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CHAPITRE I : LÉON DEHON ET LE CLIMAT RELIGIEUX ET SOCIAL DE SON

II. LA FIGURE LÉON DEHON

Léon Dehon est né le 14 mars 1843 à La Capelle, village de deux mille habitants, pays d’élevage, région célèbre pour les courses de chevaux, situé au nord du département de l’Aisne en France, à proximité des Ardennes et de la Belgique. Il appartient à une famille aisée de propriétaires terriens et de tradition aristocratique. En fait, par son ascendance, avant la Révolution, le nom Dehon s’est écrit habituellement d’Ehon ou plus souvent de Hon qui est un mot celtique signifiant « cours d’eau ». Depuis la deuxième moitié du XVIIe siècle, les “de Hon” exploitaient un domaine, jouissaient d’une certaine influence sociale et étaient administrateurs de la seigneurie de Ribeaufontaine.43 Léon Dehon est issu d’une famille de trois enfants : son frère aîné Gustave Dehon mort à l’âge de quatre ans, son deuxième frère

41 LEDURE Yves, Le père Léon Dehon 1843-1925 : Entre mystique et catholicisme social, Paris, Cerf, 2005, p.84.

42 NHV, XII/1877, 139.

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Henri Dehon, futur maire et conseiller général à La Capelle, et Léon Dehon, le fils cadet.44 Son père s’appelle Alexandre Dehon (1814-1882), il a fait des études primaires à La Capelle, puis des études secondaires à Saint-Quentin et à Paris. Il était chrétien mais pas fervent ni très pratiquant. Pour l’avenir et la vocation de ses enfants, il souhaitait fort qu’ils continuent la tradition aristocratique de la famille. C’est pourquoi la vocation sacerdotale de Léon Dehon deviendra un grave conflit avec son père. Sa mère Stéphanie Vandelet (1812-1883) venait d’une famille ardennaise et était élevée chez les Dames de la Providence de Charleville où elle a reçu une première éducation chrétienne et acquis une piété forte par la lecture spirituelle et par la dévotion au Sacré-Cœur, à la Sainte Vierge et aux Saints : saints Anges gardiens, saint Joseph, saint Louis de Gonzague, saint Stanislas... Contrairement à son mari, madame Dehon est une chrétienne à la foi solide et à la dévotion ardente. Ce sera elle qui transmettra toutes les pratiques chrétiennes à ses enfants et cultivera surtout le germe de la vocation sacerdotale de son fils cadet.

Léon Dehon commence d’abord à l’école du village. Puis, il fait ses études secondaires d’octobre 1855 jusqu’en août 1859, au collège de Hazebrouck, que le Principal, monsieur l’abbé Jacques Dehaene dirige et où l’abbé Broute est un excellent professeur. Dehon apprécie beaucoup ces deux hommes et considère le premier comme « le père de son âme » et le deuxième comme « un maître » dans toute la force du terme. C’est dans ce collège qu’il obtient le baccalauréat ès-lettres. Pendant ces quatre années, à côté des études, sa vie chrétienne est alimentée par le catéchisme du dimanche, les sermons, la fréquentation de l’eucharistie (il lui arrive à communier même deux fois par semaine !), la lecture spirituelle quotidienne avec les ouvrages connus de l’époque comme le Manuel du Sacré-Cœur que sa mère lui avait donné, l’Imitation de Jésus-Christ Ŕ ouvrage de piété chrétienne, l’un des meilleurs guides spirituels du Moyen Âge, qui est l’emblème d’un courant de spiritualité chrétienne Devotio Moderna, dont l’auteur est présumé être Thomas a Kempis Ŕ, l’Introduction à la vie dévote de François de Sales Ŕ l’une des œuvres majeures de la littérature chrétienne du XVIIe siècle. En ce temps d’études secondaires, Dehon affirme d’ailleurs entendre l’appel de Dieu dans la nuit de Noël 1856 dans la chapelle des Capucins. Il note : « Notre Seigneur me pressa de me donner à Lui. L’action de grâce fut alors si marquée,

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qu’il me resta longtemps l’impression que ma conversion datait de ce jour-là. » C’est ainsi que la vie chrétienne du collégien Dehon est instruite et que sa vocation s’oriente.

Dehon gagne ensuite Paris, d’octobre 1859 jusqu’en avril 1864, pour ses études universitaires. Dans cette Ville Lumière, il acquiert successivement le baccalauréat ès-sciences en 1860, la licence de droit en 1862 et le doctorat en droit civil en 1864 avec une thèse Des bénéfices introduits en faveur des fidéjusseurs, pour le droit romain, et Du Cautionnement, pour le droit français. Ce succès dans ses études permet à ce jeune homme d’ouvrir son intelligence aux différents aspects de la religion, de la politique et des problèmes sociaux. Pendant ces cinq années d’études, pour sa vie chrétienne, il fréquente quotidiennement l’Eglise Saint-Sulpice, Saint-Jacques du Haut-Pas, visite régulièrement le Saint-Sacrement à Sainte-Geneviève, à Saint-Etienne du Mont et se fait affilier au Cercle Catholique et à la Conférence de saint Vincent de Paul45. D’ailleurs, il réalise des voyages46. Parmi les pays d’Europe, il était en Angleterre pour le premier voyage d’avril jusqu’en juin 1861 ; son deuxième voyage était en Angleterre, Ecosse, Irlande d’avril jusqu’en juin 1862 ; puis en Allemagne, Autriche et Scandinavie d’août jusqu’en novembre 1863. Ses voyages d’août 1864 jusqu’en juin 1865 le mènent au Proche Orient et en Terre sainte. De là il retourne par Rome où il est reçu en audience par le Pape Pie IX. Cette rencontre l’a poussé à prendre la décision d’entrer au Séminaire français Santa Chiara à Rome. Ainsi, ces voyages n’ont-ils pas seulement élargi son horizon du monde et complété son éducation mais surtout permis de réfléchir davantage, d’orienter son avenir, de discerner sa vocation.

Depuis son entrée au Séminaire français à Rome en octobre 1865, Dehon se met à faire ses études ecclésiastiques à l’Université Grégorienne jusqu’en 1871. Désormais, malgré l’opposition de son père qui veut bien que son fils poursuive la tradition aristocratique de la famille en l’orientant vers les études de la diplomatie et de la magistrature, il se met à réaliser une vocation sacerdotale nourrie dès son adolescence. Nous savons que ce sujet de conflit entre son père et lui durera longtemps. En dépit de tout, il fait son choix de vie. De ces années d’études sérieuses, il possède en plus trois nouveaux doctorats : doctorat en philosophie, en théologie et en droit canonique. Il acquiert ainsi une bonne formation philosophique et théologique. A côté de ses études, pour sa vie spirituelle, il est toujours accompagné par le

45 DUCAMP Albert, Le père Dehon et son œuvre, p.44.

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Supérieur du Séminaire français, le père Melchior Freyd (1819-1875), prêtre religieux spiritain. C’est au milieu de ces années au Séminaire français Santa Chiara à Rome qu’au titre du diocèse de Soissons, il est ordonné prêtre le 19 décembre 1868 à la basilique Saint-Jean-de-Latran de Rome. Et à la fin de ses études à Rome, lorsque le Concile Vatican I a été convoqué par Pie IX, il a été choisi pour être l’un des sténographes à ce Concile du 8 décembre 1869 au 20 octobre 1870. Ce Concile qui a promulgué le dogme de l’infaillibilité pontificale lui permet de découvrir et d’approfondir la vie de l’Eglise universelle. Ce sera pour lui une expérience riche et inoubliable.

Pour voir plus clairement le portrait de Dehon et entendre ce que le supérieur du séminaire français de Rome, le Père Freyd, prophétise de son ancien élève, il est intéressant de citer ses notes manuscrites, au moment où celui-ci vient d’être nommé vicaire à Saint-Quentin :

« M. Léon Dehon, du diocèse de Soissons. Ŕ Entré le 25 octobre 1865. Ŕ Sorti le 1er août 1871. Ŕ Caractère : Excellent. Ŕ Capacité : Très grande. Ŕ Piété et régularité : Parfaites.

« Notes et renseignements divers : M. Dehon, jeune docteur en droit, avocat à la Cour d’Appel de Paris, après un voyage en Orient, que ses parents lui firent faire pour éprouver sa vocation à laquelle ils étaient opposés, vint en 1865 commencer ses études ecclésiastiques.

Il fit une bonne philosophie au Collège Romain et y fut reçu docteur. Puis, il suivit pendant quatre années les cours de théologie, en ajoutant ceux du Droit canon à l’Apollinaire. Pendant la tenue du Concile du Vatican I, il fut l’un de nos quatre sténographes. Le succès de ses études fut très remarquable ; il remporta plusieurs prix. Remettant, à cause du temps absorbé par le Concile, son examen de docteur à plus tard, il nous revint en 1871, travailla avec son ardeur ordinaire et put prendre le doctorat en théologie au Collège Romain et celui en Droit canon à l’Apollinaire, et cela avec grand succès. C’était un de nos meilleurs élèves sous tous rapports. Piété, modestie, gravité, régularité, amour filial pour ses maîtres, application énergique, etc. : Tout nous le rendait cher. Il est vicaire à Saint-Quentin dans son diocèse et promet beaucoup pour l’avenir. »47

Jusqu’ici, en homme ouvert, perspicace et studieux, Dehon obtient une bonne formation intellectuelle dans différents domaines et entreprend des voyages à l’étranger.

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Pendant ses études, Rome lui a donc donné les éléments essentiels pour penser, méditer, prier et vivre. La direction spirituelle du père Freyd et la lecture des œuvres du père Libermann ont mis Dehon en contact avec l’École Française de Spiritualité. Le temps de la formation essentielle est terminé. Son désir de devenir prêtre est ainsi comblé. Ce jeune prêtre rentre définitivement dans son pays natal. Il porte en lui le double idéal d’être un religieux pour une vie intérieure intense et un enseignant pour répandre en France le modèle de l’université catholique de Rome Ŕ « j’avais désiré depuis des années : une vie de recueillement et d’étude…»48 Il doit désormais préciser l’orientation de son avenir, sa vocation, sa vie.

Intéressé au début par le projet de la mise en œuvre des études supérieures dans le clergé à Nîmes, porté par le père Emmanuel d’Alzon (1810-1880), fondateur de la Congrégation des Assomptionnistes, Dehon voulait même entrer dans sa Congrégation. Mais il n’est pas finalement arrivé à dégager ses hésitations car il se voit contraint par le caractère de l’enseignement supérieur et de la direction spirituelle dans l’œuvre du père d’Alzon. Par ailleurs, c’est entre-temps qu’un autre projet de l’enseignement supérieur à l’Université Catholique de Lille, dirigée par l’Abbé Edouard Hautcœur (1830-1915) intéresse Dehon mais malgré son inclination pour ce projet, il suit le conseil du père Freyd49, son directeur spirituel, de prendre le temps nécessaire pour discerner la volonté de Dieu. Sans pouvoir se décider d’entrer dans une congrégation ou un ordre50 comme les assomptionnistes, les jésuites ou les spiritains, Dehon finit par se mettre à la disposition de l’Evêque de Soissons. Dès lors, son idéal spirituel et intellectuel est suspendu et il doit commencer son ministère paroissial.

Dehon est nommé, en novembre 1871, vicaire à la Collégiale de Saint-Quentin, ville ouvrière de trente mille habitants, ville de l’industrie des tissages, dans laquelle vivent misérablement de nombreux ouvriers, certains habitent même dans des taudis. A cette époque, les patrons n’ont pas l’idée de leur devoir de protection et d’assurance envers leurs ouvriers51 et le négligent.

48 Cité par PRELOT Robert, L’œuvre sociale du chanoine Dehon, p.41.

49 Le conseil du père Freyd à ce sujet : « Votre hésitation est légitime. Vaudrait mieux vous dégager si possible ». Cité par DUCAMP Albert, Le père Dehon et son œuvre, p.97.

50 Cette hésitation a été écrite par ces mots de Dehon : « Mon état d’âme était toujours le même. Je voulais la vie religieuse et Notre Seigneur ne me montrait pas clairement où je devais aller », NHV, XII/1874, 131.

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Face à la situation de la vie misérable des jeunes ouvriers et des familles, Dehon, dans ses activités pastorales, conçoit l’apostolat social comme un facteur indispensable. Sans négliger les célébrations liturgiques et sacramentelles, il s’engage avec sérieux dans les œuvres de formation pour enfants et jeunes ouvriers de cette région industrialisée du tissage du lin et du coton. Lorsqu’il commence son activité sociale concernant l’éducation populaire, il fait cette remarque : « Il manque à Saint-Quentin, comme moyen d’actions, un collège ecclésiastique, un patronage et un journal catholique. »52 Il crée, alors, le Patronage Saint Joseph en 1872 pour donner une formation religieuse et sociale aux enfants, aux jeunes et aux ouvriers. En mettant à leur disposition des salles de jeu, une bibliothèque de livres, de journaux, des revues, des lieux de repos, le Patronage permet aux jeunes et aux ouvriers d’avoir des loisirs, le catéchisme et un cercle d’études. Puis, en 1874, il conçoit en collaboration avec Monsieur Julien le journal catholique quotidien, intitulé Le conservateur de l’Aisne.

La loi civile ignore le droit du repos dominical des ouvriers. Elle n’interdit pas l’embauche des enfants dès l’âge de douze ans. Elle est indifférente à la condition indigne de travail des ouvriers, ce qui entraîne la démoralisation de l’usine et l’immoralité du mélange des sexes.53 Monseigneur Dours (1809-1877), l’évêque de Soissons (1864-1876), qui constate bien ces maux sociaux, lance l’appel pour les œuvres diocésaines. Il crée ainsi le Bureau diocésain des Œuvres constitué en 1874 surtout par les messieurs Prévot, Julien, Guillaume et Dehon. Cet organisme permet de réaliser des œuvres sociales dans le diocèse de Soissons. C’est à partir de cette époque que Dehon, en tant que secrétaire et délégué du Bureau, peut prendre contact avec Léon Harmel, René de la Tour du Pin et Albert de Mun, hommes publics, chrétiens engagés, inspirateurs et propagateurs de la doctrine sociale de l’Église dans la société industrielle telle que l’humanisation des conditions de travail. Dès lors, Dehon devient l’animateur du diocèse de Soissons, le rapporteur et l’organisateur des congrès des œuvres. Reconnu comme vicaire actif et homme d’œuvres, l’évêque le nomme chanoine honoraire de la cathédrale de Soissons en 1876.

52 Cité par PRELOT Robert, Ibid., p.53.

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Toujours préoccupé de l’éducation, avec le souhait et l’encouragement de son Evêque, il ouvre en 1877 un collège catholique, l’Institution Saint-Jean de Saint-Quentin, et y assurera jusqu’en 1893 le poste de directeur-fondateur.

C’est en juin 1877 dans cette ville de Saint-Quentin que Dehon prend la décision de fonder la Congrégation religieuse les Oblats du Cœur de Jésus54 « en esprit d’amour et de réparation »55 (le titre Oblats n’est pas définitif car après 1883, Dehon devra opter pour celui de Prêtres du Sacré-Cœur). Le 28 juin de l’année suivante, il se fait religieux sans compagnon, en prononçant ses premiers vœux de religion devant l’archiprêtre Mathieu délégué par Monseigneur Thibaudier. Ses premiers religieux le rejoindront seulement plus tard. Au début de la fondation, sa congrégation est influencée par le courant victimal et réparateur. Elle s’inscrit principalement dans « l’esprit d’amour et d’immolation en vue de la réparation »56 au Sacré-Cœur de Jésus et porte ainsi l’esprit d’une congrégation sacerdotale victimale. Dehon le note lui-même : « j’éprouvais un attrait puissant pour une congrégation idéale d’amour et de réparation au Sacré-Cœur de Jésus. »57 Le Sacré-Cœur de Jésus est conçu comme la grâce de l’époque, d’où la vie d’amour et de réparation qui semble inéluctablement nécessaire pour tous les chrétiens de ce temps et qui rappelle bien le message de Marguerite Marie reçu de Jésus : le désir du Seigneur de voir des âmes généreuses se consacrer à L’aimer et à réparer les offenses qui sont faites à Son Cœur. Si Dehon crée cette congrégation qui s’attache à la question d’amour et de réparation, c’est parce qu’il porte en lui l’idéal d’une vie religieuse spéciale et qu’il n’en trouve aucune qui réponde à son idéal propre.

Sa congrégation est malheureusement dissoute, de la fin de 1883 à mars 1884, par le Saint-Siège, puisqu’elle est jugée fondée sur un faux mysticisme, sur un malentendu

54 Avec l’assentiment verbal de l’Evêque de Soissons, Monseigneur Thibaudier et par son écrit en ces termes le 13 juillet 1877 : « Le projet de Société a toutes mes sympathies ; j’y prêterai les mains dans toute la mesure où Dieu me paraîtra le vouloir ; je souhaite que vous [Dehon] présidiez à sa réalisation. » Cité par DUCAMP Albert, Le père Dehon et son œuvre, p. 172.

55 DEHON Léon, Règle de vie SCJ. Constitutions et Directoire Général, Rome, Editions du Centre Général d’Etudes, 1983, p. IX.

56 DENIS Marcel, La spiritualité victimale en France, Rome, Studia Dehoniana 11, Centro Generale Studi SCJ, 1981, p.242.

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concernant certains faits apparemment surnaturels et sur des pseudo révélations58. En fait, Marie de Saint-Ignace, la religieuse du couvent des Servantes du Cœur de Jésus, dont Dehon était l’aumônier depuis le 2 juillet 1873, a prétendu avoir des révélations du Seigneur qui détermineraient le contenu doctrinal de la congrégation les Oblats du Cœur de Jésus et confirmeraient la mission du fondateur Dehon. Malgré toute la sensibilité et l’engagement social de Dehon, de sa congrégation et face à la condamnation de Rome, Dehon doit se soumettre au jugement de Rome. Mais il s’attachera toujours avec humilité et confiance à l’Eglise de Rome. Par la plaidoirie de Monseigneur Thibaudier et l’effort de défense de Dehon, le Saint-Siège approuve à nouveau l’ordre en mars 1884 mais impose une nouvelle dénomination : la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Quentin. C’est une appellation commune qui ne peut spécifier le charisme de l’ordre ou de la vie religieuse.

Voulant témoigner une vie de dévotion intense au Sacré-Cœur de Jésus et désirant sans cesse préconiser une attitude d’ouverture et de changement pour l’Eglise59, Léon Dehon donne des conférences, propose des retraites et, publie successivement ses écrits jusqu’en 1923, presqu’à la fin de sa vie (+1925). Parmi ses publications importantes on peut compter la revue mensuelle : le Règne du Cœur de Jésus dans les âmes et dans les sociétés (1889), la revue : la Démocratie chrétienne (1894), les œuvres : Manuel social chrétien (1894), la Retraite du Sacré-Cœur (1896), Catéchisme social (1898), Mois du Sacré-Cœur de Jésus (1900), Mois de Marie (1900), La Rénovation sociale chrétienne (1900), De la Vie d’amour envers le Sacré-Cœur de Jésus (1901), Couronnes d’amour au Sacré-Cœur (1905), Cœur sacerdotal de Jésus (1907), l’Année avec le Sacré-Cœur de Jésus (1909), la Vie intérieure, ses principes, ses voies diverses et sa pratique (1919), Etudes sur le Sacré-Cœur ou contribution à la préparation d’une Somme doctrinale du Sacré-Cœur de Jésus (1922), (et bien d’autres écrits cf. Annexes des œuvres de Dehon).

Léon Dehon meurt le 12 août 1925 à Bruxelles. Désormais, il nous laisse son œuvre Ŕ qui exprime une attention particulière au malaise social qui frappe durement la condition de

58 Pour aller dans les détails du sujet de la suppression de la congrégation, cf. LEDURE Yves, Des logiques

opposées à l’origine de la congrégation dehonienne : exigence de synthèse in LEDURE Yves (Dir.), Léon Dehon : Dynamique d’une fondation religieuse, Clairefontaine, Heimat und Mission Verlag, 1996, p. 65-95.

59 La révolution française et la franc-maçonnerie affichent bien le but de déchristianiser, d’où la volonté de laïciser et de séculariser la société. C’est pour cela que Dehon et sa Congrégation se sont dévoués pour un nombre d’œuvres : culture, les journaux, mission étrangère et l’action sociétale. (MANZONI Giuseppe, Léon

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vie des petits, des humiliés, des démunis Ŕ et sa spiritualité dont la source est le Cœur de Jésus Ŕ qui est le fruit d’une longue évolution de ses études, de ses méditations, de ses activités paroissiales et sociales, et de sa vie prêtre et religieux, produit surtout de La Capelle, de Hazebrouck, de Paris, de Rome, de Saint-Quentin et de Bruxelles.

Rappelons maintenant ce qui précède la compréhension de la spiritualité du Cœur de