• Aucun résultat trouvé

Dans le chapitre précédent sur les cocultures amibes-levures, les résultats obtenus ont permis de constater que C. albicans était capable d’interagir avec H. vermiformis : les levures ont été retrouvées à l’intérieur du cytoplasme des amibes libres (voir Résultats et Discussion Chapitre 3 II.). Le genre Hartmannella est connu comme ayant la capacité d’héberger différents micro-organismes dans son cytoplasme (Greub and Raoult, 2004; Kuchta et al., 1993; Rohr et al., 1998), et surtout comme pouvant les protéger contre diverses agressions extérieures telles que des traitements chimiques. Ainsi, dans une étude de 2005, les auteurs ont montré que L. pneumophila était plus résistante au chlore dans un milieu contenant des amibes libres : une réduction de 2,09 log bactéries/mL était observée en absence d’amibes libres et de seulement 0,74 log bactéries/mL en présence de H.

vermiformis (Donlan et al., 2005).

Dans cette dernière partie du travail, l’activité antimicrobienne des trois désinfectants sélectionnés (chlore, H2O2 et Oxygenal 6©), en utilisant les mêmes doses que

précédemment, a été testée sur C. albicans en coculture avec H. vermiformis, dans l’eau filtrée et additionnée de 2% de salive filtrée (v/v), à 20°C. Il s’agit d’une étude préliminaire qui nécessiterait d’être répétée afin de confirmer les hypothèses émises ci-après.

1) Viabilité des levures

La figure 54 illustre la survie des levures 15 min après traitement au chlore (Figure 54-

A), au peroxyde d’hydrogène (Figure 54-B) ou à l’Oxygenal 6© (Figure 54-C) ; les

graphiques montrent la concentration en levures cultivables sur géloses (en log UFC/mL) en fonction du temps d’incubation avant le traitement chimique. En comparant ces résultats avec ceux obtenus pour les levures en mono-culture (voir Résultats et Discussion Chapitre 4 I.), des observations différentes peuvent être faites pour chacun des traitements.

Des doses de 3 et 6 ppm de chlore n’ont pas ou peu d’effet sur C. albicans, une dose de 12 ppm a une activité variable au cours du temps et une efficacité moins forte pour des temps d’incubation plus longs (Figure 54-A). Seules les concentrations ≥ 26 ppm ont une activité antifongique quasi-totale quelque soit le temps préalable d’incubation des micro-organismes dans l’eau : ces résultats sont similaires à ceux obtenus pour les levures en mono-culture. Dans les conditions expérimentales, la présence des amibes libres n’a donc pas d’influence sur la sensibilité de C. albicans vis-à-vis du chlore.

158

Figure 54 : Survie de C. albicans en coculture avec H. vermiformis, dans l’eau filtrée, à 20°C et après 15 min de mise en présence de chlore (A), d’H2O2 (B) ou d’Oxygenal 6© (C) (n=1).

De même que pour le traitement au chlore, 15 min après la mise en présence avec différentes doses de H2O2, les levures survivent assez bien, qu’elles aient été cultivées en

présence ou non d’amibes libres. La concentration en levures cultivables était de log 4 UFC/mL en mono-culture, alors qu’en coculture avec H. vermiformis, cette concentration est d’environ log 3 UFC/mL, quelle que soit la dose de H2O2 utilisée et quel que soit le temps

d’incubation (Figure 54-B) ; cette sensibilité légèrement augmentée en présence d’amibes libres reste à confirmer (n=1).

159

En revanche, des résultats bien différents ont été obtenus pour le traitement à l’Oxygenal 6© en présence et en absence d’amibes libres. En mono-culture, C. albicans ne montrait qu’une faible survie à partir de 48 h d’incubation et seulement pour l’utilisation de faibles doses de désinfectant (≤ 0,1%) ; moins de 1 log UFC/mL ne survivaient 15 min après la mise en présence avec des doses ≥ 0,2%. La présence d’amibes libres dans le milieu aiderait les levures à résister à l’Oxygenal 6© : en effet, après seulement 24 h d’incubation avec H.

vermiformis, C. albicans est capable de résister aux plus fortes doses de désinfectant

testées dans ce travail (1% voire 2%) (Figure 54-C). De plus, cette résistance est visible durant toute l’étude, même après 360 h d’incubation ; les levures sont capables de maintenir leur concentration à environ log 3 UFC/mL (Figure 54-C).

2) Viabilité des amibes libres

La figure 55 montre la survie de H. vermiformis 15 min après traitement au chlore (Figure 55-A), au peroxyde d’hydrogène (Figure 55-B) ou à l’Oxygenal 6© (Figure 55-C) ; les graphiques présentent la concentration en amibes libres (en log amibes/mL) en fonction du temps d’incubation avant le traitement chimique. En comparant ces résultats avec ceux obtenus pour les amibes en conditions de mono-culture (voir Résultats et Discussion Chapitre 4 I.), il semblerait que H. vermiformis résiste mieux aux désinfectants en présence de levures.

D’une part, sur les trois graphiques le témoin (amibes seules, non traitées) a une concentration constante (environ log 5 amibes/mL) au cours du temps (Figure 55). Les doses de chlore < 12 ppm n’ont que peu d’effet sur les amibes, et seules les doses ≥ 62 ppm sont efficaces contre H. vermiformis après des temps d’incubation longs (168 et 360 h) (Figure 55-A). En mono-culture, une faible concentration d’amibes survivantes était notée tout au long de l’étude, quelle que soit la dose de chlore utilisée. En coculture, les amibes libres survivent à plus forte concentration mais à des doses plus faibles de chlore ; la dose de 118 ppm les éradiquent dès 24h d’incubation en coculture (Figure 55-A).

L’efficacité du peroxyde d’hydrogène a été modérée sur les amibes libres en mono-culture ; une concentration d’environ 2 logs amibes/mL subsistant durant les 360 h de l’étude et ce quelle que soit la dose de H2O2 utilisée. En coculture avec C. albicans, la concentration en

amibes est restée constante (entre log 5 et 6 amibes/mL) quels que soient la dose du traitement et le temps d’incubation (Figure 55-B) ; la présence de levures semble permettre à H. vermiformis de mieux résister à l’H2O2. Cependant, cette expérience n’ayant pu être

160

Figure 55 : Survie de H. vermiformis en coculture avec C. albicans, dans l’eau filtrée, à 20°C et après 15 min de mise en présence de chlore (A), d’H2O2 (B) ou d’Oxygenal 6© (C) (n=1).

De même que pour le chlore, seules les fortes doses d’Oxygenal 6© (1 et 2%) montrent un effet sur la viabilité des amibes libres (Figure 55-C). La présence des levures favorise la résistance des amibes ; H. vermiformis survit mieux, à plus forte concentration mais pour des doses plus faibles en désinfectants.

161

Conclusion et

Documents relatifs