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Bilan de la production céréalière au Sénégal

Les céréales (le riz, le mil, le sorgho, le maïs et le fonio) sont produites au Sénégal selon différentes écologies avec des trajectoires différenciées.

Le riz est produit en zone irriguée (vallée du fleuve Sénégal), en zone pluviale assistée de l’irrigué (le bassin de l’Anambé) et en pluvial (Casa-mance et à moindre degré dans les départements de Fatick et Kaolack du bassin arachidier). On note cependant que le riz produit en zone pluviale est fortement destinée à l‘autoconsommation, tandis que celui de l’irrigué est commercialisé à 70 %. Le cas du riz de la région du fleuve Sénégal est largement présenté dans cette étude car il contribue également pour 89 % du revenu national agricole tiré du riz (Isra, 1996). Alors que la riziculture en Casamance est pratiquée selon un cycle pluvial moins productif, le système de production de la vallée du Sénégal est intensif, faisant appel à des aménagements hydro-agricoles et à des techniques améliorées. Cette production nécessite une forte consommation en intrants. Elle a recours à la mécanisation du travail du sol et de la récolte, et à la transformation industrielle ou semi industrielle du riz paddy. Ceci induit l’implication de plusieurs acteurs et de conflits.

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Pour les céréales traditionnelles (le mil, le sorgho, le maïs et le fonio), le système de production est plutôt pluvial d’où leur appellation de céréales sèches. Peu de volume de ces céréales provient des cultures de décrue et de l’irrigué. Parmi ces céréales, le mil, le sorgho et le fonio sont principa-lement destinés à l’autoconsommation à des proportions différentes. Le maïs est par contre fortement commercialisé avec notamment les acteurs de la volaille. L’ensemble de ces céréales constituent l’aliment de base des Sénégalais, mais sont différemment appréciées en terme d’offre et de demande.

Une analyse de l’évolution de la production nationale des céréales montre un accroissement en dents de scie de la production du mil/sorgho pas-sant de 500 000 tonnes en 1960/70 à 901 500 tonnes en 2002/2003 puis à 752 906 tonnes en 2006/2007 (DIsa 2007). Cette dernière production est en baisse de 6 % par rapport à la précédente campagne mais supérieure de 3 % à la moyenne des cinq dernières années. La chute constatée en-tre 2006/07 s’explique surtout par des pauses pluviométriques en début de campagne. Le riz et encore moins le maïs augmentent par contre, à un rythme très faible. La production du riz atteint son maximum à plus de 200 000 tonnes entre 2001 et 2002, et ne couvre pas les besoins de consommation qui sont estimés aux environs de 850.000 tonnes par an.

Ceci induit une importation qui oscille entre 400 000 et 650 000 tonnes par an.

La production annuelle, toutes céréales confondues, est évalué en 2006 à 941 000 tonnes alors que la demande nationale est estimée à 1 300 000 tonnes (DIsa 2007). La part du mil dans la disponibilité nationale en cé-réales est majoritaire. Si au début des années 60 jusqu’en 1980, le mil/

sorgho représentait plus de 80 % de la production nationale céréalière, elle se situe en 2006 à 66 % avec une variation saisonnière très marquée ces cinq dernières années. L’offre locale du riz vient en deuxième position avec un rythme d’accroissement très lent. Le recentrage des activités est orienté par une diversification notée ces trois dernières années marquée par le développement de la culture du maïs irrigué.

L’écart entre la production de céréales et la demande est assuré par les importations commerciales et les aides alimentaires. Si au niveau des cé-réales sèches (mil/sorgho, maïs), la dépendance extérieure est très faible, il en est autrement pour le riz et le blé. On note des fluctuations variables des importations d’une campagne à l’autre qui se situent en moyenne par

an pour les vingt dernières années à 648 000 tonnes avec une variation entre 413 000 t en 1987 et 1 174 000 tonnes en 1999. Les importations commerciales anticipées de céréales pour l’année 2002/2003 ont couvert largement le déficit. Toutefois, le déficit en céréales sèches, notamment le mil, s’avère plus difficile à combler au regard de la faible disponibilité et des transactions limitées de cette céréale (Fall, 2005). Par contre, le potentiel d’augmentation des importations de riz est bien réel. Il pourrait s’en suivre une substitution encore plus grande de la consommation du mil vers le riz. Dans les importations, on note la dominance du riz et du blé. On passe d’une importation de riz à peine plus de 300 000 t en 1980 à plus de 800 000 tonnes en 2006. La moyenne annuelle d’importation est de l’ordre de 600 000 t pour une enveloppe estimée à 100 milliards de francs cFa. Les aides (toutes céréales confondues) contribuent aussi à ré-duire le déficit alimentaire mais à un degré moindre que les importations.

Si au début des années 1980 (grandes sécheresses), les aides ont augmenté de 150 422 t en 1981 à 212 758 t en 1985, elles ont par la suite largement diminué de 56 000 en 1987 à moins de 11 100 tonnes en 2002 (DIsa, 2003). Les aides sont composées principalement du riz, du blé, du maïs et du mil/sorgho. Elles sont notamment dominées par le maïs sauf en 1984 et 1985 où on note une très nette dominance du riz

La consommation du riz représente 34 % du volume de la consomma-tion céréalière naconsomma-tionale et compte pour 54 % des céréales consommées en milieu urbain et 24 % en milieu rural (Kelly et al., 1993). L’évolution de la consommation de riz du pays a été très rapide depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Cependant, la souveraineté de ce produit est des plus faibles, malgré les potentialités dont il dispose et les investisse-ments consentis pour la maîtrise et l’accroissement de sa production dans les zones irriguées. Ces importations massives du riz créent néanmoins un déséquilibre dans la balance commerciale du pays De 1995 à 2002 les importations de riz sont passées de 59 à 110 milliards de F cFa (pnue, 2005).

Le taux de couverture des besoins céréaliers par région indique des dis-parités. En effet, les régions du centre et sud du pays (Kaolack, Kolda et Tambacounda) sont largement dominants au moment où la région de Dakar se trouve à un niveau très faible (0,2 %) de satisfaction de ses be-soins céréaliers (Fall, 2002). Ceci s’explique par la forte concentration de la population à Dakar où la production de céréales est presque inexis-tante. Saint-Louis et Fatick viennent en seconde position avec des taux

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de couverture de 15 à 11 %. Le reste des régions atteint difficilement la couverture de 10 % de ses besoins céréaliers. Les zones urbaines qui sont distinguées par la forte concentration humaine ne disposent pas de po-tentiel agricole qui peut satisfaire leur demande de consommation. D’où l’importance des autres maillons de la filière qui permettent d’acheminer les céréales vers les centres urbains.