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3. Autres éléments pour appréhender le futur

3.3. Vakinankaratra en 2035 ; estimation des besoins en emploi, terres agricoles, éducation et santé

3.3.1. Démographie et emplois

Les projections démographiques par classes d’âge permettent d’estimer le besoin en emplois pour la région du Vakinankaratra en 2035 et en 2050. Ces besoins sont sensiblement différents selon les hypothèses du nombre d’enfants par femme et donc de l’accroissement de la population.

3.3.1.1. Besoins en emplois au niveau régional

Les figures suivantes présentent les évolutions de la pyramide des âges du Vakinankaratra de 2015, d’abord avec les pyramides des âges en 2035 pour l’hypothèse 2,9 enfants et l’hypothèse 3,9 enfants en 2035 (Figure 34), puis avec les pyramides des âges en 2050 pour l’hypothèse 2,5 enfants et l’hypothèse 3,5 enfants en 2050 (Figure 33).

Figure 32 : Pyramides des âges du Vakinankaratra en 2015 et 2035 pour l’hypothèse 2,9 enfants en 2035 et l’hypothèse 3,9 enfants en 2035.

A l’horizon 2035, dans 20 ans donc, la différence entre l’hypothèse 2,9 enfants et l’hypothèse 3,9 enfants, tient essentiellement dans les différences des effectifs des moins de 20 ans. Avec l’hypothèse 2,9 enfants, les effectifs des moins de 20 ans augmentent modérément, de 18%, alors qu’avec l’hypothèse 3,9 enfants, ils augmentent de 54%. Dans les deux cas, les actifs potentiels âgés de 20 à 64 ans doublent et passent de 850 000 environ en 2015 à 1,5 million en 2035, ce qui correspond à une augmentation d’environ 80% (ces futurs actifs sont déjà nés, ce sont les enfants d’aujourd’hui). Mais, entre les deux situations c’est la charge des inactifs par actif qui varie beaucoup. Avec l’hypothèse de 2,9 enfants par femme, 100 actifs potentiels de 20 à 64 ans ont à leur charge 94 dépendants de moins de 20 ans et de 65 ans et plus, alors qu’avec 3,9 enfants en moyenne ils en ont 117, contre 134 en 2015. Avec 100 actifs potentiels de 15 à 64 ans, les taux de dépendance correspondants sont respectivement de 64 et 78 dépendants de moins de 15 ans et de 65 ans et plus, contre 81 en 2015 (ces taux sont d’environ 50 dépendants pour 100 actifs de 15-64 ans dans les pays émergents).

Par ailleurs, les effectifs des 15 à 24 ans, les entrants sur le marché du travail, devraient aussi augmenter. Ils devraient passer de quelques 450 000 en 2015 à 520 000 en 2035 avec l’hypothèse 2,9 enfants ou à 600 000 avec l’hypothèse 3,9 enfants. Si chaque année un dixième d’entre eux se porte sur le marché du travail et que leur taux d’activité est de 70%, cela correspond à 32 000 nouveaux candidat(e)s à un emploi en 2015, et à 36 000 en 2035 avec l’hypothèse 2,9 enfants, mais 42 000 avec l’hypothèse 3,9 enfants. Le cumul de ces chiffres conduit à un total d’au moins 700 000 emplois à

trouver ou à créer entre 2015 et 2035 dans la région.

Figure 33 : Pyramides des âges du Vakinankaratra en 2015 et en 2050 pour l’hypothèse 2,5 enfants en 2050 et l’hypothèse 3,5 enfants en 2050

A l’horizon 2050, les différences d’effectifs entre hypothèses concernent surtout les moins de 35 ans. Avec l’hypothèse 2,5 enfants, les effectifs des moins de 20 ans sont presque stabilisés, alors qu’avec l’hypothèse 3,5 enfants, ils sont quasiment le double de leurs niveaux de 2015. Les actifs potentiels de 20 à 64 ans continuent d’augmenter et passent de 850 000 en 2015 à 2,1 millions 2050, avec l’hypothèse 2,5 enfants, et à 2,3 millions avec l’hypothèse 3,5 enfants. Ceci correspond à 75 dépendants pour 100 actifs potentiels de 20 à 64 ans dans le premier cas et à 98 dépendants dans le second cas. Si on considère 100 actifs potentiels de 15 à 64 ans, les taux de dépendance correspondants sont

respectivement de 51 et 66 dépendants de moins de 15 ans et de 65 ans et plus, soit dans le premier cas un taux équivalent à celui des pays émergents). Par ailleurs, les entrants sur le marché du travail, les 15 à 24 ans continuent d’augmenter et ils devraient passer de 450 000 en 2015 à 650 000 en 2050 avec l’hypothèse 2,5 enfants et à 890 000 avec l’hypothèse 3,5 enfants, soit deux fois plus qu’en 2015. Avec les mêmes hypothèses que précédemment, ces chiffres devraient correspondre à 46 000 nouveaux candidat(e)s à un emploi en 2050 avec l’hypothèse 2,5 enfants, et à 62 000 avec l’hypothèse 3,5 enfants.

3.3.1.2. Spatialisation des besoins en emplois et implications pour les politiques publiques Même si le calcul comporte beaucoup d’incertitudes, on peut estimer où sont à créer ces emplois jusqu’en 2030 (Figure 34), à partir de la répartition de la population par classe d’âges et par district. Les villes d’Antsirabe et d’Ambatolampy devront créer près de 150 000 emplois supplémentaires. C’est considérable, et au vu de la trajectoire passée avec peu de création dans le secteur formel, il semble que les réponses se trouvent pour l’instant dans un renforcement de l’informel, dans le secteur des services et du petit artisanat. Il semble difficile au secteur industriel, avec les contraintes énergétiques et logistiques actuelles, de pouvoir absorber de tels flux d’entrants. Mais bien sûr toute création d’emplois dans le secteur formel constitue un plus pour le développement économique local, notamment en raison des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie et donc aussi sur le secteur informel. A ceci, on peut ajouter que les projections n’intègrent pas une possible accélération de l’exode rural, qui complexifierait le problème et accroîtrait les défis.

Figure 34. Répartition des nouveaux arrivants sur le marché du travail (cumul 2015-2030)

Mais, il ne faut pas focaliser l’attention sur l’urbain. L’enjeu est extrêmement fort sur le rural pour les 20 prochaines années, sauf si la structure urbain-rural évoluait brutalement par rapport aux projections faites. Plus des trois quart des emplois à créer concerneraient en effet des zones à plus de 90% agricoles, ce qui pose très clairement la question des modes de production susceptibles, dans un laps de temps relativement court, de permettre de relever ces défis d’emplois et d’une manière plus large de moyens d’existence des populations. Par exemple, près d’un quart des emplois à créer se situent à Antsirabe II et 18% dans le district d’Antanifotsy, qui connaissent déjà des taux de pauvreté très élevés, une très forte pression foncière et des difficultés d’accès à la terre pour les nouveaux entrants dans le secteur agricole avec une marchandisation croissante du foncier.

Mais une fois encore, il faut prendre avec beaucoup de réserves cette répartition projetée et reposer la question des possibles ajustements par la migration. En effet, les projections amplifient le contraste entre des zones rurales saturées continuant à se densifier et connaissant une baisse régulière de la taille des exploitations, et des zones de faible densité pour lesquelles les défis de l’emploi agricole par extension de l’Agriculture apparaissent moins problématiques. Pour l’heure, comme les enquêtes ménages le montre, les jeunes se projettent encore majoritairement dans l’agriculture et chez eux. Mais on peut penser que des effets de seuils peuvent se produire et qu’il serait bon d’anticiper, notamment par la promotion d’infrastructures et des actions de « sécurisation », un possible déplacement de populations vers l’Ouest (en partie avec des incitations pour l’installation des enfants des exploitations agricoles familiales des zones fortement peuplées dans cette zone d’extension agricole).