• Aucun résultat trouvé

Foncteurs accessibles, filtrations cardinales et construction de petites

Le présent paragraphe, de nature plus technique que les autres paragraphes de cet exposé, ne servira dans ce séminaire que dans IV 9 et dans VI 4, qui ne sont pas utilisés ailleurs dans le Séminaire. Il s’impose donc d’omettre la lecture du présent paragraphe, du moins en première lecture !

9.0. — Toutes les catégories envisagées dans le présent numéro sont supposées être des 𝒰-catégories. Sauf pour les petites catégories d’indice𝐼,𝐽 … que nous aurons à utiliser, les développements qui suivent s’appliqueront surtout à des « grosses » catégories𝐸,𝐹 … qui sont stables par petites limites inductives filtrantes. Il suffira cependant le plus souvent 139

qu’une condition un peu plus faible soit vérifiée (condition𝐿dans9.1ci-dessous). Tous les cardinaux envisagés dans le présent numéro sont supposés∈ 𝒰.

Suivant une suggestion de P. Deligne, nous allons étudier, pour un foncteur𝑓 ∶ 𝐸 → 𝐹 entre grosses catégories, une condition de commutation de𝑓à certains types de limites in-ductives filtrantes, condition remarquablement stable, et qui sera vérifiée pour les foncteurs les plus importants qu’on rencontre dans la nature. Les applications que nous avons en vue, pour notre séminaire, sont 9.13.3, 9.13.4 (utilisés dans VI 4) et surtout9.25, qui donne, dans un cas non trivial, l’existence d’une petite famille génératrice dans une catégorie de sections d’une catégorie fibrée ; ce résultat sera utilisé dans IV 9.16.

Définition 9.1. — a) Soient𝐼un ensemble préordonné,𝜋un cardinal. On dit que𝐼est grand devant𝜋si𝐼est filtrant, et si toute partie de𝐼de cardinal≤ 𝜋admet un majorant dans𝐼.

b) Soit𝐸une catégorie. Si𝜋est un cardinal, on dit que𝐸satisfait la condition𝐿𝜋si pour tout petit ensemble ordonné𝐼grand devant𝜋,𝐸est stable par les limites inductives de type𝐼. On dit que𝐸satisfait à la condition𝐿s’il existe un cardinal𝜋 ∈ 𝒰tel que𝐸 satisfasse à la condition𝐿𝜋.

9.1.1. — Lorsque dans9.1a) on a𝜋 ≥ 2, la deuxième condition énoncée implique déjà que 𝐼est filtrant, et si𝜋est fini,𝐼grand devant𝜋signifie simplement que𝐼est filtrant. Nous ne nous intéresserons guère par la suite qu’au cas où𝜋est infini. Notons que si𝜋,𝜋sont deux cardinaux tels que𝜋≥ 𝜋, alors𝐼grand devant𝜋implique évidemment𝐼grand devant𝜋.

9.1.2. — Comme annoncé dans9.0, les conditions𝐿𝜋,𝐿doivent être considérées comme 140

des variantes techniques de la condition plus forte de stabilité par petites limites inductives filtrantes. Il est clair que si𝜋,𝜋sont des cardinaux tels que𝜋 ≥ 𝜋, alors la condition𝐿𝜋 implique la condition𝐿𝜋.

Définition 9.2. — Soit 𝑓 ∶ 𝐸 → 𝐹 un foncteur. Si 𝛱est un cardinal, on dit que 𝑓 est 𝛱-préaccessible (resp.𝛱-accessible) si𝐸satisfait𝐿𝛱(9.1) et si pour tout ensemble ordonné 𝐼 ∈ 𝒰grand devant 𝛱, et tout système inductif(𝑋𝑖)𝑖∈𝐼 dans𝐸de type 𝐼, le morphisme canonique

lim−−→ 𝑓(𝑋𝑖) ⟶ 𝑓(lim

−−→ 𝑋𝑖)

est un monomorphisme (resp. un isomorphisme). On dit que𝑓est préaccessible

(resp. accessible) (relativement à l’univers𝒰) s’il existe un cardinal𝛱 ∈ 𝒰 tel que𝑓 soit 𝛱-préaccessible (resp.𝛱-accessible).

La catégorie des foncteurs 𝛱-accessibles (resp. accessibles) de 𝐸 dans 𝐹 sera noté Hom(𝐸, 𝐹 )𝛱resp.Hom(𝐸, 𝐹)acc.

9.2.1. — Évidemment, un foncteur commutant aux petiteslim−−→filtrantes (p. ex. un foncteur admettant un adjoint à droite) est𝛱-accessible pour tout cardinal𝛱 ≥ 2.

Définition 9.3. — Soient𝐸une catégorie,𝑋un objet de𝐸, ℎ𝑋∶ 𝐸 ⟶ (𝒰-Ens)

le foncteur covariant qu’il représente, 𝛱 ∈ 𝒰 un cardinal. On dit que 𝑋 est un objet 𝛱-préaccessible (resp.𝛱-accessible) de 𝐸si le foncteur ℎ𝑋 est 𝛱-préaccessible (resp.𝛱

-141

accessible) ; on dit que𝑋estpréaccessible (resp. accessible)s’il existe un cardinal𝛱 ∈ 𝒰tel que𝑋soit un objet𝛱-préaccessible (resp.𝛱-accessible) de𝐸.

9.3.1. — On désigne par𝐸𝛱la sous-catégorie pleine de𝐸formée des objets𝛱-accessibles de𝐸.

Lorsqu’on applique la définition 9.3 à une catégorie de la formeHom(𝐶, 𝐹), la termi-nologie introduite présentea prioriune ambiguïté avec la terminologie analogue introduite dans 9.2, lorsqu’on interprète les objets deHom(𝐶, 𝐹)comme des foncteurs ; il ne semble pas cependant qu’il y ait un risque de confusion sérieux.

Définition 9.4. — Soient𝐸une catégorie,𝜋 ∈ 𝒰un cardinal. On dit que𝐸est une catégorie 𝜋-préaccessible (resp.𝜋-accessible) s’il existe dans𝐸une petite sous-catégorie pleine𝐶qui est génératrice (7.1) et dont les objets sont𝜋-préaccessibles (resp.𝜋-accessibles) (9.3). On dit que𝐸 est une catégorie pré-accessible (resp. . accessible) s’il existe un cardinal𝜋 ∈ 𝒰tel que𝐸soit 𝜋-préaccessible (resp.𝜋-accessible).

Pour des exemples importants, cf.9.11.3plus bas.

Proposition 9.5. — Soit𝑓 ∶ 𝐸 → 𝐹un foncteur entre catégories telles que𝐹soit accessible et que tout objet de𝐸soit accessible. Alors, si𝑓admet un adjoint à gauche,𝑓est accessible.

En effet, par hypothèse,𝐹admet une petite famille conservative de foncteurs

représen-142

tables 𝐹 → (𝒰-Ens)qui sont accessibles, donc on est ramené aussitôt à montrer que le composé de𝑓avec chacun des foncteurs précédents est accessible. Or comme𝑓admet un

adjoint à gauche, ces composés sont des foncteurs𝐸 → (𝒰-Ens)représentables,donc acces-sibles d’après l’hypothèse sur𝐸.

Proposition 9.6. — Soient𝐸et𝐹deux catégories,𝜋 ∈ 𝒰un cardinal et considérons la sous-catégorie pleineHom(𝐸, 𝐹)𝛱deHom(𝐸, 𝐹)formée des foncteurs𝛱-accessibles(9.2)de𝐸 dans𝐹.

(i) Cette sous-catégorie est stable par tout type delim

−−→qui est représentable dans𝐹. (ii) Supposons𝐹 𝜋-accessible (9.4), et soit𝐽une catégorie telle quecard𝐹ℓ𝐽 ≤ 𝜋et que les

lim←−−de type𝐽soient représentables dans𝐹, donc leslim

←−−de type𝐽sont représentables dansHom(𝐸, 𝐹). Alors la sous-catégorieHom(𝐸, 𝐹 )𝛱est stable par leslim

←−−de type𝐽. Corollaire 9.7. — Soient𝐸et𝐹deux catégories, avec𝐹accessible (9.4). Alors la sous-catégorie pleineHom(𝐸, 𝐹 )accdeHom(𝐸, 𝐹)formée des foncteurs accessibles est stable par tout type de limite inductive ou projective, relative à une petite catégorie d’indices𝐽, qui est représentable dans𝐹(donc dansHom(𝐸, 𝐹)).

Preuve de 9.6. L’assertion (i) résulte trivialement de la commutation du foncteur lim aux limites inductives quelconques. Pour (ii), soit(𝑓𝑗)𝑗∈𝐽un système projectif de foncteurs−−→

𝛱-accessibles𝐸 → 𝐹,𝑓 = lim

←−− 𝑓𝑗sa limite projective, qui se calcule « argument par argu- 143

ment », prouvons que𝑓est𝛱-accessible, i.e. que pour tout ensemble ordonné𝐼 ∈ 𝒰grand devant𝛱, et tout système inductif(𝑋𝑖)𝑖∈𝐼dans𝐸, le morphisme canonique

lim−−→𝑖 ((lim

←−−𝑗 𝑓𝑗)(𝑋𝑖)) ⟶ (lim

←−−𝑗 𝑓𝑗)(lim

−−→𝑖 𝑋𝑖)

est un isomorphisme. Or le calcul « argument par argument » du foncteurlim

←−−𝑗𝑓𝑗nous per-met d’identifier le morphisme canonique précédent au morphisme canonique

lim−−→𝑖 lim

Donc9.6est une conséquence de l’assertion plus générale :

Corollaire 9.8. — Soient𝐹une catégorie𝛱-accessible,𝐼un ensemble ordonné grand devant 𝛱,𝐽une petite catégorie telle quecard𝐹ℓ≤ 𝛱, et que leslim←−−de type𝐽soient représentables est un isomorphisme. En d’autres termes, le foncteur

(9.8.2) lim

−−→𝑖 ∶Hom(𝐼, 𝐹) ⟶ 𝐹

commute aux limites projectives de type𝐽(pour toute petite catégorie𝐽telle quecard𝐹ℓ(𝐽) ≤ 144 𝛱et telle que les limites projectives de type𝐽soient représentables dans𝐹). Ou encore, pour toute𝐽comme ci-dessus, le foncteur

(9.8.3) lim−−→𝑗 ∶Hom(𝐽, 𝐹) ⟶ 𝐹

est𝛱-accessible.

Comme par hypothèse𝐹admet une famille conservative de foncteurs covariants repré-sentables𝛱-accessibles𝑔 ∶ 𝐹 → (𝒰-Ens), on voit aussitôt qu’on est ramené à prouver 9.8 dans le cas où𝐹 = 𝒰-Ens. Nous prouverons alors l’assertion sous la forme de la commu-tation de (9.8.2) auxlim

←−−de type𝐽, aveccard𝐹ℓ𝐽 ≤ 𝛱. Comme𝐼est filtrant, nous savons que (9.8.2) commute aux limites projectives finies (2.8). On est donc ramené par un argu-ment standard (cf. 2.3) à prouver qu’il commute aux produits indexés par un ensemble𝐽tel quecard𝐽 ≤ 𝛱. Cela nous ramène à prouver la bijectivité de (9.8.1) lorsque𝐽est discrète.

Prouvons l’injectivité : considérons deux éléments𝑎,𝑏du premier membre, ils proviennent donc de∏𝑗ℎ(𝑖, 𝑗)pour𝑖∈ 𝐼convenable, soient∏𝑗𝑎(𝑖, 𝑗)et∏𝑗𝑏(𝑖, 𝑗); supposons que les éléments∏𝑗ℎ(∞, 𝑗)du deuxième membre qu’ils définissent soient égaux, i.e. que pour tout𝑗, il existe𝑖(𝑗) ≥ 𝑖tel que 𝑎(𝑖, 𝑗)et 𝑏(𝑖, 𝑗)aient même image dansℎ(𝑖, 𝑗). Comme 𝐼est grand devantcard𝐽, il s’ensuit qu’il existe un majorant commun𝑖1 ∈ 𝐼de tout les 𝑖(𝑗), ce qui implique que les deux éléments envisagés de∏𝑗ℎ(𝑖, 𝑗)ont même image dans

𝑗ℎ(𝑖1, 𝑗), donc définissent le même élément du premier membre de (9.8.1), ce qui établit l’injectivité. Pour la surjectivité, soit∏𝑗𝑎(∞, 𝑗)un élément du second membre ; donc pour

145

tout𝑗 ∈ 𝐽,𝑎(∞, 𝑗)provient d’un élément deℎ(𝑖(𝑗), 𝑗), pour un𝑖(𝑗) ∈ 𝐼convenable. Comme précédemment, on peut trouver un majorant commun𝑖 ∈ 𝐼des𝑖(𝑗), donc∏𝑗𝑎(∞, 𝑗) pro-vient d’un élément∏𝑗𝑎(𝑖, 𝑗)de∏𝑗ℎ(𝑖, 𝑗), donc est dans l’image de (9.8.1). Cela achève la démonstration.

Corollaire 9.9. — Soit𝐹une catégorie𝛱-accessible (resp. accessible), alors pour toute caté-gorie𝐽telle quecard𝐹ℓ𝐽 ≤ 𝛱(resp. toute petite catégorie𝐽) et pour tout foncteur(𝑋𝑗)𝑗∈𝐽∶ 𝐽 → 𝐹 dont la limite inductive dans𝐹 est représentable, si les𝑋𝑗 sont 𝛱-accessibles (re-sp. accessibles) il en est de même delim

←−− 𝑋𝑗.

En effet, le foncteur 𝐹 → (𝒰-Ens) représente parlim−−→ 𝑋𝑗 est la limite projective des foncteurs représentés par les𝑋𝑗, et on applique9.6(ii) au système projectif formé par ces foncteurs.

Remarque 9.10. — Dans les énoncés9.6,9.7,9.8et9.9on peut remplacer partout les mots

«𝛱-accessibles », « accessibles » par «𝛱-préaccessible », « préaccessibles ». La démonstra-tion donnée prouve en effet également cette variante des énoncés précédents.

Proposition 9.11. — Soit𝐸une catégorie, satisfaisant la condition𝐿(9.1),𝐶une petite sous-catégorie pleine génératrice (7.1). On suppose satisfaite la condition :

a) 𝐸est stable par noyaux de doubles flèches, et le foncteurKersur le catégorie des doubles flèches de𝐸est accessible (par exemple, il commute aux petites limites inductives

fil-146

trantes).

Alors tout objet de𝐸est préaccessible (9.3), a fortiori𝐸est préaccessible. Supposons que𝐶soit même génératrice par épimorphisme stricts (7.1), et supposons que𝐸satisfasse aux conditions :

b) 𝐸est stable par produits fibrés.

c) Toute petite famille épimorphique stricte dans 𝐸est épimorphique stricte universelle (10.3), ou dans𝐸les petites sommes directes sont représentables, et tout épimorphisme strict de𝐸est un épimorphisme strict universel.

Alors tout objet de𝐸est accessible, a fortiori𝐸est accessible.

Le fait que, moyennant (a), tout objet de𝐸soit accessible, résulte du fait que pour tout objet𝑋de𝐸, l’ensemble des sous-objets stricts de𝐸est petit (7.4), et du

Lemme 9.11.1. — Sous les conditions de (9.11a), soient𝑋 ∈ ob𝐸et𝛱un cardinal tels que 𝐸satisfasse𝐿𝛱(9.1), que le foncteurKerdans (9.11a) soit𝛱-accessible, et que l’ensemble des sous-objets stricts de𝑋soit de cardinal majoré par𝛱. Alors𝑋est𝛱-préaccessible.

En effet, si𝐼est un ensemble grand devant𝐼,(𝑌𝑖)𝑖∈𝐼un système inductif dans𝐸de limite inductive𝑌, et(𝑢𝑖, 𝑣𝑖 ∶ 𝑋 ⇉ 𝑌𝑖)une double flèche telle que la double flèche composée

𝑋 𝑢,𝑣 ////𝑌 satisfasse𝑢 = 𝑣, prouvons qu’il existe𝑗 ≥ 𝑖dans𝐼tel que𝑢𝑗 = 𝑣𝑗. Pour ceci, 147

considérons le système inductif des doubles flèches(𝑢𝑗, 𝑣𝑗 ∶ 𝑋 ⇉ 𝑌𝑗)𝑗≥𝑖, dont la limite inductive est (𝑢, 𝑣). Par hypothèse on a𝑋 = Ker(𝑢, 𝑣) = lim−−→𝑗Ker(𝑢𝑗, 𝑣𝑗) = lim−−→𝑗𝑋𝑗, où 𝑋𝑗=Ker(𝑢𝑗, 𝑣𝑗). Or les𝑋𝑗sont des sous-objets stricts de𝑋, donc il existe une partie𝐼de𝐼 formée d’indices𝑗 ≥ 𝑖, telle quecard𝐽 ≤ 𝛱et que tout𝑋𝑗soit égal à un des𝑋𝑖 (𝑖∈ 𝐼). Comme𝐼est grand devant𝛱, il existe un majorant𝑗de𝐼dans𝐼. Alors𝑋𝑗contient tout les𝑋𝑗pour𝑗≥ 𝑖, donc𝑋𝑗→ 𝑋est un épimorphisme (puisque la famille des𝑋𝑗 → 𝑋est épimorphique), donc un isomorphisme puisque c’est un monomorphisme strict. Donc on a 𝑢𝑗 = 𝑣𝑗, ce qui prouve9.11.1.

La deuxième assertion de9.11résulte de la première, et du

Lemme 9.11.2. — Sous les conditions de (9.11a), b), c), soient𝑋un objet de𝐸, et𝛱un cardinal infini tels que𝐸satisfasse𝐿𝛱(9.1), que l’on aitcard ob𝐶/𝑋≤ 𝛱, que pour deux objets𝑋→ 𝑋et𝑋 → 𝑋de𝐶/𝑋,𝑋×𝑋𝑋soit𝛱-préaccessible, enfin que𝑋soit𝛱-préadmissible. Alors 𝑋est un𝛱-accessible.

Avec les notations de la démonstration de9.11.1, il suffit de prouver que tout morphisme 𝑢 ∶ 𝑋 → 𝑌provient d’un morphisme𝑢𝑖 ∶ 𝑋 → 𝑌𝑖. Or considérons la famille des mor-phismes𝑌𝑖 → 𝑌, qui est épimorphique stricte ; grâce à b) et c), la famille des𝑌𝑖×𝑌𝑋 → 𝑋 est également épimorphique stricte ; d’autre part, pour tout𝑖, comme𝐶est génératrice par épimorphismes stricts, la famille des flèches

𝑇 ⟶ 𝑌𝑖×𝑌𝑋

de source dans𝐶est épimorphique stricte. Dans la deuxième alternative envisagée dans c), 148

on peut trouver une telle flèche épimorphique stricte, de source, une (petite) somme d’objets de𝐶. En vertu de la transitivité de la notion de famille épimorphique stricte universelle (II 2.5) il s’ensuit alors que la famille des flèches𝑇𝛼 −−→ 𝑋𝑓𝛼 de source dans𝐶qui se factorisent par un des𝑌𝑖×𝑌𝑋est épimorphique stricte. Soit𝐽l’ensemble d’indices de cette famille, qui est de cardinal majoré parcard ob𝐶/𝑋 ≤ 𝛱. Choisissons pour tout𝛼 ∈ 𝐽un𝑖 = 𝑖(𝛼) ∈ 𝐼 et un𝑋-morphisme𝑇𝛼 → 𝑌𝑖 ×𝑌𝑋, ou ce qui revient au même, un𝑣𝛼 ∶ 𝑇𝛼 → 𝑌𝑖 tel que 𝑝𝑖𝑣𝛼 = 𝑢𝑓𝛼, où𝑝𝑖 ∶ 𝑌𝑖→ 𝑌est le morphisme canonique. Comme𝐼est grand devant𝛱, on

peut choisir𝑖(𝛼)indépendant de𝛼, soit𝑖. Pour tout couple d’indices𝛼,𝛽 ∈ 𝐽, considérons les composés

pr1𝑣𝛼,pr2𝑣𝛽∶ 𝑇𝛼×𝑋𝑇𝛽⇉ 𝑌𝑖.

Leurs composés avec𝑌𝑖 → 𝑌sont égaux, donc, comme𝑇𝛼×𝑋𝑇𝛽est𝛱-préaccessible par hypothèse, il existe un indice𝑖 = 𝑖(𝛼, 𝛽) ≥ 𝑖tel que les composés des flèches envisagées avec𝑌𝑖 → 𝑌𝑖, soient égales. Comme l’ensemble des couples𝛼,𝛽est de cardinal≤ 𝛱2= 𝛱 (𝛱étant infini), il s’ensuit encore que l’on peut choisir𝑖 indépendant de𝛼, 𝛽. On peut évidemment supposer 𝑖 = 𝑖. Mais alors, la famille(𝑓𝛼 ∶ 𝑇𝛼 → 𝑋)étant épimorphique stricte, on peut trouver un morphisme𝑢𝑖 ∶ 𝑋 → 𝑌𝑖 tel que l’on ait𝑢𝑖𝑓𝛼 = 𝑣𝑖. On a alors 𝑝𝑖𝑢𝑖 = 𝑝, car pour tout𝛼on a(𝑝𝑖𝑢𝑖)𝑓𝛼 = 𝑝𝑖(𝑢𝑖𝑓𝛼) = 𝑝𝑖𝑣𝛼 = 𝑢𝑓𝛼, et la famille des𝑓𝛼 est épimorphique. Cela achève la démonstration de9.11.2.

Remarque 9.11.3. — On voit, comme cas particulier de9.11, que dans la catégorie𝐸tout

149

objet est accessible, dans chacun des deux cas suivants : 1)𝐸est une𝒰-catégorie abélienne à limites inductives filtrantes exactes et admettant une petite sous-catégorie génératrice (ici, c’est ladeuxième alternative de c), qui s’applique). 2)𝐸est la catégorie des faisceaux d’ensembles sur un espace topologique𝑋 ∈ 𝒰. Plus généralement, il suffit que𝐸soit la catégorie des faisceaux d’ensembles sur un𝒰-site (II 2.1), ou encore, que𝐸soit un𝒰-topos (IV 1.1).

Définition 9.12. — Soit𝐸une catégorie. On appelle filtration cardinale de𝐸une filtration croissante(Filt𝛱(𝐸))𝛱≥𝛱 de𝐸par des sous-catégories strictement pleinesFilt𝛱(𝐸), indexée par les cardinaux𝛱 ∈ 𝒰tels que𝛱 ≥ 𝛱(où𝛱est un cardinal infini fixé, dépendant de la filtration cardinale envisagée), et satisfaisant aux conditions suivantes :

a) Pour tout𝛱 ≥ 𝛱,Filt𝛱(𝐸)est équivalente à une petite catégorie.

b) 𝐸satisfait à𝐿𝛱(9.3), et pour tout𝛱 ≥ 𝛱,Filt𝛱(𝐸)est stable dans𝐸pour les limites inductives filtrantes indexées par des ensembles ordonnés𝐼grands devant𝛱tels que card𝐼 ≤ 𝛱.

c) Pour tout𝛱 ≥ 𝛱, et tout𝑋 ∈ob𝐸, on peut trouver un isomorphisme 𝑋 ≃lim

−−→𝐼 𝑋𝑖,

où (𝑋𝑖)𝑖∈𝐼 est un système inductif dans𝐸indexé par un ensemble ordonné 𝐼grand

150

devant𝛱(9.1), et où les𝑋𝑖sont dansFilt𝛱(𝐸). De plus, si𝑋 ∈ob Filt𝛱(𝐸),𝛱≥ 𝛱, on peut prendre𝐼tel quecard𝐼 ≤ 𝛱′𝛱.

9.12.1. — On notera qu’il résulte de b) et c) que tout𝑋 ∈ ob𝐸appartient à unFilt𝛱(𝐸), pour𝛱assez grand.

Exemple 9.12.2. — Prenons𝐸 = (𝒰-Ens),𝛷= ℵ,Filt𝛱(𝐸) =sous-catégorie pleine de𝐸 formée des ensembles tels quecard𝑋 ≤ 𝛱. Plus généralement :

Proposition 9.13. — Soit𝐸une𝒰-catégorie. On suppose que𝐸est stable par petiteslim

−−→ fil-trantes, par somme de deux objets et par conoyaux de doubles flèches, que𝐸est stable par pro-duits fibrés, et que les morphismes épimorphiques dans𝐸sont épimorphiques stricts universels.

Soit𝐶une petite sous-catégorie pleine de𝐸qui est génératrice par épimorphismes stricts. Soit 𝛱un cardinal infini≥card𝐹ℓ𝐶. Pour tout cardinal𝛱 ≥ 𝛱, soitFilt𝛱(𝐸)la sous-catégorie

strictement pleine de𝐸formée des objets𝑋de 𝐸tels qu’il existe une famille épimorphique stricte(𝑋𝑖 → 𝑋)𝑖∈𝐼de but𝑋, telle quecard𝐼 ≤ 𝛱et que𝑋𝑖 ∈ ob𝐶pour tout𝑖 ∈ 𝐼. Alors (Filt𝛱(𝐸))𝛱≥𝛱 est une filtration cardinale de𝐸. De plus, pour tout𝑋 ∈ob Filt𝛱(𝐸), le car-dinal de l’ensemble des flèches de𝐶/𝑋(et a fortiori, de l’ensemble des objets de𝐶/𝑋) est majoré par𝛱𝛱.

Cette dernière assertion n’est autre que7.6.

Pour montrer qu’on a une filtration cardinale, il faut prouver les conditions a), b) et c) de 9.12. La condition a) résulte aussitôt de 7.5.2. Pour b), supposons qu’on ait𝑋 =lim

−−→𝐼𝑋𝑖, avec card𝐼 ≤ 𝛱et les𝑋𝑖 ∈ob Filt𝛱(𝐸). Donc la famille des morphismes canoniques𝑋𝑖 → 𝑋est 151

épimorphique stricte, et par hypothèse sur les𝑋𝑖, il existe pour tout𝑖 ∈ 𝐼une famille épi-morphique stricte(𝑋𝑖𝑗→ 𝑋𝑖)𝑗∈𝐽𝑖, aveccard𝐽𝑖 ≤ 𝛱. Passant aux sommes⨿𝑖𝑋𝑖 et⨿𝑖,𝑗𝑋𝑖𝑗, on voit par transitivité des épimorphismes stricts universels (II 2.5) que la famille des com-posés𝑋𝑖𝑗 → 𝑋𝑖→ 𝑋(indexée par l’ensemble somme des𝐽𝑖, pour𝑖 ∈ 𝐼) est épimorphique stricte. Or on acard𝐽 ≤ 𝛱2= 𝛱, d’où la conclusion. (NB. on a seulement utilisé le fait que lim−−→𝐼𝑋𝑖existe, et non le fait que𝐼soit grand devant𝛱ni même filtrant.) Prouvons enfin c).

Notons que pour tout𝑋 ∈ob𝐸, la famille des flèches𝑋𝑖 → 𝑋de source dansob𝐶est stric-tement épimorphique, puisque𝐶est génératrice par épimorphismes stricts, et évidemment petite, donc il existe un cardinal𝛱 ≥ 𝛱tel que𝑋 ∈ob Filt𝛱(𝐸). Il reste à prouver que si on a des cardinaux𝛱≥ 𝛱 ≥ 𝛱, et si𝑋 ∈ob Filt𝛱(𝐸), alors on a un isomorphisme

𝑋 ≃lim

−−→𝐼 𝑋𝑖,

avec𝐼grand devant𝛱,card𝐼 ≤ 𝛱′𝛱, les𝑋𝑖dansob Filt𝛱(𝐸). Or on a,𝐶étant génératrice par épimorphismes stricts,

(∗) 𝑋 ≃lim

−−→𝐶

/𝑋

𝑇.

Notons aussi qu’en rajoutant successivement à𝐶des sommes et des conoyaux de doubles flèches de𝐶, et de même pour la catégorie ainsi obtenue etc, on se ramène au cas où𝐶est stable par somme de deux objets dans𝐸et par conoyaux de doubles flèches dans𝐸, et ceci sans détruire l’hypothèse𝛱 ≥ card𝐹ℓ𝐶. On peut supposer de plus que, si𝐸contient un 152

objet initial fixé∅𝐸, on ait∅𝐸 ∈ ob𝐶. Ceci implique que la catégorie𝐶/𝑋 est stable par somme de deux objets et conoyaux de doubles flèches. Elle est alors filtrante, car elle est non vide, puisque si elle était vide, la relation(∗)montrerait que𝑋est un objet initial, donc 𝐶/𝑋 contient la flèche ∅𝐸 → 𝑋, une contradiction. Soit alors𝐼 l’ensemble, ordonné par inclusion, des sous-catégories pleines𝑖de𝐶/𝑋qui sont filtrantes et telles quecard ob𝑖 ≤ 𝛱. Pour tout𝑖 ∈ 𝐼, soit𝑋𝑖∈ob𝐸la limite inductive du foncteur composé𝑖 → 𝐶/𝑋 → 𝐸, qui existe par hypothèse. Alors on a évidemment

lim−−→𝐼 𝑋𝑖 ≃lim

−−→𝐶/𝑋𝑇 ≃ 𝑋.

D’autre part, on a déjà noté quecard ob𝐶/𝑋≤ 𝛱′𝛱. Il s’ensuit que𝐼est grand devant𝛱, et quecard𝐼 ≤ (𝛱′𝛱)𝛱= 𝛱′𝛱𝛱 = 𝛱′𝛱en vertu du lemme suivant, dont la démonstration est laissé au lecteur (où on fera𝐼 = 𝐶/𝑋,𝑐 = 𝛱′𝛱) :

Lemme 9.13.1. — Soient 𝐽 une catégorie filtrante, 𝑐 et 𝛱 deux cardinaux tels que 𝑐 ≥ Sup(card𝐹ℓ𝐽, 𝛱), et telle que card Hom(𝑗, 𝐽) ≤ 𝛱 pour tout couple d’objets𝑗,𝑗 de𝐽. Soit𝐼l’ensemble des sous-catégories pleines filtrantes𝑖de𝐽telles quecard ob𝑖 ≤ 𝛱. Alors, ordonné par inclusion,𝐼est grand devant𝛱, et on acard𝐼 ≤ 𝑐𝛱.

Ceci achève la démonstration de9.13.

Remarque 9.13.2. — Un léger effort supplémentaire doit permettre de remplacer dans9.13

153

l’hypothèse que𝐸est stable par petites limites inductives filtrantes par l’hypothèse que𝐸 satisfait à𝐿(9.1), si on suppose𝐸stable par petites sommes, ou que dans𝐸toutefamille épimorphique est épimorphique universelle. Il faut alors, dans la démonstration de c), choisir 𝛱 tel que𝐸satisfasse à𝐿𝛱, et se borner aux sous-catégories pleines𝑖de 𝐶/𝑋qui sont non seulement filtrantes, mais telles que l’ensemble préordonnéob𝑖soit grand devant𝛱. Utilisant 8. et l’hypothèse que𝐸satisfait à𝐿𝛱, on trouve alors que les𝑋𝑖 existent, et on devrait conclure par une variante convenable de9.13.1, que le rédacteur n’a pas vérifiée.

Proposition 9.14. — Soient𝑓 ∶ 𝐸 → 𝐹un foncteur accessible (9.2) entre deux catégories munies de filtrations cardinales(Filt𝛱(𝐸))𝛱≥𝛱et(Filt𝛱(𝐹))𝛱≥𝛱′∘. Alors il existe un cardinal 𝛱1≥Sup(𝛱, 𝛱)tel que pour tout cardinal𝛱 ≥ 𝛱1, on ait

(9.14.1) 𝑓(Filt𝛱(𝐸)) ⊂Filt𝛱𝛱′(𝐹).

En particulier, si l’on a𝛱 = 2𝑐avec𝑐 ≥ 𝛱1, d’où𝛱𝛱1 = 2𝑐𝛱1 = 2𝑐= 𝛱, on a

(9.14.2) 𝑓(Filt𝛱(𝐸)) ⊂Filt𝛱(𝐹).

Signalons tout de suite le

Corollaire 9.15. — Soit 𝐸 une catégorie, munie de deux filtrations cardinales

154

(Filt𝛱(𝐸))𝛱≥𝛱 et (Filt′𝛱(𝐸))𝛱≥𝛱′∘. Alors il existe un cardinal 𝛱1 ≥ Sup(𝛱, 𝛱) tel que, pour tout cardinal𝑐 ≥ 𝛱1, posant𝛱 = 2𝑐, on aitFilt𝛱(𝐸) =Filt′𝛱(𝐸).

Preuve de9.14. Soit𝑐un cardinal tel que𝑐 ≥Sup(𝛱, 𝛱), et tel que𝑓soit𝑐-admissible. Soit d’autre part𝛱1≥ 𝑐tel que l’on ait

(∗) 𝑓(Filt𝑐(𝐸)) ⊂Filt𝛱1(𝐹).

Il existe un tel𝛱1, grâce au fait queFilt𝑐(𝐸)est équivalente à une petite catégorie (9.12 a)), donc𝑓(Filt𝑐(𝐸)) l’est également, de sorte qu’on peut appliquer 9.12.1 aux objets de cette dernière pour trouver uneFilt𝛱(𝐹)qui les contient tous (compte tenu que lesFilt𝛱(𝐹)sont des sous-catégories pleines). Soit donc𝛱 ≥ 𝛱1, et𝑋 ∈ob Filt𝛱(𝐸), prouvons que𝑓(𝑋) ∈ Filt𝛱𝛱1(𝐹 ). Écrivons en effet

𝑋 =lim

−−→𝐼 𝑋𝑖,

avec les𝑋𝑖 ∈ ob Filt𝑐(𝐸), 𝐼grand devant𝑐,card𝐼 ≤ 𝛱𝑐 ≤ 𝛱𝛱1 (9.12c)). Comme𝑓 est 𝑐-admissible,𝐼grand devant𝑐, on a

𝑓(𝑋) ≃lim

−−→𝐼 𝑓(𝑋𝑖),

et commecard𝐼 ≤ 𝛱𝛱1 et𝑓(𝑋𝑖) ∈ ob Filt𝛱1(𝐹) ⊂ ob Filt𝛱𝛱1(𝐹)par(∗), on a𝑓(𝑋) ∈

Filt𝛱𝛱1(𝐹 )par9.12b), C.Q.F.D.

9.15.1. — La notion de filtration cardinale9.12n’a guère d’intérêt que lorsque les objets de 𝐸sont accessibles. Signalons qu’il résulte de9.11que cette condition est satisfaite lorsque, en plus des hypothèses de9.13, on suppose que le foncteurKersur la catégorie des doubles 155

flèches de𝐸est accessible. Signalons d’autre part :

Proposition 9.16. — Soit𝐸une catégorie munie d’une filtration cardinale(Filt𝛱(𝐸))𝛱≥𝛱. Supposons que les éléments deFilt𝛱(𝐸)soient des objets accessibles de𝐸; alors il existe un cardinal𝛱1≥ 𝛱dans𝒰tel que les objets deFilt𝛱(𝐸)soient𝛱1-accessibles ; si𝛱1est choisi ainsi, alors pour tout cardinal𝛱 ≥ 𝛱1, on a (avec les notations de9.3.1) :

(9.16.1) 𝐸𝛱⊂Filt𝛱(𝐸) ⊂ 𝐸(𝛱𝛱∘).

L’existence de𝛱1 résulte immédiatement du fait que Filt𝛱(𝐸)est équivalente à une petite catégorie (9.12a)). Soit alors𝛱 ≥ 𝛱1. Si𝑋est dansFilt𝛱(𝐸), écrivant𝑋 ≃lim

−−→𝐼𝑋𝑖

aveccard𝐼 ≤ 𝛱𝛱,𝑋𝑖 ∈ob Filt𝛱(𝐸)pour tout𝑖(9.12c)), alors il résulte de9.9que𝑋est 𝛱𝛱-accessible, d’où la deuxième inclusion (9.16.1). Supposons que𝑋soit𝛱-accessible, et écrivons𝑋 ≃lim

−−→𝐼𝑋𝑖, avec𝐼grand devant𝛱et les𝑋𝑖∈ob Filt𝛱(𝐸)(9.12c)). Par hypothèse sur𝑋, l’isomorphisme donné𝑋−→ lim−−→𝐼𝑋𝑖se factorise par un des𝑋𝑖, donc𝑋est isomorphe à un facteur direct de cet𝑋𝑖. On en conclut que𝑋 ∈ob Filt𝛱(𝐸), donc la première inclusion (9.16.1), grâce au

Lemme 9.16.2. — Tout objet de𝐸qui est un facteur direct d’un objet deFilt𝛱(𝐸)est dans Filt𝛱(𝐸).

En effet, si𝑋est l’image d’un projecteur𝑝dans l’objet𝑌de𝐸(i.e. d’un endomorphisme 𝑝tel que𝑝2= 𝑝), et si𝐼est un ensemble ordonné filtrant,𝑋est limite inductive du système 156

inductif filtrant(𝑌𝑖)𝑖∈𝐼défini par𝑌𝑖 = 𝑌pour tout𝑖 ∈ 𝐼,𝑝 ∶ 𝑌𝑖 → 𝑌𝑗 si𝑖 < 𝑗. Prenant𝐼 grand devant𝛱etcard𝐼 ≤ 𝛱, on voit donc que si𝑌 ∈Filt𝛱(𝐸), il en est de même de𝑋 en vertu de9.12b).

Corollaire 9.17. — Sous les conditions de9.16, pour tout cardinal𝑐 ≥ 𝛱1, posant𝛱 = 2𝑐, Filt𝛱(𝐸)est identique à la sous-catégorie strictement pleine de𝐸𝛱 de 𝐸formée des objets 𝛱-accessibles.

Corollaire 9.18. — Soient𝐸une catégorie satisfaisant la condition 𝐿𝛱 (9.1), où 𝛱est un cardinal, et𝐶une sous-catégorie pleine de𝐸. On désigne parInd(𝐶)𝛱la sous-catégorie pleine de la catégorieInd(𝐶)des ind-objets de𝐶(8.2) formée des ind-objets de la forme(𝑋𝑖)𝑖∈𝐼, où𝐼 est un ensemble ordonné grand devant𝛱. Considérons le foncteur canonique

(9.18.1) (𝑋𝑖)𝑖∈𝐼⟼lim

−−→𝐼 𝑋𝑖∶Ind(𝐶)𝛱⟶ 𝐸.

a) Pour que ce foncteur soit pleinement fidèle, il faut et il suffit que tout objet𝑋de𝐶soit un objet𝛱-accessible (9.3) de𝐸.

b) Plaçons-nous sous les conditions de9.17, en particulier𝛱 = 2𝑐, et prenons𝐶 =Filt𝛱(𝐸).

b) Plaçons-nous sous les conditions de9.17, en particulier𝛱 = 2𝑐, et prenons𝐶 =Filt𝛱(𝐸).