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Les acteurs des filières céréalières

Les acteurs de la filière céréalière au Sénégal sont présents de l’amont à l’aval de la filière. En amont des producteurs, on trouve les structures d’encadrement et d’appui (institutions technique et de recherche, socié-tés d’aménagement et organisations de gestion des périmètres irrigués, direction de l’agriculture, les ongs), les opérateurs semenciers, les four-nisseurs d’intrants, de crédit et les prestataires de services. En aval des producteurs, on trouve les opérateurs de service récolte et post-récolte, les transformateurs, les commerçants et les consommateurs. Cependant, leur importance et dynamisme varient en fonction des systèmes de pro-duction ; et des enjeux sur les produits pris individuellement et sur les différents maillons de la filière.

Les producteurs constituent le maillon central de la filière pour toutes les céréales. Cependant, leur niveau d’implication varie par produit et en fonction des systèmes de production. Dans le système irrigué, la rizicul-ture représente la principale source de revenus pour les trois quart des producteurs. Dans le système pluvial, le mil, sorgho et le fonio consti-tuent des réserves vivrières et le maïs sert à la fois comme culture vivrière (en zone de production) et de rente. Ces acteurs sont organisés en mou-vement associatif pour la gestion collective de leurs productions, champs ou périmètres, pour l’approvisionnement en intrants et pour la commer-cialisation. En termes de patrimoine foncier, ils occupent des superficies variables en fonction des zones de production (entre 0,25 à 5 voire 10 ha en moyenne par exploitation familiale avec une grande hétérogénéité).

Les opérateurs semenciers agréés interviennent au niveau de la multipli-cation, du conditionnement et de la distribution des semences de niveau base, R1 et R2. Ils sont pour la plupart fédérés au sein de l’Union nationa-le interprofessionnelnationa-le des semences (unIs) et sont tenus de respecter les normes qualitatives édictées par les services de contrôle de l’État (DIsem).

La majorité de ces opérateurs travaillent sur leurs propres champs ou

périmètres (plus de 80 %) et le reste sur la base contractuelle. Leur niveau d’équipement est faible et seuls les agréés disposent d’infrastructures de stockage d’une capacité variant entre 3,2 et 6 tonnes avec une moyenne de 3,5 tonnes (Gaye, 1997). Ces opérateurs produisent des semences certi-fiées variables selon les produits et en fonction du niveau d’écoulement de la production précédente. Ces acteurs occupent 67 % des parts du marché des semences du riz en zone irriguée (DrDr, 2005) et largement moins en zone pluviale avec les céréales sèches dont la règle générale est le recours aux propres semences.

Les fournisseurs d’intrants et de matériels agricoles sont presque tous des commerçants de profession, spécialisés dans la vente de produits de l’agriculture de base dans les grands centres urbains. Ils fréquentent aussi les marchés hebdomadaires (ou loumos) en zone de production. Leur opérationnalité est plus dynamique en zone irriguée qu’en zone pluviale où les producteurs céréaliers (à l’exception du maïs) consomment peu d’intrants. Par contre, la riziculture irriguée est fortement consommatrice d’intrants et notamment d’engrais et de produits de traitements phytosa-nitaires qui constituent des postes d’investissements non négligeables du producteur. Par le biais de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (cncas), ces fournisseurs d’intrants peuvent bénéficier de contrats de ces-sion gérés par des organisations de producteurs. Ainsi, ils constituent un acteur majeur et rentrent dans les enjeux de cette filière.

Les fournisseurs de crédit sont également présents dans les filières céréa-lières à des niveaux différents. En zone pluviale, l’essentielle des céréales sèches sont essentiellement autofinancées par les producteurs et la récolte principalement autoconsommée (Isra, 1996). Ceci va de même pour la plupart des autres acteurs de ces filières. Néanmoins, certains bénéficient du crédit pour la plupart à travers le circuit informel et à moindre degré aux financements de projets ou de la microfinance. Par contre, dans la culture du riz irrigué, la forte consommation en intrants (semences, en-grais, herbicides et pesticides) et les charges de production souvent très élevées (coût hydraulique, prestations de services mécanisés) expliquent le recours important au crédit. Les transformateurs et prestataires de ser-vices mécanisés bénéficient également des mécanismes du crédit institu-tionnel

Les commerçants interviennent de façon étagée en fonction des systèmes de production. Le commerçant est un autre maillon du secteur céréalier

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Chapitre 7. Les organisations interprofessionnelles dans les filières céréalières

dans le dispositif de fonctionnement de la filière. Il constitue l’interface entre la production et la consommation. La viabilité et la performance du système dépendent en partie de l’efficacité de cet acteur dont son rôle est le rapprochement de l’offre à la demande des biens et services. Ils sont présents dans tous les circuits de distribution des céréales du collecteur au grossiste. Selon les données de l’Isra (1996), la part de l’autoconsom-mation dans le riz produit dans la vallée est de 25 à 30 % tandis qu’elle représente entre 60 à 70 % pour le cas des céréales sèches traditionnel-les. Le reste des productions est commercialisé presque exclusivement aux marchés de la zone. Par ailleurs, le marché céréalier est à la fois ur-bain et rural. Le marché urur-bain est permanent et constitue un pôle de centralisation des collectes et de ravitaillement en détail ou en gros des différentes composantes de la population urbaine. Le marché rural est plutôt hebdomadaire et demeure un pôle d’attraction des ruraux pour la commercialisation informelle de leurs produits de récolte. Ce marché primaire est proprement du détail et permet de globaliser une offre par-cellaire dont la collecte au niveau de chaque producteur isolé entraînerait des coûts élevés. Le volume global de transactions par semaine est estimé entre 500 kg à 2 tonnes dans les premiers mois de la récolte en fonction des marchés et du niveau de production par campagne (Fall, 1996). Les marchés « ruraux » sont également des endroits privilégiés pour des acti-vités de transformation (décortiqueuses, moulin à mil, etc.) Ceci se reflète à travers l’affluence constatée au niveau de ces marchés. Cependant, les infrastructures y sont réduites et la plupart des transactions se font sous des hangars ou des abris de fortune. Pour le cas des céréales sèches, les demi-grossistes et grossistes, généralement basés dans les grands centres urbains sont ravitaillés par les collecteurs qui vont de loumo à loumo dans les zones de production pendant la période de récolte. Dans cette activité, les femmes jouent un rôle prépondérant surtout au niveau de la collecte primaire. Pour le cas du riz, on constate qu’à côté des commerçants bana-bana et de certains grossistes privés, les riziers industriels et artisanaux commercialisent plus de 65 % du marché du riz local. Les riziers consti-tuent l’essentiel des circuits de commercialisation du paddy transformé en riz blanc.

Les opérations de transformation concernent principalement le riz du paddy récolté dans l’irrigué. Ils sont de trois types dans la vallée : les dé-cortiqueuses villageoises, les mini-rizeries et les rizeries. Ces unités utili-sent toutes les trois des techniques semi-industrielles. La transformation de type semi-industriel a démarré dans les grandes zones de production

à partir de la fin des années 90 avec la mise en œuvre effective de la po-litique de libéralisation de la commercialisation du paddy, les possibilités de paiement de la redevance en nature aux rizeries et les alternatives de financement des décortiqueuses villageoises. Pour le cas des céréales sè-ches, la transformation est généralement de type traditionnel au niveau ménage. Les moulins à mil servent de recours pour la pénibilité de travail manuel. Le fonio et le maïs ont des machines de transformation spécifi-ques mais très peu nombreuses. Ainsi, le niveau de transformation dans ces céréales est peu organisé, contrairement au riz où ce secteur est un palier important dans la filière. Les riziers jouent dans certains cas, le rôle à la fois de transformateur et de commerçant.