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[147] La plupart des chefs ont à obéir à des supérieurs autant qu’à commander à des inférieurs. Ils doivent à ceux qui sont placés en dessous d’eux l’exemple de la déférence et de l’obéissance à leurs propres supérieurs.

[148] Le vrai chef s’efforce de comprendre la pensée de ses supérieurs et concilie l’indépendance et l’originalité de ses conceptions personnelles avec le respect des ordres légitimes. Sortir des limites de l’épure, c’est non seulement insubordination personnelle, mais c’est désordre d’autant plus grave que l’on est responsable d’une collectivité.

[149] Discuter les décisions de son chef hiérarchique est toujours dangereux, car le plus souvent cette discussion se produit dans le vide, sans posséder les éléments nécessaires, et détermine chez les subordonnés une hésitation dans leur obéissance qui suffit à faire échouer les plans les mieux combinés.

[150] Seul, un commencement d’exécution loyale d’un ordre permet de juger de l’importance réelle des difficultés, que notre paresse native et notre peur d’être bousculés dans notre routine sont souvent grossies à plaisir.

[151] La critique déprime le moral ; elle s’attaque au courage des individus ; elle apporte au groupe l’incertitude et le désaccord et brise l’unité de vues comme l’unité d’action.

[152] Bien qu’investi d’une autorité dont le principe remonte jusqu’à Dieu, le chef reste néanmoins un homme.

Et parce qu’il est homme, il ne peut pas ne pas y avoir en lui quelque imperfection.

Certes, le chef a le devoir de se valoriser sans cesse et de toute manière, pour être à la hauteur de sa mission et être digne de son commandement. Mais ses subordonnés, et principalement ses collaborateurs qui, vivant près de lui, peuvent plus facilement déceler ses points faibles, doivent prendre garde à ne pas se laisser hypnotiser par eux. Ils seraient eux-mêmes les premières victimes de la perte de prestige du chef à leurs yeux.

Il faut croire à son chef pour être prêt à le suivre jusqu’au bout, et il faut que le chef sente que son équipe croit en lui pour qu’il ait le courage de demander à ceux qui l’entourent les efforts et les sacrifices qui les mèneront tous à la victoire.

[153] Le vrai chef atténue les fautes de ses supérieurs, s’il y a lieu, et est heureux de montrer à ses subordonnés que le succès vient du chef responsable.

[154] Plus la critique vient de haut, plus elle peut faire de mal. Un chef qui critique son supérieur devant ses subordonnés risque de perdre son influence et de voir promptement ses propres méthodes passées au crible. En réalité, le moral repose sur le loyalisme, sur la fidélité envers les chefs.

[155] La discipline n’est féconde qu’à condition d’être joyeuse et active. Un simple conformisme passif, timide, une crainte cache des reproches ou des sanctions, sont dépourvus de réelle valeur sociale. Ce qui fait consentir à la discipline, ce doit être un fort sentiment de l’intérêt commun, de l’honneur commun, de l’œuvre ou de l’entreprise commune.

La discipline ne risquera pas alors de supprimer ou d’affaiblir les initiatives. (Père SERTILLANGES).

[156] Être discipliné ne veut pas dire se taire, s’abstenir ou ne faire que ce que l’on croit pouvoir entreprendre en pratiquant l’art d’éviter les responsabilités, mais bien agir dans le sens des ordres reçus, et pour cela trouver dans son esprit, par la recherche, par la réflexion, la possibilité de réaliser ces ordres, et dans son caractère l’énergie d’assurer les risques qu’en comporte l’exécution. (Foch).

[157] La discipline, pour un chef, ne signifie pas l’exécution d’ordres reçus autant qu’ils semblent convenables, justement raisonnables et mêmes possibles. Cela signifie que vous avez complètement épousé les idées du chef qui a donné l’ordre et que vous faites tout le possible pour y satisfaire. La discipline ne veut pas dire le silence et l’abstention pour ne faire que ce qui vous apparaît comme

possible sans vous compromettre ; ce n’est pas la pratique de l’art d’échapper aux responsabilités.

Au contraire, c’est agir dans le sens des ordres reçus.

(MAUROIS).

[158] Si l’adjoint se contente d’exécuter les ordres sans chercher à les comprendre ; s’il ne va pas jusqu’à communier à la pensée de son chef, l’autorité sera précaire au détriment du but à réaliser en commun.

[159] La discipline bien comprise ne tue pas la personnalité, elle harmonise les hommes en coordonnant les efforts.

[160] L’augmentation de discipline se traduit toujours par un accroissement de bien-être comme le développement de l’énergie par un supplément de force.

[161] À tous les degrés de l’échelle sociale, dans la vie familiale comme dans la vie professionnelle, la restauration du sens de l’autorité s’impose, et en contrepartie la rééducation de l’esprit de discipline.

La discipline, dit le vieil adage militaire, est la force principale des armées. Elle est aussi la force principale d’une nation qui ne vent pas périr. Un redressement national demande la collaboration et l’adhésion de tous.

Il y a peut-être plusieurs routes pour sortir d’une forêt où l’on s’est égaré. Celle qu’il faut prendre est celle ; que le chef dûment mandaté a choisie. Sans doute peut-on, théoriquement, en concevoir de meilleures, mais la meilleure en fait est celle qu’il aura indiquée, parce que, précisément, il l’aura indiquée. Si chacun partait de son coté, suivant sa fantaisie ou son génie personnel, ce serait l’effritement du groupe et bientôt sa mort en tant que groupe.

D’autre part, un chef possède des éléments d’information que ses subordonnés ignorent. Ayant «en son conseil » pris sa décision, il doit être assuré qu’il sera suivi, car il ne peut appliquer ses facultés de chef au bien général s’il n’a pas une absolue sécurité sur ce point.