• Aucun résultat trouvé

Historique de l’entreprise et du moteur de recherche Google

1.3. Le moteur de recherche Google

1.3.1. Historique de l’entreprise et du moteur de recherche Google

Google est un moteur de recherche généraliste et commercial fondé en 1998 par

Lawrence Edward Page, dit Larry Page, et Sergueï Brin dans la Silicon Valley aux États-Unis. À l’origine, ces deux étudiants de l’Université de Stanford se lancent en 1996 dans un projet de recherche baptisé BackRub, une méthode qui analyse les liens pointant vers un site web pour en déterminer l’importance123

. Ce projet abouti sur la conception d’un moteur de recherche et sur la création de l’entreprise Google Inc. à Menlo Park en Californie le 7 septembre 1998. Fin 1998 le moteur Google, dont le nom est dérivé du mot « googol » désignant un nombre commençant par 1 suivi de cent zéros124, traite quotidiennement 10 000 requêtes125. À la fin de l’année 1999 le moteur traite entre 500 000 et 3 millions de requêtes par jour et devient, en 2000, le moteur de recherche le plus complet au monde avec un demi-

121

SIMONNOT, Brigitte. De l’usage des moteurs de recherche par les étudiants. In : SIMONNOT, Brigitte, GALLEZOT, Gabriel (coord.). L’entonnoir. Google sous la loupe des sciences de l’information et de la communication. Caen : C&F, 2009. p. 43.

122

SERRES, Alexandre. Dans le labyrinthe. Évaluer l’information sur internet. Caen : C&F, 2012. p. 100.

123

LE JOURNAL DU NET. Google en dates [en ligne]. Disponible sur : http://www.journaldunet.com/dossiers/google/historique.shtml [Consulté le 09/02/2015]

124

DELENGAIGNE, Xavier. Organiser sa veille sur Internet. Au-delà de Google…Outils et astuces pour le professionnel. Op. cit. p. 83.

125

43

milliard de pages web référencées et 100 millions de requêtes par jour126. En 2001, l’entreprise rachète de nombreux sites et améliore les fonctionnalités de son moteur de recherche en proposant notamment une interface disponible en 26 langues et la possibilité de faire des recherches sur les images127. Le moteur indexe également de nouveaux formats de fichiers sensibles (.doc, .xls, .ppt) et 3 milliards de pages web sont désormais référencées128. À cette époque, la recherche d’information est dominée par des moteurs comme Alta Vista ou

Lycos mais surtout par l’annuaire Yahoo ! qui contient un recensement humain des sites utiles.

Ces derniers jouent la carte portail avec une page d’accueil chargée tandis que le moteur

Google connaît un succès fulgurant grâce à « sa rapidité, sa simplicité, son orientation « pur moteur », et surtout son tri de pertinence « révolutionnaire » [qui] en font un rouleau compresseur »129. En 2002, Google lance le modèle publicitaire des AdWords (emplacements publicitaires dans les pages de résultats) ainsi que Google News qui indexe plus de 4000 sites de médias. À la fin de cette même année, le moteur traite 250 millions de requêtes par jour130. En 2003, l’entreprise rachète plusieurs sociétés telles que Blogger (un service d’édition de blogs), Sprinks (spécialisée dans la publicité contextuelle), le programme publicitaire AdSense (liens publicitaires sur des sites affiliés à Google), Applied Semantics (une technologie de mots-clés) ou encore Katlix (une start-up spécialisée dans la recherche en ligne personnalisée)131. Au début de l’année 2004, l’index du moteur répertorie 4,3 milliards de pages web et il en compte le double, soit 8,1 milliards, en novembre132. L’entreprise multiplie les services gratuits à travers Google local (un service de recherche localisée), Gmail (un service de webmail), Picasa (un service de gestion de photos numériques), Google Desktop (un moteur de recherche de bureau indexant les disques durs) et Google Scholar (un moteur de recherche spécialisé dans l’information scientifique). 2004 est également l’année de l’introduction en bourse de l’entreprise Google Inc. qui connaît de suite une spectaculaire envolée. En 2005, Google lance Google Video (un service gratuit de partage et de visionnage de vidéos), Google Maps (un service gratuit de cartographie en ligne), Google Earth (un logiciel permettant la visualisation de la Terre grâce à des photographies aériennes ou

126

MALINGRE, Marie-Laure, SERRES, Alexandre. Outils de recherche du web : approfondir Google. In : Slideshare [en ligne]. URFIST de Bretagne et des Pays de la Loire, 2009. Mis à jour en 2014. Disponible sur : http://fr.slideshare.net/UrfistRennes/stage-explorer-google-24novembre09?from=ss_embed [Consulté le 09/02/2015]

127

LE JOURNAL DU NET. Google en dates. Op. cit.

128

MALINGRE, Marie-Laure, SERRES, Alexandre. Outils de recherche du web : approfondir Google. Op. cit.

129

MESGUICH, Véronique, THOMAS, Armelle. Net recherche 2010. Le guide pratique pour mieux trouver l’information utile et surveiller le web. Op. cit. p. 52.

130

MALINGRE, Marie-Laure, SERRES, Alexandre. Outils de recherche du web : approfondir Google. Op. cit.

131

LE JOURNAL DU NET. Google en dates. Op. cit.

132

44

satellitaires) et Google Talk (un service de messagerie instantanée). L’entreprise lance également son projet Google Print (futur Google Books) et la numérisation des livres. Le moteur Google traite 1 milliard de requêtes quotidiennes et l’action de la société augmente de 117 %. L’année 2006 sera, entre autres, celle du lancement de Goolge.cn en Chine avec une censure des résultats, de la création de nouvelles applications (Google Calendar, Trends,

Apps…) et du rachat du site web d’hébergement de vidéos Youtube. En 2007 Google rachète DoubleClick, une régie publicitaire spécialisée dans le ciblage comportemental. La recherche

universelle est lancée en juin, Google Street View arrive en France et les suggestions de requête sont proposées automatiquement aux utilisateurs du moteur. Google Earth s’étend au ciel avec Google Sky et le projet Google Books compte 27 partenaires et 1 million de livres numérisés. En février 2008 elle met en place Google Voice, en mars elle annonce l’arrivée du dossier médical en ligne via Google Health, en juin elle créé un partenariat avec Yahoo ! pour le partage publicitaire et en septembre elle lance le navigateur Google Chrome ainsi que le portail de recherche audio GAUDI. Google représente alors 70 % du trafic aux États-Unis et 82 % en France. L’année 2009 est une année de crise pour la société Google qui effectuera quelques licenciements et quelques fermetures de sites. L’entreprise continue tout de même de se développer en proposant sans cesse de nouveaux services : Google Latitude (un service de géolocalisation sur téléphone mobile), Google Wave (une plateforme centralisée de communication) ou encore Google Social Search (un moteur de recherche social). En août 2009, Google annonce qu’une négociation a lieu avec la BnF (Bibliothèque nationale de France) pour la numérisation des fonds. En septembre, l’entreprise annonce qu’elle est en train de développer une voiture intelligente capable de conduire toute seule133. En octobre la société américaine et Twitter mettent en place un partenariat et Google indexe désormais les tweets. À la fin de l’année 2009, Google Street View est implanté au Mexique (le 15ème pays où l’on trouve ce service) et un accord est signé entre Google et les éditeurs américains. L’année 2010 voit la naissance de Google Art Project qui propose des visites virtuelles des meilleurs musées du monde. Google+, l’application de réseau social de l’entreprise, est lancé, tout comme la compétition scientifique Google Science Fair pour les jeunes de 13 à 18 ans. L’entreprise améliore les services offerts par le navigateur Google Chrome en proposant notamment à ses utilisateurs un accès hors connexion internet134. En 2011 la société créé

Google Play, une boutique en ligne qui vend des applications, des jeux, de livres, de la

133

GOOGLE. Timeline - Company - Google. Google through the years. In : Google [en ligne]. Disponible sur : http://www.google.co.uk/about/company/timeline/ [Consulté le 09/02/2015]

134

45

musique et des films. Elle lance Google Drive (une application qui permet à l’utilisateur de créer, partager et stocker toutes sortes de documents au même endroit) et dévoile son projet de

Google Glass (les lunettes connectées). Elle introduit l’application Google Now qui permet de

recevoir des « informations utiles avant même d’avoir à les demander »135 (météo, circulation, résultats sportifs…). En 2012 Google perfectionne encore et toujours ses applications et services existants (Gmail, Google+ Photos, Google Maps, Google Play…) mais c’est surtout l’année de Project Loon, le projet de connexion internet via des ballons atmosphériques servant de relais136. L’ambition affichée est de relier toute la planète à Internet, même les zones les plus inaccessibles. Parallèlement à ce projet, Google perfectionne son moteur de recherche et lance au mois de mai de cette même année aux États-Unis son outil sémantique appelé Knowledge Graph, rendu possible grâce notamment au rachat de la base de données

Freebase en 2010. Cet outil est un système de proposition de données complémentaires à la

requête demandée, basée sur des algorithmes sémantiques137. Il propose informations, images et liens sur les « entités nommées »138 directement depuis les résultats de la recherche. Le

Knowledge Graph est présent sous trois formes différentes : il permet la désambigüisation de

la requête demandée, ce qu’Olivier Ertzscheid appelle le « théorème du jaguar »139 (en saisissant la requête « jaguar », l’internaute cherche t-il des informations sur la voiture ou sur l’animal ?), il offre un résumé et des informations connexes pour en savoir plus directement sur la page de résultats et il propose des liens pour en savoir plus sur des sujets proches de celui recherché. Avec cet outil, Google affiche qu’il « désire de plus en plus devenir un

« moteur de réponses » plutôt qu’un moteur de recherche »140.

Cependant, toutes les évolutions technologiques et le développement économique de l’entreprise semblent être en réalité au service d’une idéologie qui dépasse largement l’activité de recherche d’information et de mise à disposition de celle-ci. En effet, depuis quelques années, l’entreprise Google est devenue l’un des principaux sponsors du mouvement transhumaniste. Ce mouvement culturel et intellectuel prône l’usage et la convergence des

135 Ibid. 136 Ibid. 137

ANDRIEU, Olivier. Knowledge Graph : Google officialise son moteur sémantique. In : Abondance [en ligne]. 21 mai 2012. Disponible sur : http://www.abondance.com/actualites/20120521-11478-knowledge-graph- google-officialise-son-moteur-semantique.html [Consulté le 20/04/2015]

138

Nom de personnes, d’entreprises, de lieux, etc.

139

ERTZSCHEID, Olivier. Sème antique : la guerre du sens est déclarée. In : affordance.info [en ligne]. 3 juin 2012. Disponible sur : http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2012/06/la-guerre-du-sens-est-declaree.html [Consulté le 20/04/2015]

140

ANDRIEU, Olivier. Knowledge Graph : Google lance son outil sémantique en France. In : Abondance [en ligne]. 5 décembre 2012. Disponible sur : http://www.abondance.com/actualites/20121205-12097-knowledge- graph-google-lance-son-outil-semantique-en-france.html [Consulté le 20/04/2015]

46

nanotechnologies, de la biologie, de l’informatique et des sciences cognitives, appelées NBIC, afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains et de lutter contre le vieillissement, la maladie ou encore la mort141. Le théoricien du transhumanisme et de la singularité (concept selon lequel l’intelligence artificielle dépassera l’esprit humain)142, Raymond Kurzweil, a été engagé au sein de l’équipe dirigeante de Google en décembre 2012. L’entreprise ambitionne d’améliorer la qualité de la vie humaine et de la prolonger en parvenant à faire de son moteur de recherche la première et la plus performante des intelligences artificielles. Google soutient la Singularity University qui forme les spécialistes des NBIC et s’intéresse également au séquençage ADN au travers de sa filiale 23andMe, dirigée par la femme de Sergeï Brin143. Laurent Alexandre, chirurgien urologue, diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), de l’École des hautes études commerciales (HEC) et de l’Institut d’études politiques explique comment Google a réussi, entre 2011 et 2013, à préempter le marché de la lutte contre la mort en créant la filiale Calico, dont l’objectif est d’augmenter l’espérance de vie de 20 ans d’ici à 2035, ou encore, en élaborant un projet de lentilles intelligentes pour les diabétiques144. Google a également racheté entre 2012 et 2013 les huit principales sociétés de robotiques (dont Boston Dynamics ou Nest, le leader mondial de la domotique). Google maîtrise donc toutes les technologies qui sous-tendent l’idéologie transhumaniste : la robotique, l’informatique, les moteurs de recherche et l’intelligence artificielle, les nanobiotechnologies et le séquençage ADN145.