• Aucun résultat trouvé

Les formes d’organisation collectives

La libéralisation du secteur agricole et le désengagement de l’État ont propulsé au Sénégal une forte dynamique associative des producteurs.

Au niveau Sénégal, la suppression du Programme agricole et le retrait de l’État des fonctions directes de production à travers la saeD et d’autres structures d’encadrement du monde rural (oncaD, sonar) ont entraîné la création de mouvements associatifs sans précédent des producteurs.

Ces organisations sont variées selon leurs formes et modes de fonction-nement. L’une des premières générations est la section villageoise qui regroupait plusieurs villages pour abriter la coopérative agricole avant les années 1980. Cette forme était répandue sur le territoire nationale et servait de tremplin à l’État pour recouvrer les impôts, distribuer collecti-vement des vivres de soudure et aussi de collecter les récoltes et notam-ment, l’arachide dans le Bassin arachidier (Sy, 1998). Avec la dissolution de l’oncaD, l’agence nationale de développement qui gérait les coopé-ratives en 1980, ces sections villageoises ont disparu ou remodeler sous forme d’association paysanne.

Actuellement au niveau de la vallée, la section villageoise comme mode d’organisation de producteurs couvre généralement tout entier ou une partie du village (Camara, 2002). Ceci est du au fait que certains aménage-ments sont loin des zones d’habitation et empiète souvent sous plusieurs terroirs. La section villageoise comprend les membres des unions qui étaient de coopératives par section de périmètre irrigué avant le retrait de la saeD. Elle est estimée actuellement à 322 dans toute la vallée dont 205 dans le delta (saeD/cse, 2004). La deuxième forme d’organisation des producteurs de la vallée est l’Union Hydraulique. Avec l’installation des

89

Chapitre 7. Les organisations interprofessionnelles dans les filières céréalières

aménagements hydro-agricoles, la saeD organisait les producteurs autour des mailles hydrauliques pour la gestion efficiente des installations et leur entretien. Ainsi, les producteurs s’organisaient en union hydraulique, mais les membres de l’union sont souvent des groupements d’intérêt économi-que (gIe) ou de simples producteurs. Ainsi le transfert des grands aména-gements qui ont débuté en 1989 a été opérationnel à cause de ces organi-sations. L’union hydraulique prend en charge les frais de fonctionnement et d’entretien des installations de pompage et d’irrigation, de drainage et le nettoyage des canaux principaux et les vannes. La saeD s’occupe des axes hydrauliques. L’ensemble de ces charges est payé par les coupons de crédit cncas versés directement à l’union par la cncas au compte du paiement des coûts d’irrigation des membres de l’union se situant entre 55 000 et 65 000 F cFa/ha selon les localités (Fall, 2004). En plus des transferts de la gestion des aménagements, l’Union a bénéficié aussi du transfert par la saeD du matériel agricole, des magasins de stockage et certaines rizeries. Ces premiers transferts concernaient sept unions loca-lisées dans le delta, et on retient trois nouvelles unions dans le haut delta et la moyenne vallée aval.

La troisième forme d’organisation paysanne est le Groupement d’intérêt économique (gIe) qui est la plus répandue dans la zone. Le gIe était à l’origine créé par le législateur pour permettre à deux ou plus de person-nes de se formaliser en tant que groupe sans investissement initial. Cela permettait de promouvoir le statut du secteur formel vis-à-vis du secteur informel très développé avec une simplification des procédures et surtout la possibilité d’accès au crédit. Dans le cas des groupements agricoles de la vallée, les producteurs s’organisaient davantage à ce mode qui était une condition obligatoire d’accéder au crédit en faveur de la Nouvelle politique agricole de 1984. De façon globale, le mode d’organisation gIe a connu un boum spectaculaire dans la vallée. Le nombre de gIe passait de 350 en 1989 à 1 500 en 1994, puis à plus de 2 500 en 2003 (saeD/cse, 2004). Ainsi, il est fondé la plupart sur une base familiale ou d’amis ou d’un regroupement de plusieurs producteurs. Cette forme de regroupe-ment basée plus sur des affinités et que sur des projets d’intérêts écono-miques communs et viables a été à l’origine de l’échec de plusieurs pro-grammes de crédit à cause des arriérés de remboursements et aussi des conflits de groupes (Dia, 1995). Avec le resserrement des conditions de crédit et le refus de la banque à prêter de l’argent à certains types de gIe, il y a eu une restructuration des mouvements de gIe vers des objectifs précis d’activités communes et la création de pression de groupe par la

caution solidaire. Actuellement, le nombre de gIe est évalué à 2 546 dans toute la vallée avec une prépondérance marquée des gIe mixte plus de 96 % (idem, 2004). Ils sont en majorité dans le delta (59 %). Cependant, les gIe de femme qui sont au total de 98 dans la vallée sont majoritaire-ment (62 %) localisés dans la moyenne vallée aval (Podor).

L’introduction de la cncas pour financer notamment le développement des activités du secteur agricole et de l’irrigation sur la base de regroupe-ment de producteurs a induit le développeregroupe-ment rapide des gIe dans la vallée et favorisé la multiplication des intervenants économiques, un essor rapide du secteur irrigué qui a pu faire illusion pendant quelques années.

Mais l’absence de mesures d’accompagnement conséquent a conduit très rapidement à des dérives importantes dont l’une des conséquences les plus importantes est la fragilisation du système de crédit au niveau de la région, avec la baisse croissante du taux de recouvrement du crédit (cncas, FeD-pme). Il en a résulté depuis 1994 des mesures sévères d’assai-nissement et de contrôle qui ont freiné le développement de l’agriculture irriguée. Ainsi, on note une tendance progressive à leur restructuration, renouvellement et à leur regroupement en Fédérations, Unions et Orga-nisations Fédératives, et aussi à des orgaOrga-nisations faîtières et leur intégra-tion dans des interprofessions.

Les autres formes d’organisations des producteurs sont très variées. On peut noter l’Association villageoise de développement (avD) qui regrou-pe les membres du village en vue de gérer le dévelopregrou-pement local. On note aussi l’existence de la Section d’utilisation en commun de matériels agricoles (suma) qui sont au nombre de 18 dans la vallée, mais tous réper-toriés dans le département de Podor (moyenne vallée amont). Il y a éga-lement les mouvements associatifs de jeunesse (sport, culture, etc.). On note aussi d’autres associations dont la formation est basée sur les critères de sexe, de classe d’ages, de statut social, de religion, de confrérie, etc.

Au niveau des autres acteurs des filières céréalières, seuls les commerçants se sont aussi organisés. A l’image du regroupement des grands commer-çants du secteur informel de Dakar à l’unacoIs, ceux de la vallée se sont regroupés. Ces derniers sont membres de l’unacoIs. Les éléments déclen-cheurs d’un tel mouvement sont la recherche de fonds de solidarité qui leur permet d’accroître à moindre frais leur capital de travail. Ainsi, ces commerçants ont crée des mutuelles d’épargne et de crédit. Cependant,

91

Chapitre 7. Les organisations interprofessionnelles dans les filières céréalières

ces mouvements ont connu des dysfonctionnements avec les problèmes de leaderships ces quatre dernières années.