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En tant qu'étape essentielle du XXe siècle, la guerre froide n'est pas apparue ex

nihilo, mais constitue à bien des égards le résultat de la trame des décennies qui l'ont précédé. Comprendre son déroulement (§2) requiert de ce fait de se pencher préalablement sur ses origines (§1).

§1 : Les origines

Âge des extrêmes à l'existence laconique, selon l'intitulé de l'ouvrage d’Éric Hobsbawm287, le vingtième siècle fut effectivement un siècle d’accélération et de

réduction. Accélération du progrès technique et de la clôture du monde, accélération du vécu événementiel et du mouvement général de l’histoire, puis réduction globale d'une aventure séculaire qui n'aura finalement duré que 73 ans. Mais l'histoire de ce

Court XXe siècle fut également celle d'une démesure qui s'exprima avant tout et

surtout dans l'ampleur sans précédent acquis par le phénomène guerrier. Baptisé par les retrouvailles des vainqueurs de Napoléon lors du Congrès de Vienne de 1815, le dix-neuvième siècle avait essentiellement été bâti sur le socle du principe de l'équilibre des forces si cher à la Grande Bretagne de Pitt et à l'Autriche de Metternich. Applaudie et soutenue par la Quadruple Alliance (Autriche, Grande Bretagne, Prusse et Russie) d'une part, et par la Sainte Alliance (Autriche, Prusse et Russie) d'autre part, cette politique d'équilibre avait pour objectif de limiter les motifs de recours à la force en prévenant toute résurgence d'un expansionnisme français

287 Éric Hobsbawm, L'âge des extrêmes : le court vingtième siècle, 1914-1991, Bruxelles, Paris : Ed.

dirigé vers l'Europe, tout en comptant sur le fait que les désaccords entre coalisés seraient bâillonnés par la proximité de leurs idéaux. Au regard de leur relative tranquillité, force est de constater que les décennies qui suivirent la conférence de Vienne furent bien ce que ses initiateurs avaient espéré qu'elles seraient. Hormis l'épisode de la guerre de Crimée (1854-1856) qui opposa la France et l'Angleterre à la Russie, tous les conflits internationaux entre grandes puissances furent bilatéraux et somme toute momentanés. En encourageant la conquête de territoires outre-mer et à en définissant les règles à l'occasion du Congrès de Berlin de 1885, les instrumentistes de ce Concert européen avaient même cru pouvoir détourner leur attention du continent au moyen d'un partage du monde. La périphérie étant devenu leur terrain de chasse favori, leur voisinage immédiat ne semblait plus constituer la destination de choix de leur agressivité.

De fait, la guerre franco-prussienne (1870-1871) fut le dernier grand affrontement d'un siècle aux allures de long fleuve presque tranquille. Les années 1800 se terminèrent sans fracas et le début des années 1900 fut du même tonneau. Excepté les États-Unis, le Japon et les anciens dominions de la Couronne britannique (Afrique du Sud, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande), la terre entière était à la botte d'une Europe triomphante et pacifiée. Mais l'édifice si bien construit par le prince de Metternich avait en réalité déjà commencé à se fissurer sur tous les côtés. Si la résurrection de la capacité de nuisance de la France avait été le cauchemar par excellence des négociateurs de Vienne, ce fut progressivement au tour de l'Allemagne réunifiée de monopoliser cette casquette d'empêcheur de fermer l'œil. Ayant réussi à se structurer autour de la Prusse, grâce au génie sans pareil du chancelier Bismarck, l’État allemand avait par là même obtenu cette force redoutable, dont l'appréhension avait jadis déterminé toute la politique étrangère de Richelieu. Aussitôt créé, il devint évident qu'il était suffisamment puissant pour damer le pion à n'importe lequel de ses adversaires pris isolément. La même logique qui avait poussé l'Europe à s'unir contre la patrie de Napoléon pouvait donc tout à fait être appliquée à l'Empire du Kaiser Guillaume II. Tant que l'Allemagne demeurait inoffensive et fidèle à ses alliances avec l'Autriche-Hongrie et la Russie, il était cependant difficile, voire impossible de former une ou plusieurs coalitions destinées à lui faire face. Pour cela, il fallait au minimum un prétexte de nature à justifier le remodelage des ententes stratégiques. Par sa vigueur inégalée, sa paranoïa, son arrogance et ses incroyables maladresses

diplomatiques, le nouvel entrant finit pourtant par en fournir plusieurs et non des moindres. Le premier fut le résultat de sa détermination à stimuler l'expansion austro- hongroise vers les Balkans et à privilégier son allié germanique au détriment de son partenaire slave. Cette option discriminatoire eut logiquement pour conséquence de provoquer la non reconduction du traité de réassurance signé en 1887 par les trois empereurs. Aux yeux de Berlin, cette interruption était d'autant plus importante qu'elle devait faciliter le rapprochement tant souhaité avec Londres. Mais l'impétuosité du Kaiser conjuguée à « la politique à courte vue de l'Allemagne et son manque de sensibilité »288 (soutien aux Boers du Transvaal en guerre contre la

Grande Bretagne et constitution d'une flotte concurrente à la Royal Navy) eurent finalement raison des derniers espoirs d'association germano-britannique.

En éconduisant sèchement la Russie et en faisant tout pour exciter l'exaspération des Britanniques, l'Allemagne ouvrit clairement la voie à une recomposition des alliances. Ostracisée depuis Waterloo, la France sauta sur l'occasion qui s'offrait à elle de sortir enfin de sa mise en quarantaine. Par deux accords conclus en 1893 et 1904, Russes et Anglais se joignirent à elle aux dépens de son grand riverain de l'est. Toujours opposés malgré leur amitié commune, ces derniers trouvèrent également le moyen d'aplanir leurs relations en paraphant le traité d'août 1907 sur l'Afghanistan, la Perse et le Tibet. Sous l'effet d'une diplomatie allemande indigne de Von Bismarck, la géopolitique européenne du début des années 1900 s'était ainsi transfigurée en toile de fond du tête à tête entre la Triplice (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) et la Triple Entente (France, Grande-Bretagne, Russie). Sans vraiment s'en rendre compte « les grandes puissances s'étaient jetées avec une inconscience aveugle dans une lutte bipolarisée, à l'issue de laquelle elles se retrouvèrent pétrifiées en deux blocs qui annonçaient la configuration de la guerre froide cinquante ans plus tard »289. D'abord

paisible et même fructueux, puisqu'il permit en quelque sorte de résoudre le problème colonial, ce face-à-face évolua cependant très vite en une bombe à retardement sur le point d'éclater à la figure du monde. Sûres de leurs forces, impatientes d'en découdre et volontairement prisonnières de leurs réseaux d'alliances, les grandes puissances semblaient décidées par principe à croiser le fer. L'enjeu de leurs combinaisons tactiques n'était plus de garantir l'équilibre des forces, mais de vaincre celui ou ceux

288 Henry Kissinger, Diplomatie, Paris : Fayard, 1996, p. 167. 289 Ibid, p. 151.

considérés comme des ennemis mortels. Plus les coalitions et leurs membres se fortifiaient et plus il y avait de motifs d'animosité. Plus la guerre se préparait, plus elle se nourrissait de la crainte de la guerre et du désir immodéré de combat. De fil en aiguille, l'Europe s'était donc assoupie sur un nid d'explosif prêt à sauter à la moindre étincelle. Les nations de premier plan n'ayant pas de véritables raisons de s'affronter, elles profitèrent de la situation orageuse des Balkans et notamment du climat de tension exacerbé entre Austo-Hongrois et Serbes, pour s'en créer de toutes pièces. Leur entêtement et leur amour propre firent dégénérer l'assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand héritier du trône autrichien, par le nationaliste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip, en conflit militaire généralisé, du fait de l'emballement mécanique du jeu des alliances. Un mois plus tard, l'Autriche- Hongrie déclarait la guerre à la Serbie, après que celle-ci, qu'elle avait accusé d'avoir commandité le meurtre de Sarajevo, ait décidé de rejeté l'ultimatum qui lui avait été posé, ce qui exhorta la Russie, alliée de la Serbie, à décréter la mobilisation générale. Face au refus du Tsar Nicolas II de répondre favorablement à sa mise en demeure d'y couper court, l'Allemagne entra à son tour en guerre contre la Russie le 1er août, puis contre la France 2 jours plus tard. En toute logique, la Grande Bretagne ne put être en reste et réagit à l'invasion de la Belgique par les troupes du Kaiser en déclarant la guerre à l'Allemagne dès le 4 août.

Sans le savoir, l'Europe était en passe de se faire hara-kiri. La relative tranquillité du cycle précédent fit place à une guerre dans laquelle la quasi-totalité des États furent impliqués. N'ayant tiré aucune leçon de la guerre de Crimée ou de la guerre civile américaine, ceux-ci se persuadèrent qu'ils avaient affaire à une guerre éphémère de type classique. Comme, ils le surent bien assez tôt, le scénario effectif fut tout autre. Le plan Von Schlieffen qui devait assurer une victoire rapide sur la France fut à deux doigts de réussir, mais s'enlisa finalement dans le bourbier sanguinolent des tranchées creusées de part et d'autre d'un front occidental allant de la mer du nord aux Flandres. D'offensives infructeuses en offensives infructueuses, de stratégies douteuses en stratégies douteuses, ce nez à nez de millions d'Anglais de Français, de Belges et d'Allemands mobilisés pour l'occasion donna lieu à un carnage d'une envergure stupéfiante. Aucune des parties ne parvenant à prendre le dessus, les différents états-majors tentèrent plusieurs fois de décanter la situation par l'assaut massif des lignes ennemies. Tour à tour, leurs nombreuses manœuvres allèrent

toutefois à vau l'eau et n'eurent d'autre portée que d'envoyer une quantité astronomique de soldats à l'abattoir. Verdun fut le cimetière de pas moins de 714 231 fantassins et 1 060 000 d'entre eux succombèrent lors de la bataille de la Somme. À l'est la guerre fut plus mobile et moins indécise, mais elle ne fut pas moins meurtrière. Tous charniers confondus, le conflit fit la bagatelle de 20 000 000 de victimes, auxquels il faut ajouter les 8 000 000 d'invalides, de gueules cassées et autres estropiés. N'eusse été l'intervention des États-Unis en 1917, le bilan final aurait d'ailleurs probablement été plus lourd. Malgré une victoire orientale précipitée par la révolution bolchevik, l'Allemagne aurait en effet bien pu patauger de long mois voire de longues années avant de prendre le dessus sur les forces adverses. Malheureusement pour elle, le million d'hommes du corps expéditionnaire américain et leurs chars M26 Pershing pesèrent à tel point dans la balance, que celle-ci pencha une fois pour toutes du côté de l'Entente.

Le 11 novembre 1918, le cauchemar s'arrêta enfin avec la signature de l'armistice qui devait acter la défaite complète des Empires centraux. Comme à Vienne 103 ans plus tôt, les vainqueurs se retrouvèrent à Versailles pour décider de la suite à donner aux événements. Dans les deux cas, l'objectif principal de la conférence était d'instaurer les conditions d'une paix durable en prévenant toute éventuelle renaissance de l'agressivité ennemie. De ce point de vue, Vienne fut une réussite totale et Versailles un échec sans équivoque. Alors que plus d'un siècle séparait l'après Waterloo de Sarajevo, seules vingt années s'interposèrent entre les deux Guerres mondiales. Tandis que la quiétude du XIXe avait procédé de l'efficacité

rare du principe directeur des pourparlers autrichiens (garantie de l'équilibre des forces) et de la solidité d'une alliance victorieuse fondée sur un sens commun de la légitimité, la répétition précoce de la boucherie militariste des années 1914-1918 fut le produit des rendez-vous manqués de l'entre-deux-guerres. Le premier fut celui du règlement de paix issue de la table ronde de Versailles. Aucune des solutions qu'il apporta ne permit en effet de renflouer le navire sinistré. Au lieu d'être un facteur de paix, la consécration du droit des peuples à disposer d'eux mêmes fut à l'origine de l'émergence d'une foule de nouveaux États aux nationalités subversives et querelleuses. Loin de constituer la panacée annoncée, le démembrement des Empires ottomans et austro-hongrois, contribua ainsi à considérablement aggraver l'instabilité chronique des Balkans. Malgré tous leurs efforts les puissances occidentales ne

purent, en outre, empêcher ni la consolidation de l'État communiste en Russie, ni la propagation de son idéologie révolutionnaire au sein même de leur sphère d'influence. Dans le même esprit, toutes les mesures destinées à affaiblir durablement l'Allemagne se retournèrent in fine contre leurs auteurs. Nettement moins clairvoyants que leurs confrères de 1815 qui avaient compris la superbe nécessité de ne pas humilier la France, les négociateurs de 1918 eurent la très mauvaise idée d'imputer la responsabilité de la guerre à l'Allemagne et de la sanctionner en conséquence. Les bénéfices en furent presque nuls et les préjudices incommensurables. Appelée à assouvir la soif de vengeance de ses voisins et à la fragiliser sur la durée, l'amputation de l'Allemagne de ses territoires d'Alsace, de Lorraine et surtout du Couloir de Dantzig concourra en réalité à apporter un océan d'eau agitée au moulin nationaliste. À la recherche permanente de casus belli susceptibles d'excuser sa politique expansionniste, Hitler notamment ne s'y trompa pas et fit du corridor son prétexte d'invasion de la Pologne. Enfin, la réduction considérable des capacités militaires de l'Allemagne conjuguée à la capture de ses colonies et à sa condamnation à réparer les coûts exorbitants de la guerre, ne contribuèrent ni plus ni moins qu'à nourrir un sentiment d'injustice dont le national-socialisme se servira pour attirer les masses à sa cause.

Les rouages de la Realpolitik et de l'équilibre des forces ayant failli à leur mission, Versailles fut aussi et surtout le lieu de leur éviction au profit du mécanisme dit de la sécurité collective. Promu par le Président américain Woodrow Wilson dans le quatorzième de ses célèbres Points, ce nouveau dispositif de sauvegarde de la paix reposait sur la dévolution de cette charge à une Société des Nations (SDN) dont le propre serait de remplacer la diplomatie secrète par la négociation publique multilatérale, de privilégier le règlement pacifique des conflits et de garantir le cas échéant la sécurité de ses membres par l'intervention de ses associés. Mais la difficulté d'une telle démarche est qu'elle ne tenait aucun compte de la réalité qu'elle était supposée supplanter. En se comportant comme si l'on pouvait se contenter de proclamer les principes de la sécurité collective pour qu'ils fassent l'unanimité ou comme s'il suffisait de le vouloir pour que la diplomatie traditionnelle sombre corps et biens, Wilson et ses suivants firent preuve d'un idéalisme qui se révéla très vite inopérant, car incapable d'empêcher le retour des vieilles méthodes de la diplomatie occulte.

Déjà compromise du fait de la viciation initiale du traité censé l'organiser, la paix tant recherchée s'éloigna encore, en raison de la persistance d'une politique internationale idéaliste et de l'inaptitude des principaux acteurs de l'époque à assumer leurs responsabilités en s'assurant de l'effectivité des nouveaux principes de sécurité collective. Avertis des insuffisances du pacte de la SDN (impunité des coups de forces du début des années vingt), ses auteurs le complétèrent par divers protocoles et traités dont l'utopisme n'avait d'égale que l'inefficacité. Ce fut notamment le cas du pacte Briand-Kellogg de 1928 (par lequel la plupart des États libres d'alors proclamèrent leur abandon et leur condamnation de la guerre), ainsi que de la pléiade de tractations visant à planifier un désarmement généralisé. Les déclarations d'intention n'ayant aucune force contraignante, le pacte Briand-Kellogg, qui en constituait l'archétype, ne fit pas de vieux os. Ses signataires mirent non seulement très vite de l'eau dans leur vin en l'assortissant d'une flopée d'exceptions, dont l'effet fut de vider intégralement le principe de son sens, mais l'absence de sanctions prévues l'affubla du titre peu flatteur de règle la plus bafouée de l'entre-deux-guerres. Dans la même veine, le désarmement imposé à l'Allemagne par le Traité de Versailles ne fut absolument pas suivi des faits, en raison du défaut de fermeté des vainqueurs de 1918 qui assistèrent passivement au réarmement massif de l'Allemagne hitlérienne. Envisagées comme la suite logique du désarmement imposé à l'Allemagne par le Traité de Versailles, les discussions sur le désarmement général se révélèrent proprement désastreuses, dans la mesure où elles n'eurent d'autres conséquences que de ralentir le développement militaire des vainqueurs tout en permettant le réarmement de l'Allemagne à partir de 1933.

De toutes les raisons qui ont participé au torpillage de la doctrine de la sécurité collective post-1918, la décision des États-Unis de ne pas prendre part à la SDN est certainement celle qui a joué le rôle le plus décisif. En dehors du fait qu'il sevra l'organisation naissante de son âme et de son esprit concepteur, ce volte-face, la priva surtout de la seule nation en situation d'imposer le respect de ses résolutions. Mécaniquement, cette dérobade américaine eut pour incidence de faire peser le maintien de l'ordre mondial sur les épaules fluettes de la France et de la Grande Bretagne. Sur le déclin après avoir été saignées à blanc par la guerre, elles n'étaient plus les grandes puissances d'antan et n'avaient pas la force d'endosser pareille

responsabilité. Anxieuse quant à sa faiblesse vis-à-vis de l'Allemagne et héritière d'une tradition diplomatique aux antipodes de l'idéalisme de la sécurité collective, la France retomba très vite dans ses travers et renoua avec le vieux système des alliances souterraines bilatérales. Refusant d'être l'otage de ce type de combinaison continentale assise sur une promesse irrévocable de secours militaire, comme du temps de son splendide isolement, la Grande Bretagne préféra, pour sa part, faire confiance à un mécanisme de sécurité collective au sujet duquel il était certainement le dernier à se bercer d'illusions.

Le chat américain ayant répugné à pénétrer dans la souricière de la sécurité collective, la clique des rongeurs et gros nuisibles de la planète se mit alors à danser au rythme endiablé des coups de forces, sous le regard impuissant de la SDN. Comme un signe combiné de la fin de la centralité européenne et de la futilité de la SDN, la première offense de taille au principe de criminalisation de la guerre pointa le bout de son nez en Asie, avec l'invasion impunie de la Mandchourie chinoise par les troupes japonaises en 1932. Membre de l'association au moment des faits, le Japon la quittera un an plus tard sans avoir été aucunement inquiété par ses instances dirigeantes. Fasciste depuis la marche sur Rome de 1922, l'Italie Mussolinienne fut le deuxième État de renom à bafouer ouvertement le principe de l'interdiction de la guerre en annexant l'Éthiopie du Négus Hailé Sélassié alors membre de la SDN (mai 1936). Une fois de plus, l'infraction ne fut suivie d'aucune mesure répressive de poids. Devenue elle aussi totalitaire à la suite de la prise du pouvoir par le Parti national socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) d'Adolf Hitler, en janvier 1933, l'Allemagne s'engagea à son tour sur la voie guerrière après avoir claquée la porte de Versailles en octobre de la même année. Le service militaire obligatoire rétabli (mars 1935) et la Rhénanie remilitarisée (mars 1936), elle tira avantage de la rupture de son isolement diplomatique (formation de l'axe Rome-Berlin et conclusion du Pacte défensif anti-Komintern avec le japon en novembre 1936) pour mettre ses nouveaux plans à exécution . Escorté de son jeune allié italien, elle fit de la guerre civile espagnole (1936-1939) le galop d'essai de sa funeste ambition combattante. Fort de ces succès le Reich Furher put alors s'atteler à la conquête du grand Espace vital si