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> Nature en ville et risques biologiques

La biodiversité, « variabilité des organismes vivants (qui) comprend la diversité au sein des espèces et entre les espèces, ainsi que celle des écosystèmes »38 (NU, 1992), remplit des fonctions indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes et à l’espèce humaine. C’est notamment une ressource en termes de denrées alimentaires, de molécules d’intérêt (pour la chimie verte ou pour des thérapies) ou encore de matières premières. Les espaces naturels jouent un rôle de régulation, que ce soit au niveau du climat, des maladies transmissibles ou du cycle de l’eau et assure une fonction sociale et culturelle (MEI, 2005)39.

40De part une topographie différenciée, des sols aux qualités variées et une convergence de la Saône et du Rhône, le territoire de la Métropole de Lyon accueille une grande diversité de milieux naturels et semi-naturels. Chaque portion possède une identité propre et une biodiversité associée plus ou moins riche, mais souvent spécifique. Malgré sa forte densité urbaine (50 % du territoire sont des milieux artificialisés), la Métropole possède des paysages et des espaces naturels variés. L’urbanisation provoque une baisse de la biodiversité́41 (ADEME, 2017), en particulier par l’imperméabilisation et la pollution qu’elle engendre. Elle induit la dégradation et la fragmentation des habitats et perturbe les déplacements (quotidiens, saisonniers) et la dispersion des espèces. La biodiversité rencontrée est majoritairement celle associée à des espaces urbanisés.

Tableau 6 : Occupation des sols sur 5 ans sur la Métropole en hectare (Source : Spot théma, 2015)

38 NU, 1992. Nations Unis, Convention sur la Diversité Biologique

39 MEI, 2005. Millennium Ecosystem Assessment : Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, Les écosystèmes et le bien-être de l’Homme. Synthèse biodiversité, 2005, 59p.

40 Fiche de synthèse : La biodiversité sur le territoire de la Métropole Lyonnaise – Métropole de Lyon, juillet 2016

41 Aménager avec la nature en ville – Des idées préconçues à la caractérisation des effets environnementaux, sanitaires et économiques, ADEME, juin 2017

43 Bienfaits de la nature en ville

Les effets environnementaux et sanitaires de la nature en ville sont multiples. En effet, les espaces verts sont plébiscités par la population et leur état est « plus apprécié par les ménages que la proximité des commerces, ou l’accessibilité en transports en commun »42 (CGDD, 2013). Plusieurs bénéfices liés à la fréquentation des espaces verts ou à un cadre de vie agréable sont mis en évidence comme la longévité, la réduction des symptômes cardio-vasculaires, la diminution des troubles respiratoires et de la mortalité associée, la réduction des troubles de l’attention, l’amélioration de la capacité de concentration, la réduction du stress et l’amélioration de l’état de santé ressenti et de la santé mentale (via la réduction de prise d’antidépresseurs).

Les espaces naturels en ville sont également source de liens sociaux entre les populations. Ils améliorent la perception de l’espace de vie (visuel, sonore) qu’en ont les populations.

En milieu urbain comme dans les espaces naturels, la faune et la flore participent à la régulation de différents phénomènes (eaux, température, air). La végétation permet par exemple de modérer les îlots de chaleur urbains. En permettant une meilleure gestion des eaux de ruissellement, les espaces de nature en ville limitent les inondations (diminution de l’imperméabilisation). Enfin la nature en ville pourrait aussi agir sur la meilleure circulation de l’air voire participer à la filtration et l’absorption de certaines particules atmosphériques et polluants. Néanmoins, ramené aux quantités de polluants atmosphériques présents en ville, le potentiel de dépollution de la végétation est assez faible à l’échelle urbaine, le principal levier restant la réduction de la pollution à la source (Ademe, 2017)43.

La Métropole de Lyon agit en faveur de la préservation des espaces naturels via la mise en place de trames vertes et bleues sur son territoire et de zones de protection réglementaire. Elle a aussi pour mission la mise en place des sentiers nature de randonnées pédestres et la charte de l’arbre. Cette dernière offre un support de connaissances et de principes partagés visant à assurer une protection durable des arbres qui composent les paysages de la Métropole (Grand Lyon, 2017)44.

42 CGDD, 2013. Conseil général de l’environnement et du développement durable. P.Lavarde, E.Fouquet, P.Maler, Les liens entre santé et biodiversité. Avril 2013

43 Ademe, 2013. Aménager avec la nature en ville, des idées préconçues à la caractérisation des effets environnementaux, sanitaires et économiques.

44 Biodiversité, Actions en faveur de la biodiversité sur le territoire de la Métropole de Lyon - Grand Lyon, mars 2017

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Carte 18 : Surface de végétation utile par habitant en m². (Sources : base EVA 2009 de la Métropole de Lyon, Insee populations, et Ville de Lyon/Agence d’urbanisme : parcs)

Dans les critères de qualité de vie, la place du végétal dans le cadre de vie des habitants de la Métropole de Lyon est importante. Mais les réalités sont différentes entre les quartiers où il est possible d’accéder à plusieurs parcs et squares, berges et grands espaces récréatifs, les secteurs résidentiels dotés d’un jardin privé et, les quartiers en situation de « carence ». L’Agence d’urbanisme de Lyon a développé un indicateur de surface de végétation « utile » par habitant. Il s’agit de la valeur moyenne des surfaces de végétation accessibles aux habitants du territoire considéré (iris). Seule la végétation haute, arborée et riche est considérée comme « utile» (utilité écologique, sociale …). On évalue le rayon d’attraction de ces parcs et espaces végétalisés en fonction de leur taille, mais également de l’agrément qu’ils procurent. Cette hiérarchie a été travaillée directement avec les services espaces verts sur la ville de Lyon. La Carte 18 présente cet indicateur sur le territoire de la Métropole. Les territoires offrant un cadre de vie plus minéral (végétation utile/habitant < 25m²) couvrent bien sûr une grande partie de Lyon, de Villeurbanne ainsi que quelques iris de Vaulx-en-Velin et de Vénissieux, mais avec des intensités bien différentes pour les quartiers côtoyant les berges de fleuves, le parc de la Tête d’Or ou des tissus urbains plus végétalisés. Plus de la moitié des Métropolitains vivent dans des environnements urbains leur offrant moins de 100 m² de végétation utile, dont 300 000 avec moins de 25 m² de végétation utile.

L’agglomération lyonnaise compte aussi beaucoup de secteurs offrant une végétation utile par habitant très élevée (> 1 000 m²). Ceux-ci s'étendent sur les périphéries de la Métropole et représentent le cadre de vie d’un peu moins de 182 000 habitants. Les autres Métropolitains vivent dans des secteurs où la végétation utile par habitant présente des niveaux intermédiaires.

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Cet équilibre compte dans l’attractivité de la Métropole, la qualité de vie et la santé de ses habitants (apaisement, sport, sécurité pour les jeux d’enfants, mais aussi services écosystémiques, agriculture, randonnée …). Une forme nouvelle de développement doit être pensée pour laisser toute sa place au végétal dans la Métropole. Le développement de métropoles millionnaires, mais riches de nature, montre que des choix ambitieux de préservation et de restauration des trames végétales doivent être conduits pour la santé et la qualité de vie des Métropolitains.

Nature en ville et nuisances

Cependant certaines espèces végétales introduites, parfois de façon involontaires, en ville peuvent causer des nuisances environnementales et sanitaires. En effet, la végétation peut être une source de polluants (via les pollens) et d’allergènes. Les allergies aux pollens des espèces végétales entraînant des rhinites, conjonctivites, ou de l’asthme sont une des nuisances sanitaires les plus fréquentes rencontrées en milieu urbain. D’après le RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique) qui surveille les niveaux polliniques dans l’air, 10 à 20 % de la population est allergique aux pollens. De plus, la pollution atmosphérique en ville tend à augmenter les pouvoirs allergisants des pollens, avec un triplement en 25 ans de la prévalence des allergies aux pollens des arbres et arbustes rencontrés dans les parcs et jardins urbains : bouleau, cyprès, noisetier, ambroisie.

Carte 19 : Répartition de l’ambroisie sur la Métropole de Lyon (Source : Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, exploitation Cerema)

Ambroisie : une espèce envahissante au pollen très allergisant

Le pollen d’ambroisie est très allergisant et responsable de diverses pathologies notamment de l’appareil respiratoire. Il suffit de quelques grains de pollen par mètre cube d’air pour que des symptômes apparaissent chez les sujets sensibles : rhinite avec écoulement nasal, conjonctivite, symptômes

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respiratoires tels trachéites ou toux et parfois urticaire ou eczéma. Dans 50 % des cas l’allergie à l’ambroisie peut entraîner l’apparition d’asthme ou provoquer son aggravation. La dernière étude de prévalence de l’allergie à l’ambroisie menée en ex-région Rhône-Alpes rapporte qu’un quart des ménages comprend au moins un cas d’allergie, proportion significativement plus importante en zone fortement exposée. La prévalence individuelle de l’allergie à l’ambroisie ne cesse d’augmenter, elle a été estimée à 13 % en 2014, contre 9 % en 2004 et atteint même 21 % dans les zones fortement exposée45 (ORS Rhône-Alpes, 2014).

L’ambroisie est une particularité régionale très présente sur le territoire de la Métropole, comme l’atteste la Carte 20.

Les coûts de santé en région Rhône-Alpes liés à l’ambroisie sont passés de 8,6 millions d’euros en 2008 à plus de 20 millions d’euros en 2011 et sur la même période, le nombre de personnes allergiques a augmenté de près de 60 %46 (ARS Rhône-Alpes, 2012).

Une plateforme participative a été mise en place en région afin de lutter contre cette plante. Les plants d’ambroisie peuvent y être signalés pour être arrachés.

Sur la Métropole, l’ambroisie est répartie de façon hétérogène, avec des gradients Nord-Sud et Ouest-Est significatifs.

Carte 20 : Modélisation du risque allergique d’exposition aux pollens d’ambroisie, 2015 (Source : Atmo Auvergne-Rhône-Alpes et RNSA,

exploitation Cerema)

45 ORS Rhône-Alpes, 2014 Étude de la prévalence de l’allergie à l’ambroisie en Rhône-Alpes

46 ARS Rhône-Alpes, 2012 – 3 rapport sur l’ambroisie en région Rhône-Alpes : analyse des données environnementales et médico-économiques

47 Maladies vectorielles

Les espaces verts et de nature en ville peuvent être propices au développement d’espèces faunistiques vectrices de maladies : des moustiques tigres vecteur du Chikungunya, des tiques vectrices de bactéries responsables de borréliose de Lyme.

Le Chikungunya est transmis à l’homme par piqûre du moustique tigre47 (fiches maladies, pasteur.fr) et a pour effet sanitaire des douleurs articulaires aiguës pouvant être persistantes, souvent très invalidantes. À ces atteintes articulaires peuvent s’associer des maux de tête, de la fièvre, des douleurs musculaires importantes, une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres, une inflammation d’un ou plusieurs ganglion(s) lymphatiques cervicaux, une conjonctivite ou encore des malformations fœtales sur les femmes enceintes.

Quant à la borréliose ou maladie de Lyme, elle est transmise à l’homme via la morsure de tique atteinte de la bactérie Borrelia burgdorferi. Des douleurs articulaires et musculaires se manifestent chez les patients atteints puis des manifestations diverses, d’ordre dermatologiques, neurologiques ou articulaires peuvent apparaître.

Une surveillance de ces maladies a été mise en place. Un suivi et un recensement des gîtes à moustiques tigres permettent de suivre l’évolution de cette espèce sur les territoires. Les cas de Chikungunya et de borréliose de Lyme sont recensés. Depuis 2015, 9 cas importés de Chikungunya ont été recensés en Rhône-Alpes. Sur la période 2012-2014, un peu moins de 8 500 cas de maladie de Lyme ont été déclarés via le réseau Sentinelles en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Sur la Métropole, des gîtes de moustiques tigres sont présents sur les communes suivantes de façon ponctuelle : Grigny, Charly, Corbas, Décines-Charpieu, Écully, Feyzin, Francheville, Irigny, Jonage, Meyzieu, Mions, Rillieux-la-Pape, Saint-Priest, Solaize, Vaulx-en-Velin, Vernaison et Vénissieux.

Ces gîtes à moustiques sont présents dans des eaux stagnantes au niveau de certains déversoirs, de lônes du Rhône.

Autres risques biologiques

Les chenilles processionnaires du pin peuvent, lorsqu’elles sont stressées ou se sentent agressées, propulser en l’air jusqu’à un million de poils urticants. Le contact avec ces soies urticantes entraîne chez les humains, notamment les enfants, et les animaux, des atteintes cutanées (érythème, plaques rouges, etc.…) et des muqueuses (particulièrement graves chez le chien).

L’apparition de ces maladies vectorielles et des allergies sont inhérentes à la multiplication du végétal en milieu urbain.

Les bénéfices sur la santé de la nature en ville ne sont plus à prouver, cependant des nuisances peuvent apparaître. Afin de lutter contre ces dernières, l’aménagement des territoires, en tenant compte de la nature en ville, est primordial : essences d’arbres non allergisantes à planter dans les jardins, stagnations d’eaux dans les espaces publics à éviter, etc.

47 pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/chikungunya

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