, qui permettent à ces espèces une fermeture de leur carapace grâce à la mobilité du plastron. (98, 102).

Chez les ophidiens, le crâne est facilement visible et toutes les vertèbres sont anatomiquement identiques. Les côtes débutent à la troisième vertèbre et sont présentes jusqu’au cloaque. Des vestiges de fémurs sont visibles de part et d’autre du cloaque chez les Boïdés mâles. (74, 102)

Les descriptions radiographiques précises des différentes affections seront décrites dans leurs paragraphes correspondants. Ils existent plusieurs grands patterns possibles :

Les maladies métaboliques osseuses, qui incluent diverses affections osseuses causées par des troubles nutritionnels et hormonaux, peuvent affecter la quantité (diminution ou augmentation de la masse osseuse) ou la qualité du tissu osseux (Ex : déminéralisation). Le principal critère est l’opacité de l’os : la densité osseuse est-elle diminuée ou augmentée ? Ce critère est cependant peu sensible. En effet, chez les mammifères, une diminution de 30% du calcium osseux est nécessaire avant qu’un changement radiographique ne soit visible. Même si ce fait n’est pas prouvé chez les reptiles, il souligne la gravité de la maladie nécessaire pour entrainer une diminution de densité radio-visible (cf. Troisième partie, I. « Maladies métaboliques osseuses et articulaires »). (60, 102, 114)

Les traumatismes, avec principalement les fractures des os longs et de la carapace sont également un motif de consultation commun (Radiographie 3).

Radiographie 3 : Fracture de la carapace chez une tortue de Floride (Trachemys scripta elegans). (J. Ducos de Lahitte)

Si ces dernières sont généralement bien visibles radiographiquement, la cicatrisation osseuse qui résulte présente des particularités. Alors que les mammifères produisent une réaction périostée conséquente autour du foyer de fracture, la plupart des reptiles n’en fabrique qu’une très légère. Les exceptions sont les ophidiens, qui produisent une réaction périostée intermédiaire. Un praticien non habitué à travailler sur des reptiles peut de ce fait mal interpréter un processus en bonne voie d’évolution et le confondre avec un processus lytique ou une absence de cicatrisation. Les radiographies restent l’examen complémentaire de choix à effectuer toute les 4 à 8 semaines pour vérifier une bonne évolution osseuse. (cf. Troisième Partie, II « Traumatologie des reptiles ») (80)

Enfin, des remaniements osseux, avec des phénomènes de lyse ou de prolifération, peuvent être observés : ostéomyélite ou arthrite septique, processus inflammatoire ou encore tumoral. Des biopsies osseuses sont, dans l’idéal, nécessaires pour départager les différentes hypothèses diagnostiques (cf. Troisième Partie, III « Autres affections osseuses et articulaires »).

2.

Tomodensitométrie

L’examen tomodensitométrique ou scanner permet de pousser plus loin le diagnostic et le bilan lésionnel sur un trouble osseux. Les dernières générations de scanner sont plus rapides et proposent une reconstruction en trois dimensions des images. C’est un atout indéniable pour décrypter les fractures complexes, notamment au niveau de la carapace des chéloniens, pour vérifier l’intégrité du canal vertébral lors de lésion du rachis, ou encore pour connaitre l’étendue d’un processus osseux infectieux ou néoplasique, particulièrement au niveau du crâne puisqu’il n’y a plus de contrainte de superposition des organes. Cet examen, qui permet d’évaluer la densité osseuse de manière plus précise que la radiographie, aurait également un intérêt dans le diagnostic des maladies osseuses métaboliques. Enfin, si on considère les structures autres qu’osseuse, le scanner permet d’obtenir des images de haute qualité des poumons des reptiles. (1, 46, 69, 123)

L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) permet quant à elle d’obtenir des images d’excellente qualité sur tous les organes internes. (96, 117)

L’inconvénient de ces examens reste leur prix élevé et leur faible nombre dans les cliniques vétérinaires à l’heure actuelle. Ils ne sont de ce fait quasiment pas utilisés en France pour la médecine des nouveaux animaux de compagnie.