condition d'obéir
aux
lois de l'hygiène en conformitéaux
usagesque
l'expérience a établis.Mais
notreorga-nisme
nes'accommode
de rien de brusque, de heurté, etles habitudes climatériques ne sont pasmoins
terri-blesque
les autres, et exigent des transitions ménagées.Des ALTÉRATIONS
de l'air.— On
respire auhasard,etcomme
on peut ; on ne sait ceque
l'on respire. L'air ne se voitmalheureusement
pas ; et il est plus difficilede choisir son air
que
son pain.Nous sommes,
à chaque instant, exposés à servir à nospoumous un
air altéré, soitparles produitsde larespiration,soitpar desgaz, des vapeurs etdes poussières dedifférentes natures, soitpar des émanationsdélétèresque
répandent les matièresen]ratréfaction, et qui contiennent souvent les
germes
des maladies contagieuses. Sil'œil del'homme
pouvait voir tous les éléments qui sont en suspension dansl'air, ilhésiterait certainement à introduire
dans
sa poitrineun
salmigondis qui est loin d'avoir son pareil, et auprèsduquel
les productious de la cuisine sontd'une simpli-cité admirable.Nous comprenons
sans peinecombien
il importe de chercher à s'entourer d'un air pur.DE l'aÏB confiné.
—
L'air s'altère dans les endroitsconfinés; c'est la respiration qui est
une
des principales causes de son altération.En
respirant, nous absorbonset brûlons de l'oxygène de l'air,
que
nous remplaçons par de l'acide carbonique, des vapeurs d'eau, et de lamatière animale, putrescible, qui s'exhale en
mêBM
—
43—
temps
par notre haleine.Au
dehors, Tair se renouvelle et se reconstitue incessamment,comme
nous savons.Mais
il n'enest pas demême
de l'air d'une habitation, qui se vicie sans cesse par la respiration et lescombus-tions de toutes sortes.
L'air confiné étant vicié, devient toxique pour ceux qui le respirent à nouveau.
Son
action se traduit chezl'homme
parun
malaise général, de la céphalalgie, des vertiges,une
gêne de la respiration etde la circulation, des nausées, des syncopes, enfin des signes d'asphyxie.Son
action délétère s'accentue encore davantage en provoquant des sueurs abondantes, une soif ardente, des douleurs vives dans la poitrine, de la dyspnée, delasuffocation, de la fièvre,
du
délire violent, puis la mort. Voici desexemples
terribles d'accidents produits par l'air vicié :Après
la bataille d'Austerlitz,300
Autrichiens faits prisonniers furent entassés dansune
cave, où l'air n'ar-rivaitque
parun
soupirail insuffisant; enpeu
d'heures260 moururent
asphyxiés.— A
la suite des journées dejuin 1848, les prisonniers enfermés dans les souterrains de la terrasse des Tuileriessuccombèrent sousles terri-bles effets de l'air confiné.
— Aux
Indes,146
anglais furent enfermés dansun
cachot de 20 pieds de côté, oùl'air n'arrivait
que
pardeux
misérables fenêtres.Au
bout de8 heures,
23
seulementavaientéchappéàlamort, grâce à la supériorité de force physique qui leur avait permis le voisinage des croisées.— Qui
neconnaît pasle faitdes assises d'Oxford, danslesquelles,juges, avocats, auditeurs et accusés,moururent
asphyxiés?Dans
tous ces cas, c'est la diminution de l'oxygène etla quantité—
44—
croissante de L'acide carbonique, enfin le défaut d'arri-vée d'air pur, qui ont
amené
ces accidents si terribles.Noua
savons que, dans une heure, nous absorbons environ 20 livres d'oxygène,que nous
exhalons 15 à 20 livres d'acide carbonique.De
cette donné'- physiolo-gique, nous concluons que, pourrespirer bien librement dansun
appartement, il faut o0 pieds cubes d'air pas heure et par tête.Voilà des faits qui parlent
éloquemment,
et qui doivent nous inspirer une sérieuse surveillance de la viciation de l'air dans nos habitations, et surtout dans noschambres
à coucher.Ainsi se prouve l'extrême importance d'une
bonne
ventilation pour toutes les pièces d'habitation.L'air
altéré
par desmatières
animales,végétales
et MINÉRALES.—
L'air est aussi altéré par des principesnouveaux
appréciables par la chimie. Ces principesnouveaux
sont classés en trois groupes, quipondent
aux
trois règnes de la nature. Ils sont pris dana les matières animales, les inatiè taies et les matières minérales.Nous
en signalerons quelques-uns.L'hydrogène phosphore est an produit ordinaire de
la putréfaction des matières animales.
On
le voit se dégagerdu
sol des cimetièreset des caveaux, provenant de la décomposition des corps.De
là l'utilité de mettre les cimetières loin des habitations; de choisir des terrains calcaires, sablonneux ou séléniteux, parcequ'ils jouissent de la propriété d'absorber les liquides, et d<*déterminer la décomposition sèche.
L'hydrogène carboné est un des produits de la
décomposition des substances végétales, et il a son lieu de prédilection dans les houillières. Les houilleurs connaissent son action toxique sur larespiration.
L'hydrogène sulfuré, qui prendnaissancede la putré-faction des matières animales et végétales, exerce
une
influence très fâcheuse sur l'homme.Comme
le gaz suifhydrate d'ammoniaque, il sedégage des fosses fixes, des égouts,etdes usines où l'onfabrique l'engrais animal. Ici nous ne faisons égalementque
rappelerles précautions qu'il faut prendre pour résoudre la question des vidanges.
L'air est aussi vicié
par
des produits de l'indus-trie.—
L'air peut encore être vicié par des gaz et des poussièresde différentes natures, quisont produits par l'industriehumaine.Au nombre
de ces gaz, qui détermi-nent des accidents sérieux sur l'homme, nous trouvonsle chlore, l'acidechlorhydrique, l'acide nitrique,le phos-phore, l'hydrogènearsénié, l'acidesulfureux,etc.
Nous
nenommerons
pas le gaz acide sulfureux sans lui servir une remarque.Dans
tous les cas de maladies contagieuses etépidémiques, la désinfection s'effectue habituellement avecdu
soufre en combustion qui pro-duitdu
gaz acide sulfureux.Ce
gaz est très délétère, et détermine des inflammations des voies respiratoires.Il cause aussila
mort
par asphyxie. Le meilleur con-seil à donner est de nepas s'expjser à ses émanations.Les poussières fines qui, en suspension dans l'air,
allèrentaussil'atmosphère,sjnt minérales, végétales
ou
animales.Les
ouvriers aiguiseurs, couteliers, tailleurs de pierre, houilleurs, plâtriers, etc.,en
respirant les poussières minérales de silice, de grès, d'émeri, de—
Î6—
houille, de plâtre, etc., sont atteints d'inflammations et d'ulcérations des bronches; il en résulte souvent la consomptionà
un
âge peu avancé.Ceux
quitravaillentleplomb, le mercure, la céruse, le
minium,
avalent des molécules pulvérulentes qui déterminent dessymptô-mes
d'unempoisonnement
assez souvent fatal.L'ouvrier de lafabrique d'allumettesse voit
fréquem-ment
atteint de douleurs dentaires et de la cariedes os de la face.Le
meurtrier ici, c'est le phosphore.L'ouvrier de la
manufacture
de papiers,qui manipule des teintures colorantes contenant de l'arsenic, respireune
poussière qui lui irrite la gorge, les bronches, etprovoque
la toux. Il s'ensuit de l'amaigrissement, et alors la santé est très sérieusement ébranlée. C'est l'hydrogène arsénié qui en est lacause.Il
y
aencored'autres poussièresquifinissent par pro-voquer des catarrhesdu poumon
etmême
laconsomp-tion. C'est ce qui arrive
fréquemment
chez lesmeu-niers, les charbonniers, les cardeurs, etc.
Enfin la putréfaction des matières organiques dans
les salles de dissection, les usines de chandelles, de
colle, de savon, d'engrais animal, agissent d'une mani-ère fâcheuse surl'homme, et provoquent des diarrhées, des dysenteries,etde plusservent à la propagation des maladies contagieuses et épidémiques.
Eègles
hygiéniques.—
Les premières règleshygié-niques qui atténuent tous ces
maux
sont les soins dela plus grande propreté, et une ventilation énergique et continuelle. Elles sont indispensables
aux
ouvriers de la plupart des usinespourlespréserverde ces acci-dents.^-47 —
Il
Y a
d'autres principesnouveaux
qui vicient l'air,—
Ily
a encore bien d'autres principes délétères qui font de nos jours l'objet de grandes recherches, principesque
l'on étudiait hier encore sous lenom
de théoriemiasmatique
; maiscettethéorie est aujourd'hui rejetée au second plan par la découverte des microbes.Autrefoisles
miasmes
étaientconsidéréscomme.des
éma-nations provenant desubstances animales. Aujourd'hui la théorie pastorienne, qui trouveun peu
partout des bactéries, ouvre denouveaux
horizons à la médecine.Honneur donc
à la chimie biologique et à la micros
-copie !