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Formes lin´eaires. Espace dual

Dans le document ALG`EBRE ET ANALYSE APPROFONDIES I MT241 (Page 68-73)

Chapitre 4. Rappels d’alg`ebre lin´eaire

4.5. Formes lin´eaires. Espace dual

Dans cette section, on d´esigne par E un espace vectoriel sur un corps K; pour l’essentiel, le lecteur pourra consid´erer que K sera ´egal `a R ou `a C; l’amateur de math´ematiques pourra n´eanmoins observer avec int´erˆet que les r´esultats sont valables pour un corps K quelconque.

Une forme lin´eairesur E est une applicationK-lin´eaire de E dansK. ´Etant donn´ees deux formes lin´eaires f et g sur E, on d´efinit leur somme f +g par l’op´eration usuelle de somme de deux fonctions,

∀x ∈E, (f+g)(x) = f(x) +g(x).

Il est facile de v´erifier quef+gest encore une forme lin´eaire. Pour toutλ∈K, on d´efinit aussi la fonction λf par la formule (λf)(x) = λf(x). Cette fonction λf est lin´eaire, et muni de ces deux op´erations, l’ensemble des formes lin´eaires sur E est un espace vectoriel sur K. C’est l’espace dual de E, not´e E.

L’image f(E) d’une forme lin´eaire f est un K-sous-espace vectoriel de K, donc elle est ´egale `a {0} ou `a K. Une forme lin´eaire f sur E est non nulle si et seulement s’il existe un vecteur x∈E tel que f(x) = 1. Si E est de dimension n et si f est une forme lin´eaire non nulle sur E, le noyau kerf est un sous-espace vectoriel de dimension n−1 de E. On appelle hyperplan (vectoriel) de E tout sous-espace vectoriel F de E qui est de codimension 1 c’est-`a-dire tel que F 6= E et que E = F +Kx pour tout vecteur x /∈ F (autrement dit, quand on a F, il ne manque plus qu’une dimension pour arriver `a E tout entier). Si E est de dimension finie n > 0, un sous-espace F de E est un hyperplan de E si et seulement si dim F =n−1. Un hyperplan affine est un sous-ensemble obtenu en translatant un hyperplan vectoriel. Le noyau d’une forme lin´eaire f sur E non nulle est donc un hyperplan de E, et les ensembles de la forme Hc = {x ∈ E : f(x) = c} sont des hyperplans affines. Dans le cas r´eel (lorsque K=R), cet hyperplan affine Hc s´epare l’espace E en deux demi-espaces, `a savoir {x ∈E :f(x)≤c} et {x∈E :f(x)≥c}.

Exercice facile. Montrer sans supposer la dimension de E finie que le noyau d’une forme lin´eaire non nulle est de codimension 1.

Base duale d’une base de E

Supposons que l’espace vectoriel E soit de dimension finie n > 0, et supposons donn´ee une base e = (e1, . . . , en) de l’espace E ; on d´efinit un syst`eme e de formes lin´eaires sur E `a partir de cette base, de la fa¸con suivante : pour chaquei= 1, . . . , n, on d´esigne par ei la fonction scalaire d´efinie sur E, qui associe `a chaque vecteur x de E sa i`eme coordonn´ee dans la base e, et on pose e = (e1, . . . , en). On peut d´efinir toutes ces fonctions (ei) par une formule (implicite) unique,

(∗) ∀x∈E, x=

n

X

i=1

ei(x)ei.

On remarque que

ei(ej) =δi,j,

o`u δi,j, appel´e symbole de Kronecker, est ´egal `a 1 si i = j et `a 0 sinon (en d’autres termes, la matrice des coefficients (δi,j) est la matrice unit´e In).

Proposition 4.5.1. Le syst`eme e est une base de l’espace dual E. En cons´equence, lorsque E est de dimension finie, on a dim E = dim E.

On dit que e est la base dualede la base e de E.

D´emonstration. Soit x une forme lin´eaire sur E ; en appliquant x `a la d´ecomposition d’un vecteur x∈E quelconque donn´ee par la formule (∗), on obtient

∀x ∈E, x(x) =

n

X

i=1

ei(x)x(ei) =

n

X

i=1

x(ei)ei (x).

En termes de fonctions sur E, ceci signifie que x = Pn

i=1x(ei)ei, et montre que le syst`eme de formes lin´eairese est g´en´erateur pour l’espace vectoriel dual E. Si on ´ecrit une combinaison lin´eairex =Pn

i=1ciei, on trouve, en appliquant la forme lin´eairex au vecteur ej, la relationcj =x(ej) qui montre que les coefficients (cj) de la combinaison lin´eaire sont uniquement d´etermin´es, donce est une base du dual E.

Calcul des coordonn´ees d’une forme lin´eaire dans une base duale

Sie est la base duale d’une base e= (e1, . . . , en) de E, et six =c1e1+· · ·+cnen, on vient de dire qu’on trouve les coefficients (ci) au moyen de la formule

ci =x(ei), i= 1, . . . , n;

cette formule ´evidente sera utilis´ee `a plusieurs reprises dans ce chapitre.

Remarque.Etant donn´es un syst`eme de vecteurs´ x= (x1, . . . , xn) dans E (espace vectoriel de dimensionn) et un syst`eme de formes lin´eaires (y1, . . . , yn) dans E, les relations

∀i, j= 1, . . . , n, yi(xj) =δi,j

impliquent que le syst`emex= (x1, . . . , xn) est une base de E et que (y1, . . . , yn) est la base duale de la base xde E.

Proposition 4.5.2. Soit f une forme lin´eaire non nulle sur E, et soit H = kerf son noyau ; si g est une forme lin´eaire sur E qui est nulle en tout point de H, il existe un scalaire λ∈K tel que g =λf (autrement dit, g est proportionnelle `a f).

D´emonstration. Puisque f est non nulle, on peut trouver un vecteur x0 ∈ E tel que f(x0) = 1. Supposons que g soit une forme lin´eaire nulle sur le noyau H de f, et posons λ=g(x0). Soit y un vecteur quelconque de E ; ´ecrivons

y = (y−f(y)x0) +f(y)x0.

Posons z =y−f(y)x0. On a f(z) =f(y)−f(y)f(x0) = 0, donc z ∈H et g(z) = 0 par hypoth`ese. On a doncg(y) =g(z) +f(y)g(x0) =f(y)g(x0) =λf(y), ce qui montre bien que g=λf.

On peut r´esumer la d´emonstration ainsi : la forme lin´eaireg−λf est nulle sur E, parce qu’elle est nulle sur H et sur Kx0, et que E = H⊕Kx0; elle est nulle sur H puisque pour tout y ∈ H, on a (g −λf)(y) = g(y) −λg(y) = 0−0 = 0, et nulle sur Kx0 puisque (g−λf)(x0) =λ−λ= 0.

Corollaire 4.5.1. Deux formes lin´eaires qui ont le mˆeme noyau sont proportionnelles.

Proposition 4.5.3. Soit E un espace vectoriel de dimension finie ; pour tout vecteur non nul x∈E, il existe une forme lin´eaire x ∈E telle que x(x)6= 0.

D´emonstration. Puisque x est non nul, on peut trouver d’apr`es le th´eor`eme de la base incompl`ete une base e = (e1, . . . , en) de E telle que e1 = x. La forme lin´eaire e1 de la base duale e convient, puisque e1(x) =e1(e1) = 16= 0.

Proposition 4.5.4. Soient f1, . . . , fk des formes lin´eaires ind´ependantes sur un espace vectoriel E de dimension finie ; posons

M ={x ∈E :∀i= 1, . . . , k, fi(x) = 0}

(c’est l’intersection des noyauxkerfj des formes lin´eaires consid´er´ees). La dimension du sous-espace vectoriel M est ´egale `a dim E−k.

D´emonstration. Posons n = dim E, et compl´etons le syst`eme (f1, . . . , fk) en une base (f1, . . . , fn) du dual E. Consid´erons l’application lin´eaireu : E→Kn d´efinie par

u(x) = (f1(x), . . . , fn(x))∈Kn.

Si x ∈ keru, on a fi(x) = 0 pour tout i = 1, . . . , n, donc f(x) = 0 pour toute forme lin´eaire f ∈E (micro-exercice), donc x = 0E d’apr`es la proposition pr´ec´edente 4.5.3. Il en r´esulte queuest injective, doncuest un isomorphisme puisque dim E = dim E =n= dimKn. On voit alors que M est l’image par l’isomorphisme inverse u−1 du sous-espace M0 de Kn de dimension n−k d´efini par

M0 ={(t1, . . . , tn)∈Kn :t1 =t2=· · ·=tk = 0} donc dim M = dim M0 =n−k.

Remarque. Si on ne suppose pas que les formes (f1, . . . , fk) sont ind´ependantes, on verra que dim M = dim E−dim[f1, . . . , fk] (o`u la notation [f1, . . . , fk] d´esigne le sous-espace vectoriel de E engendr´e parf1, . . . , fk). En particulier, on a toujours dim M≥dim E−k.

Corollaire 4.5.2. Si (f1, . . . , fn) est une base de E, il existe une base x1, . . . , xn de E telle quefi(xj) =δi,j pour tous i, j = 1, . . . , n (toute base de E est donc la base duale d’une base de E).

D´emonstration. Comme dans la d´emonstration de la proposition pr´ec´edente, on introduit l’isomorphismeude E surKnd´efini paru(x) = (f1(x), . . . , fn(x))∈Knpour toutx∈E.

Pour trouver les vecteurs (xj) il suffit de consid´erer les images par l’inverse u−1 des vecteurs de la base canonique de Kn.

Application lin´eaire transpos´ee

Soit a: E→F une application lin´eaire ; on d´efinit une application ta: F →E par la formule

∀y ∈F, ta(y) =y◦a ∈E.

On v´erifie facilement que cette application ta est lin´eaire de F dans E. Si on se donne une deuxi`eme application lin´eaireb: F→G, on voit que

t(b◦a) =ta◦tb

(bien noter l’interversion dea etb). La transpos´ee de l’identit´e de E est l’identit´e de E. Il r´esulte des deux propri´et´es pr´ec´edentes que la transpos´ee d’un isomorphisme est un isomorphisme, et que l’on a dans ce cas (ta)−1 =t(a−1).

Supposons que E et F soient de dimensions finies met n, que e soit une base de E etf une base de F. Consid´erons la matrice (en g´en´eral rectangulaire) A = mat(a,e,f) de l’application lin´eaire a par rapport `a ces deux bases. La matrice B = mat(ta,f,e) est alors ´egale `a la matrice transpos´ee de A. En effet, la colonne i de la matrice B contient les coordonn´ees de la forme lin´eaire ta(fi) dans la base e. On a vu que la coordonn´ee j d’une forme lin´eaire x dans cette base e est ´egale `a x(ej), donc en appliquant ceci

`a x =ta(fi) on obtient

Bj,i =ta(fi)(ej) =fi(a(ej)) = Ai,j.

Transposition d’un changement de base : si V est la matrice de changement de base deeversf, la matrice transpos´eetV est la matrice de changement def verse(attention au changement de l’ordre des bases !).

Bidual d’un espace vectoriel

A tout vecteur` x∈E, on peut associer une fonction scalairejE(x), d´efinie sur l’espace dual E au moyen de la formule

∀x ∈E, (jE(x))(x) =x(x)∈K.

Il est facile de v´erifier que jE(x) est une fonction lin´eaire de E dans K, c’est-`a-dire un

´el´ement du dual (E) de E, qu’on appelle le bidualde E, et que l’on note E∗∗. De plus, l’applicationjE:x→jE(x) est lin´eaire de E dans E∗∗.

Th´eor`eme 4.5.1. Si E est de dimension finie, l’application jE est un isomorphisme de E sur son bidual E∗∗.

Le caract`ere hhnaturelii de la d´efinition justifie que l’on appelle jE l’isomorphisme canonique de E sur E∗∗ (la d´efinition de jE ne d´epend que de E et de la d´efinition du dual E, et ne d´epend d’aucun choix auxiliaire).

D´emonstration. On sait d´ej`a que dim E∗∗ = dim E = dim E d’apr`es la proposition 4.5.1.

Pour savoir que jE est un isomorphisme, il suffit donc de v´erifier que jE est injective, c’est-`a-dire de voir que pour tout vecteur x ∈ E non nul, l’image jE(x) est non nulle.

Mais d’apr`es la proposition 4.5.3, six ∈E est non nul il existe une forme lin´eaire x0 telle que x0(x)6= 0, donc (jE(x))(x0) = x0(x) 6= 0, ce qui montre que la fonction jE(x) n’est pas identiquement nulle sur E, ce qui signifie quejE(x)6= 0E.

Remarque. Retrouvons le fait que toute base b = (x1, . . . , xn) de E est la base duale d’une baseede E. Consid´erons la base duale (x∗∗1 , . . . , x∗∗n ) de la baseb; c’est une base du bidual E∗∗. Pour chaque i= 1, . . . , n il existe un vecteur xi ∈E tel que x∗∗i =jE(xi). On a alors pour tous i, j= 1, . . . , n

xi(xj) =x∗∗j (xi) =δi,j, donc la base best la base duale de la base (x1, . . . , xn) de E.

Chapitre 5. R´eduction des endomorphismes d’un espace vectoriel

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