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CHAPITRE 3 – CHOIX ET MISE EN FORME DU MATERIAU

C. Structure Cœur-coquille PMMA/DWNT

II. Hydrogels

Les hydrogels, comme décrits dans le chapitre bibliographique, possèdent un large panel de propriétés et peuvent être préparés par de nombreuses méthodes de mise en forme qui permettent la fabrication de pores. Après avoir recensé différents polymères aux origines et aux propriétés différentes, l’agarose et l’alginate de sodium ont été retenus. Le cahier des charges imposant la biocompatibilité du matériau, les polysaccharides répondent très favorablement à cette contrainte. Toutefois, pour favoriser la dispersion des NTC, il est utile de vérifier comment les chaines de polymères interagissent avec les NTC et affectent leur dispersion au sein d’un liquide. Des travaux préliminaires ont permis d’étudier la dispersion des DWNT par mesure de turbidité dans une solution contenant différents polymères.

A. Etude des dispersions DWNT/polymère

a. Suspension DWNT/polymère

L’approche est donc de vérifier l’état de stabilité des DWNT soumis à un procédé comprenant une étape de dispersion puis de stabilisation par l’ajout de différents polymères. Le procédé de dispersion illustré en Figure 3-11 se déroule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, on dissout 50 mg de polymère (Agarose, Alginate de sodium, Carboxyméthylcellulose (faisant

office de témoin)) dans 50 mL d’eau désionisée. Puis, on ajoute 50 mg de DWNT dans 50 mL

d’eau désionisée à la solution de polymère (0,1%m polymère et 0,1%m DWNT). Le tout est placé aux ultrasons pendant 60 min (1 sec on/1 sec off - 30% puissance max, Φsonde=12 mm). Pendant cette étape, les nanotubes sont dispersés dans la solution contenant le polymère. Une fois la suspension obtenue, on prélève quelques millilitres que l’on insère directement dans la cellule de mesure (Turbiscan décrit en Chapitre 2). Différents profils peuvent être observés selon l’interaction entre les différentes parties, comme la sédimentation, le crémage, ou encore la floculation. Dans le cadre de ces travaux de thèses, uniquement les 60

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premières minutes seront présentées et commentées. En effet, lors de la fabrication des matériaux les solutions préparées ne resteront pas plus de 5 min sans agitation.

Figure 3-11 : Illustration représentant les étapes de préparation à la dispersion DWNT/Polymères.

Cette technique de dispersion suivie d’une étude de la stabilité permet de rapidement déterminer l’interaction entre les DWNT et le polymère utilisé.

b. Turbidité des suspensions DWNT/polymères

Pour tester la stabilité, nous avons réalisé des mesures en transmission sur les différentes suspension polymère/DWNT. La Figure 3-12 décrit la transmission en fonction de la hauteur du pilulier, à différents intervalles de temps, des différents systèmes étudiés, à savoir

l’Agarose-DWNT (DWNT-AG), l’Alginate de sodium-DWNT (DWNT-ALG), ainsi que la Carboxyméthylcellulose-DWNT (DWNT-CMC). On peut clairement identifier, pour les

différents échantillons, différents temps/propriétés de déstabilisation. Ainsi, le signal de transmission de l’échantillon DWNT-AG (Fig.3-12(a)) augmente significativement au-delà de 30 min, passant de 8% à une oscillation avoisinant les 30-35% de transmission. L’image de l’échantillon DWNT-AG (Fig.3-12(d)) met en évidence des agglomérats sous forme de « pelotes » très filandreuses. Par ailleurs, entre 0 et 15 min (Fig.3-12(a’)), il semble ne pas y avoir de changement très significatif, ce qui indique une stabilité temporaire du système.

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Figure 3-12 : (a) Figure représentant la transmission du signal de l’échantillon en fonction de la hauteur dans la cellule de mesure (gamme 0,5cm a 30 cm) à intervalle de temps différents ; (a’) Zoom de (a) entre 0 et 15 min ; (b) Echantillon DWNT-ALG ; (c) Echantillon DWNT-CMC ; (d) Image illustrant l’état de sédimentation (à l’équilibre t > 24 h) des différents échantillons DWNT-AG, DWNT-ALG, DWNT-CMC. (0 µm est le bas de la cellule et 30000 µm le haut)

Si on compare les valeurs de transmission pour les différents échantillons, on note que pour les échantillons DWNT-ALG et DWNT-CMC respectivement, la variation du signal est bien moindre que celle de l’échantillon DWNT-AG et ce, même à 60 min (inférieur à 4% de

transmission). Ces résultats traduisent une bonne stabilité pour les échantillons DWNT-ALG et DWNT-CMC. En effet, dans le cas de l’échantillon DWNT-ALG, on peut observer une

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transmission très faible, inférieure à 0,4%. Néanmoins, si on compare DWNT-ALG et

DWNT- CMC (Fig.3-12(d)), il est clair que ceux-ci montrent des comportements différents en

termes de stabilité de la suspension. En effet, pour l’échantillon DWNT-ALG, les agglomérats formés dans le fond du pilulier sont distinctivement séparés, ressemblant aux agglomérats formés par l’échantillon DWNT-AG en moins « filandreux ». De plus, on peut remarquer que la suspension est encore trouble, ce qui traduit la présence de NTC encore en suspension. La

Figure 3- 12(d) correspondant à l’échantillon DWNT-CMC montre clairement un sédiment

uniforme au fond du pilulier ainsi qu’un léger voile noir indiquant la présence de DWNT en suspension. La stabilité de la suspensions DWNT-ALG > DWNT-CMC>DWNT-AG. Toutefois cette stabilité ne veut pas uniquement dire que les DWNT sont correctement dispersé, elle met simplement en évidence un état de dispersion stable.

Ces mesures pourraient être plus approfondies en effectuant par exemple des mesures de potentiel ZETA, afin de mieux comprendre les phénomènes mis en jeu. De plus, des observations en microscopie électronique à transmission permettraient de préciser la morphologie de ces agrégats. Cependant, ces mesures complémentaires ne sont pas forcément nécessaires pour poursuivre le développement de notre procédé de fabrication d’hydrogel. Ces études montrent que les interactions DWNT/Polymère sont principalement gouvernées par l’affinité polymère/DWNT, et ce même si les concentrations en Polymère/DWNT utilisées pour cette étude sont loin des conditions expérimentales d’une situation réelle. Concernant la faisabilité, il se trouve que chacun de ces polymères possède des avantages et des inconvénients.

La fabrication d’hydrogel à base de CMC se fait généralement par réticulation chimique à l’aide de complexes comme d’épichlorohydrine285, de glutaraldéhyde286, ou la génipine287. L’utilisation de ces différents réticulants coûteux et pour certains toxiques288–290 nécessiterait de laver les hydrogels plusieurs fois à l’eau désionisée afin de purifier le réseau de toute trace de ces molécules. Pour ces différentes raisons, la CMC (malgré une bonne stabilité) ne semble pas un candidat adapté d’un point de vue des risques cytotoxiques ainsi que de la spécificité des réticulants utilisés. Toutefois, des recherches complémentaires sur le sujet permettraient éventuellement d’identifier un autre type de réticulation potentiellement plus appropriée. L’étude de l’alginate au cours de ces travaux de thèse a permis de comprendre la difficulté de mise en forme et les limites de stabilité (pH) de ce matériau. En effet, la réticulation de ce biopolymère est principalement effectuée par des sels (cations) de différentes origines (cinétique de gélification gouvernée par la diffusion des ions), ce qui induit une cinétique de gélification pouvant être lente selon la concentration en polymère. De plus l’alginate de sodium réticulé par l’ion calcium se déstructure à pH basique (pH >7)120, ce qui limite donc son utilisation à une gamme de pH définie. Par ailleurs, il est également concevable que l’application d’un stimulus électrique puisse entrainer potentiellement la rupture des liaisons dans le réseau provoquant le relargage des réticulants. L’ion calcium est de surcroit toxique pour les cellules, en effet son effet cytotoxique a plusieurs fois été rapporté291–293.

115 En ce qui concerne l’agarose, celle-ci présente une stabilité en solution moindre que l’alginate de sodium ou la CMC. Cependant son principe de gélification lui confère une certaine souplesse d’un point de vue mise en forme. En effet, le fait qu’il s’agisse d’un gel physique permet de s’affranchir de l’addition de molécule chimique à caractère potentiellement toxique. C’est pour ces raisons que les études présentées dans la suite de ce manuscrit seront développées avec l’agarose.