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Chapitre 6 Résultats

6.2 Hypothèse 2 : Mobilisation internationale

6.2.1 H2a) Une campagne stratégique internationale permet de renforcer le

A) Recherche et préparation

Une campagne stratégique internationale demande de l’organisation, de la planification et des ressources financières, matérielles et humaines. Au-delà de ces éléments, il faut cibler l’objectif de cette mobilisation internationale. Comment faire sortir le conflit de sa réalité locale pour aller chercher l’appui international?

Le syndicat nous confirme que pour mettre une campagne stratégique internationale sur pied, il faut qu'il y ait un impact qui dépasse les frontières de la section locale. L'enjeu de la sous-traitance a été identifié comme pouvant avoir des répercussions au-delà des emplois d'Alma. « Tu ouvres une porte où les conséquences peuvent être terribles pour le mouvement ouvrier. » (Ent5) La sous-traitance entraîne des pertes d’emplois syndiqués et préoccupe le monde syndical.18

18 Le Devoir : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/37799/priorite-a-l-article-45-disent-

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Juravich (2007) propose que la nouvelle mentalité de mobilisation syndicale internationale doive devenir une pratique au quotidien. Le travail de recherche et de planification nécessaire à la mise sur pied d’une campagne permet de documenter les centres de l’entreprise. Ces informations peuvent être pertinentes aux dossiers syndicaux. Les représentants syndicaux rencontrés ne partagent pas forcément cette vision. « Tu ne fais pas une campagne corporative dans tous les dossiers. » (Ent2/Ent5) La campagne doit être utilisée au cas par cas et doit être en réponse à un employeur international lorsque la lutte peut rejoindre l'ensemble du mouvement syndical. Ils conviennent par contre de l’importance d’entretenir les alliances internationales.

Dès les premières semaines du conflit, le dossier d'Alma est à l'ordre du jour de la rencontre de directeurs des USW à Pittsburgh. « La campagne est très culturelle au syndicat des Métallos. On est un syndicat international qui a toujours fait beaucoup d’alliances sur la planète. » (Ent6) Le niveau syndical international adopte l'idée de lancer une campagne stratégique internationale. « Nous-même, le syndicat local, on n'a pas le pouvoir de lancer une campagne corporative. On n'a pas les contacts, on n'a pas les ressources. » (Ent1) En même temps, la campagne doit toujours tenir compte du niveau local. (Ent2) Une coalition de tous les niveaux de l’organisation syndicale se créée donc pour initier une campagne stratégique internationale.

Un comité de travail est rapidement mis sur pied, il sera composé de représentant local, régional, national et international du syndicat. Quelqu'un sera en charge des services de communications, de la solidarité internationale, des affaires internationales et l'équipe des campagnes internationales, nouvellement créée chez les Métallos, sera présente, chacun ayant son mandat. Le comité fera régulièrement des rencontres téléphoniques, le dernier mot sera laissé au représentant de la section locale, sans qui la campagne n’aurait pas de visage. Des actions multiniveaux seront organisées.

La campagne syndicale internationale est considérée chez les Métallos comme l'étape ultime dans la mobilisation. « Il n’y a pas de délai pour la sortir, il faut suivre la conjoncture. Avant de faire une campagne, il faut mobiliser les membres. « Se préparer pour faire la guerre comme il faut. » (Ent6). La mobilisation traditionnelle semble donc un prérequis pour faire une campagne multiniveaux. Tous les représentants nous le confirment, la campagne ne peut pas fonctionner sans un syndicat local fort et mobilisé. Les aptitudes et les ressources du syndicat sont donc à considérer avant d'entamer cette mobilisation d'envergure.

Au niveau de la mobilisation traditionnelle, le syndicat était bien organisé. On entend sous ce terme, la structure de grève, la mise en place de la structure administrative de prise de présences et de distribution d'indemnités monétaires, un organigramme pour le piquetage et la formation de chefs de piquets. La section locale était prête à gérer l'alternative d'un conflit de travail, s'était préparée et après six mois de conflit, était toujours bien mobilisée (Ent1) « Les gens avaient l’obligation de faire un chiffre de

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piquetage aux 6 jours, ce n’est pas beaucoup. Ça a établi une routine, ce n’était pas compliqué avoir deux cent personnes, on l’avait chaque jour. Peu importe qui venait, Aussant d’Option National ou Khadir de Québec Solidaire, on pouvait faire un pow-wow. » (Ent3)

Une fois le conflit commencé et la mobilisation locale entre bonnes mains, le comité de coordination de la campagne stratégique se met en place. « La première chose qu’on a commencé à organisé c’est la marche à Alma. » (Ent2) Une tournée internationale se met en place, le niveau international des Métallos fait bouger ses contacts à Londres, en Australie et aux États-Unis. Le message sera lancé : venez en appuis à vos frères et sœurs de la section locale d'Alma, mis en lock-out la veille du jour de l'an. Ce n'est qu'en deuxième temps que la campagne des médailles sera lancé, une campagne qui vise davantage l'image de l'employeur, que l'appui aux lock-outés.

Ce n'est qu'après la quatrième entrevue qu'un représentant du syndicat nous parlera de sa connaissance passée de l'employeur international. Le syndicat a déjà croisé le fer dans d'autres sections locales, sur la Côte-Nord entres autre, avec Rio Tinto. La réputation de celui-ci et l'expérience de relations de travail difficiles aura guidé le syndicat dans sa prise de décision vers une campagne stratégique internationale. « Rio Tinto avait intérêt à garder le conflit local, on le savait et il fallait réagir. » (Ent2)

B) Recherche et planification, pouvoir syndical et centres névralgiques

À première vue, le syndicat ne semble pas avoir fait beaucoup de recherche et de planification avant de lancer la campagne stratégique internationale. Une faiblesse qui aurait pu avoir des conséquences déjouant la stratégie syndicale et affaiblissant son rapport de force. Ce qui ne s’est pas produit. Le comité de campagne mis sur pied rapidement au début du conflit a permis de regrouper les connaissances et nouvelles informations sur l’EMN. Un membre de ce comité a eu l’idée de la campagne des médailles en découvrant que Rio Tinto produirait les médailles olympiques pour l’été 2012. La connaissance de l’employeur suite aux compilations du comité a permis au syndicat d’influencer le centre des personnes décisionnelles et des relations-clés. Identifier la sous-traitance comme enjeu pouvant mobiliser le monde syndical à tous les niveaux s’est prouvé être gagnant. Viser ainsi un item central du plan de croissance de l’employeur, du moins à Alma, a permis au syndicat de regrouper les syndicats québécois et internationaux derrière l’enjeu d’emplois de qualité.

Outre ces éléments, peu de données sur la recherche et la planification de la campagne nous permettent de conclure que le syndicat a réussi à atteindre les centres de l’employeur à partir de cette étape préliminaire à la campagne.

6.2.2 H2b) Une campagne stratégique internationale qui utilise des tactiques