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1.2. LE CONTEXTE SOCIAL

1.2.1.3. Les hommes d’église

Dans cette hiérarchisation de la société, figurent aussi les hommes de l’Eglise que le chevalier à la triste figure rencontre constamment dans son chemin, notamment le curé du village et le chanoine que nous les trouvons dans plusieurs épisodes du roman. Ces deux personnages sont à l’origine de plusieurs desseins ourdis contre don Quichotte : autodafé déguisement, masque etc. La première rencontre avec les hommes de l’Eglise intervient pendant la première sortie de don Quichotte lorsqu’il rencontre deux hommes de Saint- Benoît. Il lui semble que ce sont des enchanteurs qui enlèvent des princesses, et du coup il faut réparer ce tort de tout son pouvoir :

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Gens diaboliques et hors du communs, laissez sur le champ les hautes princesse que vous emmenez de force dans ce carrosse ; sinon préparez-vous à recevoir une prompte mort, en juste châtiments de vos méfaits.

(DQI, 8, 143.)

Ainsi, le curé est omniprésent dans le roman. Il est présenté comme un personnage érudit. Lors de l’autodafé de la bibliothèque de don Quichotte, le curé épargne les quatre livres d’Amadis de Gaule du feu car il lui semble : « Qu’il y ait ici du mystère ; car, à ce que j’ai oui

dire, c’est le premier livre de chevalerie qui ait été imprimé en Espagne ; et tous les auteurs ont pris de lui naissance et origine. (DQ I, 5, 123.)

Tout comme le curé, le chanoine se montre également érudit et aimant les livres. La critique qu’il livre contre les romans de chevalerie lors d’une discussion avec le curé concernant les livres de chevalerie, en est la preuve.

-Pour moi, du moins, j’ai eu une certaine tentation de faire un livre de chevalerie(…) j’en ai déjà écrit plus de cent feuillets (…) Mais ce qui m’a ôté surtout des mains et même de l’esprit la pensée de l’achever (…) sont toutes ou la plupart sottises avérées et choses sans queue ni tête, et que, néanmoins, le vulgaire les écoute avec plaisir. (DQ I, I, 628.)

Ainsi, le curé et le chanoine sont sans doute l’image d’une Eglise en plein réforme. Car la pierre d’achoppement dans la réforme tridentine est la formation des hommes d’Eglise. Ils sont présentés comme les plus intellectuels et les plus érudits de tout le roman. Estrela Ruiz-Galvez Priego dit à ce propos : « l’homme d’Eglise que nous présente Cervantès est en général

quelqu’un de fort civilisé, cultivé, avec des prétentions intellectuelles et littéraire32. »

Mais, Don Quichotte est loin d’être un miroir de la société, car tout ce que nous avons écrit sur son contexte reste une analyse personnelle étayé par des critiques des savants de la littérature espagnole. Mais s’il y a une chose qui est sûre et certaine est que Don Quichotte est, dès le prologue, chargé d’une mission claire et précise : la discréditation des romans de chevalerie. Et c’est pour cet objectif que le narrateur apostrophe le lecteur : « Je te donne rassemblées toutes

les grâces du métier qui sont éparses à travers la foule innombrable et vaine des livres de chevalerie. » (DQI, prologue, 48)

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28 1.2.2.LA CRISE ECONOMIQUE

Les historiens s’accordent à dire que la crise économique en Espagne a débuté vers 1600, soit quatre ans avant l’apparition de la première partie de Don Quichotte à cause :

-de la baisse de métaux précieux en provenance des Inde, -du développement de la piraterie en méditerranée.

-de l’industrie et de l’agriculture en crise suite à l’importation massive de produits finis.

Ces effets funestes économiques et démographiques ont donné lieu à l’expulsion, entre 1609 et 1614. Les historiens estiment le nombre des déportés à trente mille personnes, soit 4% de la population espagnole.

Dans le Don Quichotte, les références à cette crise ponctuent la deuxième partie du roman comme en témoigne le discours ironique du narrateur Sid Ahmed sur la pauvreté. Il en cite deux : une de l’esprit et une autre qu’il nomme seconde. La première est pardonnable est consentie car dira-t-il : « Posséder toutes choses (c’est) comme si vous ne les possédiez point ». (DQII, 54, 415) Par contre, la seconde est blâmable parce qu’elle s’attaque aux gens bien nés.

Mais toi, pauvreté seconde, toi dont je parle à présent, pourquoi viens-tu te heurter aux nobles et aux gens bien nés plutôt qu’aux autres gens ? Pourquoi les obliges-tu à mettre des pièces à leurs souliers, et à avoir sur leur pourpoint des boutons qui soient les uns de verre, les autres de soie, d’autres encore en crin. (DQII, 54, 415)

Une référence implicite à la contre-réforme est suggérée. Elle exige une obéissance stricte au pape prêché par l’ordre des Jésuites et le retour aux sources de Saint-François d’Assise qui avait fait vœu de pauvreté.

En outre, la pauvreté touche toutes les classes de la société, y compris les hidalgos et les paysans, à l’image de don Quichotte et de Sancho Pança.

(…) Tout cela revint à l’esprit de don Quichotte quand il vit se défaire les points de ses bas, mais il se consola en découvrant que Sancho lui avait laissé des bottes de voyage, montantes, qu’il résolut de mettre le lendemain(…) dont- il aurait repris les mailles, quitte à le faire avec une soie d’autre couleur. (DQII, 54,416)

29 1.2.2.1. Le banditisme catalan

Les historiens datent l’apogée du banditisme catalan autour de 1615, date durant laquelle les bandits sévissaient dans la région catalane. Don Quichotte en parle dans le chapitre 50, de la deuxième partie. Son chef de fil est le fameux bandit Roque Cuinart que don Quichotte qualifie de juste et de valeureux : «Ma tristesse, ne vient pas d’être tombé en ton pouvoir, ô valeureux Roque,

toi dont la renommée n’à point de limites qui la puissent enfermer par toute la terre. »(DQII, 50, 572).La renommé de ce bandit, il la tient surtout de la justice qu’il fait régnait dans cette région. Le

banditisme dans Don Quichotte n’est pas une vocation mais une riposte à l’injustice de l’inquisition. Le Bandit Roque explique à don Quichotte les raisons qui les ont poussés, lui et ses compagnons, à choisir cette voie.

Notre genre de vie doit sembler étrange au seigneur don Quichotte : nouvelles aventures, événements nouveaux, tous remplit de péril (…) je puis vous l’avouer, il n’est pas, à la vérité, de façon de vivre plus agitée ni plus mouvementée que la nôtre. Pour moi, j’y ai été par je ne sais quels désir de vengeance (…) la volonté de me venger d’une offense qui m’avait été faite anéantit si bien mes bonnes intentions… (DQII, 50,

573.)

Roque Cuinart fait une allusion implicite à la marginalisation de la région de Barcelone connue pour son opposition au pouvoir du roi et au tribunal de l’inquisition.

Roque passait les nuits éloigné des siens, dans des endroits où ceux-ci ne pouvaient deviner qu’il fût, car les nombreux bans du vice roi de Barcelone, qui mettaient sa tête à pris, le tenaient dans une perpétuelle inquiétude.(DQII,50, 575)

Cette citation fait sans doute allusion aux opposants politiques que la « justice » du roi traque tout le temps, à l’image de Roque Cuinart qui a été poussé au banditisme pour justifier leur condamnation à mort.

En parlant du banditisme en Espagne dans son œuvre, l’auteur tient à (dé)montrer voir à justifier le quichottisme mais aussi la résistance de toutes les victimes de l’inquisition. Don

Quichotte pour fuir sa misère se réfugie dans la lecture de romans de chevalerie dont les héros se

battent contre l’injustice puis dans une course folle pour se battre contre des moulins à vent. Les bandits quant à eux, par des actes concrets enlèvent aux riches pour donner aux pauvres. Les deux se rejoignent puisque tous deux (les bandits et don quichotte) puisque tous deux combattent l’injustice. Le contexte socioéconomique va provoquer un besoin de dire par l’écriture.

30 1.3. LE CONTEXTE LITTERAIRE

Contrairement au contexte historique où le tribunal de l’inquisition contrôlait toute la société, le contexte littéraire dans lequel apparait Don Quichotte semble faire exception. En effet, son apparition (1605-1615) coïncide avec le rayonnement de la littérature espagnole sur l’Europe entière. Ainsi, le 17ème Siècle espagnol a vu le développement du théâtre, notamment la nouvelle comédie (la comedia nueva) dont Lope de Vega est le précurseur. La production et la diffusion des œuvres connaissent aussi un essor considérable d’où le succès éditorial de la première et la deuxième partie de Don Quichotte qui fait l’objet de six éditions chacune.

1.3.1 :DON QUICHOTTE, UN ROMAN CONTRE LES ROMANS

Au temps de don Quichotte, les romans de chevalerie connaissaient un immense succès auprès des lecteurs. Amadis de Gaule, chevalier de référence de don Quichotte, en fut le modèle. Ces mêmes romans constituent l’essence même de Don Quichotte, car sans eux, il n’aurait sans doute pas vu le jour. Selon Arturo et Carlos Horcajo, presque tous les genres littéraires de l’époque affleurent de façon plus au moins évidente le Don Quichotte33. Ainsi, Dans le roman de Cervantès, nous y trouvons les romans de chevalerie qui émergent dans tout le roman, des éléments du roman sentimental, du roman picaresque, du roman pastoral et enfin du roman moresque.

Les romans de chevalerie y sont constamment présents. Ce sont le fil conducteur du roman de Cervantès. D’ailleurs, c’est à cause d’eux que le chevalier à la triste figure devient fou et décide par conséquent de se faire chevalier errant et d’aller sur les routes de la Manche chercher aventures. Ils sont l’objet de nombreux débats littéraires mais aussi l’occasion d’une réflexion sur la création littéraire et ses rapports avec la réalité. Samson Carrasco, l’un des personnages de

Don Quichotte, rappelle le type de réflexion que les romans de chevalerie nourrissaient à

l’époque. Il dira :

C’est une chose d’écrire en poète et c’en est une autre d’écrire en historien. Le poète peut conter ou chanter les choses, non comme elles furent, mais comme elles auraient dû être ; tandis que l’historien doit les rapporter, non comme elles auraient dû être, mais telles qu’elles furent, sans rien ajouter ni retrancher de la vérité. (DQII, 3,33)

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31 Pour Samson Carrasco, l’historien doit être ponctuel, fidèle et totalement partial, tandis que le prosateur, armé de son l’imagination, peut tisser des choses qui se rapprochent du vraisemblable, ce que le chanoine tente d’expliquer :

La fiction est d’autant meilleure qu’elle a l’air plus vraie, et qu’elle plaît d’autant plus qu’elle se rapproche du vraisemblable et du possible. Les fictions doivent être à la portée de ceux qui les lisent, et écrites de manière à rendre acceptables et faciles les choses qui ne le sont pas ; de sorte que tenant sans cesse l’esprit en suspens, elles provoquent l’admiration et la surprise, l’émotion et l’intérêt, et qu’à les lire on se sente à la fois réjoui et captivé. » (DQI, 47, 532.)

Le chanoine soulève le problème de la vraisemblance dans les romans de chevalerie et le mélange confus de la fiction avec la réalité historique. Aussi, il met en cause les écrivains qui ne respectent pas les règles de l’art d’écrire. Néanmoins, le chanoine constate que ces romans ne trouvent pas un grand succès auprès des lecteurs lettrés. « Celles qui suivent les règles de l’art ne

conviennent qu’à deux ou trois grands esprits, capables d’en saisir les finesses. »(I, 38,536.)

Le chanoine parle des lecteurs de grands esprits capables de comprendre le sens de ces romans et des lecteurs de bas esprits qui n’en saisissent pas facilement le vrai sens. Cette théorie nous rappelle celle d’Umberto Eco concernant le lecteur modèle qui « doit actualiser le contenu

à travers une série complexe de mouvements coopératifs34. ».

Le deuxième genre littéraire qui y figure est le genre pastoral que Jean Paul Sermain considère seulement comme « une manière d’être, un mode de vie qui n’est qu’en partie celui

des bergers35… ». Mais qu’elle est le rôle la pastorale dans un roman comme Don Quichotte ?

Jean Paul Sermain apporte la précision suivante :

La pastorale présente des bergers qui n’ont pas besoin de travailler, et qui trouvent dans leur occupation et dans leur vie à la compagne des conditions favorables à leur culte de l’amour et de la poésie. La pastorale s’adressait à des hommes de cour et leur offrait une vision rêvée de la compagne36.

34

-Umberto Eco, Lector in Fabula, Paris, éditions Grasset et Fasquelle, traduction française, 1985, p.61-62.

35

-Jean Paul Sermain, op.cit., p.61.

36

32 L’univers du genre pastoral est présenté et placé, selon Claude Allaigre, Nadine Ly et Jean-Marc Pelorson, sous le signe du commerce et de la marchandise37dans Don Quichotte. Ainsi, le chevalier à la triste figure, las des aventures, décide de mener une vie pastorale.

(…) ô Sancho, je voudrais que nous prissions l’habit de bergers durant le temps qu’il me faudra vivre dans la retraite. J’achèterai des brebis et tout ce qui est nécessaires à l’exercice pastoral. (DQII, 17,553-554.)

Don Quichotte essaie de s’adapter malgré lui à un monde qu’il aurait voulu différent .Le

passage de la vie de chevalerie à la vie pastorale serait à notre avis un aveu d’échec du chevalier à la triste figure. L’ironie est une des caractéristiques du roman de chevalerie. C’est ce qu’explique le chanoine dan la deuxième partie.

Car l’écriture décousue de ces livres donne lieu à un auteur de ce pouvoir montrer épique, lyrique, tragique, comique, avec toutes ces parties que comprennent et contiennent en soi les très douces et agréables sciences de la poésie et de l’art oratoire : car la composition épique se peut aussi bien traiter en prose qu’en vers. » (DQI, 37, 569.)

Un autre genre très critiqué par le narrateur est le roman picaresque. Ainsi, Dans Don

Quichotte, le galérien Ginès de Passemont auteur d’une autobiographie d’un picaro est fortement

critiqué par don Quichotte qui y voit un récit qui portait sur l’artifice et la contradiction, dont voici un court extrait :

-Il est donc si bon ? s’écria don Quichotte

-Si bon, que c’est mauvais affaire pour Lazarille de Tomés et tous ceux que l’on a écrits ou que l’on écrira de ce genre. Ce que je puis vous dire, monsieur, c’est qu’il traite de vérités et que ce sont des vérités si belles et si plaisantes…

-Est-il achevé ?demanda don Quichotte ?

-Comment peut-il être achevé, répondit Genès, si ma vie ne l’est pas encore ?

L’allusion au genre picaresque prend une tournure moins joyeuse. Les mensonges qui s’immiscent dans son auto-éloge jette un discrédit sur certaines vérités par et à travers l’utilisation de certains vocables du genre « si belle », plus « jolie »38 etc.

37

-Claude Allaigre, Nadine Ly, Jean Marc Pelorson, op.cit., p.107.

38

33 Quant au genre moresque, il est évoqué dans les histoires intercalées du captif et d’Ana Félix. Ainsi, le captif présente son récit en opposant son « discours vrai » selon Jean Paul Sermain39, à ceux « plein de mensonges que l’on a coutume de composer avec un art choisi et réfléchi. » (I, 38, 463.).Cette opposition rajoute Jean Paul Sermain, « pourrait définir l’effet que la nouvelle

cherche à produire : le captif présente un récit qu’on doit pouvoir prendre pour vrai40 ».Mais,

pourquoi dit-on que le Don Quichotte est « un roman contre les romans ».La réponse nous vient du personnage de l’aubergiste qui s’explique à propos du danger que représente la lecture des romans de chevalerie.

Il n’y a pas de danger, dit l’aubergiste ; je ne serai jamais assez fou pour devenir chevalier errant. Je vois bien qu’aujourd’hui le monde n’est plus comme il était en ce temps-là, quand les fameux chevaliers parcouraient la terre en quête d’aventure. (DQ I, 2, 60.)

Effectivement, les romans de chevalerie, selon Jean Paul Sermain, représentent pour les lecteurs comme pour les auditeurs un moyens d’évasion et de distraction à travers des images d’un passé médiéval héroïque et fantaisiste, soit par l’évocation d’étranges bergers41. Par ailleurs,

Don Quichotte critique, à travers des scènes burlesques, une triviale littérature de divertissement

qui n’est plus conforme avec la modernité. Lors d’une discussion entre le curé et le chanoine sur ces romans, ce dernier y trouve :

Que ces livres qu’on appelle de chevalerie sont fort préjudiciables à la république(…), ce genre d’écriture et de composition relève des fables que l’on appelle milésiennes, qui sont des histoires extravagantes, sans autres fin que de plaire au lieu d’instruire, contrairement à ce que font les apologues, qui plaisent et instruisent tout à la fois. (DQ I, 47, 663.)

Dans son discours, le chanoine se montre très instruit en matière de littérature. Il parait connaitre parfaitement les techniques narratives de genres littéraires proches des romans de chevalerie. Il représente l’image d’une église en pleine réforme, et qui accorde une importance capitale à l’instruction des hommes d’église

39

-Jean Paul Sermain, op.cit., p.62.

40

- Jean Paul Sermain, op.cit., p.62.

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34 1.3.2.DON QUICHOTTE OU LA CRITIQUE DE LA LECTURE ROMANESQUE

Selon Albert Thibaudet : « Don Quichotte, est la critique des romans faite dans un roman. Et

c’est, proposée aux liseurs de romans, l’histoire d’un liseur de roman42. ». Ainsi, il emploi le

mot de liseur au lieu de lecteur, car le premier indique, selon lui une habitude, un goût, alors que le deuxième indique un simple contact accidentel. Un liseur de roman, c’est celui pour qui le monde existe.43

Cette thématique de l’influence de la lecture romanesque sur le lecteur est soutenue par Nathalie Piégay-Gros, qui dans une étude sur Don Quichotte, affirme que le roman cervantin« place en son centre une dérive de la lecture romanesque qui ne cessera de hanter les

détracteurs, mais aussi les lecteurs, de la fiction44 ».Lecteur prodigieux et assidu, don Quichotte

explique le monde par la fiction ; il est confond le monde imaginaire du monde réel.

Le livre est moins son existence que son devoir. Sans cesse, il doit le consulter afin de savoir que faire et que dire, et quels signes donner à lui-même et aux autres pour montrer qu’il est bien de lui-même nature que le texte dont-il est issu45 .

Certes, Don Quichotte est une critique des romans de chevalerie .Mais il est aussi une critique de la lecture romanesque. La folie livresque de don Quichotte est le résultat de cette confusion entre le monde fictionnel incarné par les livres et le monde réel. Carlos Fuentes abonde dans le même sens en y consacrant tout un ouvrage à ce phénomène. Selon lui, le chevalier à la triste figure est le produit de la lecture romanesque.

Né de la lecture, il se réfugie dans la lecture chaque fois qu’il échoue. Et, une fois refugie dans la lecture, il continuera à voir des armées là où il n’y a que des moutons, sans perdre le fil de sa lecture : il y sera fidèle parce que pour lui, il n’y a pas d’autre lecture licite46 .

Don Quichotte devient esclave des romans de chevalerie. A chaque fois qu’il rencontre des obstacles, il cherche le remède dans ses lectures. Ainsi, d’après lui, le vécu doit être calqué sur