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3.4 Baisse de fréquence transitoire - permanente dans les structures. Apport de la

4.1.1 Histoire du développement urbain de la ville

D’après Parent (1982) et Guéguen et Vassail (2004).

Création de la ville

La ville de Grenoble est située au confluent de l’Isère, une rivière de plaine, et du Drac, une rivière torrentielle. Ce sont les inondations dues à ces deux rivières aux comportements différents qui ont façonné l’histoire de l’expansion de la ville de Grenoble.

En 450 avant J.-C. se fixe pour la première fois un campement d’Allobroges sur un tertre à l’abri des inondations formé par les dépôts alluviaux à l’emplacement de l’actuelle place St-André (fig. 4.1). A partir de 350 avant J.-C., les empereurs romains Dioclétien et Maximien élèvent les premières fortifications qui amènent l’empereur Gratien à élever Cularo (Cul de sac) au statut de cité (Gratianopolis) en 379 avant J.-C..

Malgré la position stratégique de la ville tant d’un point de vue militaire (proximité des royaumes de Savoie, d’Italie et de Suisse) que commercial, l’enceinte romaine ne s’élargira que peu (fig. 4.1), englobant seulement le faubourg de l’Ile (Musée de Grenoble actuel).

Moyen Age et Epoque Moderne

En 1349, le Dauphiné et sa capitale, Grenoble, sont cédés à la France. Le dauphin Louis II (futur roi Louis XI) y installe en 1453 le Parlement du Dauphiné, troisième cour souveraine du royaume. Grenoble attire alors le commerce et les populations. Alors qu’elle est aux mains de la Ligue, Lesdiguières profite de sa faiblesse militaire pour la prendre en 1590. Il reconstruit des fortifications, dont la Bastille, embellit la ville entre 1593 et 1606, englobe le quartier St Laurent, sur la rive droite de l’Isère et consolide les ponts. En 1673, Créqui, le gendre de Lesdi-guières achève une deuxième enceinte fortifiée. Compte tenu des violentes inondations du Drac, les populations s’installent seulement à l’intérieur des fortifications, même si les débordements de l’Isère les atteignent périodiquement. En 1725, il existe deux faubourgs au Sud des rem-parts (290 maisons) : le faubourg St Joseph et le faubourg Très-Cloître dans l’actuel quartier la Mutualité. Le développement de la ville est bloqué par les servitudes militaires (casernes, arsenal, enceintes. . .), la population s’entasse donc dans les vieux quartiers (20 personnes par

habitation en moyenne à la fin du XVIIIe siècle). Des quartiers plus aérés existent aux abords des enceintes militaires et près des nouveaux hôpitaux (Ouest de la ville).

Figure 4.1 : Les enceintes fortifiées de la ville jusqu’au XVIIIe siècle : l’enceinte romaine jusqu’au XVIe siècle et son extension réalisée au XVIIe siècle. La zone A représente la zone d’influence du Drac et du Draquet avant l’endiguement, les zones B et C sont les seuls faubourgs existant au XVIIIe siècle, respectivement St-Joseph et Très-Cloître. Les points 1 à 5 sont donnés à titre de repères actuels : 1-Place Victor Hugo ; 2-Place de Verdun ; 3-Place Notre-Dame ; 4-Musée de Grenoble ; 5-Parc Paul Mistral. D’après Guéguen et Vassail (2004). City defensive walls until the 18th century : Roman walls until the 16th century and its enlargement of the 17th century. A is the Drac and Draquet rivers flood zone before the damming up ; B and C are the only suburbs in the 18th century, St-Joseph and Très-Cloître, respectively. Points 1 to 5 stand for current reference points : 1-Victor Hugo Square ; 2-Verdun Square ; 3-Notre-Dame Square ; 4-Grenoble Museum ; 5-Mistral Park. From Guéguen et Vassail (2004).

De la Révolution à la guerre de 1870

Au début du XIXe siècle, Grenoble est donc une ville enserrée dans ses remparts avec

quelques maisons sur les chemins au-delà des murs. Les propriétaires doivent souvent surélever leurs maisons pour faire face à l’afflux de population. La ville compte environ 27000 habitants

entre le XVIIeet la moitié du XIXesiècle. La prise de la ville par les armées autrichiennes en 1815

va entraîner un renforcement militaire à l’origine de son développement. Les fortifications Haxo sont terminées en 1837 mais les exigences militaires et civiles du point de vue des dimensions de la voirie, de l’utilisation des bâtiments, etc. sont contradictoires. Le développement urbain tarde à cause de la difficulté de la destruction des remparts, du caractère marécageux des nouveaux terrains à bâtir et des discussions entre pouvoirs civil et militaire. A l’Ouest, des travaux d’endiguement du Drac permettent l’installation de maisons, mais les galets du Drac

empêchent les cultures et ces terrains n’ont que peu d’attraits. En 1870, la ville compte 40000 habitants.

Figure 4.2 : A gauche : Schéma de l’expansion de la ville de Grenoble, de l’enceinte romaine à l’expansion vers le Sud dans les années 1960-1970. A droite : Evolution de la population de Grenoble, de son agglomération et du nombre de logements de la ville. D’après Guéguen et al. (2007b). Left : Grenoble City growing scheme to the south in the 1960s and 1970s. Right : Population growth of Grenoble and its agglomeration, and number of dwellings evolution. From Guéguen et al. (2007b).

De 1870 à la guerre de 1914 : la révolution industrielle

La révolution industrielle va, à son tour, modifier l’espace urbain. Les industries prennent place essentiellement à l’Ouest de la ville. Les patrons comme E. Rey et A. Gaché participent activement à la vie politique et facilitent l’accueil de main d’oeuvre pour les industries. En 1914, la population atteint 80000 habitants. Les nouveaux arrivants s’installent vers la Place d’Armes (centre de l’enceinte Haxo) et en dehors des fortifications, en particulier à l’Ouest, aux abords des industries (quartiers Berriat, de la Gare. . .). La crise du logement ouvrier ne commence à se résoudre que vers 1914.

La guerre de 1870 va une nouvelle fois montrer que les fortifications de la ville sont in-suffisantes et une nouvelle enceinte est construite à l’Ouest jusqu’au Drac entre 1875 et 1879, englobant les nouveaux quartiers industriels. Le centre de la ville fortifiée est déplacé de la place de Verdun à la place Victor Hugo, mais il faut 30 ans pour détruire les anciennes murailles et réunifier l’Ouest et le centre ville. Les concessions de l’armée (destruction des hospices civils et militaires et de l’arsenal Crequi pour prolonger la rue E. Rey au Nord) la font s’installer plus au Sud, à la caserne de Bonne et à la caserne Hoche. Le transfert de l’hôpital à La Tronche favori-sera le développement du quartier de l’Ile Verte en particulier le long du Boulevard du Maréchal Randon. Des portes dans la muraille Sud permettent le développement de lotissements comme la Capuche, les Eaux-Claires, la Bajatière, l’Abbaye et le Grand Châtelet.

Le centre ville est alors assez isolé à cause de l’étroitesse de ses rues qui empêche le commerce. Pour relancer son attrait, la ville réalise alors la première étape de la percée Est-Ouest. Cette traversée s’arrêtait alors place Victor Hugo et ne reprenait qu’après la Place Notre-Dame grâce à l’avenue du Maréchal Randon et à un pont sur l’Isère construit en 1899. L’ouverture de la

rue Félix Poulat en 1895 par la destruction d’îlots du XVIIe siècle permet de relier la place

Victor Hugo à la place Grenette. De là, la rue de la République poursuit la traversée avec la destruction d’une halle à grain remplacée par l’immeuble du Prisunic en 1912, un des premiers bâtiments en béton armé de Grenoble. Cette traversée doit permettre l’accès de l’Ouest de la ville au centre et aux hôpitaux de la Tronche.

Figure 4.3 : Traversée Est-Ouest dans le centre de Gre-noble, réalisée entre 1895 (tranche Félix Poulat et Sadi Carnot) et 1970 (Maison du Tourisme, opération République). A Galeries Modernes ; B Prisunic (1912) ; C -Maison du Tourisme ; D - Immeuble République. D’après Guéguen et Vassail (2004). East-West crossing in the City centre, worked out from 1895 (from F. Poulat to S. Carnot Streets) to 1970 ("République" operation). From Guéguen et Vassail (2004).

De 1914 à 1945 : municipalité de P. Mistral et ses successeurs

Entre 1914 et 1945, la population passe de 80000 à 100000 habitants. Les quartiers du Sud se développent particulièrement, ainsi que 20 communes alentours qui bénéficient de l’industriali-sation (Fontaine, Saint-Martin d’Hères, Pont de Claix. . .) ou deviennent des zones résidentielles (La Tronche, Saint Martin le Vinoux. . .). Les quartiers Très-Cloitre, Saint Laurent et Berriat accueillent essentiellement des ouvriers alors que le centre haussmannien est assez bourgeois, les classes moyennes se regroupant dans les faubourgs. P. Mistral, élu maire en 1919, lance un grand projet d’urbanisme avec l’aide de l’architecte Jaussely. Ce plan, approuvé en 1928, règle les dimensions des constructions, l’organisation des transports, des espaces verts, des établis-sements publics. . . Il fait également déclasser les fortifications, malgré l’opposition de l’armée. Il rachète le polygone d’artillerie (actuellement Polygone Scientifique) et le polygone du Gé-nie (actuellement Parc P. Mistral). Dans ce derGé-nier, il réalise aux forceps l’exposition de la Houille Blanche et du Tourisme en 1925 qui est un succès. Sous le mandat de P. Mistral, la municipalité va également créer l’Office Public d’Habitation Bon Marché (OPHBM) en 1920 pour régler le problème du logement ouvrier, souvent insalubre. L’OPHBM va permettre la construction d’ensembles collectifs mais en nombre plus restreint que prévu. A cette époque se construisent également de nombreuses zones pavillonnaires, qui commencent à se doter de plans d’urbanisation. Des programmes de lotissement voient ainsi le jour, en particulier à l’initiative des industriels pour leurs employés.

Le plan Jaussely prévoyait la construction de grands boulevards à la place des remparts de 1880 mais les contraintes budgétaires ne permettront à ce projet de démarrer qu’en 1937 pour se terminer en 1950. L’architecte n’avait pas prévu de plans détaillés et les bâtiments sont construits de manière classique. La plupart des aménagements se fait en 1950 à l’aide des plans de 1930. En 1943, la viabilisation est terminée et seule une dizaine d’immeubles est construite.

De 1945 à 1970 : politique des grands ensembles

A partir de 1945, la ville croit à un rythme accéléré et de manière anarchique car elle n’adopte un plan d’urbanisme qu’en 1968. L’agglomération grenobloise, qui compte officiellement 13 com-munes en 1962, passe de 140000 habitants en 1945 à 280000 en 1965 alors que Grenoble passait de 100000 à 160000 habitants. La poussée démographique est entretenue jusqu’en 1970 par l’implantation de nombreuses industries à la périphérie de la ville comme Caterpillar, le Centre d’Etudes Nucléaires (1956), Sogreha, Ugine-Carbone. . .

Les constructions le long des Grands Boulevards s’étalent de 1950 à 1961. Elles suivront un schéma haussmannien d’îlots très denses sans architecture innovante. Les constructions at-teignent les 10 étages avec des façades austères en béton et des cours occupées de garages et non d’espaces verts.

Les logements construits dès lors (doublement du nombre de logements entre 1954 et 1965) sont essentiellement des grands ensembles qui ne sont pas en harmonie avec l’espace urbain. Ils deviennent autonomes et sont construits à la périphérie de la ville à partir de 1960 dans les Zones à Urbaniser en Priorité (ZUP). Les jeux Olympiques de 1968 vont accélérer la mise en place du plan d’urbanisme avec le rejet des industries à la périphérie, la construction de la nouvelle gare, la construction du Village Olympique pour accueillir les sportifs. . .

Les quartiers du centre sont mal entretenus et souvent insalubres : les bâtiments sont pré-férentiellement reconstruits plutôt que réhabilités ce qui a pour conséquence de déplacer les populations vers la périphérie. L’opération République termine la traversée Est-Ouest en 1965, sans respect de l’environnement urbain. Les axes routiers doivent être dégagés : le quartier de la Mutualité, insalubre, est transformé pour permettre l’accès à l’autoroute de Chambéry, le boulevard du Maréchal Leclerc est aménagé. . . Le pavillonnaire continue également sa progres-sion de manière diffuse. Les contraintes liées à la croissance urbaine font que la rapidité des nouvelles constructions est privilégiée au détriment de leur qualité.

A cette époque, le besoin en établissements scolaires est important et 12 écoles seront construites en moins de 15 ans. En 1960, le projet de campus universitaire est imposé à la ville de Saint-Martin d’Hères, la plupart des constructions débutant en 1965. Des haltes-garderies, des centres sociaux, des foyers de jeunes travailleurs sont également mis en chantier ainsi que l’agrandissement de l’hôpital de la Tronche. Un nouvel hôpital est également construit à Echi-rolles en 1965, ainsi que le nouvel Hôtel de Ville de Grenoble, la Maison de la culture. . .

De 1970 à 2000

La population de l’agglomération augmente régulièrement pour atteindre 400000 habitants en 1999 dont 160000 à Grenoble, qui s’est stabilisée depuis les années 1960. Les nouvelles po-pulations s’installent dans les communes de la vallée du Grésivaudan avec les industries de nouvelles technologies.

A Grenoble, l’opération Villeneuve, débutée en 1966 se termine en 1983. Il n’existe plus de grands espaces à urbaniser, les nouvelles constructions sont des petites unités insérées dans les quartiers de manière diffuse. Les nouvelles opérations tendent à se rapprocher des maisons indi-viduelles. Les réhabilitations et rénovations des cités HBM et des ensembles sociaux des années 1950-1960 débutent, sans que la structure interne des bâtiments ne soit modifiée. Le quartier de la Gare (Europole) est réalisé à partir de 1990. Les terrains militaires restant sont investis à leur tour comme le quartier Hoche en 1985, l’opération Reynies-Bayard, la construction du Musée de Grenoble à l’emplacement de la caserne Vinoy en 1994, et la destruction de la caserne de Bonne en 2007.

Le patrimoine urbain commence à être pris en considération et les vieux quartiers sont rénovés au lieu d’être détruits (quartier Sainte-Claire, îlot des Trois Dauphins). Les nouvelles rues pié-tonnes sont rénovées à partir de 1968, mais l’absence de belles pierres de construction a imposé le crépi en façade.