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Fréquence des départements traversés dans les récits de voyage du Cycliste

dans les années 1920

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238 S. GUILLEN, « Les Pyrénées en Tandem », Le Cyclotouriste, n°76, septembre-octobre 1938, p. 11. 239

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Cette carte montre une polarisation autour du département de la Loire que l’on ne retrouve dans aucune autre revue. Naturellement, de nombreux voyages partent de Saint- Etienne ou de sa banlieue. Mais la prédominance de la Loire est importante : ce département est traversé à 29 reprises contre 16 pour ceux du Rhône et de l’Ardèche qui suivent juste après dans le classement. L’ascension du col des Grands-Bois au sud, les monts du Forez et ceux du Roannais, au nord, suffisent pour diversifier les voyages. Le rayonnement de la Loire s’étend tout de même à la région Rhône-alpine : Vélocio déborde dans les monts du Lyonnais ou dans le Velay et jusqu’à la vallée du Rhône ainsi que quelques fois dans le Dauphiné. Mais il ne va pas plus loin, sauf pour sa randonnée pascale annuelle en Provence. Pour lui, parcourir les mêmes routes ne pose pas forcément de problème pour la recherche de la diversité. « On a beau faire et refaire les mêmes itinéraires, repasser devant les mêmes paysages, on ne les revoit jamais sous le même aspect et dans le même état d’âme »240. Il les perçoit à chaque fois sous un angle nouveau, en fonction du sens emprunté, de la météo, de la luminosité ou de la saison. La diversité est suffisante et rester dans sa région permet d’économiser sur les frais d’hébergement ou du billet de train. Les « excursions du Cycliste » ont un format similaire : la plupart de ses sorties s’effectuent sur une seule journée, parfois une matinée. Elles excèdent rarement deux jours. Ce sont les autres auteurs de récits de voyage du Cycliste qui parcourent les autres régions, parfois dans de longs périples de plus d’une semaine.

L’ancrage régional est un phénomène que l’on retrouve dans plusieurs revues. Le

Cyclotouriste de Lyon, comme le Cycliste, explore surtout la région Rhône-alpine sur

l’ensemble de l’Entre-deux-guerres, mais avec une moindre prédominance du département du Rhône : Lyon est avant tout une ville de départ241. L’origine parisienne de La Pédale est perceptible par la fréquence des voyages en Normandie242, plus proche que la Méditerranée pour les cyclotouristes d’Ile-de-France, et le bulletin de L’Union Cyclotouriste de Touraine propose des destinations assez différentes de celles des revues parisiennes ou stéphanoises du fait de la centralité de la ville de Tours. L’est de la France qui est habituellement le pôle principal des destinations cyclotouristes, est presque complètement délaissé lors de l’année 1933.

240

VÉLOCIO, « Excursions du Cycliste », Le Cycliste, n°11 et 12, novembre-décembre 1926, p. 95.

241 Voir Annexe 8. Fréquence des départements traversés dans les récits de voyage du Cyclotouriste entre 1927 et 1938.

242 Voir Annexe 9. Fréquence des régions évoquées dans les titres des récits de voyage de La Pédale (1923- 1924).

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« Les grands itinéraires suivis à bicyclette par nos Sociétaires en 1933 »

dans Union Cyclotouriste de Touraine, n°41, décembre 1934, p. 12

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La concentration autour de la région d’origine révèle la modestie de ces revues et bulletins qui connaissent une diffusion nationale assez faible. Dans ces mêmes périodiques, peu implantés dans d’autres régions, deux types de voyage permettent d’atteindre des contrées plus éloignées : l’étape-transport et le train.

L’étape-transport correspond, lorsque l’on quitte la ville à bicyclette, à une journée servant à atteindre le lieu touristique visé. Elle se déroule sur un parcours soit trop connu, car trop effectué par le cycliste, soit trop plat, trop monotone et jugé sans intérêt touristique particulier. Sur ce genre d’étape, il est possible, et même encouragé, de parcourir une grande distance à une allure relativement élevée afin d’arriver le plus vite possible dans la région où l’excursion touristique débute réellement. Souvent, et de plus en plus à partir des années 1930, elle est parcourue en nocturne. Ainsi, le cyclotouriste ne perd rien en termes de paysages, puisqu’il les connaît déjà et ne les trouve pas exceptionnels, et gagne la tranquillité sur la route, abandonnée par les différents véhicules. Le cycliste a la chaussée pour lui seul, ce qui est un confort particulièrement apprécié. Cela lui permet de se concentrer sur sa moyenne. Dans le sud, l’étape-transport type correspond à la vallée du Rhône. Elle est empruntée pour l’habituelle descente en Provence. Le cycliste part de Lyon, de Saint-Etienne voire de Grenoble, atteint Andance ou Tain-l’Hermitage puis continue par Valence, Montélimar, Pierrelatte et Orange jusqu’à Avignon. Elle sert aussi, en partant du sud, pour gagner le Massif central. De Nice, Toulon ou Marseille, le cycliste rejoint Aix-en-Provence par des itinéraires variables puis continue par Lambesc, Saint-Rémy-de-Provence et commence à remonter le Rhône à partir d’Avignon. Il s’agit de grands axes et non de petites routes pittoresques chères aux cyclotouristes. Le statut des étapes-transport est perceptible lors des départs parisiens en direction de Saint-Etienne ou Lyon. Ces axes importants sont fréquemment utilisés, ce qui donne une relative importance aux départements traversés : Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Yonne et Nièvre243. En revanche, ces mêmes départements sont presque totalement absents si l’on se réfère aux titres des récits244. La carte des titres isole Paris, point de départ souvent évoqué dans les intitulés du récit. Un phénomène identique est comparable pour l’année 1938 où Paris fait partie des régions les plus citées dans les titres mais semble un îlot au milieu d’une vaste région nord-centre complètement désertée245.

243

Voir Annexe 10. Fréquence des départements traversés dans les récits de voyage de cyclotourisme en 1923. 244 Voir Annexe 11. Fréquence des régions évoquées dans les titres des récits de voyage de cyclotourisme en 1923.

245 Voir Annexe 12. Fréquence des régions évoquées dans les titres des récits de voyage de cyclotourisme en 1938.

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Pourtant, la carte des passages réels montre que l’axe Paris - Lyon n’a jamais été autant fréquenté par les cyclotouristes dans l’Entre-deux-guerres. Elle pointe un changement de parcours puisque le département de l’Yonne s’éclipse au profit de ceux du Loiret et, dans une moindre mesure, du Cher246. En effet, l’étape-transport de Paris vers le sud s’est déplacée vers l’ouest au milieu des années 1930, probablement à cause de la trop grande fréquentation de l’axe Melun - Auxerre par les automobiles.

Evolution de l’étape-transport de Paris vers Saint-Etienne dans l’Entre-