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Six groupes d’acteurs sont alors identifiés suivant ces trois critères

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a. »

Cette équipe est basée au C.I.R.A.D de Montpellier. Elle est composée des acteurs qui ont

travaillé au sein du projet C.I.R.O.P., projet qui contribue aux réflexions théoriques autour de la

méthodologie R.A.P. Le chercheur C. est l’acteur principal de ce groupe puisqu’il tient les

principales responsabilités scientifiques du projet C.I.R.O.P. de par sa disponibilité et son

expérience récente de la Recherche-Action et de la Recherche Intervention. Voici son parcours

depuis ses premiers pas dans la Recherche Intervention, à son implication dans le projet R.A.P.

au Cameroun.

Le chercheur C. débute par une thèse à la faculté de sciences économiques de l’université de

Bourgogne. Le titre de sa thèse est : « La gestion en quête d’une théorie. Les pratiques de

trésorerie des agriculteurs » :

« […] mes premiers travaux ont été sur l’étude du fonctionnement de l’économie des exploitations agricoles à

travers un outil qui s’appelle la programmation linéaire (des outils très mathématiques). »

80

(Chercheur

C.)

Mais ce chercheur ne s’est pas arrêté à cet aspect. Au cours de son travail, il décide de prendre ce

qu’il appelle une « posture anthropologique »

81

pour comprendre la rationalité des agriculteurs et

identifier quelles étaient leurs pratiques et leurs besoins en matière de gestion de la trésorerie. Il

définit, entre autre, cette posture comme passer du temps avec les agriculteurs (collectivement ou

individuellement).

En cherchant des références bibliographiques sur l’anthropologie, le chercheur C. rencontre un

professeur en gestion des organisations à l’École des Mines. Au cours de leurs nombreuses

discussions, ce professeur oriente la posture anthropologique

82

du chercheur C. vers les notions de

Recherche Intervention et la démarche clinique

83

:

80 Entretien formel enregistré à Montpellier (France) en juin 2011. 81 Même source.

82 Même source. 83 Même source.

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« […] dans le sens où il y avait une relation privilégiée qui s’établissait entre les chercheurs et les

agriculteurs. C’est un peu la relation qui s’établit entre patient et médecin. »

84

(Chercheur C.)

De 1982 à 1987, le chercheur C. fréquente successivement des collègues de l’École des Mines

travaillant sur la Recherche Intervention et d’autres du Centre de Sociologie des Organisations, de

l’université de Lille et Aix en Provence travaillant sur le Recherche-Action.

En 2001, des agronomes du C.I.R.A.D proposent une A.T.P. pour comprendre l’adoption des

technologies. Le conseil scientifique du C.I.R.A.D ne trouve pas la proposition assez satisfaisante

et débloque des fonds pour que les chercheurs améliorent la proposition. Par conséquent, les

chercheurs mobilisent ces fonds pour organiser un séminaire de réflexion autour de la question,

séminaire dans lequel le chercheur C. est invité. Par la suite, un collègue du C.I.R.A.D. fait appel

au chercheur C. pour animer l’A.T.P., et la même année, ce chercheur est mis à disposition du

C.I.R.A.D. pour trois ans.

Par la suite, le chercheur C. décide de travailler avec les chercheurs G. et F., suivant les critères

d’idées partagées, de disponibilité et de volonté, pour formaliser l’A.T.P. C.I.R.O.P. telle que nous

la connaissons aujourd’hui.

En 2002, date à laquelle l’A.T.P. C.I.R.O.P. est présentée au comité scientifique du C.I.R.A.D, le

chercheur H. fait appel au chercheur C. pour participer à une réunion d’équipe. C’est à ce

moment là que le chercheur H. expose au chercheur C. son souhait de voir le Cameroun

constituer l’un des terrains de l’A.T.P. En même temps, le chercheur H. est en train de mener un

diagnostic sur les exploitations familiales agricoles dans le département de la Menoua au

Cameroun. La restitution de ce diagnostic s’est faite lors d’un séminaire au Cameroun, organisé

par le Pôle de Compétence en Partenariat (P.C.P.), une plateforme d’échange

franco-camerounaise. Le chercheur C. est invité à ce séminaire en 2004 pour présenter la démarche de

R.A., le projet R.E.P.A.R.A.C. étant également un des sujets abordés.

Le chercheur C. représente donc la cheville ouvrière du groupe, au regard de son implication dans

le projet R.A.P. Cameroun. Il a une vision globale du projet, une distance avec le Cameroun

nécessaire à la réflexion et détient les clés méthodologiques de la R.A. Il se rend une fois par an

dans les villages pour former les différents acteurs de terrain à la R.A.P. et participe à la

conception organisationnelle du projet.

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Les autres chercheurs de l’équipe de recherche « théorique » participent aux réflexions autour de

la démarche de R.A.P., mais sont moins impliqués que l’équipe de recherche de terrain présente

sur place. Ceci s’explique par une présence moindre sur le terrain et se conclut par une moindre

réactivité face aux événements du terrain qui exige une prise de décision et une intervention

rapides.

Le chercheur C. représente l’équipe de recherche « théorique », puisque c’est, entre autre, cet

acteur qui s’engage au sein du projet à maintenir une réflexion autour de la méthodologie choisie

pour le projet. Il tiendra ce rôle jusqu’au désengagement effectif. Il faut relever qu’il est à la fois

mobilisé au Cameroun et au Burkina Faso. Ses courtes missions sur les deux terrains et un suivi à

distance des événements locaux à travers les rapports d’expériences des chercheurs de l’équipe de

terrain, font de lui un acteur du projet aux réflexions davantage théoriques que pratiques. Ses

priorités ne sont pas forcément les mêmes que celles des acteurs de terrain.

b.

L’équipe de recherche de terrain se constitue de trois acteurs principaux : le chercheur H.

appartenant au C.I.R.A.D à Montpellier, le chercheur V. de l’I.R.A.D. de Foumban (Cameroun),

et la chercheuse M. de l’université de Dschang (Cameroun).

Le chercheur H. obtient en 1977 une thèse d’hydrobiologie sur la gestion des cours d’eau

Cévenoles. Dans la continuité de cette thèse, il participe à la réalisation du plan de gestion

piscicole des cours d’eau du Parc National des Cévennes. Par la suite, il est associé aux premiers

enseignements sur la pisciculture mis en place par le Ministère de l’Agriculture. En 1987, il est

chargé par la Food and Agriculture Organization (F.A.O.) d’organiser la formation supérieure des

ingénieurs halieutes malgaches. Durant cette période, il crée avec deux associés un bureau d’étude

pour accompagner le développement local de la pisciculture. Ce bureau d’étude qui associe des

pisciculteurs sera à l’origine de la mise en place d’un système d’élevage innovant en cages

flottantes dans un barrage hydroélectrique géré par Électricité de France (E.D.F.) dans le cadre

d’une concertation élargie avec les collectivités territoriales, les autorités administratives et des

associations de protection de l’environnement.

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Le chercheur H. est embauché au C.I.R.A.D. en 1992 pour prendre en charge la troisième phase

du Projet de Développement de l’Aquaculture au Niger. Cette phase avait pour principaux

objectifs de transférer les compétences du projet en matière de production à une O.N.G., de

mettre en place des recherches d’accompagnement au sein de l’Institution Nationale de la

Recherche Agronomique du Niger. D’après ce chercheur, le projet de développement était « mal

conçu », c’est pour cette raison qu’il commence à s’intéresser aux diagnostics de projets effectués

par les anthropologues du développement comme Jean-Pierre Olivier de Sardan. Le chercheur H.

reste au Niger jusqu’en 2000 en menant des travaux de recherche développement participatifs,

portant sur la cogestion des plans d’eau à vocation piscicole.

Par la suite, il coordonne l’Action Thématique Programmée du C.I.R.A.D. intitulée Adoption des

Systèmes Piscicoles Comparés (A.S.P.I.C.) présentée et obtenue par l’Unité de Recherche

Aquaculture. Cette A.T.P. associe aux aquaculteurs un anthropologue de l’I.N.R.A. et des

économistes du C.I.R.A.D. et de l’Université de Reading (Grande-Bretagne). Dans cette

dynamique, il obtient aussi un Diplôme d’Études Approfondies à l’Institut National d’Agronomie

Paris-Grignon (I.N.A.-P.G.) intitulé Environnement, Milieux, Techniques et Sociétés (E.M.T.S.).

C’est au Brésil qu’il va effectuer le terrain de son mémoire de D.E.A. Sur place, il participe à

l’encadrement d’une thèse d’un chercheur Brésilien qui analyse l’impact des politiques publiques

sur le développement de la pisciculture. En cherchant des références bibliographiques sur ce

travail, son attention se porte sur les écrits du chercheur C. qu’il convie à une réunion de travail

autour de cette thèse et de l’A.T.P. A.S.P.I.C.

Le chercheur H. avait pour motivation de développer la pisciculture en Afrique. Il décide de

rechercher un pays où la pisciculture serait propice à se développer. Avec un collègue de

C.I.R.A.D, ils se départagent la tâche de partir en mission exploratoire dans plusieurs pays

d’Afrique afin de trouver celui qui serait le plus apte à se développer au niveau piscicole. Il

constate que le pays adéquat était le Nigéria, mais lors de cette mission exploratoire, il déplore

que le pays soit trop difficile

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. Peu après, le chercheur H. est sollicité par les coordinateurs du

projet R.E.P.A.R.A.C. porté par l’équipe du C.I.R.A.D. des cultures pérennes (cacao etc.) au

Cameroun. Ce projet comporte également un volet sur la diversification, c’est alors pour lui

l’occasion de défendre la pisciculture comme une activité appartenant à ce volet, de participer à la

conception du projet et par la suite, de trouver des financements pour travailler au Cameroun. Le

contenu du projet sera révisé de manière approfondie dans le cadre de la mise en place d’un Pôle

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de Compétence en Partenariat (P.C.P.), nouveau mode de coopération proposé par le C.I.R.A.D.

à ses partenaires nationaux.

La première mission exploratoire au Cameroun en 2003 du chercheur H. est organisée

conjointement avec le chercheur V. qui avait fait sa thèse de doctorat avec l’appui de l’U.R.

Aquaculture du C.I.R.A.D. Le chercheur V. lui fait visiter la région Ouest, la station de Recherche

de Foumban (I.R.A.D.), et lui présente la chercheuse M. fraichement chargée d’enseignement à

l’université de Dschang. Ils participent également à différents ateliers de travail portant sur la mise

en place du P.C.P. et la conception des thématiques de recherche. Ces deux nouvelles rencontres

seront fructueuses puisque ces trois acteurs seront par la suite les acteurs principaux de l’équipe

de recherche de terrain.

Un an plus tard, inscrit dans la dynamique du P.C.P. du Grand Sud Cameroun (P.C.P.-G.S.C.),

ces trois chercheurs bénéficient d’une Opération de Recherche Participative (O.R.P.) pour mener

un diagnostic sur l’insertion de la pisciculture dans les agro-systèmes de la zone de la Menoua

(Ouest-Cameroun).

Par la suite, l’A.T.P. C.I.R.O.P. cofinancera l’étude anthropologique effectuée sur

l’arrondissement de Santchou où les pratiques piscicoles sont empreintes de pratiques

traditionnelles. Les restitutions du diagnostic aux producteurs enquêtés se déroulent dans trois

arrondissements (Foréké, Santchou et Fokoué), et le choix des deux arrondissements sur lesquels

le projet R.A.P. a pris corps, s’est déroulé de la manière suivante :

« Suite à ces restitutions on leur [les producteurs] a dit « maintenant vous vous organisez en G.I.C. ».

On peut dire de toute façon que le délégué de Fokoué/Penka-Michel était déjà organisé. Ensuite, c’est la

venue de l’étudiante en anthropologie qui a permis la formation du G.I.C. P.E.P.I.S.A. parce qu’ils

attendaient. Ils avaient commencé, mais ils ne voyaient rien venir, donc ils ont laissé tomber. Par contre, à

Foréké ils n’ont pas réussi à s’entendre, il a manqué un leader, donc on n’a pas travaillé avec Foréké. »

86

(Chercheur H.)

Le deuxième acteur important appartenant à l’équipe de recherche de terrain est le

chercheur V. de l’I.R.A.D. Il a réalisé en 1994 une thèse de doctorat dans le domaine des

sciences halieutiques à l’École Nationale Supérieure Agronomique (E.N.S.A.) de Rennes intitulée

« L'alimentation du Tilapia Oreochromis niloticus en étang : évaluation du potentiel de quelques sous-produits de

l'industrie agro-alimentaire et modalités d'apport des aliments ». Le travail d’analyse a été conduit avec

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l’appui du Laboratoire de Nutrition des Poissons, à I.N.R.A. de Saint-Pée-sur-Nivelle. Les

expérimentations se sont déroulées dans les étangs de Koupa de la Station de Recherches de

l’I.R.A.D. à Foumban.

Face au désengagement de l’État camerounais dans l’agriculture, il souhaite apporter sa pierre à

l’édifice en mettant ses compétences scientifiques directement au service des producteurs. Son

objectif principal est de contribuer à améliorer et développer la production piscicole pour qu’elle

ait un réel impact positif sur la société. Cet objectif l’a motivé à répondre positivement à la

demande du chercheur H. et à initier une collaboration avec l’équipe Aquaculture du C.I.R.A.D.

en travaillant sur le projet R.A.P. Cameroun :

« Je me suis rendu compte que les apports scientifiques que je me mettais à produire allaient rester dans les

tiroirs s’il n’y avait pas d’autre stratégie à mettre en œuvre. Sinon, j’ai le sentiment de rester au niveau

universitaire. »

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(Chercheur V.)

La chercheuse M. est la troisième personne à se greffer dans l’équipe de recherche de

terrain. Elle a connu le chercheur V. à l’université de Dschang où chacun enseigne la pisciculture.

En 1999, elle soutient sa thèse en Russie dans la ville d’Astrakhan, réputée pour ses pratiques de

pêche. Tout comme le chercheur V. elle avait pour fonction principale dans le groupe d’encadrer

les mémoires des étudiants pour qu’ils correspondent aux exigences de l’université de Dschang.

La motivation de ces trois acteurs à travailler dans le projet était principalement celle de

développer la pisciculture au Cameroun, tout cela dans le but d’améliorer le niveau de vie

des paysans. Par la suite, un autre acteur est coopté, il s’agit du professeur T. (chercheur en

production animale) de l’université de Dschang. Son rôle était également d’encadrer les étudiants,

notamment dans le cadre du master Biotechnologies et Productions Animales, option

Pisciculture, de l’université. Il devient alors un partenaire important du projet.

Le reste du groupe se compose des étudiants et des professeurs qui les encadrent. Ces acteurs

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