• Aucun résultat trouvé

9 — L’homme de confiance

Gauddis sortit du palais par une petite porte qui donnait sur l’arrière de celui-ci. Il suivit une allée qui le conduisit jusqu’au parc et obliqua à droite en direction de l’est.

Il avait revêtu une cape qui le couvrait de la tête aux pieds ; il dissimulait son visage dans l’ombre d’une large capuche et il marchait en se voûtant quelque peu, pour atténuer sa grande taille.

Il franchit la sortie du parc sous le regard indifférent des gardes, qui avaient levé la barrière à son approche sans poser de questions. Au passage, d’un coup d’œil, il vérifia que ces hommes-là possédaient une ombre. C’était le cas. Il nota dans un coin de sa mémoire la nécessité de renforcer leurs consignes et se retourna pour chercher Nerval du regard. Celui-ci le talonnait à une trentaine de mètres.

Il s’était affublé d’un manteau qui cachait ses armes et dont le grand col relevé masquait partiellement son visage. Son ombre le suivait, fidèlement attachée à ses pas et allongée derrière lui. Gauddis, rasséréné, poussa un soupir de soulagement. Il s’assura que Nerval l’avait repéré et marcha jusqu’aux premiers bâtiments qui bordaient le parc. Là, hors de la vue des gardes, il attendit que son aide de camp arrive et ils s’enfoncèrent tous les deux dans les rues de la cité.

— C’est la direction du port, sire, si je ne me trompe.

— C’est bien cela, Nerval, mais ce n’est pas là que nous allons. — Où, alors ?

— À la prison du quartier militaire de l’embarcadère.

— Pouvez-vous me dire ce que nous allons chercher à un tel endroit ? — Vous ; rien. Vous m’accompagnez uniquement pour assurer ma sécurité.

Nerval connaissait la popularité de son roi. Il savait que celui-ci ne devait habituellement rien redouter de ses sujets. Il s’inquiéta :

— Vous aurait-on menacé, sire ?

— Pas directement, mais depuis ce matin, j’ai découvert des éléments qui me laissent penser que je pourrai l’être ; moi et toute la Vadonie.

— Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir mobilisé une escorte plus importante, sire ? — Parce que dans ma situation, j’ignore à qui, je peux encore me fier.

Nerval ressentit cette affirmation comme une piqûre à son honneur de garde royal. Il répondit sur un ton offusqué :

— Du calme ! mon ami, du calme ! Vous êtes actuellement la seule personne en qui je suis convaincu de pouvoir placer ma confiance. Sinon vous ne m’accompagneriez pas.

— Alors, m’expliquerez-vous ce qui se trame ?

— Cela viendra en temps et en heure. Pour l’instant et jusqu’à nouvel ordre, ne me lâchez pas d’une semelle.

Ils traversèrent les quartiers est de la cité, qui s’étageait sur les pentes d’un relief, pas assez haut pour mériter le nom de colline. Un fort bâti en étoile à cinq branches occupait le sommet de cette bosse. C’était le cantonnement militaire de l’embarcadère : derrière lui, la ville, devant lui, au bas d’un grand espace libre et en pente douce, le quai où stationnaient les bacs qui constituaient l’unique moyen de traverser l’Albaran. Ses hauts remparts semblaient défier quiconque de forcer le passage du fleuve.

Avant de quitter le palais, Gauddis s’était muni d’une sacoche de cuir. Il y avait glissé une liasse de feuillets couverts d’une écriture fine et bardés de cachets et de signatures qui leur donnaient l’allure, on ne peut plus officielle, des documents de la justice. Quand ils arrivèrent en vue de l’entrée du fort, il la confia à Nerval en murmurant :

— Portez ceci de manière ostensible. Dorénavant, vous êtes mon secrétaire et je suis inspecteur des prisons.

Nerval acquiesça et se saisit de la sacoche qu’il cala sous son bras gauche, comme il y avait mis son casque précédemment. Le jour mourrait lorsqu’ils se présentèrent à la porte du fort. Celle-ci était déjà fermée et la garde assurée depuis les remparts.

Un des deux gardes de faction les interpella : — Halte ! Nommez-vous ! Que désirez-vous ?

— Service du juge Arlan ; contrôleur Grandot et son secrétaire, nous venons inspecter la prison.

— On ne m’a pas prévenu de votre visite, s’étonna l’homme. — C’est normal, nous n’avons averti personne.

— Veuillez patienter, j’en réfère à mon supérieur et il disparut à leur vue.

Après quelques minutes, un bruit de clef dans une serrure indiqua qu’on venait à leur rencontre. Une poterne s’ouvrit dans le vantail gauche, de l’imposant portail, qui fermait le fort. Un officier en sortit, accompagné de deux soldats qui encadrèrent l’issue pendant que leur chef s’avançait vers les visiteurs.

— Bonsoir Messieurs ! Ne pensez-vous pas que l’heure s’avère un peu tardive pour effectuer une inspection ? leur demanda-t-il.

répondit Gauddis, sur un ton, emprunt d’autorité.

— Certes Monsieur ! admit l’officier. Puis il les regarda plus attentivement et reprit, ce n’est pas vous qui venez d’habitude. Je ne reconnais pas votre visage.

— C’est effectivement la première fois que je procède ici. Mon prédécesseur, l’inspecteur Barlane, a dû s’absenter un certain temps. Il a dû se rendre à Anureth pour affaire de famille et c’est moi qui assurerais l’intérim. Voici mes accréditations, ajouta-t-il en faisant signe à Nerval de s’approcher.

Nerval ouvrit la sacoche que Gauddis lui avait confiée et en tira une épaisse liasse de papiers qu’il tendit à l’officier. Celui-ci la regarda d’un œil qui exprimait clairement son aversion pour la chose écrite, s’en saisit et la feuilleta rapidement. Dans la pénombre du jour déclinant, il ne vit que les cachets et les signatures et n’alla pas chercher plus loin.

— Veuillez m’accompagner, je vais vous conduire à la prison, à moins que vous ne désiriez rencontrer le commandant avant de procéder.

— Ce ne sera pas nécessaire, capitaine. Je viens seulement pour visiter quelques cellules et m’entretenir avec les détenus.

— Alors, suivez-moi s’il vous plaît. Il exécuta un demi-tour réglementaire et les précéda pour passer la porte dans l’autre sens.

Derrière lui, Gauddis et Nerval franchirent la poterne, traversèrent une place d’armes et pénétrèrent dans une salle de garde où une dizaine d’hommes partageaient un repas. Le capitaine donna ses ordres et les abandonna en compagnie d’un geôlier qui les emmena au sous-sol. Là, de cellule en cellule, Gauddis interrogea les prisonniers, pendant que Nerval, jouant son rôle de secrétaire, griffonnait quelques notes.

Par d’habiles questionnaires, il jaugeait les individus et jugeait de leurs capacités et de leur valeur. En grand connaisseur d’homme, le roi se forgeait vite une opinion sur ceux qu’il interrogeait. Il dut rapidement s’avouer que l’idée de venir chercher un messager en prison, qui lui avait paru bonne sur le coup, ne s’avérait peut-être pas aussi géniale que ça.

Il avait visité toutes les cellules normales et force lui fut de constater qu’aucun des hommes qu’il y avait rencontrés ne valait le déplacement. Il s’apprêtait à s’en retourner, déçu, lorsque s’accrochant à son idée, il demanda au geôlier :

— Où se trouvent les cachots ? — Au deuxième sous-sol ; monsieur. — Des prisonniers ?

— Un seul ; monsieur. — Bien, conduisez-moi.

Ils repassèrent devant toutes les cellules qu’ils avaient visitées. Puis, revenus au bas de l’escalier qu’ils avaient emprunté pour descendre, ils s’arrêtèrent, le temps que leur guide ouvre la porte qui donnait accès au second sous-sol. Le geôlier alluma deux torches, en confia une à Nerval et garda l’autre pour lui. Il passa devant, suivi de Gauddis, puis de Nerval.

L’escalier débouchait dans un couloir, sombre et assez court, de chaque côté duquel trois portes bardées de fers, situées face à face et à égale distance les une des autres marquaient l’emplacement des cachots. Seule la première à droite était fermée, les suivantes béaient comme autant de gueules sombres et silencieuses. Le geôlier alluma la torche qui était fixée au mur entre deux portes et s’empressa d’ouvrir celle qui était close.

Gauddis emprunta le flambeau de Nerval et entra avec précaution dans le cachot en avertissant :

— Prisonnier ! Prenez garde ! Masquez vos yeux ! Il savait les dégâts que peut occasionner une lumière trop vive, sur des organes habitués à l’obscurité.

Le détenu se détourna autant que le lui permettaient les chaînes, qui le retenaient au mur du fond de la cellule, et plaça ses mains devant ses yeux. C’était un grand et solide jeune homme qui possédait des épaules larges et puissantes et des bras épais avec des muscles saillants. Sa taille fine et souple donnait une impression de fragilité que démentaient de volumineux abdominaux. Enfin, de longues jambes, bien proportionnées et assorties au reste de son anatomie, complétaient le tableau ; un athlète superbe.

Gauddis le regarda quelques instants. L’homme dégageait une aura qui lui plaisait et au fond de lui, une petite voix murmurait au roi, qu’il pourrait bien tenir son messager. Il s’informa auprès du geôlier :

— Depuis combien de temps l’avez-vous attaché là ? — Deux semaines, Monsieur.

— Pourquoi est-il toujours enchaîné ?

— On nous a affirmé qu’il pouvait se montrer dangereux, Monsieur. — Détachez-le et laissez-nous seuls.

— Je ne sais pas si j’en ai le droit, Monsieur.

— La responsabilité m’en incombe à présent, remuez-vous ! Le geôlier libéra l’homme et se retira :

— Je resterai en haut des escaliers, Monsieur. Appelez si vous avez besoin de quelque chose.

— Oui, merci.

couloir. Dans la cellule, la lumière, bien que faible, suffisait pour distinguer le contour des hommes. Le détenu s’était assis sur son grabat et massait ses poignets, là où les fers avaient laissé leur marque.

Gauddis, lui accorda quelques instants, puis il l’interrogea : — Comment t’appelles-tu et pourquoi t’a-t-on enfermé ? — Je ne vois pas en quoi cela vous regarde.

— Allons ! Jeune homme ! Montrez un peu de reconnaissance envers celui qui vous a rendu un peu de confort !

Alors, peut-être par lassitude de n’avoir pu converser depuis longtemps, le prisonnier s’exprima :

— Je m’appelle Bérulon. J’étais aspirant garde royal, à la deuxième compagnie du centre de recrutement.

— Pourquoi parles-tu au passé, tu n’en fais plus partie ?

— Après ça, j’aurai de la chance si l’on ne me chasse pas comme un malpropre. — As-tu commis une faute si grave ?

— J’ai rossé mon chef de compagnie. — Puis-je savoir pour quel motif ?

— Ce gros puant de Gorpas est toujours à rudoyer les recrues en médisant du roi. Ça, déjà, j’ai du mal à le supporter, mais je me domine. Mais, quand en plus il s’est permis d’insulter nos mères, ça a été plus fort que moi ; j’ai démoli ce qui lui sert de portrait.

— Hé ! Hé ! Tu as rossé Gorpas la brute ! Tu dois t’avérer un redoutable adversaire alors, mon ami ! s’exclama Gauddis.

— Vous connaissez ce mauvais sujet !

— Qui ne connaît pas Gorpas ? Il est réputé dans toute la cité, pour sa force et son ivrognerie, cependant, c’est aussi un bon soldat et un rude combattant.

— Ça, on ne peut pas le lui enlever.

— En effet, peu nombreux sont ceux qui peuvent se vanter de l’avoir rossé. Mais, que t’importe qu’il médise du roi ?

— Sa Majesté m’a sauvé la vie lorsque j’étais enfant. C’est un homme bon et le moindre service que je peux lui rendre, en attendant mieux, consiste à ne pas le laisser calomnier injustement.

— Je crois savoir Gauddis assez indifférent à la médisance, mais… le roi t’a sauvé la vie ! s’exclama brusquement Gauddis qui n’avait pas prêté toute l’attention voulue à la réponse du jeune homme. Rappelle-moi ton nom !

— Bérulon.

Soudain, l’esprit de Gauddis s’illumina. Il revit ce garçonnet de sept ans qui toussait et crachait, alors qu’il venait de le tirer de la rivière où il se noyait. À dix-huit ans de distance, le petit être effrayé et trempé qu’il avait sauvé se tenait devant lui, devenu un gaillard impressionnant de force et de vitalité. Il y perçut un présage qui le conforta dans sa première appréciation.

— Reconnaîtrais-tu le roi maintenant ?

— Ma foi, c’était il y a longtemps et j’étais un bien petit garçon. Et puis, je ne l’ai jamais revu, alors, je ne sais pas.

— Tout à l’heure, tu m’as dit : « le moindre service que je peux lui rendre, en attendant

mieux. » Qu’entendais-tu par cette affirmation ?

— Je l’ignore, peut-être une occasion de lui montrer ma gratitude. — Eh bien ! Mon garçon, cette occasion, je peux te la fournir.

Intrigué, Bérulon regarda plus attentivement son interlocuteur. Puis, sur un ton, soudain méfiant, il interrogea à son tour :

— Qui représentez-vous au juste ?

— Je suis l’homme qui, dix-huit ans en arrière, empêcha un garçonnet de se noyer dans la Fontanne.

Bérulon ouvrit de grands yeux et se pencha pour observer Gauddis de près. Celui-ci ôta sa capuche et sollicita Nerval pour qu’il rapproche une torche du seuil de la cellule.

— Retrouve ton regard d’enfant, Bérulon. Ce jour-là, je t’ai remis à ta mère, qui te pleurait déjà, avec ta sœur. Elle portait le médaillon qui pend à ton cou.

Si Bérulon avait encore un doute, les détails que donna Gauddis le lui ôtèrent. Seul, celui qui l’avait sauvé pouvait les connaître. Alors qu’il ouvrait la bouche pour s’exclamer, le souverain lui coupa la parole :

— Chut ! pas un mot, personne ici ne sait qui je suis. Es-tu disposé à me servir ? — Commandez, sire, je me ferai une joie et un devoir d’exécuter vos ordres.

— Alors, écoute attentivement ; le royaume vit actuellement sous une menace grave. La perfidie et la traîtrise se sont immiscées jusque dans mon palais…

Il lui résuma succinctement la situation, lui parla de son rêve, de sa visite aux archives et du garde sans ombre. D’un geste de la main, il arrêta le flot de questions qu’il voyait poindre à la fin de son récit et termina son monologue sur ces mots :

— Puis-je compter sur toi pour une mission importante ? — Plutôt deux fois qu’une ; sire. Je suis votre homme.

— Parfait ! Demain matin, Nerval viendra te chercher. Pour tromper d’éventuels espions, il t’emmènera sous escorte au palais, pour y être jugé. Je t’instruirai alors, de l’expédition que tu devras mener à bien. En attendant, repose-toi, tu vas avoir besoin de toutes tes forces. Es-tu bien nourri ?

— Oui, sire, pour ça, je n’ai pas à me plaindre.

Gauddis rabattit sa capuche sur son visage et rappela le geôlier. Un claquement de serrure et des pas lourds dans l’escalier annoncèrent le retour du gardien qui demanda :

— En avez-vous fini avec lui, Monsieur ?

— Pour l’instant, oui, mais je dois revoir votre capitaine. Conduisez-moi à lui.

Le surveillant referma la porte à double tour et s’apprêtait à éteindre la torche qui était accrochée au mur, lorsque Gauddis interrompit son geste :

— Laissez-lui un peu de lumière. De toute façon, vous allez revenir le chercher pour le changer de cellule.

— Comme vous voudrez, Monsieur.

Ils remontèrent. Le geôlier les emmena jusqu’au bureau de son supérieur et les y abandonna. L’officier finissait de ranger des listes de fournitures qu’il venait de mettre à jour. Il demanda :

— Êtes-vous satisfait de votre visite, inspecteur ?

— Pleinement, capitaine. Cependant, je dois formuler une requête. — Je vous écoute.

— Le prisonnier Bérulon doit être jugé demain, au palais. D’ici là, j’aimerais qu’il soit transféré dans une cellule un peu plus éclairée que son cachot et qu’il soit nourri et vêtu de propre lorsqu’on viendra le chercher.

— Cela ne pose aucun problème, Monsieur. Je vais donner immédiatement les ordres nécessaires.

— Je vous en remercie et vous souhaite le bonsoir, capitaine.

Sans attendre de réponse, il s’en alla, suivi comme son ombre, de Nerval qui n’avait pas ouvert la bouche. Sur le chemin du retour, il questionna Gauddis :

— Sire, pourquoi êtes-vous venu chercher cet homme dans ce trou, alors qu’au palais vous auriez trouvé autant de volontaires que vous en vouliez ?

— Si j’avais procédé de la sorte, que pensez-vous que cela aurait provoqué, Nerval ? — Ainsi que je vous l’ai indiqué, sire, vous en auriez obtenu plus que vous n’en souhaitiez.

je voulais éviter. Voyez-vous Nerval, par un des hasards extraordinaires de l’existence, j’ai sauvé la vie de cet homme quand il n’était qu’un enfant et aujourd’hui, je le retrouve alors que je cherche quelqu’un de sûr. Avouez que la providence ne pouvait pas mieux me combler, n’est-ce pas ?

— Espérons qu’il se montre digne de la confiance que vous placez en lui, sire.

10 — Bérulon

Accompagné de deux autres gardes royaux qu’il avait sélectionnés en suivant les recommandations de Gauddis, Nerval se présenta à l’entrée du fort le lendemain, vers le milieu du matin, porteur d’ordre concernant Bérulon. Le capitaine de la faction de jour les accueillit et les fit patienter pendant qu’il allait lui-même chercher le prisonnier.

La tournure que prenait l’affaire Bérulon le chagrinait un peu. Il l’avait rencontré lors de son engagement et avait apprécié sa compagnie à plusieurs reprises avant les évènements malheureux qui l’avaient conduit dans les geôles. Il connaissait aussi Gorpas et considérait que celui qui lui avait mis une trempe méritait une médaille plutôt qu’une sanction.

Selon lui, le fait qu’on l’emmène au palais pour être jugé n’augurait rien de bon pour la suite. Gorpas avait dû faire jouer une relation pour aggraver le cas de l’aspirant.

Il ouvrit la cellule. Bérulon était allongé sur ce qui lui servait de lit, les bras croisés sous sa tête.

— Debout mon garçon. Les gardes royaux t’attendent pour t’emmener. Celui-ci fit semblant de s’étonner :

— Les soldats du palais !

— Oui mon pauvre ! Et d’après mon expérience, cela ne laisse rien présager de bien bon pour toi. En général, ils ne viennent chercher les prisonniers que lorsque les cas s’avèrent graves.

— Gorpas doit posséder plus de relations qu’il n’en a l’air.

— Hélas ! Je suis désolé pour toi, mon garçon. J’avais espéré que ton affaire s’arrangerait d’elle-même et que Gorpas se contenterait de quelques semaines de trou pour te punir, mais il doit avoir du mal à digérer sa correction.

— Bah ! Je vous remercie de vous inquiéter pour moi, mais vous n’y pouvez rien. Et puis, ne vous tracassez pas, je m’en sortirai toujours.

— Je te le souhaite, mon garçon. En tout cas, moi, je sais que tu es un bon bougre et