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Hyperparathyroïdisme secondaire à une insuffisance rénale

B. Autres maladies osseuses d’origine métabolique

1. Hyperparathyroïdisme secondaire à une insuffisance rénale

a) Individus concernés

Les sauriens et les chéloniens peuvent être affectés par cette maladie. Contrairement à l’hyperparathyroïdisme d’origine nutritionnelle, elle atteint plus fréquemment les adultes que les juvéniles. (60, 72, 73)

b) Étiologie

Ce sont les causes d’affections rénales, qu’on suspecte d’être multifactorielles. On compte parmi elles : (22, 60,73, 108)

- Une déshydratation chronique due à une hygrométrie trop faible dans le terrarium.

- Un régime alimentaire déséquilibré : excès de protéines (ou protéines de mauvaise qualité), excès de composés azotés non protéiques provenant de la chitine pour les insectivores, hypervitaminose D3.

- Des molécules néphrotoxiques (Ex : aminoglycosides).

- Des infections bactériennes, notamment à Pseudomonas aeruginosa.

- Des lithiases : calculs d’oxalates de calcium et de phosphate de calcium. Ils sont dus à une alimentation trop riche en végétaux contenant des oxalates (Ex : épinards, pois).

De plus des facteurs aggravants comme un stress chronique ou une température du terrarium trop fraiche peuvent jouer un rôle dans la défaillance rénale.

c) Pathogénie

La pathogénie de cette affection est détaillée dans la Figure 14. L’insuffisance rénale s’installant, la diminution du taux de filtration glomérulaire a pour conséquence une rétention plasmatique du phosphate. L’hyperphosphatémie entraine par la suite une hypocalcémie voire une résorption osseuse. Mais contrairement à l’hyperparathyroïdisme nutritionnel, les reptiles ne mobilisent ici que très peu de leur réserve calcique osseuse. (58, 72).

Légende : TFG : Taux de filtration glomérulaire ; RC : rétrocontrôle négatif

d) Signes cliniques

Les signes cliniques non spécifiques sont les plus fréquemment rencontrés : anorexie, léthargie et amaigrissement. La polydipsie-polyurie n’est pour l’instant pas décrite chez les reptiles atteints d’une insuffisance rénale. Viennent ensuite les signes d’hyperphosphatémie et d’hypocalcémie : faiblesse musculaire, myoclonies, convulsions, syncopes etc. Les symptômes squelettiques sont moins fréquents, la résorption osseuse découlant de cette affection restant de faible intensité. Dans les cas où cette déminéralisation est importante, elle peut être suivie d’une ostéofibrose, et sera essentiellement localisée au niveau du crâne et des mandibules, entrainant des déformations. Des cas de déformations voire de fractures pathologiques sur le squelette axial ou articulaire ont également été décrits. (58, 72,108)

e) Diagnostic

Le diagnostic de l’hyperparathyroïdisme secondaire à une insuffisance rénale est à la fois lié aux commémoratifs, clinique, radiographique et biochimique :

 Examen clinique

Lors de la palpation abdominale, des reins de taille augmentée peuvent être palpables sous les lombes et en avant du bassin. (60,108)

 Radiographie : (25)

Dans les cas de forte résorption osseuse, voire d’ostéofibrose, des images radiographiques similaires à celles de l’hyperparathyroïdisme secondaire d’origine nutritionnelle peuvent être observées. Des calcifications métastatiques des tissus mous sont également parfois visibles. Enfin, des indications sont données sur les reins, telles que leurs formes, leurs tailles ou encore la présence de structures radio opaques (Ex : calcifications, lithiases etc.). (72,74)

 Paramètres sanguins

Une analyse sanguine permet la mise en évidence d’une hyperphosphatémie, d’une calcémie normale à basse, d’un rapport phosphocalcique très faible (souvent plus bas que lors d’un hyperparathyroïdisme nutritionnel) et d’une hyperuricémie dans les cas avancés. (72,73)

 Autres examens complémentaires

Les autres examens permettant d’orienter vers un diagnostic d’insuffisance rénale sont une échographie ou une endoscopie des reins, plus ou moins associées respectivement à une cytoponction à l’aiguille fine ou une biopsie de cet organe. Une étude réalisée sur le débit de filtration glomérulaire d’un iguane vert de deux ans en bonne santé, a mesuré la clairance plasmatique d’une molécule filtrée par le glomérule : l’iohexol, injectée en intraveineuse au niveau de la veine coccygienne ventrale. Le taux de filtration glomérulaire moyen a été estimé à 16.56 ml/kg/h, une mesure utile lors de futurs diagnostics d’insuffisance rénale (60).

 Diagnostic différentiel

Les autres hypothèses diagnostiques sont les différentes maladies métaboliques, avec en tête l’hyperparathyroïdisme secondaire d’origine nutritionnelle et l’ostéopathie hypertrophique, un processus infectieux ou encore tumoral. (72)

f) Pronostic et traitement

Le pronostic est ici sombre, et l’évolution inexorablement défavorable, sauf en cas de diagnostic très précoce (découverte fortuite). Plus les signes généraux persistent depuis longtemps (anorexie, léthargie), moins bon est le pronostic. Il en est de même en cas d’hyperuricémie majeure, qui peut engendrer une goutte, viscérale ou articulaire, chez l’animal. (108)

Le traitement de base consiste en une fluidothérapie, une correction des déséquilibres électrolytiques (hyperphosphatémie et hypocalcémie) et un support nutritionnel adapté. (22)

Les règles concernant l’alimentation de l’insuffisant rénal sont les mêmes que chez les mammifères, tant qu’il n’y a pas d’étude démontrant le contraire : protéines de haute qualité en quantité contrôlée, peu de phosphore, taux convenable en fibres et oméga 3 privilégiés. En pratique, les herbivores et les omnivores ont leur ration complémentée avec protéines hautement digestibles telles que des isolats de protéines de soja, une supplémentation calcique, et des graines de lin (huile ou entières) pour les omégas 3. Les insectivores et les carnivores devront dans la plupart des cas recevoir cette supplémentation par alimentation assistée, à l’aide d’une sonde de gavage. (22)

Des traitements plus spécifiques tels que des chélateurs de phosphates et de l’allopurinol peuvent être ajoutés. La posologie de l’allopurinol est estimée entre 20-50 mg/kg/ 24 heures par voie orale. Cette molécule pourrait faire diminuer l’uricémie jusqu’à 45% chez certains lézards. (73)

Enfin dans les cas d’atteinte squelettique, une fois les déséquilibres électrolytiques traités, un protocole à base de calcitonine pourrait être mis en place, afin de stopper la résorption osseuse (cf. Troisième Partie, I.A.8. « Traitement »).

g) Prévention

Il s’agit de lutter contre les causes d’insuffisance rénale. L’hydratation de l’animal est le facteur clé : hygrométrie adaptée (humidificateur d’air, bac d’eau au point chaud), bains au moins deux fois dans la semaine et préférer une alimentation humide que des granulés. Vient ensuite le facteur alimentaire : pas d’excès de protéines ni de vitamine D3, protéines de bonnes qualité, fibres, sodium, potassium et calcium en quantités correctes. L’hygiène dans le terrarium doit être maintenue à un bon niveau, afin de limiter les plaies pouvant s’infecter et l’état de santé de l’animal doit être suivi de près afin de détecter précocement tout signe d’infection (stomatite, pododermatite, traumatisme etc.) Si une antibiothérapie est nécessaire, elle doit être raisonnée et elle utilise la molécule adaptée la moins néphrotoxique. Enfin, les autres conditions de maintenance telles que la température, la fréquence des manipulations et le stress de l’animal doivent être contrôlées. (22, 108)