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A. Squelette céphalique

2. Les dents

a) Implantation des dents

Les dents typiques des reptiles sont de forme conique et sont souvent alignées sur une simple rangée. Mais cette forme initiale a été modifiée de manière très diverse avec le temps et selon les espèces : par exemple, les dents des lézards herbivores sont crénelées, celles des serpents allongées, affinées et incurvées caudalement. Rappelons que les chéloniens ne possèdent pas de dents mais un bec corné. (127)

Les dents des reptiles sont généralement implantées sur les os maxillaires et dentaires mais peuvent parfois l’être sur les os ptérygoïdes et palatins. Il existe trois types d’implantation des dents, présentés dans la Figure 8 : (24,74)

 Acrodonte : les dents sont au sommet de l’os. Les Agamidés et Caméléonidés possèdent cette dentition.

 Thécodonte : les dents sont dans une alvéole osseuse, tenues par des fibres de collagène et non pas soudées à l’os comme dans les autres types. C’est le type d’implantation des crocodiliens.

 Pleurodonte : les dents sont fixées sur la face interne de la paroi labiale de l’os. Les autres sauriens et les ophidiens en font partie.

Acrodonte Thécodonte Pleurodonte

Figure 8: Les 3 types d’implantation de dents présents chez les reptiles, d’après (127)

Sauriens : Ils possèdent une dentition pleurodonte ou acrodonte, avec peu de polymorphisme au niveau de la forme des dents. Il existe quelques espèces possédant des dents à venins peu spécialisées implantées dans la mâchoire inférieure. Citons par exemple le lézard perlé (Heloderma horridum). (10, 24)

Crocodiliens : Leurs dents sont de longueur inégale, de morphologie variée et leur implantation est de type thécodonte. (17,24)

L’implantation des dents est un des moyens permettant de distinguer les différentes familles de crocodiliens. En effet, chez les Crocodilidés, la conformation de la cavité buccale fait que les dents inférieures se positionnent dans une fosse entre les dents supérieures alors que chez les Alligatoridés, les dents supérieures se placent à l'extérieur des dents de la mâchoire inférieure. Ainsi, lorsqu'un alligator a la gueule fermée aucune dent n'est visible. Au contraire, la gueule fermée d'un crocodile laisse apparaitre les dents de la mâchoire inférieure et notamment la quatrième dent mandibulaire, très longue. Chez les Gavialidés, les dents s’interposent entre elles. (24)

Ophidiens :

Les serpents possèdent quatre rangées supérieures et deux rangées inférieures de dents, recourbés vers l’arrière, de type acrodonte. Les serpents venimeux possèdent en plus des glandes qui synthétisent le venin et des dents modifiées capables de l’injecter : les crochets. Ces derniers sont des dents spécialisées, plus longues que les autres, et plus ou moins creusées par un sillon. Ces crochets sous souvent séparés des autres dents par un espace appelé diastème. (3, 10, 24).

Il existe quatre types de dentition chez les serpents (Figure 9) :

 Les aglyphes sont dépourvus de crochets et le plus souvent de glande à venin. Seules quelques couleuvres peuvent sécréter une salive plus ou moins toxique. Certains auteurs la citent comme la forme de dentition la plus primitive, d’autres pensent au contraire que les serpents concernés auraient secondairement perdu la fonction venimeuse. (94)

 Les opisthoglyphes possèdent un ou plusieurs crochets situés en arrière de chaque moitié de la mâchoire supérieure, sillonnés mais non canaliculés, et fixes. Ils sont précédés de petites dents coniques, parfois pourvues elles aussi de sillon mais jamais connectées à une glande venimeuse. Ce type de dentition est fréquent chez les Colubridés. (74,94)

 Les protéroglyphes regroupent les Elapidés et les Hydrophiidés (famille de serpents marins venimeux). Ils possèdent un ou plusieurs crochets plus ou moins canaliculés pour les premiers et seulement sillonnés pour les seconds, fixés sur la partie antérieure

mâchoire. L’ouverture du canal ou du sillon permet à certaines espèces de cobras de cracher leur venin à une distance non négligeable, comme par exemple Hemachatus haemachatus, le cobra cracheur d’Afrique du Sud. Par ailleurs, les Elapidés marins du genre Emydocephalus, qui consomment des œufs de poissons, ont perdu toute leur dentition à l’exception de leurs crochets. (24,94)

 Les solénoglyphes possèdent l’appareil venimeux le plus élaboré. Ils possèdent un crochet, très long, canaliculé sur toute la longueur et surtout implanté sur l’os maxillaire, ici très mobile. Lorsque celui-ci bascule perpendiculairement aux os du crâne, le crochet est tiré vers l’avant. Ce système permet d’une part une injection du venin en profondeur, et d’autre part un repliement du crochet au repos. Ce type de dentition est caractéristique des Vipéridés. (24,94)

Les 4 types de dentitions : A : Aglyphes, B : Opisthoglyphe, C : Protéroglyphe, D et D’ : Solénoglyphe, avec le crochet à venin (cv) orienté vers l’arrière ou l’avant.

Coupes transversales de crochets (E) : Les crochets, en tant que dents, possèdent une cavité pulpaire. Chez les opisthoglyphes (G), un sillon (s), se creuse dans la dent. Chez les protéroglyphes (H). Celui-ci peut en plus se refermer. Enfin chez les solénoglyphes (G), le sillon est remplacé par un canal.

b) Renouvellement des dents

Le remplacement des dents, y compris les crochets à venin, est une règle générale chez les reptiles, indépendamment de leur âge. On parle de polyhyodontie. Cela diffère des mammifères qui n’ont que deux panoplies de dents durant leur vie (dihyohontie).

Chez les reptiles, toutes les dents ne sont pas remplacées en même temps : On peut trouver de ce fait des dents de différents stades de remplacement dans une mâchoire de reptile à un moment donné. Une exception est faite pour certains acrodontes dont les dents ne sont remplacées que lorsqu’ils sont juvéniles. (24, 127)