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CHAPITRE 2 PROBLÉMATIQUE ET PRÉSENTATION

2.2 Présentation du projet de recherche

2.2.1 Hypothèses de travail

Tel que suggéré par l’écologie industrielle, il est avantageux qu’une synergie s’installe parmi les générateurs de déchets (collectivités, entreprises, etc.) qui évoluent dans un système commun. Cependant, l’indépendance de certains acteurs occasionne un morcèlement dans la gestion des déchets et favorise la linéarité dans les prises de décision (approche « end of pipe ») (Wang et al., 1996). En regroupant les volumes de déchets générés vers un réseau collectif de gestion, les décideurs pourraient bénéficier d’un effet de masse qui serait potentiellement favorable à l’alimentation d’un plus grand éventail de filières. Ce principe soutient que la gestion des déchets est en accord avec les modèles de type réseau où les différents flux de matières sont mis en commun dans un système qui régularise, emmagasine et redistribue ces flux de façon à tendre le système vers des conditions d’équilibre. En quelque sorte, la gestion des déchets peut être comparée à un réseau de distribution d’eau qui accueille un volume d’eau, l’emmagasine et le redistribue vers les consommateurs qui y sont reliés. Ce réseau hydraulique peut ensuite être configuré pour alimenter un ou plusieurs secteurs en priorité. La distribution des flux est alors influencée par les charges dans le système et l’équilibre du réseau est représenté par la charge globale de celui-ci (notion d’entropie maximale).

Sachant qu’un réseau peut générer une quantité importante de données qui doivent être analysées et interprétées afin d’assurer une gestion proactive et corrective, une approche réseau a l’avantage de déceler les variables dépendantes, même si les interdépendances

semblent imperceptibles. Elle permet ensuite d’adapter le comportement du système et des autres paramètres au fur et à mesure que ce système évolue. De plus, l’approche réseau permet cette adaptation sans même nécessiter une restructuration ou une reconfiguration complexe du système (Neves et Cortez, 1997). Bien que de nombreux outils d’aide à la décision s’appuient sur des approches réseau, les applications à la gestion des déchets sont marginales et se limitent généralement à la gestion territoriale ou au transport des matières. En ce qui concerne la gestion des flux, et plus particulièrement la prise de décision quant aux technologies à préconiser dans un système, il n’existe actuellement aucune application concrète d’une telle approche pour la gestion des déchets.

En raison de l’analogie entre un réseau de distribution d’eau et un système de gestion des déchets, la première hypothèse de travail découle de l’importance d’assurer une alimentation constante des filières de façon à maintenir le réseau dans un état stationnaire (à l’équilibre).

Hypothèse 1 :

En vue d’assurer l’alimentation constante des filières dites favorables (à faible impact) dans un système, tout en minimisant les impacts globaux engendrés, il est avantageux d’appliquer les notions de conservation de l’énergie, notamment le théorème de Bernoulli, à la gestion des déchets.

Contrairement à l’approche traditionnelle de gestion des déchets, qui favorise l’analyse indépendante des matières, cette phase du projet de recherche vise à démontrer qu’il pourrait être intéressant de gérer en préconisant une approche de type « réseau hydraulique » (appelé la gestion dynamique des déchets dans la thèse, GDD). Puisqu’il est avantageux de régulariser les flux pour assurer l’équilibre d’un réseau et pour minimiser sa charge globale, l’approche proposée vise à déterminer quelles filières devraient être priorisées et quelle quantité devrait être mise en réserve en vue d’assurer leur alimentation constante.

Toujours en se basant sur l’analogie avec un réseau de distribution d’eau, qui évolue en fonction des charges, la seconde hypothèse suggère que les diverses options dans un système de gestion des déchets devraient être comparées sous une unité commune afin de favoriser une approche de type réseau hydraulique. Une telle démarche pourrait en quelque sorte être

comparée à l’empreinte écologique qui réduit sous une base commune (en équivalent de superficies exploitées) un ensemble d’indicateurs qui quantifient les activités d’exploitation, de valorisation et d’élimination des ressources en fonction de la capacité de support d’une région écologique donnée (Rees, 1996). En s’inspirant de l’empreinte écologique, l’unité sélectionnée pour la gestion des déchets (désignée sous l’indice global d’attribution dans la thèse, IGA) correspondrait à un indice de comparaison et d’aide à la décision pouvant être intégré à l’approche de la GDD. Cependant, cet indice ne devrait en aucun cas être perçu en tant qu’unité de mesure absolue.

Hypothèse 2 :

Dans le but de comparer différentes options dans un système de gestion des déchets, il est possible de développer, à l’aide d’outils d’analyses reconnus, une méthodologie permettant de ramener un ensemble de critères sous une base commune et dont les résultats peuvent ensuite être intégrés en tant que ‘charges’ dans l’approche réseau développée.

En préconisant les pôles du développement durable dans le choix des outils d’analyses pour le calcul des IGA, l’approche réseau devrait permettre de déterminer quelles sont les variables économiques, sociales et environnementales qui influencent l’état d’équilibre des systèmes étudiés. De plus, en intégrant les IGA à la GDD, il sera démontré qu’il est possible d’analyser divers scénarios de gestion de manière à équilibrer un réseau, établir une liste de priorités advenant une rupture dans les matières disponibles, prévoir des réserves provisoires dans l’éventualité d’une augmentation subite du volume de déchets générés, etc.

En raison des nombreux paramètres à considérer, une des problématiques souvent dénoncées en matière de gestion des déchets réside dans la difficulté, pour les décideurs, de sélectionner un site pour l’implantation de nouvelles installations (Wang et al., 1996). Par conséquent, dans le but de démontrer une des applications possibles avec l’approche de gestion développée, la dernière hypothèse porte spécifiquement sur la gestion territoriale.

Hypothèse 3 :

À l’aide de la gestion dynamique des déchets et des indices globaux d’attribution, il est possible d’appuyer la gestion territoriale en déterminant notamment quelle est l’option la plus favorable (dont l’impact est le plus faible) lorsqu’une nouvelle installation doit être positionnée dans un système.