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1.8 Prévention des accidents avec exposition au sang ou tout produit biologique d’origine humaine

30 L’Antisepsie en 5 temps :

VI. Gestion du matériel médical

Le matériel médical du généraliste est un véhicule potentiel dans la transmission des germes. Sa bonne utilisation, son entretien permettent d’assurer un maximum de sécurité au patient lors des soins. Le matériel médical à usage unique est donc vivement recommandé.

1. Définitions :

 Les dispositifs médicaux à usage unique :

Sur l’emballage, ils sont signalés par le symbole « 2 » barré dans un cercle, qui indique, qu’ils ne doivent pas être réutilisés. Il faut les privilégier.

 Les dispositifs médicaux réutilisables :

Ils sont classés en trois groupes : critique, semi-critique, non-critique, qui correspondent à des niveaux de risque infectieux, en fonction de la nature du tissu avec lequel le dispositif médical entre en contact lors de son utilisation.

2. Traitement des dispositifs médicaux réutilisables en fonction de

leur type:

 Le dispositif médical Critique :

Il s’agit de tout matériel qui doit être introduit dans le système vasculaire, dans une cavité ou tissu stérile quelle que soit la voie d’abord (haut risque infectieux).

Il doit subir une stérilisation puis être emballé pour maintenir l’état stérile. Cette méthode est à privilégier. A défaut, il doit subir une « désinfection de haut niveau ». Exemple : kit de suture, pinces, ciseaux...

 Le dispositif médical Semi-Critique :

Le dispositif médical entrant en contact avec une muqueuse sans effraction de celle-ci ou avec la peau lésée superficiellement est dit « semi-critique » (risque infectieux médian).

Il sera stérilisé ou subira une désinfection de « niveau intermédiaire ». Exemple : spéculum gynécologique

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 Le dispositif médical Non Critique :

Le dispositif médical entrant en contact avec la peau intacte du patient ou n’ayant pas de contact avec le patient est dit « non critique » (bas risque infectieux).

Pour son entretien une désinfection de « bas niveau » est suffisante.

Exemple : stéthoscope, table d’examen, marteau à réflexe, brassard de tensiomètre, instrument de pesée.

3. Différentes étapes de traitement d’un dispositif médical

réutilisable et immergeable

Tableau III : les étapes de traitement d’un dispositif médical réutilisable

Etapes Matériel réutilisable

1er temps : Pré-désinfection

Aussitôt après son utilisation : Trempage dans une solution détergente-désinfectante ne contenant pas d’aldéhyde. Temps de trempage selon le produit ou 15 minutes minimum Lors de visite à domicile, rincer immédiatement le matériel sous l’eau ou essuyer le avec un support non tissé à usage unique préalablement imbibé de solution détergente-désinfectante sans aldéhyde. Faites le trempage en rentrant au cabinet.

2ème temps : rinçage Rinçage à l’eau courante

3ème temps : nettoyage dans un bain neuf avec un détergent ou le même détergent-désinfectant que celui utilisé pour la pré-désinfection. nettoyage avec une brosse non abrasive

4ème temps : rinçage Rinçage à l’eau courante

5ème temps : séchage Egouttage, essuyage

6ème temps : Pour le matériel semi-critique et critique :

- si matériel thermorésistant : STERILISATION puis STOCKAGE -si matériel thermosensible : DESINFECTION CHIMIQUE de niveau intermédiaire ou de haut niveau puis STOCKAGE Pour le matériel non critique : STOCKAGE directement

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 Stockage :

Le matériel stérilisé ou désinfecté est rangé dans un endroit propre, sec et à l’abri des contaminations.

Il doit être protégé, soit par un champ textile ou non tissé propre, soit dans un emballage de type emballage pour stérilisation.

Sterilisation :

La stérilisation par la vapeur d’eau sous pression (chaleur humide) est la méthode de référence (méthode Autoclave) [17]

Un arrêté ministériel en cours de préparation visera à interdire l’usage de la stérilisation par chaleur sèche (méthode POUPINEL) en ville, méthode inefficace pour les ATNC (Agents Transmissibles Non Conventionnels, exemple : prions)

 Desinfection chimique :

- La désinfection « de bas niveau » utilise un produit au minimum bactéricide et est réservée aux dispositifs médicaux non critiques.

- La désinfection « de niveau intermédiaire »utilise un produit bactéricide, virucide, fongicide, et tuberculoïde voire mycobactéricide.

- La désinfection de haut niveau utilise des produits bactéricide, virucide, fongicide, mycobactéricide et sporicide.

Les désinfections de niveau intermédiaire et de haut niveau sont réservées aux dispositifs médicaux réutilisables thermosensibles dits semi-critiques et critiques, destinés aux actes invasifs ne supportant pas la stérilisation à la vapeur d'eau (exemple : endoscopes). La stérilisation doit toujours être préférée à la désinfection car d’efficacité supérieure, mieux maîtrisée et permettant le maintien de l’état stérile.

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4. Produits pour la décontamination recommandés pour l’entretien

du matériel réutilisable :

Désinfectants, antiseptiques, détergents ne sont pas synonymes.

Connaître les différences entre termes peut aider à mieux utiliser ces produits.

Tableau IV : Employer le bon vocabulaire

Produit ou procédé Détergent Antiseptique Désinfectant Stérilisation

Objectif nettoyer inhiber ou tuer les micro-organismes (dont les virus)

Inhiber ou tuer les micro-organismes (dont les virus)

inhiber ou tuer les micro-organismes (dont les virus) Destination Surfaces inertes ou

tissus vivants

Peau saine, muqueuses, plaies,

etc..

Surfaces inertes Surfaces inertes

Résultat momentané momentané momentané Durable si

conditionnement Statut Pas de statut

particulier

médicament Médicament ou produit biocide

Pas de contrôle comme un médicament :

L’efficacité des produits décontaminant est évaluée par les tests AFNOR et doit répondre à des normes de bactéricidie, sporicidie, virucide, et fongicide ainsi que de lutte contre le VIH et l’HBV.

De ces produits, il faut aussi exiger le minimum de nocivité pour l’utilisateur, un mode d’emploi simple et notamment la compatibilité avec l’eau calcaire et l’activité à température ordinaire, une stabilité tant purs que dilués, l’ininflammabilité, la biodégradabilité et le coût modeste.

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Même si ils ont un statut de médicament, il n’existe pas l’équivalent des contrôles exercés dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments et de l’application des bonnes pratiques de fabrication.

Il faut donc faire encore plus preuve d’esprit critique quant aux informations fournies par les firmes sur leurs désinfectants.

5. Critères à prendre en compte :

On peut retenir 4 grands domaines d’utilisation des désinfectants :

- Produits désinfectants ou détergents-désinfectants pour les sols, surfaces, mobiliers - Sprays pour la désinfection des surfaces

- Produits détergents-désinfectants pour le trempage pré-désinfectant des dispositifs médicaux réutilisables

- Produits pour la désinfection des dispositifs médicaux réutilisables.

Les recommandations ministérielles proposent au médecin l’utilisation d’un produit 2 en 1: détergent désinfectant pour la décontamination du matériel médical réutilisable et immergeable.

Il peut être utilisé pour le trempage désinfectant (ou « décontamination » ou « pré-désinfection ») et pour le nettoyage par brossage.

Il est aussi important de choisir un détergent-désinfectant sans aldéhyde, car ceux-ci sont susceptibles de fixer les protéines, ce qui a deux conséquences : l’effet antisalissure ne se réalise pas, et les microorganismes, protégés au sein des amas protéiques ne sont pas éliminés.

6. Pourquoi les produits contenant de l’aldéhyde sont à proscrire :

L’émergence du variant de la Maladie de Creutzfeldt-Jakob, lié à la transmission de l'agent de l'encéphalopathie spongiforme bovine (« maladie de la vache folle ») à l'homme par voie alimentaire, justifie de renforcer les mesures de précaution pour réduire le risque de transmission des agents transmissibles non conventionnels (ATNC) lors des soins.

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Dans le cadre de la lutte contre les ATNC ou « prions », les produits contenant un aldéhyde (glutaraldéhyde, formol..) sont proscrits car ils ont une action protectrice [18].

Le tableau ci-après présente l'efficacité des principaux procédés ou produits habituellement utilisés pour l'entretien des dispositifs médicaux selon leur capacité à inactiver les ATNC. L'étape de nettoyage est une étape primordiale du fait de son action mécanique et physico-chimique. En effet, il est impératif d’éliminer toute salissure au sein de laquelle l’agent infectieux serait protégé contre l’action des procédés d’inactivation.

La mise en œuvre de la prévention du risque de transmission interhumaine des ATNC au cours d'un acte de soins va dépendre : du patient concerné, de la nature de l’acte et du tissu concerné ainsi que des caractéristiques du dispositif médical utilisé.

On distingue trois catégories de patients en fonction du risque qu’ils présentent d’être porteurs d’ATNC.

Les actes de soins sont considérés comme à risque vis-à-vis des ATNC lorsque le ou les dispositifs médicaux utilisés entrent en contact avec des tissus considérés comme infectieux soit par effraction (ou contact avec une ulcération), soit par contact prolongé (supérieur à une heure).

Les médecins généralistes sont donc concernés par ces situations de soins (contact avec l’amygdale lors des Tests de Diagnostic Rapide), et le principe de précaution impose au médecin de suivre ces recommandations.

L'utilisation de dispositifs médicaux à usage unique doit être largement privilégiée, compte tenu des difficultés d'identification des patients et de mise en œuvre des procédures d'inactivation des ATNC.

Lorsque le recours à un dispositif médical réutilisable est nécessaire, il est recommandé de le traiter par le procédé d’inactivation le plus efficace qu’il puisse supporter, en priorité : nettoyage puis autoclavage à 134°C pendant 18 minutes, sinon pour le matériel thermosensible : deux nettoyages successifs suivis d'une désinfection par un des procédés d'efficacité partielle.

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VII. Prévention des accidents d’exposition au sang et aux liquides

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