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Ensembles et univers artiniens

II. Appendice : Univers (par N. Bourbaki( ∗ ))

6. Ensembles et univers artiniens

DÉFINITION 5. — On dit qu’un ensemble 𝑥 est artinien s’il n’existe aucune suite infinie (𝑥𝑛)𝑛≥0telle que𝑥= 𝑥et que𝑥𝑛+1∈ 𝑥𝑛pour tout𝑛 ≥ 0.

Exemples. — Les ensembles∅,{∅},{∅, {∅}}, plus généralement les éléments de l’univers 𝑈1dun1, sont artiniens.

En termes imagés, si𝑥est artinien, et si on prend un élément𝑥1de𝑥, puis un élément 203

𝑥2de𝑥1, etc., le processus doit s’arrêter, et on arrive à un composant𝑥𝑛de𝑥qui estvide.

Autrement dit les ensembles artiniens sont « construits à partir de∅» ; ceci sera précisé plus tard (cf. (*) dans la démonstration du th. 2).

Les ensembles artiniens jouissent évidemment des propriétés suivantes :

(AR.I) Si𝑥est artinien, toute partie de𝑥et tout composant de𝑥sont artiniens. Pour que𝑥 soit artinien, il faut et il suffit que tout élément de𝑥soit artinien.

(AR.II) Si𝑥et𝑦sont artiniens, alors{𝑥, 𝑦}est artinien.

(AR.III) Si𝑥est artinien,𝒫(𝑥)est artinien.

(AR.IV) Toute réunion d’ensembles artiniens est un ensemble artinien.

Ces propriétés montrent aussitôt qu’on a la

PROPOSITION 11. — Si𝑈est un univers, l’ensemble des éléments artiniens de𝑈est un uni-vers, nécessairement artinien.

COROLLAIRE. — Si𝑥est un ensemble artinien, il existe un univers artinien𝑈tel que𝑥 ∈ 𝑈. En effet, par l’axiome (A.6),𝑥est élément d’un univers𝑉; on prend pour𝑈l’ensemble des éléments artiniens de𝑉.

La proposition suivante est encore moins utile que le reste dun:

PROPOSITION 12. — Soit𝐴un ensemble artinien. Alors : 204

a) Pour tout𝑥 ∈ 𝐴, on a𝑥 ∉ 𝑥;

b) Si𝑥,𝑦 ∈ 𝐴, on ne peut avoir à la fois𝑥 ∈ 𝑦et𝑦 ∈ 𝑥;

c) Pour tout𝑥 ∈ 𝐴, la relation «𝑦est un composant de𝑧» entre composants𝑦,𝑧de𝑥est une relation d’ordre ;

d) Pour tout élément non vide𝑥de𝐴, il existe𝑦 ∈ 𝑥tel que𝑥 ∩ 𝑦 = ∅.

En effet la négation de a) (resp. de b)) entraîne l’existence d’une suite infinie (𝑥𝑛)𝑛≥0 contredisant le déf. 5, à savoir(𝑥, 𝑥, 𝑥, … )(resp.(𝑥, 𝑦, 𝑥, 𝑦, 𝑥, 𝑦, … )). La négation de c) veut dire qu’il existe𝑥 ∈ 𝐴, des composants𝑦,𝑧de𝑥distincts, et des suites d’appartenances :

𝑦 ∈ 𝑦1∈ ⋯ ∈ 𝑦𝑞∈ 𝑧 , 𝑧 ∈ 𝑧1∈ ⋯ ∈ 𝑧𝑟∈ 𝑦;

d’où, comme dans b), une suite infinie(𝑥𝑛)𝑛≥0contredisant le déf. 5. Enfin, si d) est fausse, il existe un élément non vide𝑥de𝐴tel que𝑥 ∩ 𝑦 ≠ ∅pour tout𝑦 ∈ 𝑥; on pose𝑥= 𝑥, et on prend pour𝑥1un élément de𝑥; comme𝑥 ∩ 𝑥1≠ ∅, on prend pour𝑥2un élément de𝑥 ∩ 𝑥1 et caetera ; plus formellement on définit par récurrence une suite infinie(𝑥𝑛)𝑛≥1d’éléments de𝑥au moyen de𝑥1∈ 𝑥,𝑥𝑛+1∈ 𝑥𝑛∩ 𝑥pour𝑛 ≥ 1; alors la suite(𝑥𝑛)𝑛≥0contredit la déf.

5.

Remarque. — Soit𝐵 un ensemble. Pour que𝐵 soit artinien, il faut et il suffit que tout ensemble𝐴d’ensembles de composants de𝐵satisfasse à la condition d) de la prop. 12. En effet la nécessité résulte de (AR.I) et de la prop. 12. Réciproquement, si𝐵n’est pas artinien,

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il existe une suite infinie(𝑥𝑛)𝑛≥0avec𝑥= 𝐵et𝑥𝑛+1∈ 𝑥𝑛pour tout𝑛 ≥ 0; on prend alors pour𝐴la partie réduite à l’ensemble𝑋des𝑥𝑛; ainsi𝐴contient un élément non vide𝑋 tel que, pour tout élément𝑦de𝑋, on ait𝑦 ∩ 𝑋 ≠ ∅(en effet𝑦est de la forme𝑥𝑛, et on a 𝑥𝑛+1∈ 𝑦 ∩ 𝑋).

THÉORÈME 2. — Soit𝑐un cardinal infini. Alors :

a) La relation «𝑥est un ensemble artinien de type𝑐(resp. de type strict𝑐) » est collectivi-sante par rapport à𝑥; l’ensemble𝐴𝑐des ensembles artiniens de type𝑐a pour cardinal 2𝑐.

b) Si𝑐est fortement inaccessible, l’ensemble𝑈𝑐des ensembles artiniens de type strict𝑐est un univers de cardinal𝑐; le cardinal𝑐(𝑈𝑐) =sup𝑥∈𝑈

𝑐card(𝑥)est𝑐.

c) Si un univers𝑈admet un élément de cardinal𝑐, tout ensemble artinien de type𝑐 appar-tient à𝑈(autrement dit𝐴𝑐⊂ 𝑈).

c) Si un univers𝑈est non vide, tout ensemble artinien de type fini est élément de𝑈. Avant de démontrer le th. 2, déduisons en quelques corollaires illuminants :

COROLLAIRE 1. — Si un univers𝑈est artinien, alorscard(𝑈)est fortement inaccessible, et 𝑈est l’ensemble des ensembles artiniens de type strictcard(𝑈).

En effet posons𝑐(𝑈) =sup𝑥∈𝑈card(𝑥). C’est un cardinal fortement inaccessible (début

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dun5). Supposons le d’abord non dénombrable ; alors, pour tout cardinal infini𝑐 < 𝑐(𝑈), tout ensemble artinien de type𝑐est élément de𝑈par c) ; donc tout ensemble artinien de type strict𝑐(𝑈)est élément de𝑈par le lemme dun5. Cette dernière assertion reste valable si𝑐(𝑈)est dénombrable parc). Inversement, d’après (U.I), tout ensemble de𝑈est de type strict𝑐(𝑈). Donc𝑈est l’univers𝑈𝑐(𝑈)de b), d’où𝑐(𝑈) =card(𝑈)par b).

Il résulte du cor. l qu’on univers artinien estdéterminéde façon unique par son cardi-nal (d’ailleurs fortement inaccessible). On a donc une « correspondance biunivoque » entre univers artiniens et cardinaux fortement inaccessibles. En particulier :

COROLLAIRE 2. — La relation d’inclusion𝑈 ⊂ 𝑈entre univers artiniens est une relation de bon ordre.

En effet la relation𝑐 ≤ 𝑐entre cardinaux est une relation de bon ordre (chap. III) et, avec les notations du b) du th. 2, les relations𝑐 ≤ 𝑐et𝑈𝑐⊂ 𝑈𝑐 sont équivalentes.

Notons que le th. 2, b) donne une seconde démonstration du th. 1 (n5).

Passons à la démonstration du th. 2. Étant donné un ensemble𝐴, nous appelleronschaîne de𝐴toute suite finie(𝑥𝑗)𝑗=0,…,𝑛telle que𝑥0 = 𝐴et que𝑥𝑗+1 ∈ 𝑥𝑗 pour𝑗 = 0, … , 𝑛 − 1. Les chaînes de𝐴forment unensemble, d’après le schéma de sélection-réunion ; notons le 207

𝐺(𝐴). Étant donnée une chaîne𝑋 = (𝑥𝑗)𝑗=0,…,𝑛, les chaînes de la forme(𝑥𝑖)𝑖=0,…,𝑞 avec 𝑞 ≤ 𝑛seront dites plus petites que𝑋; on obtient ainsi, sur𝐺(𝐴), une structure d’ensemble ordonné. Pour que 𝐴soit artinien, il faut et il suffit que𝐺(𝐴)soit un ensemble ordonné

«noethérien» (c.à.d. satisfaisant aux conditions équivalentes du chap. III, § 6,n5).

Nous allons montrer que :

(*)Si𝐴est artinien, il est déterminé de façon unique par la classe d’isomorphisme de l’ensemble ordonné𝐺(𝐴).

En effet, étant donnés un ensemble ordonné𝐺et un élément𝑔 ∈ 𝐺, nous noterons𝑆(𝑔) l’ensemble des𝑔 ∈ 𝐺tels que𝑔 < 𝑔et que𝑔 ≤ ℎ ≤ 𝑔impliqueℎ = 𝑔 ouℎ = 𝑔 (autrement dit l’ensemble des « successeurs immédiats » de𝑔). Considérons l’application𝜃 qui, à toute chaîne𝑋 = (𝑥0, … , 𝑥𝑛)de𝐺(𝐴)fait correspondre l’ensemble𝑥𝑛; on a alors, pour tout𝑋 ∈ 𝐺(𝐴):

𝜃(𝑋) = {𝜃(𝑋)|𝑋∈ 𝑆(𝑋)}.

Comme 𝐴est l’image par𝜃du plus petit élément 𝑋0 = (𝐴)de 𝐺(𝐴), il va nous suffire de montrer que𝜃est uniquement déterminée par la classe d’isomorphisme de l’ensemble ordonné𝐺(𝐴). Or ceci résulte du lemme suivant :

LEMME 1. — Soient𝐺un ensemble ordonné noethérien et𝜑une application de𝐺telle que, 208

pour tout𝑔 ∈ 𝐺, on ait :

(1) 𝜑(𝑔) = {𝜑(𝑔)|𝑔∈ 𝑆(𝑔)}.

Alors 𝜑est déterminée de façon unique. De plus, si𝑈est un univers contenant un élément équipotent à𝐺,𝜑prend ses valeurs dans𝑈.

L’hypothèse implique qu’on a𝜑(𝑔) = ∅si𝑔est un élément maximal de𝐺.

Soient, en effet,𝜑et𝜑deux applications telles que (1) soit vraie ; si𝜑 ≠ 𝜑, l’ensemble des𝑔 ∈ 𝐺tels que𝜑(𝑔) ≠ 𝜑(𝑔)est non-vide, donc admet un élémentmaximalℎcar𝐺est noethérien ; on a alors𝜑(𝑔) = 𝜑(𝑔)pour tout𝑔 > ℎ, en particulier pour tout « successeur » 𝑔 ∈ 𝑆(ℎ); d’où𝜑(ℎ) = 𝜑(ℎ)par (1), ce qui est une contradiction ; on a donc bien𝜑 = 𝜑. Soit maintenant𝑈un univers contenant un élément𝑥équipotent à𝐺; montrons que 𝜑prend ses valeurs dans𝑈; sinon soitℎun élément maximal parmi les𝑔 ∈ 𝐺tels que 𝜑(𝑔) ∉ 𝑈; on a𝜑(𝑔) ∈ 𝑈pour tout𝑔∈ 𝑆(𝑔)de sorte que

𝜑(ℎ) = {𝜑(𝑔)|𝑔∈ 𝑆(ℎ)}

est une partie de𝑈; or, comme son cardinal est inférieur àcard(𝐺)donc au cardinal d’un élément de𝑈, on a𝜑(ℎ) ∈ 𝑈(n 1, prop. 7) ; cette contradiction montre que𝜑prend ses valeurs dans𝑈.

Ceci étant, démontrons le a) du th. 2. On peut se borner à l’assertion non-respée, car 209

l’autre en découle aussitôt. Soit𝑐un cardinalinfini. Si𝐴est un ensemble de type𝑐on a :

(2) card(𝐺(𝐴)) ≤ 𝑐 .

En effet, si on note 𝐴𝑛 l’ensemble des composants d’ordre𝑛 de𝐴, on acard(𝐴1) ≤ 𝑐et card(𝐴𝑛+1) ≤ 𝑐 ⋅card(𝐴𝑛), d’oùcard(𝐴𝑛) ≤ 𝑐𝑛par récurrence ; or𝑐𝑛 = 𝑐car𝑐est infini (chap. III) ; d’oùcard(⋃𝑛=0𝐴𝑛) ≤ card(N) ⋅ 𝑐 = 𝑐(chap. III) ; or𝐺(𝐴)est un ensemble de suitesfiniesd’éléments de⋃𝑛𝐴𝑛, de sorte qu’on a bien l’inégalité (2) (chap. III). Ceci étant, si𝐸est un ensemble de cardinal𝑐, la donnée d’une structure d’ordre sur une partie𝐸de 𝐸équivaut à la donnée de la partie de𝐸 × 𝐸formée des(𝑥, 𝑦)tels que𝑥 ∈ 𝐸,𝑦 ∈ 𝐸 et𝑥 ≤ 𝑦. Donc, en vertu de (2), les classes d’isomorphisme des ensembles ordonnés𝐺(𝐴) (où𝐴est de type 𝑐) forment un ensemble𝔉𝑐, et on acard(𝔉𝑐) ≤ card(𝒫(𝐸 × 𝐸)) = 2𝑐. Soit𝔉𝑐la partie de𝔉𝑐formée des classes d’ensembles ordonnés noethériens ayant un plus petit élément ; si, à tout𝐺 ∈𝔉𝑐, on fait correspondre la valeur de la fonction𝜑du lemme 2 au plus petit élément de𝐺, on obtient une application𝜃de𝔉𝑐dont l’image contienttous les ensembles artiniens de type𝑐. Ces derniers forment donc bien un ensemble𝐴𝑐, et on a card(𝐴𝑐) ≤card(𝔉𝑐) ≤card(𝔉𝑐) ≤ 2𝑐.

Reste à voir qu’on acard(𝐴𝑐) = 2𝑐. Pour cela il suffit de voir qu’il existe un ensemble

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artinien𝐵de type𝑐et de cardinal𝑐, car les parties de𝐵seront alors des éléments de𝐴𝑐. Cette existence résulte du lemme suivant :

LEMME 2. — Pour tout cardinal𝑐, il existe un ensemble artinien𝐵de type𝑐et de cardinal𝑐. On procède par induction transfinie sur𝑐. Pour𝑐 = 0on n’a pas le choix, et on prend 𝐵 = ∅. Si𝑐à un prédécesseur𝑐, soit𝐵un ensemble artinien de type𝑐et de cardinal𝑐; on a alors𝑐 ≤ 2𝑐, de sorte qu’il existe une partie𝐵de𝒫(𝐵)de cardinal𝑐; les éléments de𝐵sont des parties de𝐵et ont donc des cardinaux≤ 𝑐 ≤ 𝑐; les composants d’ordre supérieur de𝐵sont des composants de𝐵, et ont donc aussi des cardinaux≤ 𝑐≤ 𝑐. Enfin, si𝑐n’a pas de prédécesseur, on choisit, pour tout cardinal𝑐𝜆< 𝑐, un ensemble artinien𝐵𝜆

de type𝑐𝜆et de cardinal𝑐𝜆; alors𝐵 = ⋃𝜆𝐵𝜆répond à la question. Ceci démontre le lemme 2, et achève la démonstration de la partie a).

Passons à b). Soit𝑐un cardinal fortement inaccessible. On sait déjà, par a), que les en-sembles artiniens de type strict𝑐forment un ensemble𝑈𝑐. Le fait que𝑈𝑐est un univers ré-sulte aussitôt des propriétés (AR.I) à (AR.IV) des ensembles artiniens (début dun), et de

ma-211

jorations de cardinaux analogues à celles de la prop. 10 dun5. La relationsup𝑥∈𝑈

𝑐card(𝑥) = 𝑐résultedu lemme 2, appliqué aux cardinaux< 𝑐. Enfin, pour montrer quecard(𝑈𝑐) = 𝑐, supposons d’abord𝑐non dénombrable; d’aprèsle lemme dun5,𝑈𝑐est la réunion⋃𝑑<𝑐𝐴𝑑, où𝐴𝑑désigne l’ensemble des ensembles artiniens de type 𝑑; or on acard(𝐴𝑑) = 2𝑑 < 𝑐 (par a)) ; d’autre part l’ensemble des cardinaux𝑑 < 𝑐a un cardinal≤ 𝑐(chap. III) ; d’où card(𝑈𝑐) ≤ 𝑐 ⋅ 𝑐 = 𝑐, et aussicard(𝑈𝑐) ≥ 𝑐carcard(𝑈𝑐) ≥card(𝐴𝑑) = 2𝑑pour tout𝑑 < 𝑐.

Le cas𝑐 = 0étant trivial, reste le cas où𝑐est lecardinal infini dénombrable.Dans ce cas𝑈𝑐 est l’ensemble des ensembles artiniens de type fini (i.e. finis ainsi que tout leurs composants), et on utilise un joli résultat de nature combinatoire.

LEMME 3. — (D. König ?). Considérons deux suites infinies(𝐸𝑛)𝑛≥1,(𝑓𝑛)𝑛≥1d’ensembles finis 𝐸𝑛 et d’applications𝑓𝑛 ∶ 𝐸𝑛+1 → 𝐸𝑛. S’il n’existe aucune suite infinie(𝑥𝑛)𝑛≥1 telle que 𝑥𝑛∈ 𝐸𝑛et que𝑓𝑛(𝑥𝑛+1) = 𝑥𝑛pour tout𝑛, alors𝐸𝑛est vide pour𝑛assez grand.

Autrement dit, si toutes les suites(𝑥𝑛)telles que𝑓𝑛(𝑥𝑛+1) = 𝑥𝑛sontfinies, leurs longueurs sont bornées. Ça peut s’exprimer en termes de limites projectives : une limite projective d’ensembles finis non vides est non vide (cf. Top. Géné., Chap. I, 2e éd. § 9,n6, prop. 8,2)).

Raisonnons, en effet, par l’absurde. S’il existe des 𝐸𝑛 non vides pour 𝑛 arbitraire- 212

ment grand, aucun 𝐸𝑛 n’est vide (car 𝐸𝑛 = ∅ entraîne 𝐸𝑛+1 = ∅ vu l’existence de 𝑓𝑛 ∶ 𝐸𝑛+1 → 𝐸𝑛). Appelons « cohérentes » les suites finies (𝑥𝑗)1≤𝑗≤𝑛 telles que 𝑓𝑗(𝑥𝑗+1) = 𝑥𝑗 pour𝑗 = 1, … , 𝑛 − 1. Démontrons, par récurrence sur𝑛, l’existence d’une suite cohérente(𝑎1, … , 𝑎𝑛) (𝑎𝑖∈ 𝐸𝑖)qui, pour tout𝑞 ≥ 𝑛, peut être prolongée en une suite cohérente(𝑎1, … , 𝑎𝑛, 𝑥𝑛+1, … , 𝑥𝑞)de longueur𝑞. C’est évident pour𝑛 = 0, car aucun𝐸𝑞

n’est vide. Passons de 𝑛à𝑛 + 1. Si, pour tout𝑥 ∈ 𝑓𝑛−1({𝑎𝑛}) ⊂ 𝐸𝑛+1, toutes des suites cohérentes prolongeant(𝑎1, … , 𝑎𝑛, 𝑥) avaient des longueurs bornées par un entier 𝑞(𝑥), alors toutes les suites cohérentes prolongeant (𝑎1, … , 𝑎𝑛) seraient de longueurs bornées (parsup𝑥𝑞(𝑥)) car𝐸𝑛+1est fini ; il existe donc𝑎𝑛+1∈ 𝑓𝑛−1({𝑎𝑛})tel que la suite cohérente (𝑎1, … , 𝑎𝑛, 𝑎𝑛+1) admette des prolongements de longueur arbitraire. Ceci étant on a une suite infinie(𝑎𝑛)𝑛≥1qui contredit l’hypothèse.

Il résulte du lemme 3 que si𝐴est un ensemble artinien de type fini, alors l’ensemble ordonné𝐺(𝐴)de ses chaînes estfini: on prend, en effet, pour𝐸𝑛l’ensemble des chaînes (𝑥𝑛∈ 𝑥𝑛−1∈ ⋯ ∈ 𝑥1∈ 𝐴)à𝑛+1termes (qui est fini car les composants de𝐴d’ordre≤ 𝑛+1 sont en nombre fini et sont tout finis), et pour𝑓𝑛l’application(𝑥𝑛+1 ∈ 𝑥𝑛 ∈ 𝑥𝑛+1… ) ↦ (𝑥𝑛∈ 𝑥𝑛−1∈ … ). Or l’ensemble des classes d’isomorphisme d’ensembles ordonnés finis est 213

dénombrable: en effet, la donnée d’une structure d’ordre sur une partie finie deNéquivaut à celle de son graphe, qui est une partie finie deN×N; d’autre part l’ensemble des parties finies d’un ensemble dénombrable est dénombrable (chap. III). Il résulte de (*) et du lemme 1, que l’ensemble𝔞 des ensembles artiniens de type fini est dénombrable. Il est infini par le lemme 2 (ou, plus simplement, par usage de la suite(𝑧𝑛)𝑛≥0définie au moyen de𝑧=∅, 𝑧𝑛+1= {𝑧𝑛}). Ceci termine la démonstration de b).

Remarque. — On vient de démontrer que, si𝐴est un ensemble artinien de type fini, il n’a qu’un nombre fini de composants. Il existe donc un entier𝑛tel que𝐴soit de type𝑛.

Passons à la démonstration de c). Soient𝑐un cardinal infini,𝑈un univers admettant un élément de cardinal𝑐, et𝐴un ensemble artinien de type𝑐. Alors l’ensemble ordonné𝐺(𝐴)a un cardinal≤ 𝑐(formule (2) ci-dessus). La seconde assertion du lemme 1, appliquée à𝐺(𝐴), montre que l’application(𝑥0, … , 𝑥𝑛) ⇝ 𝑥𝑛de𝐺(𝐴)prend ses valeurs dans𝑈. Autrement dit tout les composants de𝐴sont éléments de𝑈. Ceci démontre c). La démonstration dec) est analogue : si𝐴est un ensemble artinien de type fini, on vient de voir que𝐺(𝐴)est fini ; comme𝑈est non-vide, il contient un élément équipotent à𝐺(𝐴)par le cor. à la prop. 7 (n

1). C.Q.F.D.