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Le faible poids des populations locales sur les découpages des territoires pendant la période coloniale et ses conséquences :

l’exemple du Sahel

Alain Antil

Résumé

Nous n’embrasserons pas le poids de la colonisation et des découpages territoriaux qui en résultent en un texte si court. D’autres ont déjà abondamment analysé les problèmes sociaux (baptisés « ethniques ») qui en ont découlé sur le mode du « qui sépare-t-on, qui re g roupe-t-on ». Les découpages sont un stigmate de la colonisation parmi d’autres (systèmes éducatifs et politiques importés, liens « particuliers » avec les ex-métropoles1...). Aussi nous attacherons-

nous, grâce à une approche spatiale, à mettre en lumière certains aspects tout à fait essentiels pour la compréhension des dysfonctionnements actuels des pays sahéliens. Quels critères ont été décisifs pour les découpages territoriaux, quels poids ont pu avoir les populations autochtones, et quelles conséquences cela a-t-il pu entraîner pour les états indépendants ?

Découper à la hussarde, un travail de militaire LES FRONTIÈRES COLONIALES

La frontière est en Afrique la traduction d’une volonté externe de découpage qui a nécessité des arbitrages2. Ces choix peuvent être rangés en trois grandes classes de

facteurs.

Les logiques de découpage de l’Afrique de l’Ouest furent d’abord liées aux axes de pénétration, les colonies furent bâties à partir de deux directions majeures de conquête. Le premier axe était une pénétrante depuis l’embouchure du Sénégal, qui remontait ensuite le fleuve, puis se dirigeait vers le delta intérieur du Niger, puis vers le Niger actuel et enfin vers le Tchad. A partir de cet axe, partaient des axes secondaires vers le sud et le nord. La deuxième direction dominante était constituée d’axes pénétrants le continent depuis la côte, de Saint Louis jusqu’au Golfe de Guinée. Le premier facteur était donc géopolitique et tout à fait conjoncturel, héritier de la rivalité coloniale avec

les autres puissances européennes. On estime en effet qu’entre 1885, date de la Conférence de Berlin, et 1910, 70 % des frontières africaines furent dessinées.

Jean Gallais3nous a montré comment les colonisateurs avaient ensuite tenté de donner

des assises aux différentes colonies en s’appuyant, quand cela était possible, sur des noyaux ethno-démographiques. Le Sénégal autour du Djolof et des Pays Sérères, la Mauritanie autour des émirats, le Mali autour des Pays Malinké et Bambara, la Haute Volta autour du pays Mossi et le Niger autour du noyau Djerma. Ce facteur explique en partie comment la Mauritanie fut séparée du Sénégal ou la Haute-Volta du Soudan. A l’image de Faidherbe, dont la pensée a été analysée par A. Pondopoulo4, les militaires

et les fonctionnaires français n’ont eu de cesse de tenter de répertorier, de classer et d’essayer de trouver une cohérence aux sociétés auxquelles ils étaient confrontés. L’objectif de ces classements était double. D’une part, on essayait de différencier, de démêler les sociétés en créant des catégories spatiales et temporelles5: les « races » (qui

deviendront les ethnies) intelligibles pour les Européens car comparables à la notion de « peuple ». D’autre part, on tentait, une fois établie cette différenciation, d’évaluer, de comparer et de hiérarchiser ces groupes les uns par rapport aux autres. Après avoir esquissé des types physiques, repéré des traits culturels particuliers et rangé les différentes « races » dans la catégorie « amis » ou « ennemis », le degré d’évolution des « races » fut surtout évalué en fonction de leur propension à s’organiser en entités politiques, à créer des états. Il s’agissait le plus souvent de trouver les meilleurs adjoints possibles ou les meilleurs relais locaux pour administrer ces nouvelles conquêtes. Ainsi, sur l’ensemble des populations de l’Afrique française, les populations sahéliennes furent généralement jugées plus évoluées que les populations forestières. En ce qui concerne plus particulièrement le bas-Sénégal6, Faidherbe soulignait au milieu du

XIXe

siècle les qualités de deux « races », les Peuls et les Berbères, à travers deux critères. Ils tiraient en effet leurs aptitudes de leur esprit guerrier et d’un grand dynamisme qui s’était traduit notamment par des migrations importantes et la création de nombreux états.

La troisième série de facteurs, révélée par D. Retaillé7, peut se résumer à des

considérations d’ordre budgétaire et fonctionnel. D’une part, les pays de la charnière sahélienne devront partager avec les pays d’Afrique du Nord le désert du Sahara. Pour ce faire, les pays sahéliens s’appuieront sur des « zones pivots » de paysanneries sédentaires, écologiquement plus avantagées pour ne pas condamner ces colonies à la misère par un déficit alimentaire trop chronique. Le découpage était sensé favoriser, à l’échelle de la colonie, ce qui se passait auparavant à l’échelle du continent, c’est-à-dire un échange et une complémentarité nord-sud entre pasteurs et paysans. Les nouveaux territoires sahéliens devaient en outre être faciles à défendre et à administrer, ce qui impliquait une attention très particulière à l’emplacement des centres administratifs et de la capitale.

«... D’autre part, avec son port sur le cours du Niger, Niamey (ou tout autre point dans cette partie du Niger), où commence la ligne d’étapes et de ravitaillement vers l’Est, route tout entière sous sa dépendance, le Territoire militaire est outillé pour vivre de sa vie propre, comme un organisme distinct.

colonies, elles sont largement explicatives de la configuration actuelle des pays, tant au niveau des frontières que des découpages administratifs internes aux colonies. Les colons furent souvent prisonniers du premier découpage. L’inertie régnait le plus souvent dans les chancelleries, car les luttes de compétences entre les différentes entités administratives étaient féroces, le statu quo fut la plupart du temps de mise.

LE DÉCOUPAGE ADMINISTRATIF

Le cas de la Mauritanie (fig. 1) permet de comprendre comment ces facteurs ont pu se combiner, cette fois-ci au niveau du découpage administratif. Le découpage colonial avait été établi au fur et à mesure des conquêtes de nouveaux territoires en fonction des postes qui ont jalonné les axes de pénétration ; des postes créés ou surimposés à des villes ou des bourgs déjà existants. Si nous observons le schéma suivant, nous voyons apparaître la trame

fondamentale du

découpage mauritanien. Plusieurs règles furent suivies consciemment ou inconsciemment, et nous tenterons ici de les exhumer : 1 – La partie mauritanienne de la vallée du fleuve est découpée en quatre secteurs. 2 – Les premières régions sont découpées en fonction des axes majeurs de la pénétration. 3 – Tr o i s autres régions sont bâties autour des prolongations des axes sus-cités (Assaba, Tagant, Adrar). 4 – Ces trois régions se partagent l’essentiel des marges désertiques. 5 – La partie nord-ouest, désertique elle aussi, est séparée entre deux postes : Akjoujt et Port-Etienne. 6 – On donne un nom qui rappelle des constructions politiques antérieures quand on le peut. 6 bis – On ne donne pas de nom pouvant rappeler la présence de constructions politiques négro-africaines rive droite, jugée presque erratique. 7 – Au sud, les Négro-Africains sédentaires et les Maures nomades sont réunis dans les mêmes régions, pour l’assise budgétaire. 8 – Le massif montagneux peut servir de support au découpage. 9 – En 1944, suite aux problèmes liés au Hamallisme9, la région du Hodh est rattachée à la

colonie. On arrive au vieux projet de Xavier Coppolani, « Mauritanie, pays des Maures ». Les Négro-Africains deviennent, avec le rattachement d’une zone de 200 à 300 000 personnes (essentiellement Maures), ultra minoritaires.

Le faible poids des locaux dans la construction des futures entités

Peut-on parler d’acteurs en évoquant les colonisés ? Les populations et les pouvoirs sahéliens ont d’abord subi la colonisation et les découpages. Qu’ils aient été résistants10

ou collaborateurs, les pouvoirs ont été anéantis ou vassalisés. Il est évident que le faible poids des locaux dans les décisions et a fortiori sur les découpages porte en germes les problèmes des états contemporains. Grâce à deux exemples précis, nous allons tenter de mettre en lumière toutes les nuances sur ce sujet.

LA POLITIQUE D’ASSOCIATION,L’EXEMPLE DESMAURES

Dans le courant des années 1910, alors que la conquête territoriale était presque achevée, on envisageait en métropole un changement de politique pour toute l’AOF, F. de Chassey11 souligne que l’on tenta de passer d’une « politique de races » qui

consistait en l’anéantissement des chefferies traditionnelles (par bannissement, mise sous contrôle rigoureuse) à une « politique d’association » pour laquelle on se servait au contraire des structures traditionnelles pour commander.

Dans la Colonie de Mauritanie, le dilemme des colonisateurs illustre tout à fait les poids variables des autochtones dans les décisions. Les colonisateurs avaient conquis la Mauritanie tardivement, la pacification des confins nord ne fut achevée que dans les années trente. Ces espaces désolés ne laissaient espérer aucune mise en valeur.

« En résumé, si nous faisons abstraction de la région fluviale, qui se rattache géographiquement à la zone sénégalaise, cet immense territoire qui couvre sur la carte une superficie comparable à la France, donne partout une impression de désolation irrémédiable. Sous ses aspects divers : regs, dunes, dhar, aklé etc, qui ne manquent certes pas d’attraction pittoresque pour le touriste, nous sommes bien ici en présence ‘d’une lacune de la nature’ ».

Lieutenant Col. Lame

Dès le début de la conquête, les colonisateurs s’étaient rendu compte de la différence entre le sud du pays et le reste. La vallée du fleuve Sénégal, appelée Chemana, était peuplée essentiellement de Négro-Africains (Toucouleurs, Wolofs et Soninkés) qui vivaient de l’agriculture. Le reste du pays, semi-désertique ou désertique, était peuplé de Maures, ethnie majoritairement arabo-berbère et nomade. Même s’ils reconnaissaient que le sud s’apparentait davantage au Sénégal voisin, le Chemana va servir de « ressource » ou de grenier dont l’impôt allait permettre de financer la conquête puis le maintien de l’ordre dans le reste du pays. Ainsi, le Chemana allait être administré directement alors que dans le monde maure, on allait plus systématiquement s’appuyer sur les élites pour administrer. Les deux extraits suivants montrent le rôle des émirats :

« Dès le début de l’occupation de la Mauritanie par les troupes françaises, les émirats, si lourds aux autochtones, s’effondrèrent avec une rapidité foudroyante. Comme à l’origine, cette occupation n’avait pour but que la pacification de la zone dans laquelle se faisait la

La lettre du Gouverneur Général de l’AOF n° 743/ AP 2, du 3 Août 1933 définit l’attitude à adopter vis à vis des chefferies et cache mal un véritable abandon ou un désintérêt face à la quasi totalité de la colonie.

« Nous avons encore besoin du concours des Emirs et de leurs guerriers, soit pour maintenir la cohésion à l’intérieur soit, le cas échéant, pour coopérer à notre défense à l’extérieur. Je crois que nous avons tout intérêt à leur laisser une bonne part d’autorité [...] en soutenant leur prestige par le maintien de toutes les prérogatives compatibles avec une bonne administration de manière à leur permettre de représenter dignement sans que les frais de cette représentation soient une charge trop lourde pour les assujettis compte tenu de nos propres exigences fiscales14».

Le rôle des émirs était codifié par des textes très précis. L’extrait suivant montre les principales prérogatives d’un chef aux ordres de l’administration coloniale.

Extrait de la Convention avec l’Emir de l’Adrar Ahmed Aïda (1944)

Article 2

L’Emir s’engage à agir constamment d’accord avec le résident représentant le Gouvernement Français placé auprès de lui, à déférer à ses avis et à lui rendre compte de tous ses actes administratifs. Il s’engage à assurer l’exécution des lois et règlements applicables en Mauritanie, à maintenir l’ordre et la tranquillité, à faire respecter la liberté de commerce et l’exercice du droit de propriété.

Article 4

L’Emir a droit de police sur tout le territoire du cercle de l’Adrar vis à vis des tribus indiquées à l’article précédent.

Article 5

L’organisation des tribus relevant de l’Emir reste ce qu’elle est à l’heure actuelle. Les modifications dans les groupements, dans la désignation des chefs et toutes les mutations qui pourraient être jugées utiles ultérieurement ne pourront avoir lieu qu’avec l’approbation des autorités françaises.

Article 6

Aucune taxe ou redevance, autres que celles qui lui seraient personnellement dues par ses sahabs ou autres tributaires réguliers, ne sera perçue par l’Emir qui percevra en échange une solde annuelle de 8 000 francs. L’Emir recevra en outre chaque année sur les produits de l’Achour 10 tonnes de dattes ou l’équivalent pour une part en orge, mil ou autres produits.

Les colonisateurs tenaient compte du poids de certains potentats locaux. La présence française était tellement faible que les élites locales gardaient parfois une grande marge de manœuvre. Mieux, ils réussissaient à nouer des relations de confiance avec les différents échelons de l’administration, et le commandant de cercle pouvait devenir leur avocat. Le cas échéant, ils pouvaient court-circuiter le commandant de cercle en s’adressant à l’administration général de l’AOF. Ainsi, Mohamed Radî Ould Mohamed Mahmoud, chef des Ahel Sidi Mahmoud, une grande tribu de l’Assaba (centre de la Mauritanie), fit destituer le commandant de cercle de l’Assaba Gabriel Féral , qu’il accusait de contribuer à diviser son groupement tribal15. Ces acteurs pouvaient, en

s’appuyant sur leur assise tribale et leur excellente relation avec l’administration, peser sur les découpages administratifs (le Trarza, initialement divisé en deux cercles, fut finalement regroupé en une seule division administrative après les requêtes successives

de la tribu émirale) mais jamais sur les découpages frontaliers. Le biais le plus souvent utilisé pour plaider une cause était la menace de désorganisation sociale ou le risque de nuisance aux bonnes relations économiques. Dans la mesure où ces revendications étaient amicales et ne contredisaient pas les options fondamentales, elles pouvaient avoir une suite.

LESTOUAREGS,ARCHÉTYPE DE L’ETHNIE ÉCARTELÉE

L’attitude vis à vis des Touaregs montre les limites de la souplesse française. Tout comme les Maures, les Touaregs étaient des nomades qui avaient longtemps résisté aux envahisseurs. Mais la zone qu’ils peuplaient était très étendue et le découpage colonial les écartelait entre différentes colonies : le Territoire du Haut Sénégal Niger (divisé ensuite en Soudan français, Haute Volta et Niger), l’Algérie et le Nigéria. Mais cela ne constituait pas un véritable éclatement dans la mesure où les Touaregs n’avaient jamais été unis durablement au delà du groupement tribal de quelques milliers d’individus. Le tracé occasionna même une relative accalmie dans les luttes claniques.

« C’était la guerre constante entre les tribus et les délimitations de cette époque ne comptent plus. Le seul partage des terres aujourd’hui valable est celui qui sera fait par les blancs16».

Pourtant, il entraîna deux difficultés pour les Touaregs, une gêne au nomadisme et une position de minoritaires dans les nouvelles structures politiques, dirigées par les ethnies où ils puisaient auparavant leurs esclaves17. En effet, les nomades furent les victimes

d’une administration tatillonne qui allait progressivement faire payer des droits de pacage aux nomades qui venaient d’une autre colonie, et instituer des carnets de transhumance qui allaient considérablement entraver leur liberté de mouvement. Cette mesure allait a contrario encourager les nomades de la colonie à s’approprier les puits ou les pâturages utilisés auparavant par d’autres tribus.

« Nous retomberions dans le cas qui s’est produit dans la région de l’Adrar des Iforas où, par la convention de Niamey du 20 Juin 1909, les Kel Affala sont obligés de payer des droits de pacage au nord de l’oued Gouden, pour user de pâturages qui de tout temps leur ont appartenu et où se trouvent même les tombeaux de leurs ancêtres18».

« Je suis d’avis a priori qu’un droit de cette nature devrait disparaître. Il est certain qu’avant l’accord de 1905, les nomades faisaient gratuitement et indistinctement paître leurs troupeaux des deux côtés de la ligne actuelle de démarcation alors inexistante, et que la solution adoptée ne tient pas compte de ce fait que ces deux côtés font partie intégrante du territoire français. Enfin, les périodes de sécheresse extrême obligent les habitants du Ahaggar à descendre vers le sud19... ».

Les Français de terrain plaidaient généralement pour le changement de découpage ou pour l’assouplissement de frontières « largement conventionnelles »20 entre territoires

assiste progressivement à un changement de nature de l’espace avec l’imposition de nouveaux éléments administratifs (frontières, cercles, colonies…). L’exemple touareg est à l’évidence paroxysmique mais il peut tout de même être retenu comme le modèle de ce qui se passe au niveau du Sahel. La faiblesse des acteurs se traduit par l’imposition d’un mode d’organisation de l’espace qui nie la souplesse sahélienne, (possibilité de repli en cas de sécheresse, solidarités familiales le long d’axes nord-sud, complémentarité entre pasteurs et paysans…). Le nouveau modèle se décline en termes binaires (appartient ou n’appartient pas à la zone de compétence). Ceux qui viennent de l’extérieur doivent être traités différemment. Cet aspect est d’autant plus important qu’il va considérablement se renforcer à l’indépendance des états.

DES TERRITOIRES QUI SONT DEVENUS DESETATS

L’Etat au Sahel, comme presque partout ailleurs en Afrique subsaharienne, n’avait pour toute légitimité que son territoire21, tel qu’il lui avait été légué par les colonisateurs. Il

ne pouvait en effet pas asseoir sa légitimité par l’Histoire car le territoire recoupait rarement des entités politiques préexistantes. Il ne pouvait non plus se justifier d’une lutte d’indépendance. Bien au contraire, les cadres étaient déjà des fonctionnaires en place sous la colonisation. Le déficit de poids des acteurs allait alors avoir son importance dans la crise des états sahéliens. Deux aspects nous semblent particulièrement éclairants.

Le premier est la difficulté de l’Etat à contrôler son territoire. La principale caractéristique des états sahéliens est la faible emprise sur leur territoire. Pierre Gourou nous avait appris que le sous-développement n’était pas déterminé par une bien improbable « nature tropicale » ou par un manque structurel de ressources mais par une incapacité à produire des structures d’encadrement de l’espace efficientes. L’Etat sahélien post-colonial est tout à fait emblématique de cette incapacité à peser sur son territoire et à vaincre la distance. L’exemple du Niger nous permet de prendre la mesure de ce problème.

Le schéma suivant (fig. 2) présente le degré d’intégration des différents espaces composant le territoire nigérien. Ce schéma est la simplification d’une synthèse réalisée par D. Retaillé22prenant en compte des indicateurs tels que les densités de population,

l’infrastructure routière, le trafic routier ou encore le dynamisme des villes. On remarque une césure majeure entre un Ouest assez bien intégré (surtout l’axe Niamey- Maradi-Zinder) et un Est à l’abandon, sans aucune vitalité économique ou démographique, avec des anciennes routes commerciales aujourd’hui pratiquement désertes23. Le Nord-Ouest, malgré son aridité, est relativement bien intégré grâce à l’axe

qui relie la capitale à Arlit, ville qui vit de l’extraction de l’uranium, principale ressource du Niger.

A l’image du Niger, les territoires des états sahéliens ne sont pas encore des systèmes spatiaux, c’est à dire une organisation capable de structurer l’ensemble de l’espace national. L’Est du Niger n’appartient pas au système spatial nigérien. En pays Kanouri (extrême sud-est nigérien), on utilise aussi bien la naira nigériane que le franc CFA. Cette césure majeure de l’espace est le résultat combiné de la faiblesse de l’Etat et de la survivance de solidarités nées à l’époque de l’Empire du Bornou. Ces solidarités ne sont pas un problème en soi. Elles représentent à l’évidence une chance, mais les états