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Données bibliographiques sur l’espèce et aperçu sur la forêt algérienne

I.1. Historique de l’espèce

Pistacia atlantica appartient au genre Pistacia, faisant lui-même partie de la famille des

Anacardiacées (dénommée aussi Térébinthacées) qui, en Afrique du Nord, comprend les deux genres :

Pistacia et Rhus (Berner et al. 1977 in Reveal, 1999). L’appellation "Térébinthacée", est due au fait

que tous les genres Pistacia exsudent une résine à forte odeur d’essence de térébinthe (Mitchell, 1992). Le genre Pistacia qui, étymologiquement est un nom générique donné par les romains dérive du persan "posta", par le grec "pistake" à rapprocher du nom syrien "foustok" (Mitchell, 1992). Ce genre originaire d’Asie centrale, a fait son apparition au tertiaire (Deysson, 1979). Il est à noter que le concept du genre "Pistacia" est dû à Linné (1737), qui lui subordonne en tant qu’espèces deux genres décrits par Tournefort (1707), le lentisque ("derow" ou "tadist") et le térébinthe ("bereicya" ou "tichit"). En 1753, Linné reconnaît dans l’espace planétarium, cinq autres espèces. Cependant, il est signalé que bien avant, la culture du pistachier était connue et maîtrisée par les andalous. En effet, d’après le livre de l’agriculture d’Ibn El Awam (1415) cité par Makhlouf (2005), il existe deux espèces, une "délicate" et une autre "forte". L’auteur fait certainement allusion au pistachier vrai et au pistachier térébinthe (Berrahou et al., 2005). Une étude monographique du genre Pistacia faite par Zohary (1952) montre que ce genre comprend 4 sections et 11 espèces, néanmoins, en 1984 Pesson et

al. montrent que le genre Pistacia comprend une vingtaine d'espèces bien qu'il soit originaire du

Moyen-orient ou de l'Asie centrale. Pistacia vera est la seule espèce produisant des fruits comestibles. Le pistachier de l’Atlas, connu sous le nom du "bétoum" en arabe, "iggh" et "tisemlal" en berbère, est l'espèce sauvage la plus caractéristique de l’Atlas de l’Algérie comme son nom l’indique, la plus voisine du térébinthe, (Burte, 1992). Le mot de "bétoum" est un substantif arabe collectif dont le singulier est botma, betouma ou btouma ou encore boutmaïa en Afrique du Nord et boutmela au Proche-orient (Monjauze, 1980). C’est une plante à odeur simplement résineuse (Quezel et Santa, 1963), C'est un bel arbre à frondaison hémisphérique (cime ample et touffue) (Figure I.1 et I.2). Il semble que Pistacia atlantica ait fait, dans le passé, l’objet d’une confusion assez fréquente, bien que la formulation la plus reconnue de l’espèce datât de la publication de "Flora atlantica" par le grand explorateur du Maghreb, le botaniste français Rêne Louiche Desfontaines en 1798 qui l’a décrit pour la première fois. Même Lapie, botaniste et phytogéographe, semble en avoir mal distingué l’originalité dans sa thèse de 1909 sur la Kabylie. Tout en sachant le distinguer, il l’appelait "térébinthe". Même si Battandier et Trabut (1888) ont bien séparé, Pistacia terebinthus et Pistacia atlantica, ils sont revenus

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dans leur conspectus de 1902 à faire du second une sous-espèce du premier (Monjauze, 1980). On pourrait ajouter que plus tard, en 1924, en collaboration cette fois avec Maige, Lapie écrivait encore que le bétoum était une variété puissante de Térébinthe, à feuille plus petites, on devrait dire d’ailleurs redécouverte et non pas découverte, puisqu’en 1867, Reboud, avait signalé le bétoum dans l’oued Mzab, près de Ghardaïa (Monjauze, 1980).

Figure I.1. Aspect général d’un peuplement de pistachier de l’Atlas

(Cliché Boudouaya M., 28/05/2015. région de M’cid, wilaya de Sidi Bel Abbès)

(1) (2)

(3) (4)

Figure I.2. Aspect général d’un arbre du pistachier de l’Atlas, la photo (4) représente l’un des trois

plus gros bétoums cité par Monjauze en 1980 à Sfisef (wilaya de Sidi Bel Abbès) (Cliché Boudouaya M., 28/05/2015)

I.1.1. Aire de répartition de pistachier

I.1.1.1. Aire de répartition du genre Pistacia dans le monde

Le genre Pistacia a une remarquable répartition holarctique, comprenant les archipels atlantiques (Canarie, Madère), la Méditerranée, la Chine, la Mexique (Boudy, 1952). L’aire de répartition du genre Pistacia est discontinue (Boudy, 1955). On compte quatre régions biogéographiques : méditerranéenne, irano-touranienne, sino-japonaise et mexicaine (Seigue, 1985). Il comprend 11 espèces dont 5 sont typiquement méditerranéennes : Pistacia lentiscus L. (derow),

Pistacia terebinthus L. (boutiche), Pistacia palaestina. Pistacia vera L. (foustok) et Pistacia atlantica

Desf. (bétoum) (Gatin, 1975 in Kaddour Hocine, 2008) (Figure I.3).

En Algérie, ce genre est représenté par 4 espèces autochtones, en l’occurrence, Pistacia

atlantica Desf., Pistacia lentiscus L., Pistacia terebinthus L., Pistacia vera L., (Quezel et Santa,

1963). Le genre Pistacia présente en Berbérie les espèces suivantes : Pistacia atlantica Desf., Pistacia

lentiscus L., Pistacia terebinthus L. (Boudy, 1952).

Figure I.3. Aires de répartition du genre Pistacia dans le monde.

Échelle : 1/20 000 000 (in Benhassaini, 1998)

I.1.1.2. Aire de répartition de Pistacia atlantica Desf. dans le monde

Selon Boudy (1950) le bétoum est un élément méditerranéen commun en Berbérie, que l’on trouve aussi en Moyen-orient : Chypre, désert et steppe de Syrie, Iran. Le bétoum colonise de façon diffuse un territoire considérable centré sur les pays méditerranéens à saison sèche et chaude bien marquée. Il est le plus ubiquiste des arbres du Nord de l’Afrique et du Proche-orient (Monjauze, 1980). L’aire de Pistacia atlantica s’étend depuis les îles Canaries à l’Ouest jusqu’au Proche-orient vers l’Est. On le retrouve aussi en Grèce, en Turquie, désert et steppe de Syrie en Iran et au Pakistan (Burte, 1992). Il est probablement originaire d'Asie centrale (Whitehouse, 1957). Par contre, Somon (1987), note que le pistachier de l'Atlas est originaire du Nord africain. C'est une essence disséminée, de caractère méditerranéen, ayant une aire botanique très étendue commune en Afrique du nord (Boudy, 1952). On le rencontre dans toutes les forêts chaudes d'Afrique du Nord endémiques (Monjauze, 1968). Quezel et Santa (1963) et Ozenda (1983) sont unanimes pour dire que le bétoum est un élément endémique du Nord africain où il se rencontre dans le Sahara septentrional. Dans les

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Dayas, le pistachier peut couvrir de vastes étendues de part et d'autre de la chaîne montagneuse de l'Atlas, partant du Sud-ouest du Maroc et allant jusqu'aux frontières Nord du Maroc avec l'Algérie (Abou Salim et Kalli, 1998) (Figure I.4).

Figure I.4. Aire de répartition des sous espèces de Pistacia atlantica dans le monde

Échelle : 1/20 000 000 (in Benhassaini, 1998)

I.1.1.3. Aire de répartition de Pistacia atlantica Desf. en Algérie

Le pistachier de l’Atlas est assez commun dans toute l’Algérie. Il est rencontré à l’état dispersé sur les Hauts plateaux, le Sahara septentrional, dans les régions des Dayas au pied de l’Atlas saharien marocain et algérien et même dans le Hoggar (Ozenda, 1954). On trouve le pistachier de l’Atlas dans l’Atlas mitidjien (Brichet, 1931). Il existe en petits peuplements dans les Hauts plateaux au niveau des Dayas, dans les parties les mieux arrosées de l’Atlas saharien où il peut atteindre 2000 mètres d’altitude (Quezel, 1965). Il se trouve à l'état disséminé dans le Sahara (avec une prédilection pour les lieux arides) région du Hoggar, Djelfa (Ain Oussera, Messaâd), Laghouat (partie Sud) (Monjauze, 1980; Seigue, 1985). (Figure I.5).

Figure I.5. Répartition du pistachier de l’Atlas en Algérie et en Tunisie

(Selon Monjauze, 1968)

I.1.1.4. Aire de répartition de Pistacia atlantica Desf. dans la partie occidentale d'Algérie

Dans le Nord algérien, le bétoum se rencontre à l'état de pieds isolés et épais dans la région de Maghnia, Sabra et jusqu'à la ville de Tlemcen où la région est classée favorable pour la culture du pistachier de l'Atlas (Khelil et Kellal ,1980 ; Benhassaini, 1998), il devient plus dense (100 pieds/ha)

dans certains Talwegs à l'entrée de la localité d'Ain Fezza, Ain Tellout et Chetouane puis redevient épais à l'entrée de Ben Badis (Khelil et Kellal ,1980). En transitant par la plaine de la Makerra et jusqu'à la commune de Mustapha Ben Brahim (wilaya de Sidi Bel Abbès), le pistachier disparaît complètement, ensuite sa présence reprend de cette dernière localité jusqu'à la région de Bouhanifia (wilaya de Mascara) en passant par la région de Sfisef (wilaya de Sidi Bel Abbès). Dans le M'cid, il forme des peuplements plus au mois denses, de même qu'à Sidi Salem et Ain Fekkan dans la wilaya de Mascara (Khelil et Kellal ,1980).

I.1.2. Statut taxonomique de l’espèce

La reconnaissance des principales espèces végétales implique une connaissance précise de leur classification (Crète, 1965). Elle se classe comme suite :

Embranchement : Sous-embranchement : Classe : Sous-classe : Série : Sous- série : Ordre : Famille : Sous-famille : Genre : Section : Espèce : Sous-espèce : Nom commun : Nom vernaculaire : Phanérogames Angiospermes Dicotylédones Dialypétales ou Rosideae Disciflores Diplostémones

Terebinthales ou Sapindales (APG II, 2003)

Anacardiacées, Térébinthacées ou Pistaciacées Anacardiées ou Pistacioideae (Gadek et al., 1996)

Pistacia

Terebinthus (APG, 1998)

Pistacia atlantica ssp. atlantica Desf. atlantica

Pistachier de l’Atlas

Bétoum, Botma ou Iggh en berbère

I.1.3. Caractères botaniques de l’espèce

C’est un arbre de 3 à 5 mètres, à écorce lisse et sombre, atteignant 1 mètre de diamètre avec une cime volumineuse et arrondie (Boudy, 1950). Le tronc de pistachier de l’Atlas est généralement court, pouvant atteindre 20 mètres de hauteur pour les vieux sujets (Quezel et Santa, 1963).

I.1.3.1. Système racinaire

Le pistachier de l’Atlas est connu par son système racinaire dur, pivotant avec de nombreuses racines latérales à régénération végétative (Ait Radi, 1979). Selon Gadiri et Righi (1993), le système racinaire du pistachier puise l’eau à 6 mètres de profondeur et bien au-delà.

I.1.3.2. Feuilles

Les feuilles sont marcescentes, composées, alternées et pennées de folioles impaires au nombre de 3 à 11, lancéolées de 2 à 5 cm de longueur sur 1 cm de largeur à l'âge adulte, de couleur vert pâle (Somon, 1987) (Figure I.6).

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Figure I.6. Feuilles composées du pistachier de l’Atlas

(Cliché Boudouaya M., 28/05/2015)

I.1.3.3. fleur et floraison

C’est un arbre dioïque. Il est difficile d’en distinguer le sexe avant la première floraison (Crane et Forde, 1974). Les fleurs sont apétales et rougeâtres en grappes terminales pour les mâles et axillaires pour les femelles, de 5 à 10 cm de haut (Lapie et Maige, 1924; Crète, 1965), elles sont réunies en grappes sur des pieds différents, unisexuées, dioïques (Ozenda, 1983). Les fleurs mâles sont disposées en grappes terminales composées de 450 à 500 fleurs apétales. Chaque fleur possède un calice de 3 à 5 sépales, un androcée composé de 5 à 8 étamines opposées (Pesson et Louveaux, 1984). Les fleurs femelles sont réunies en grappes composées de 190 à 260 fleurs. Chaque fleur présente un très petit calice composé de 3 à 5 sépales entourant le gynécée formé de 3 carpelles soudés, et qui est surmonté de 3 styles libres et pourpres. L'ovule est unique (Benhassaini, 1998). La floraison a lieu généralement en mars-avril (Lapie et Maige, 1924; Crète, 1965).

I.1.3.4. Fruit

Le fruit est une drupe sèche, un peu charnue, ovoïde, petite comme un pois et rougeâtre puis virant au bleu (Monjauze, 1980) (Figure I.7).

Figure I.7. Les fruits de Pistacia atlantica Desf (Cliché Boudouaya M., 28/05/2015)

I.1.3.5. Graines

Selon Chaba et al. (1991), le nombre est en moyenne de 10.000 grains /Kg. La graine de

I.1.3.6. Port

Le houppier est généralement en forme de boule surbaissé pour les vieux sujets.

I.1.3.7. Écorce

Quand à l’écorce, elle est d’abord rouge, puis grisâtre assez clair avant de devenir rhytidome dur et crevassé, tessellé en profondeur (Monjauze, 1980). Elle est lisse à l’âge jeune, squameuse à un âge très avancé (Djellali, 2006).

I.1.3.8. Bois

On peut achever la description du bétoum en rappelant que selon Monjauze (1980), le bois du bétoum est lourd, peu résilient, de bonne conservation. C’est un bois d’artisanat et bien entendu, un bois excellent pour le chauffage et la carbonisation. D’après Abdelaziz et al. (2005), il constitue un apport en fourrage considérable pour alimentation de bétail.

I.1.4. Biologie de l'espèce I.1.4.1. Vitalité

Le pistachier de l’Atlas a, du fait des conditions climatiques de sa station naturelle, une croissance très lente et une très grande vitalité (Boudy, 1950). Le rythme de croissance est faible en janvier (2 cm/ semaine), en février le rythme s’accélère et en mai l’allongement atteint en moyenne 50 cm de long (Chaba et al. 1991). Selon Monjauze (1980) les trois plus gros bétoums se trouvaient à Sfisef, dans une région qui en comptait avant des milliers, entre Mascara, Sid Bel Abbès et Saïda, ces arbres avaient de 18 à 20 mètres de haut et leur tige atteignait 2 mètres de diamètre sous branche, à hauteur de poitrine pour un âge qui ne devait pas dépasser 300 ans, peut être bien moins.

I.1.4.2. Germination

La germination du pistachier de l'Atlas est influencée par certains facteurs comme : l'endocarpe, la température, le substrat et la levée de dormance de la semence (Boudy, 1950). Les valeurs rapportées par la littérature varient selon les cultivars et les régions, elles sont comprises entre 200 et 1000 heures de froid inférieur à 7°C (Crane et Iwakiri, 1981 ; Nahlaoui, 1982). Les semences du bétoum germent, en général, bien après une stratification au froid humide (2 - 4°C) (Frutos et Barone, 1988 ; Vargas et al., 1997). Cependant, un trempage des graines avant l'ensemencement dans l'acide sulfurique augmente d'une manière significative le taux de germination (Ayfer et al., 1961 ; Crane et Forde, 1974 ; Kaka et al., 1992).

I.1.4.3. Régénération

La régénération naturelle du bétoum est très mal connue et a lieu dans des conditions qui n’ont pas encore été bien définies (Boudy, 1950). Il est très probable qu’elle s’opérait sous la protection des touffes de jujubiers au milieu desquelles le jeune plant poussait jusqu’à ce qu’il put émerger lui-même (Boudy, 1955). Selon Baskin et al., (2000) la dormance des graines est due principalement à la dureté

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des valves et l'imperméabilité de l'endocarpe à l'eau et par conséquent elle empêche la poussée racinaire (Shuraky et Sedley, 1996 ; Polito et Pinney, 1999) , Chraa (1988) a indiqué qu’ il est possible de régénérer naturellement le pistachier de l'Atlas en utilisant le semis direct par l'utilisation des graines pré-germées.

I.1.5. Ecologie de l'espèce

Le bétoum est un arbre vigoureux, l'une de ses principales caractéristiques est sa très grande résistance à la sécheresse grâce à son système racinaire très développé (Spina et Pennisi, 1957 ; Woodroof, 1979). Il se développe dans des stations au plus faible indice d’évapotranspiration, c'est-à-dire où la contrainte de l’eau est la plus forte. Cette plasticité exceptionnelle vis-à-vis de la sécheresse atmosphérique pourrait être son caractère principal, mais il n’est pas moins indifférent à la nature du sol et il peut occuper dans son aire botanique les situations les plus extrêmes (Monjauze, 1980).

I.1.5.1. Pluviométrie

Il se contente d’une tranche pluviométrique très faible allant jusqu’à 150 mm, cependant, la production reste étroitement liée à la quantité d'eau disponible (Boudy, 1952). En réalité c’est l’isohyète 200 à 250 mm qui lui convient le mieux (Boudy, 1952). Alyafi (1979) note que le pistachier de l'Atlas semble également pousser sous une tranche pluviométrique allant de 250 à 600 mm par an. Notant aussi que, Brichet (1931) a signalé que le bétoum ne supporte pas l'humidité atmosphérique présente dans les régions montagneuses, l’air salin et les irrigations abondantes.

I.1.5.2. Température

Le bétoum est un arbre très résistant aux hautes températures, il a une grande amplitude thermique allant d’une température très basse de l’ordre de 5°C parfois même à -12°C dans la région de Djelfa, jusqu’à une température très élevée de + 49°C avec un maximum de 52°C (Pesson et Louveaux, 1984). La moyenne des maxima de température recommandée par Maggs (1973) est de l'ordre de 32°C.

I.1.5.3. Altitude

Le développement optimal du pistachier de l'Atlas serait à une altitude comprise entre 600 et 1200 mètres (Belhadj, 1999). Selon Monjauze (1980) sur l’ensemble de l’Afrique du Nord, il peut atteindre des altitudes extrêmes allant jusqu’à 1500 à 2000 mètres. Par ailleurs, Alcaraz (1970), note que le pistachier de l’Atlas se rencontre à une altitude de 45 mètres dans la région de Mohammedia (Ouest algérien) et jusqu’à une altitude de 590 mètres à Mascara.

I.1.5.4. Sol

Le bétoum est très peu exigeant au point de vue édaphique. Il s’accommode de tous les sols sauf des sols sableux, il préfère les terrains argileux et les alluvions des plaines, il se trouve assez rarement sur roche calcaire en montagne sèche et se cantonne dans les dépressions des vallées où la

nature du sol est de type gypso-calcaire (Boudy, 1950). Bien que le bétoum se trouve planté sur une large gamme de sols, il est réputée être gypso-calcicole préférant des sols profonds et bien drainés (Woodroof, 1979). Sa croissance est très favorable sur les rendzines et les rankers des régions montagneuses (Alyafi, 1979). Il faut également noter que le pistachier de l’Atlas tolère des conditions de salinité et peut ainsi valoriser de larges zones des régions arides et semi-arides où le problème de salinité se pose avec acuité (Whitehouse, 1957).

I.1.6. Cortège floristique du pistachier de l’Atlas

I.1.6.1. Associations végétales du bétoum dans le domaine maghrébin steppique

Dans sa description de la végétation Nord-africaine, Boudy (1955) a signalé la présence du bétoum sous forme de brousse associé à Zizyphus lotus et Olea europea dans l’étage semi-aride. Dans ce même étage bioclimatique, Ozenda (1983), Djebaili (1978 ; 1984) et Bouzenoune (1984) complètent la liste du cortège floristique en incluant des espèces appartenant surtout à la strate herbacée (Tableau I.1).

Tableau I.1. Association du Pistacia. atlantica Desf. dans le domaine maghrébin steppique selon la

littérature Auteurs Boudy (1955) Ozenda

(1983) Djebaili (1984) Bouzenoune (1984) Domaine Maghrébin Steppique et Saharien Zizyphus lotus, Quercus ilex, Acacia gummifera, Acacia radiana, Argania spinosa Zizyphus lotus, Stippa tenacissima Tamarix gallica Myrtus communis Nerium oleander Zizyphus lotus, Juniperus phoenicea, Stippa tenacissima Zizyphus lotus, Stippa tenacissima, Lygeum spartum, Artemisia herba alba

La région des Hauts plateaux du domaine maghrébin steppique est représentée aussi par la composante alfa, sparte et armoise (Boudy, 1955 ; Harche, 1985). La même association est confirmée entre le 33°-34° de l’Ouest algérien surtout vers El Aricha et Fortassa Gharbia (Bouzenoune, 1984). Dans l'étage aride et saharien, Ozenda (1982) reconnaît que le jujubier forme des brousses dégradés sous le pistachier de l'Atlas, cette même compagnie se retrouve dans les régions des Dayas (Greco, 1966). Le pistachier de l'Atlas régénère et pousse toujours à l'intérieur du Zizyphus lotus. Dans les hauts plateaux et l'Atlas saharien, les cultures de l'olivier et le pin d'Alep paraissent être favorables à la culture du pistachier de l'Atlas (Woodroof, 1979).

I.1.6.2. Associations végétales du bétoum dans le Nord algérien (faciès montagnards)

Dans le Tell la présence du bétoum en association avec le thuya est signalée dans les maquis et forêts claires dans le faciès semi-aride. Par contre est exclu dans son faciès subhumide (Monjauze, 1968) (Tableau I.2). Le bétoum apparaît sur les marges en climat sub-humide uniquement dans les groupements du chêne liège (Benhassaini, 2000).

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Tableau I.2. Association de Pistacia atlantica Desf. dans le Nord algérien

Auteurs Boudy (1955) Djebaili (1984) Tell Faciès Montagnard Quercus ilex, Juniperus phoenicea, Tetraclinis articulata, Ceratonia siliqua, Zizyphus lotus Pinus halepensis, Olea europea, Tetraclinis articulata, Ceratonia siliqua, Juniperus phoenicea

I.1.7. Utilisation du pistachier de l’Atlas

En raison de sa rusticité, de sa résistance à la sécheresse, de ses faibles exigences pluviométriques, le bétoum pourrait être employé comme essence de reboisement dans les stations les plus sévères, à basses et à moyennes altitudes. Il peut être considéré comme une essence précieuse pour les régions déshéritées (Boudy, 1950). Par son système racinaire très puissant, il peut participer à la fixation des sols en terrains avec des pentes fortes et peut donner une production tous les deux à trois ans (Oukabli, 2005). De plus c’est un excellent porte-greffe du pistachier vrai (Monastra et al., 1997). Le pistachier se distingue aussi par l’exsudation de résine. Jadis, cette résine était utilisée par les pharaons pour l’embaumement de leurs momies et par les anciens habitants de Zagros (Iran) pour la conservation de leurs denrées alimentaires notamment le vin pour qu’il ne tourne pas au vinaigre (McGovern et al., 1996). Elle est également utilisée comme colle (Chief, 1982). L’huile du fruit est utilisée pour la saponification, pour l’éclairage et pour préparer des cosmétiques adoucissants (Chief, 1982). Une étude récente montre que les semences broyées de pistachier de l’Atlas utilisées comme aliment de volailles a donné des résultats intéressants sur leur croissance (Saffarzdeh et al., 2000).