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[64] Le chef qui ne croit pas à la cause qu’il sert n’est pas digne d’être chef. Mais il ne suffit pas de croire, il faut faire partager sa foi et son enthousiasme. Il faut que chacun de ceux qu’il a mission de conduire comprenne sa responsabilité dans l’œuvre à accomplir ; au chef de faire communier ses hommes à l’idéal qui l’anime.

[65] La force vive d’une armée, dit Marmont, ne croît pas en raison du nombre de soldats et de moyens matériels, mais bien plus en raison de l’esprit qui l’anime. Ceci est vrai pour tout groupe humain, quel qu’il soit. Insuffler l’esprit, créer le climat,

communiquer la flamme, c’est là l’un des aspects les plus importants de la mission du chef.

[66] Un chef qui n’a pas la foi en sa mission ne saurait être heureux ; et cela est vrai dans tous les sens du terme : il n’a pas la joie en lui, et il va au-devant de l’insuccès.

[67] Un chef abattu est battu d’avance.

[68] Un chef sceptique, quelle que soit la forme de son scepticisme, élégante ou cynique, est un briseur d’élan pour lui-même et pour les autres.

[69] Rien n’est plus décevant pour un chef et pour ses subordonnés qu’un sceptique « À quoi bon ? » ou un découragé « Il n’y a rien à faire ». Réagir vigoureusement ; il y a toujours quelque chose à faire, et tout peut servir.

[70] Quand vous entendez quelqu’un vous dire : « Il n’y a rien à faire » – traduisez : il y a tout à faire, mais je ne me suis pas mis en mesure de faire quelque chose.

[71] Il n’y a pas de tâche inférieure, et pas d’être inférieur, mais ce qui est inférieur, c’est d’accomplir mal sa tâche.

(PÉGUY).

[72] Seule la foi en la grandeur de sa tâche et ses possibilités de réalisation suscite l’énergie suffisante chez le chef pour se surpasser lui-même, et entraîner les autres à sa suite.

[73] Pour venir à bout des choses, le premier pas est de les croire possibles, disait Louis XIV.

[74] L’action en commun, quelle qu’elle soit, exige trop de sacrifices des intérêts particuliers, suppose une tension trop rigoureuse des forces, une discipline trop serrée des libertés pour pouvoir se passer d’une foi, d’un souffle, d’une mystique.

[75] Tout ce qui vit est animé d’un souffle. Tout ce qui est sans souffle est mort.

[76] On ne fait bien que ce que l’on fait avec passion. Celui qui travaille simplement pour gagner de l’argent et qui n’a pas la passion de son métier ne sera jamais un homme de valeur, encore moins un chef.

[77] Toutes les entreprises humaines, les plus humbles ou les plus élevées, les profanes comme les sacrées, sont soumises aux mêmes conditions organiques.

Croire, espérer, aimer, sont les vertus nécessaires à tout homme qui veut faire une œuvre vivante et féconde. Croire à ce qu’il entreprend et en espérer le succès, aimer son

travail et en offrir par amour le fruit aux hommes, telles sont les conditions premières et nécessaires auxquelles nulle entreprise n’échappe.

L’intelligence ne peut poursuivre un effort de construction si elle ne croit pas en la vérité et en l’utilité de sa tâche. Le courage ne peut affronter les obstacles s’il n’espère pas les vaincre.

Enfin tous les ressorts de l’action sont d’autant plus fragiles qu’ils sont plus violents s’ils ne sont pas commandés par l’amour. (Père DONCŒUR).

[78] L’ascendant des vrais chefs vient de la grandeur de leurs vues. L’homme a besoin de larges horizons ; il étouffe dans la mesquinerie.

[79] Aux officiers, qu’il soit demandé, avant tout, d’être des convaincus et des persuasifs, osons dire le mot, des apôtres, doués au plus haut point de la faculté d’allumer le «feu sacré » dans les jeunes âmes : ces âmes de vingt ans prêtes pour les impressions profondes, qu’une étincelle peut enflammer pour la vie, mais qu’aussi le scepticisme des premiers chefs rencontrés peut refroidir pour jamais (LYAUTEY, Le rôle social de l’officier, p. 43.).

[80] Le timide qui manque de souffle ne sera jamais un entraîneur d’hommes ; mais, en sens contraire, l’audacieux qui manque d’idéal ne sera jamais un chef digne de ce nom.

[81] Un peu d’intelligence employée par un cœur passionné ira plus loin qu’un beau génie mis au service d’une âme froide. (MAUROIS).

[82] Faire croire à sa chance est pour le chef la meilleure des chances.

[83] Un chef qui croit à son étoile porte un air d’assurance qui écarte les velléités de résistance. Il ne connaît pas les indécisions, si nuisibles au succès. Il porte la conviction qu’il doit réussir, quoi qu’il fasse, et se trouve ainsi à l’abri des effets néfastes de l’effort converti. Il obéit à son impression instinctive, qui lui est toujours dictée par son subconscient, riche d’expériences antérieures.

[84] La finesse de votre esprit, la bonté de votre cœur, ne seraient rien, sans cet air vivant, cette expression animée que vous devez avoir si vous voulez enthousiasmer vos hommes.

[85] Ne pas être de ceux qui, voyant devant eux une bouteille à moitié pleine, se lamentent de ce qu’elle est à moitié vide.

[86] Il y a peut-être plus de pensées basses et méchantes dans le monde que de pensées élevées ; mais la puissance d’une seule pensée d’amour est infiniment supérieure à celle d’une pensée de haine.

[87] Celui qui a des raisons d’être mécontent de lui se dit mécontent des autres.

[88] Peut-on concevoir un chef « bonnet de nuit » ? Sans doute y a-t-il les soucis de la responsabilité, mais il y a aussi ses exigences, et l’optimisme n’est pas la moindre.

[89] Les dégoûtés ne font que des choses fades, les nonchalants ne font que des choses mornes, les pessimistes ne font que des choses mortes.

[90] Je sais bien que certains prétendent que les optimistes se recrutent presque exclusivement parmi les imbéciles, et pour une partie parmi les gens qui ne sont peut-être pas absolument des imbéciles, mais qui le sont au moins superficiellement. C’est évidemment une thèse que l’on peut essayer de prouver, mais on peut aussi prouver qu’il est beaucoup plus malin, quand on le peut, d’être optimiste que d’être pessimiste. La belle avance de voir le vilain coté des choses ; la belle avance de pouvoir dire quand un malheur arrive : «Je l’avais prédit ! »

Chaque chose, chaque événement a au moins deux faces : une belle et une laide. Pourquoi regarder la laide et ne pas, au contraire, se contenter de regarder la belle ?

…Dans la vie, il faut être optimiste ; les pessimistes n’arrivent à rien ; ils ont peur de tout, ils hésitent en tout, ce sont des philosophes très malheureux qui n’aboutissent pas ; ils réfléchissent toujours, ils se demandent sur quel pied ils doivent danser. En attendant, ils ne dansent jamais.

Il faut être optimiste, absolument optimiste (Camille CAVALLIER, Sagesse du Chef. pp. 26 et 33).

[91] Le monde ne sera vraiment heureux que lorsque tous les hommes auront des âmes d’artistes, c’est-à-dire que tous prendront plaisir à leur tâche, en comprendront la beauté et la vérité. (RODIN).

[92] Le chef dynamique est celui qui, ayant foi en sa mission, croit au succès de sa cause, dégage des moindres événements tout ce qui peut en être tiré de favorable et ne se laisse abattre ni par la contradiction ni par l’insuccès.

[93] Un chef ne s’étonne jamais d’avoir des contretemps, des contradictions, des difficultés.

Le premier mouvement lorsqu’un événement fâcheux arrive est de se plaindre, de gémir, peut être même de se mettre

en colère ? Autant d’énergie gaspillée. Le mieux est d’envisager froidement la situation et de se dire : « Que pourrai-je bien faire pour que ce coup dur soit le point de départ de quelque chose de meilleur ? Comment m’y prendre pour rebondir et transformer cet ennui en avantage ? »

Même si l’on ne voit pas la solution immédiate, le fait de réagir positivement constitue la meilleure attitude pour limiter les dégâts. Il y a des tuiles qui servent à bâtir ; il y a des pépins qui sont des semences.

[94] Un chef doit, en toute humilité et en toute vérité, avoir une certaine dose de confiance en lui-même ; confiance raisonnable et non présomptueuse dans la réalité de ses talents et de ses possibilités. Être humble en effet ne consiste pas à dire : « Je n’ai rien, je ne suis rien, je ne puis rien » car la conclusion est trop facilement « je ne fais rien », mais : « J’ai reçu un certain nombre de talents ; je n’ai pas le droit de m’en glorifier pour moi-même, mais j’ai le devoir de les développer et de les exploiter pour le service des autres. »