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Figure 7 : Sceau et contre-sceau de Mahaut

(1306, AM Saint-Omer BB 111

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)

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Un projet de mariage entre Robert, fils de Mahaut, né vers 1300, et Aliénor, fille d’Edouard Ier, roi d’Angleterre, née le 4 mai 1306, est évoqué dans une notice du Calendar of Patent Rolls concernant le règne d’Edouard Ier : May 8, Winchester. Appointment of John de Cabilone, lord of Arlay, John de Baar and Otto de Grandisono to treat of a marriage between Robert, son and heir of Otto, sometime count of Burgundy and Arras, and of Matilda, late his wife, and Eleanor, the

king’s daughter (Calendar of the Patent rolls preserved in the Public record office, (1232-1509), vol. 4, Edward I,

1301-1307, London, 1898,p. 431). Il semblerait donc que le fils de Mahaut ait lui aussi été mis au service de la politique matrimoniale des rois de France.

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Celui-ci la représente debout, sous un dais gothique, en robe et manteau, tenant dans la

main droite une fleur ou un sceptre fleurdelysé. À sa droite se trouve l’écu de

Bourgogne-Comté, à sa gauche, celui d’Artois. Ils sont chacun soulevés par deux dragons ou parfois

surmontés d’une fleur de lys. Sur le contre-sceau figure l’écu d’Artois dans un trilobe. Outre

ce grand sceau, la comtesse dispose d’un « sceau du secret », plusieurs fois mentionné dans

les sources

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. Ce dernier porte les figures symboliques des quatre Évangélistes dans une

rosace gothique, sur un fond de feuillages, et l’écu de Bourgogne-Comté, parti d’Artois

2

.

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[…] Donné a Paris, sous le seel de notre secré, le VIIIe jour de mars de l’an de grace mil IIIC XIIII(8 mars 1325, AM

Saint-Omer, Renouvellement de la Loi, registre 2 (1319-1324), fol. 81v° 82r° ; A. GIRY, Histoire de la ville de Saint-Omer …,

op. cit., P.J. n°83, p. 462-463) ; […] Item lego tria milia lib. erogandarum in comitatu meo Attrebatensi pauperibus

religionibus, hospitalibus, leprosariis et aliis piis locis prout continetur in quadam cedula signata signo meo secreto […]

(19 août 1307, AD Pas-de-Calais, A 5327 ; B. DELMAIRE, « La comtesse Mahaut d'Artois et ses trois testaments … »,

op. cit., p. 20 [11]) ; […] En tesmoing de ce nous avons mis nostre seel de secréa ces lettres, faites l’an mil trois cens et

quinze, le XXXe jour de novembre, a Conflans (30 novembre 1315, AD Pas-de-Calais A 6043, A. ARTONNE, Le

mouvement de 1314 …, p. 181-182).

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G. DEMAY, Inventaire des sceaux de l'Artois et de la Picardie, Paris : Imprimerie nationale, 1877, n°20, 1294 ; n°21,

1302 ; n°22,1203 ; n°23, 1312. Les archives gardent la trace de fabrication de ces sceaux : A tous chiaus qui ces

presentes lettres verront ou orront, Ernous Caffes, baillieus d'Arras, salut. Sachent tout que mestre Peres, capetains

monseigneur Thibaut d'Ausnoy, est venus par devant nous et a reconnut qu'il a eu et recheu de Colart de Henin, recheveur d'Artois, pour les deux saiaus monseigneur et madame d'Artois, c'est à savoir pour le façon de ces saiaus 20 livres et pour l'argent 12 £ et 18 s., laquele monnoie est en somme 30 et 2 £ 18 s. parisis, de laquelle monnoie devant dite il se tint bien apaiés, et a quitiet monseigneur d'Artois, ses hoirs, sen receveur et leur remanans. En tesmoing de chou, nous avons ces

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Le décor des résidences comtales est également un hymne à la filiation capétienne

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.

Dans le château d’Hesdin, la chambre du comte d’Artois est ornée d’une rangée de têtes de

rois moulées en plâtre à l’image des souverains français, et de fleurs de lys d’or en plomb ou

étain verni fixées sur des murs peints d’azur

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. Les travaux de restauration lancés par Mahaut,

en 1307, montrent qu’elle a conservé ce décor dans ce qui est devenu sa propre chambre :

[…] Azur, vermillon, sinople, vert, ynde, or piment, blanc, mine, fin or, or parti,

douzaines de blanc d'estain et d'estain doré, pour 8 £ d'estain a faire couronne as rois et

faire fleurs de lys, 5 s. 9 d ; pour fil d’arkal a atakier les testes des rois en le chambre ma

dame, 12 d. ; pour 6 los et demi d’ole a destremper les couleurs, de 2 s. 6 d. le lot ; pour

chire a faire moules as testes de rois et de reoines en le cambres ma dame, 2 s. 8 d. ; pour

300 de blans claus a atachier fleurs de lis et testes de rois et de reines es chambre

madame

3

.

En 1311 et 1315, les comptes mentionnent de nouvelles dépenses pour refaire les têtes

et attacher des fleurs de lys dans la chambre de la comtesse

4

. En 1322, le compte de la

Toussaint précise que Mahaut fait ajouter une nouvelle tête dans sa chambre, à savoir celle

de Charles IV, tout juste arrivé au pouvoir. Petite nouveauté cependant : depuis 1307, les

reines figurent en bonne place auprès de leurs époux. Sans doute Mahaut tient-elle ainsi à

affirmer le rôle essentiel des femmes dans l’histoire dynastique, alors même que les

problèmes de succession par les femmes sont au cœur de la vie politique. L’ajout de quelques

roses sur les murs, qui permet à Mahaut de féminiser la pièce, s’inspire directement du décor

de la chambre de la reine dans le Palais de la cité

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. Ce décor fleurdelysé figure également

presentes lettres scelees du scel de le baillie d'Arras, donnees l'an de grasce MCCC et II au mois d'octembre. (AD

Pas-de-Calais A 186.) 1

C. de MERINDOL, « Le décor peint et armorié en France à l’époque médiévale : les châteaux et résidences des comtes d’Artois. Bilan et perspectives », dans Liber amicorum Raphaël de Smedt, vol. 2 (Miscellanea neerlandica, XXV), Louvain-Paris : Peeters, 2001, p. 1-18.

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Robert II, dont la première épouse, décédée en 1275, est inhumée dans la ville de Rome, se serait peut-être inspiré des séries pontificales de Saint-Pierre et Saint-Paul-hors-les-Murs pour faire réaliser ce décor. Mais il aurait aussi pu puiser ailleurs son inspiration : ce type de généalogie figurée se multiplie aussi dans les cours royales et princières.

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AD Pas-de-Calais A 227 ; C. DEHAISNES, Documents et extraits divers concernant l'histoire de l'art …, op. cit., p. 178. 4

Pour 10 £ de plastre a faire testes a mettre en le cambre ma dame, de 10 d. le livre (1311, AD Pas-de-Calais, A 277 ;

C. DEHAISNES, Documents et extraits divers concernant l'histoire de l'art …, op. cit., p. 216) ; Pour ataquir fleurs de lys et

repaindre depicheures en le cambre ma dame […] (1315, AD Pas-de-Calais A 333, C. DEHAISNES, ibid.).

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dans la « chambre aux fleurs de lys », restaurée en 1307

1

. Enfin, certaines pièces de vaisselle

portent les armes de France

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.