• Aucun résultat trouvé

Gestion des restes végétaux et bois gorgés d’eau

Dans le document LATTARA (Lattes, Hérault) 2014. (Page 190-192)

Dans la zone 1, les vestiges organiques découverts ne sont plus anec- dotiques. Conservés en dessous de la nappe phréatique et en milieu ana- érobie, les bois et les restes végétaux mis au jour dans cette zone sont gorgés d’eau. Afin de conserver ces vestiges pendant la fouille et durant leur étude, il est impératif de les maintenir dans cet état.

Durant la fouille, des protocoles de conservation de ce type de vestiges ont été mis en place en concertation avec Eric Gailledrat et Ariane Vache- ret en charge de la fouille de cette zone, et conjointement avec la carpo- logue Nuria Rovira et l’anthracologue Lucie Chabal. C’est ainsi que les vestiges gorgés d’eau que nous avons souhaité maintenir un laps de temps en place sur le terrain afin d’obtimiser leur compréhension par la conser- vation du lien avec leur contexte archéologique, ont été maintenus hu- mides par la pose de serpillières ou de torchons, régulièrement humidifiés et recouverts d’un film plastique opaque, type bâche noire. Les plus petits artéfacts ont été directement conditionnés immergés dans des sachets Mi- nigrip® remplis d’eau du robinet lors de leur découverte. Nuria Rovira et moi-même avons suivi quotidiennement le travail de terrain afin d’être réactive et d’appréhender au mieux la nature des vestiges découverts. Ces derniers correspondent à la fois à des restes végétaux de la consommation

humaines et animales, des restes de litière, des bois de construction, des restes de parois ou d’aménagement divers, des objets comme des bouchons d’amphore et d’autres éléments non identifiés. La variété de ces vestiges oblige à entretenir un dialogue constant avec les divers spécialistes.

Sur le terrain, les gestes de conservation ont été transmis à l’ensemble de l’équipe. Puis les bois gorgés d’eau ont été orientés vers Lucie Chabal (UMR 5059) (. Ils ont été au préalable, nettoyés à l’eau du robinet à l’aide de pinceaux. Une fois le sédiment éliminé ils ont été stockés dans des sa- chets Minigrip® par US. Une étiquette en polyéthylène Stiron® portant au feutre noir les indications (site, année, US) a été glissée dans chaque sachet ; les mêmes informations ont été reportées sur le sachet lui-même. Pour éviter la formation de microorganismes, l’air a été chassé avant fer- meture des sachets polyéthylène afin de limiter la présence d’oxygène en contact avec l’eau. Dans un même souci de conservation, les sachets ont été stockés ensuite dans un bac gerbable (type Allibert®) avec couvercle, à l’abri de la lumière. Les plus gros éléments ont été stockés sans sachet po-

lyéthylène dans un plus grand bac et leur étiquette ficelée autour d’eux (fig.

1). Ils ont été immergés dans l’eau du robinet. Un film étirable de polyéthy-

lène a été posé sur la surface de l’eau afin de limiter le contact avec l’air et l’apport en oxygène. Leur transport a demandé qu’ils soient préalablement enroulés dans des serpillières mouillées afin de maintenir leur humidité jusqu’à leur ré-immersion dans leur lieu de stockage. A l’issue de chaque compagne, durant la semaine de post-fouille, ces bois ont été acheminés

dans un conteneur réfrigéré (fig. 2) assurant des conditions climatiques

adaptés à leur conservation à long terme. La maintenance et le suivi néces- saire ont été supervisés par Lucie Chabal en charge de leur étude.

Les gestes et les choix de conservation ont été adaptés aux vestiges. Par

exemple, lors de cette triennale des bois de construction massifs (fig. 3)

ont été découverts dans un état de conservation remarquable. Des pieux, des montants de chambranle de porte et un autre élément servant proba- blement de crapaudine ont été dégagés, maintenus sur le terrain un certain temps, dégagés, nettoyés et stockés. En revanche, la découverte de vestiges végétaux, comme une pigne de pin et une feuille d’arbre, a nécessité des gestes de conservation différents. La feuille d’arbre a été glissée à l’aide de spatules et de fins filets d’eau sur un film de polyéthylène semi-rigide,

un peu électrostatique et transparente (fig. 4). Une première face a été net-

toyée à l’aide de pinceau très doux, type pinceau aquarelle. La feuille a été retournée sur un autre film de polyéthylène à l’aide de filets d’eau.

Les restes de sédiment ont été éliminés puis la feuille d’arbre (fig. 5) a été

photographiée avant d’être stockée dans un conditionnement adapté. Pour assurer sa conservation à long terme, un protocole de séchage lent a été mis en place. Ce choix a été conforté par les discussions avec les restauratrices spécialisées en bois gorgés d’eau issues des laboratoires Arc Antique et Arc Nucléart. La feuille d’arbre a été placée entre les deux films de polyéthy- lènes pour qu’elle se maintienne à plat avant d’être glissés dans un sachet Minigrip® et quelques gouttes d’eau destinées à maintenir une forte hu- midité. Le tout est placé dans une boite hermétique (type Lock&Lock) sur laquelle a été indiquée une date d’ouverture, ce premier conditionnement a été installé dans une seconde boite hermétique et une troisième. Le tout a été pris en charge par Lucie Chabal qui a suivi le protocole de séchage lent retenu. Ainsi, il a été choisi que le conditionnement global soit stocké dans un réfrigérateur ; que la boite extérieure soit ouverte comme indiqué dessus, trois mois après la découverte de la feuille, en octobre ; puis que trois mois après c’est à dire en janvier, la seconde boite soit ouverte ; enfin que le dernier contenant le soit en avril. Le suivi de ce protocole de séchage lent a donné le résultat attendu : la feuille a correctement séché sans perte de matière ou de déformation. Son étude qui a d’abord été faite seulement

z Fig 1. Stockage des bois gorgés de dimen-

sions importantes dans un bac gerbable avec couvercle.

z Fig 2 : Conteneur réfrigéré dans lequel

sont stockés les bois gorgés d’eau issus de la fouille de Lattes.

d’après photo puis a pu être complétée ensuite. La conservation de la pigne de pin a été réalisée selon le même protocole et les résultats sont également satisfaisants. Les contraintes mécaniques et les déformations induites par son séchage ont été contenues par un conditionnement en mousse polyé- thylène épousant ses contours. Ces vestiges sont les premiers de ce type découverts à Lattes que nous avons l’occasion de conserver et d’étudier ; le caractère exceptionnel de leur découverte explique certainement l’inexis- tence des publications consacrées à leur conservation.

D’autres vestiges végétaux ont été découvert lors de la campagne 2014 : il s’agit de structures en matériaux périssables (restes de cloison et restes d’une structure circulaire en tiges végétales entrelacés et petits piquets,

fig. 6 et 7) qui ont demandé à être fouillées et démontées sur le terrain pour s’assurer de leur compréhension. Leur conservation d’un seul tenant sans démontage était impossible à cause de leur fragilité due à leur état de conservation et leur assemblage. De plus une étude in-situ et un démontage effectués et supervisés par Léonor Lottier, doctorante (UPV), ont permis d’enregistrer un maximum d’information qui aurait été difficile de trans- porter en laboratoire ou de transmettre.

Dans la gestion des vestiges de végétaux gorgés d’eau, les décisions sont efficaces et riches d’informations archéologiques si elles sont rapides. Cette triennale a témoigné de ce fonctionnement idéal au sein de l’équipe de fouille de Lattes.

Dans le document LATTARA (Lattes, Hérault) 2014. (Page 190-192)