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Faiblesses et forces de la région selon les personnes ressources

3. Autres éléments pour appréhender le futur

3.4. Représentations des dynamiques régionales par les personnes ressources interviewées

3.4.2. Faiblesses et forces de la région selon les personnes ressources

3.4.2.1. Faiblesses de la Région Insécurité.

Parmi les faiblesses citées par les personnes ressources, la plus souvent mentionnée concerne l’insécurité. Elle toucherait toute la Région mais à des niveaux différents. Le centre, plus proche de la route nationale, affiche un niveau plus bas d’insécurité. Il s’agit des vols de plantes sur pieds pendant la nuit, signe de pauvreté et de détresse en matière d’alimentation.

Alors qu’aux périphéries de la Région, plus précisément Anjomara Ramartine, Vasiana, Fidirana, l’insécurité règne. Il s’agit des vols des bœufs ou du vol des cultures sur pieds mais de manière beaucoup plus fréquente. Dans le moyen ouest, notamment sur la moitié du district de Betafo et tout le district de Mandoto, le niveau d’insécurité serait très élevé, notamment avec des vols fréquents de troupeaux de zébus par des bandes armées. C’est le phénomène de dahalo. Plus le district est vaste, moins peuplé, et enclavé, plus le problème d’insécurité est d’acuité.

La défaillance est surtout remarquée sur le recrutement des gendarmes et polices : la corruption règnerait et certains d’entre eux seraient complices avec les malfaiteurs. Les effectifs des forces de l’ordre et leur équipement seraient insuffisants, les personnes évoquent le besoin de faire intervenir l’armée.

Une carte de synthèse sur les zones d’insécurité a été établie à partir des cartes dessinées par les personnes interrogées.

Carte 14 : Zones d’insécurité selon les personnes ressources dans le Vakinankaratra

Dégradation de l’environnement.

Dans le Moyen Ouest, les feux de brousse ravageraient le district de Mandoto et la moitié du district de Betafo pendant la période sèche. Ce phénomène est en relation avec l’insécurité, d’où les mêmes délimitations. Les feux de brousse permettent également de faire pousser l’herbe des pâturages après la saison sèche. Selon les personnes ressources, la fréquence des feux est en lien avec la situation politique. Il y a une forte recrudescence de feux quand la population veut manifester son mécontentement. Les effets néfastes sur l’environnement sont énormes : dénudation, érosion, ensablement des bas-fonds.

Carte 15 : Zones avec des problèmes d’environnement selon les personnes ressources

Dans le district de Faratsiho, la rareté des zones boisées fait que la population aurait du mal à trouver du bois de chauffe pour la cuisson des aliments. Elle commence à utiliser les bouses de vaches ou de la tourbe. Toujours dans ce district, on assiste à une dégradation des bassins versants liée surement à l’absence de couverture végétale ou forestière pour la protection contre l’érosion.

Insuffisance et mauvais état des infrastructures.

Le manque d’infrastructures routières conjugué à l’insuffisance d’électricité contribue au phénomène d’insécurité évoqué précédemment (on retrouve à peu près les mêmes délimitations). Seuls les districts d’Antsirabe I et d’Ambatolampy ne souffrent ni d’insuffisance d’électricité, ni du manque d’infrastructures routières.

Pour assurer la disponibilité des aliments pendant la période de soudure et l’accès à ces nourritures à des coûts acceptables, ainsi que d’éviter la vente des produits vivriers précoces, les personnes ressources proposent l’installation de silos de stockages dans les zones productrices et excédentaires. Ces silos permettraient à la population d’être indépendante des systèmes de crédits GCV (Grenier Communautaire Villageois). Les silos auraient comme fonction principale le stockage, pas forcément des nourritures humaines, mais également des fourrages pour les animaux.

Carte 16 : Zones avec des problèmes d’infrastructure selon les personnes ressources

Par ailleurs d’autres faiblesses ont été mentionnées sans qu’elles puissent être représentées sur une carte car elles concernent l’ensemble de la région. Les principales mentionnées sont les suivantes :

 Presque toutes les pistes sont en mauvaises état, vétustes, et rendent difficiles l’évacuation des produits agricoles.

 La population de la région n’est pas ouverte, plutôt silencieuse. Elle ne manifeste pas, n’aime pas donner son avis. Il manque de la cohésion sociale. Chacun pense à son intérêt personnel et non à l’intérêt commun.

 La région n’a pas de plan stratégique bien défini. Le plan régional de développement (PDR) est trop volumineux pour être lu. Et même si ce plan existe, il manque crucialement la volonté politique de réalisation.

 Les ONG pullulent mais leurs actions s’avèrent non conformes aux attentes de la population.  Les Institutions de micro finance (IMF) sont devenues commerciales. Elles visent plutôt leur

performance institutionnelle (taux de recouvrement, portée), sans aucune considération du bien-être de ces clients.

 Beaucoup de ruraux arrivent en ville par le système éducatif. Le primaire est effectué au village, le secondaire au niveau de la commune, lycée au niveau du district, puis l’enseignement supérieur au niveau du chef-lieu de la région. Il est rare que ces jeunes retournent à la campagne. Cela expliquerait la stagnation du monde rural.

3.4.2.2. Forces de la Région

Les forces les plus souvent citées sont les suivantes :

 La région est très productive avec des sols de bonne qualité, très propices au riz pluvial.

 La population est jeune et travailleuse.

 Les sites touristiques sont nombreux : eau thermale à Faratsiho, Antsirabe, et Betafo.

 Les carrières de pierres précieuses (béryl, tourmaline, etc.) sont nombreuses mais concentrées dans les districts de Faratsiho et de Betafo.

 La région, grâce à des cultures très diversifiées, y compris de plantes fourragères, est très favorable à l’élevage de vaches laitières.

 La région regorge de matières premières agricoles (blé, soja, malt (orge), lait, fruits et légumes, etc.) susceptibles d’alimenter les industries à haute valeur ajoutée (agro-alimentaire).

Depuis 2008, on constate le développement des cultures pluviales sur Tanety, dans presque toute la région. Cette nouvelle pratique a été vulgarisée dans le cadre de la politique d’accroissement de la production et par la promotion des cultures de contre saison, pour faire face à une éventuelle répercussion de la crise alimentaire mondiale. Les nouvelles techniques ont aussi permis d’accompagner cette initiative, notamment l’agroécologie, les semis sous couverture végétale (SCV), le zéro labour. La région est aussi connue pour être une zone de production de fruits et légumes, notamment dans les districts d’Antsirabe I et II, puis dans certaines parties des districts de Faratsiho, Antanifotsy, Betafo et Ambatolampy.

Carte 17 : Représentation des zones de fortes potentialités agricoles selon les personnes ressources

Malgré les faiblesses énumérées plus haut pour le district de Mandoto et de Betafo, cette zone permet d’accueillir des immigrants, grâce à l’étendue et à la disponibilité de l’espace. Le climat chaud permet également les plantations de canne à sucre qui pourraient être exploitées comme source d’énergie : l’éthanol. Une partie de ces districts pourra être réservée comme Zone d’Investissement Agricole, permettant de fournir des emplois à la population locale et d’améliorer les infrastructures.