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Après avoir présenté l’établissement et les classes laboratoires, il convient à présent d’expliciter le déroulement de l’enquête ainsi que celui des entretiens.

2.3.1. Protocole de passation et déroulement de l’enquête

Pour chacune des quatre classes laboratoires, les conditions de passation ont été les mêmes. Nous avons été accueillis au début du cours d’un enseignant de discipline qui nous a laissé une vingtaine de minutes pour faire passer notre questionnaire aux élèves. Nous avions établi un protocole afin de nous assurer que les conditions pour répondre au questionnaire soient les mêmes pour tous les élèves. Ces derniers ont tout d’abord été rassurés et mis en confiance quant au fait qu’il ne s’agissait pas d’une évaluation, que ce travail ne serait pas noté et qu’il était anonyme (seulement la classe et le sexe auxquels ils appartiennent étaient demandés). Il leur a été ensuite demandé de répondre individuellement et le plus honnêtement possible au questionnaire. Il leur a été aussi précisé qu’aucune aide ne leur serait donnée

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(personne ne répondrait à aucune de leurs éventuelles questions) et que s’ils ne comprenaient pas une question ou s’ils ne connaissaient pas une réponse, ils pouvaient ne rien répondre. Nous avons fait ce choix pour deux raisons : ne disposant pas de beaucoup de temps pour faire passer ce questionnaire, nous ne pouvions pas nous permettre de répondre à des questions et de trop empiéter sur la séance à suivre. De plus, nous n’aurions sûrement pas pu répondre à tous les élèves ce qui, de notre point de vue, aurait « faussé » certains questionnaires par rapport à d’autres.

2.3.2. Présentation de la mise en place de la situation de communication et déroulement des entretiens

Nous avons fait passer un entretien individuel à huit élèves. Chaque entretien a duré entre 5 et 10 minutes et s’est déroulé au CDI sur le temps de la récréation. Nous étions seuls avec l’élève lors de l’entretien. Les élèves interviewés étaient tous des élèves volontaires et ils connaissaient à l’avance les tenants et les aboutissants de l’entretien. Signalons toutefois qu’un laps de temps d’environ trois semaines sépare la passation du questionnaire et l’entretien avec les élèves. Il a été nécessaire parfois de rafraichir la mémoire de certains d’entre eux, surtout les élèves de 6ème

, avant de commencer véritablement à entrer dans le vif du sujet.

Tous les entretiens ont été enregistrés et tous les participants étaient prévenus de ce procédé. Aucun d’entre eux ne s’y est opposé.

Concernant les élèves interrogés, nous avons tenu à respecter la parité, tant sur le niveau que sur le genre des élèves. Nous avons fait ce choix arbitraire essentiellement pour des raisons statistiques et nous avons conscience de la relative pertinence de celui-ci. Cependant, il nous semblait intéressant de mesurer l’écart entre les compétences déclarées et les compétences vérifiées, souvent représentatif de conceptions, et d’observer si cet écart varie en fonction de l’âge et du genre des élèves.

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Niveau et classe Effectif masculin Effectif féminin Total élèves

6 A 1 1 2

6 B 1 1 2

3 B 1 1 2

3 C 1 1 2

TOTAL 4 4 8

Tableau 5: répartition des élèves participant aux entretiens par classe et par genre.

Après avoir rappelé les raisons de l’entretien et les conditions de déroulement de celui- ci, nous avons posé quelques rapides questions aux élèves sur leur environnement informatique afin de les mettre en confiance. Nous les avons ensuite amenés directement à la question des fonctions de recherche avancée des moteurs de recherche. Nous nous sommes efforcés de laisser s’exprimer au maximum les élèves, nous contentant de rebondir sur ce qu’ils disaient, les encourageant à développer, reformuler ou approfondir leurs propos. Nous n’avons pas cherché à corriger leurs erreurs ou maladresses, allant même parfois jusqu’à approuver des explications erronées. Un ordinateur était également à notre disposition, ce qui nous a permis de demander à l’élève de nous montrer en pratique lorsque ce dernier ne trouvait pas les mots ou lorsque nous voulions vérifier ses dires. Notons que la grande majorité des élèves se sont montrés enthousiastes à l’idée de participer, à l’aise durant les entretiens et très coopératifs. Seule une élève de 6ème a semblé paralysée et peu loquace.

L’objectif de ces entretiens était avant tout de vérifier les compétences déclaratives des élèves sur les fonctions de recherche avancée et à travers celles-ci, de leur degré de connaissance pratique d’un moteur de recherche. Certains de ces entretiens ont favorisé l’émergence de conceptions sur le fonctionnement d’un moteur de recherche et nous y reviendrons lors de l’analyse des données.

2.3.3. Analyse des différents biais de la recherche

Toute recherche empirique rencontre des biais. En ce qui concerne notre travail de terrain, nous pouvons mettre en évidence des biais liés à la présence d’acteurs humains ainsi que des biais d’ordre matériel. Nous évoquerons tout d’abord ceux inhérents à notre questionnaire et à sa passation puis ceux rattachés aux entretiens et à leur déroulement.

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Concernant la passation de notre questionnaire, le biais le plus important est celui de notre présence et de celle de l’enseignant de discipline qui nous a accueillis dans sa classe. En effet, les élèves ont répondu à ce questionnaire sous les yeux de deux professeurs et cela a pu perturber leur réflexion ou leur concentration. D’autres biais sont également à signaler. Par exemple, le fait de répondre à cette enquête en classe peut conditionner les réponses. En effet, dans l’enceinte de l’école, les élèves peuvent avoir tendance à chercher la « bonne » réponse alors que s’ils avaient répondu à ce questionnaire à la maison, peut être certaines réponses auraient été différentes, moins réfléchies, plus naturelles. Cependant, nous voulions être certains que les élèves fassent eux-mêmes et seuls ce questionnaire et la solution de le faire en présentiel nous a semblée la plus adaptée.

Un autre biais est celui du temps imparti. Ne disposant que de 20 minutes maximum, il nous a fallu parfois presser un peu les élèves pour être sûr que tout le monde finisse et obtenir ainsi des données suffisantes. Nous avons conscience que plus de temps aurait été nécessaire pour répondre à certaines questions et que l’absence de réponse ou des réponses peu développées peuvent donc parfois être directement reliées à ce facteur.

Un dernier biais important est contenu dans l’agencement du questionnaire lui-même. Ne voulant pas effrayer les élèves avec un questionnaire trop volumineux, nous avons fait en sorte que celui-ci tienne sur une feuille A4 en format paysage. La conséquence directe de ce choix est le peu de place disponible laissé à l’élève pour rédiger ses réponses. Il est donc possible que certains d’entre eux n’aient pas pu développer leurs réponses autant qu’ils le souhaitaient. Le petit espace offert et l’écriture souvent « grossière » des élèves fait que ces derniers ont sans doute été encouragés inconsciemment à rédiger des réponses courtes.

Concernant l’entretien et son déroulement, là aussi des biais sont à mentionner. Tout d’abord le fait que ce soit nous, leur professeur documentaliste, qui avons fait passer cet entretien aux élèves. Même si nous considérions être dans la posture d’étudiant-chercheur au moment de ces entretiens et que nous nous sommes positionnés comme tel auprès des élèves, nous savons pertinemment que ceux-ci vivaient l’entretien comme l’équivalent d’une interrogation par leur professeur. Cela a pu jouer sur le naturel des propos et sur le degré de confort des élèves.

Ici aussi, le temps imparti est un facteur de biais important. Ne possédant que 5 à 10 minutes, l’élève a pu parfois se sentir pressé de répondre. Le fait également que l’entretien se déroulait pendant la récréation a pu inciter les élèves à répondre rapidement de façon à pouvoir bénéficier de leur pause avec leurs camarades.

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L’enregistrement de l’entretien, même s’il n’a pas paru gêner les élèves, peut aussi se révéler être un biais dans la façon de répondre ou de se comporter des élèves. Cependant, nous tenons à préciser qu’il nous a semblé que les élèves oubliaient vite la présence de l’appareil enregistreur.

Enfin, un dernier biais émane directement de nous. En effet, malgré notre volonté de laisser s’exprimer le plus possible et le plus librement possible les élèves, il nous a fallu parfois réorienter ceux-ci, interpréter ce qu’ils cherchaient à dire, reformuler leurs propos pour être sûr d’avoir compris et il se peut que cela les ait influencés dans leurs réponses.