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Un faible degré d’entraînement des acteurs hors de la sphère publique

2. L’évaluation de la mise en œuvre du plan national d’adaptation et de ses

2.4. L’évaluation de l’efficacité du plan : la France est-elle mieux préparée à faire face au

2.4.6. Un faible degré d’entraînement des acteurs hors de la sphère publique

Si la communauté scientifique a dorénavant bien pris en compte l’adaptation au changement climatique dans l’évolution des programmes de recherche, au moins dans les secteurs sensibles (biodiversité, forêt, agriculture...), il n’en est pas encore de même pour de nombreux acteurs.

Des décideurs qu’il reste à convaincre d’engager des actions concrètes

Certaines instances de gouvernance de niveau national ont désormais intégré l’enjeu de l’adaptation au changement climatique dans leurs travaux, à l’exemple du Conseil national de la montagne, du Conseil national de la forêt et du bois ou du Comité national de suivi de la stratégie de gestion du trait de côte. Cette attitude n’est pas généralisée et des plans récents comme le plan national santé au travail ignorent la question du changement climatique.

Les instances de gouvernance territoriales multi acteurs telles que les comités de bassin ou les comités de massif constituent des lieux qui ont permis de faire progresser la prise de conscience des enjeux liés au changement climatique dans certains domaines, tels le secteur de l’eau et les zones de montagne. Pour autant, si le dialogue ainsi instauré a permis de faire place à l’adaptation dans les schémas de gestion, il reste encore difficile de faire adopter par certaines parties prenantes des mesures structurelles d’adaptation, ainsi que cela a été constaté pour les économies d’eau vis-à-vis des usagers les plus consommateurs (en particulier l’agriculture) ou

73 Bonduelle A., Jouzel J., L’adaptation de la France au changement climatique mondial, Avis du CESE, mai 2014, p.7

pour la mutation des stations de moyenne montagne en vue de réduire leur dépendance au tourisme hivernal lié à la pratique du ski.

En raison des incertitudes liées aux scénarios et à la prévision climatique, les fondements de certaines mesures d’adaptation, en particulier de prévention des risques, sont contestés ce qui rend encore difficile leur acceptation par une partie des élus et des populations directement concernés74. Le recours à des outils de simulation numérique ou physique des phénomènes permet de faciliter leur appréhension par les décideurs et les populations dans la mesure où ils sont rendus plus concrets.

Une implication hétérogène des acteurs économiques

La mission a constaté que l’effet d’entraînement du plan sur certaines entreprises ou établissements publics, prévu implicitement au titre des actions transversales, n’a pas pu se réaliser. On peut toutefois relever à cette occasion et c’est un des aspects positifs, que des entreprises comme EDF ont mis en place, en dehors du PNACC, des dispositifs de gestion prévisionnelle de crise climatique : plans grands froids, grands chauds, tempêtes et plus récemment un plan tornades en cours de mise au point.

Si certaines entreprises, notamment les plus grandes et celles qui pratiquent des investissements sur le long terme, ont intégré l’adaptation au changement climatique dans leurs stratégies, la plupart des autres acteurs économiques sont encore trop peu sensibilisés. De ce point de vue, il est regrettable que l’étude prospective qui était prévue sur les risques et opportunités du changement climatique pour l’industrie française n’ait pas été réalisée75. Ce constat est également valable pour l'industrie touristique qui peine à développer les analyses adéquates (cf annexe 3.1, thème 12 tourisme).

Toutefois, des initiatives vertueuses ont été prises dans certains secteurs pour sensibiliser les acteurs professionnels aux enjeux de l’adaptation au changement climatique, à l’exemple du réseau Aforce qui rassemble des acteurs publics et privés du secteur forestier afin de mobiliser, synthétiser et faire circuler l’information vers les professionnels et de produire des outils d’aide à la décision pour les gestionnaires forestiers.

La question de la remontée d’information relative aux actions des secteurs les plus concernés comme celle de la sensibilisation des filières économiques et l’appui à leur apporter pour concevoir des actions d’adaptation méritent d’être posées pour l’élaboration d’un second plan.

De manière générale, les acteurs socio-économiques comme les collectivités territoriales expriment le besoin de disposer d’états des connaissances disponibles, d’exemples de solutions d’adaptation expérimentées et d’appui technique à la conception de mesures d’adaptation.

Un effort de sensibilisation du grand public

74 Par exemple, sur les 303 plans de prévention des risques littoraux prioritaires, seuls 60 sont approuvés et l’opposition des collectivités à leur finalisation est souvent importante.

75 Les Britanniques avaient également de fortes ambitions à ce sujet (cf. § 1.2.1.4) et le rapport annuel 2015 au Parlement montre que nombre d’actions vis-à-vis des entreprises porteront leur fruit en 2017 (source : Reducing emissions and preparing for climate change, Summary and recommendations, Committee on Climate Change- June 2015).

Pour ce qui concerne le grand public, en plus de la stratégie générale de communication, certains thèmes du PNACC incluent une action dédiée à la sensibilisation et à l’éducation du public par des actions ciblées d’information et de communication. Par exemple, dans le domaine de la santé, cette communication s’est fortement structurée, mais elle se fait essentiellement en situation de crise (canicule, grand froid ou maladie vectorielle).

La sensibilisation du public au changement climatique en relation avec le PNACC peut être mesurée par l’évolution de la fréquentation du site web de l’ONERC qui a été multipliée par 5 en moyenne mensuelle entre 2010 et 2015 (en bleu sur le graphique ci-dessous) et par le nombre de pages vues (en rouge sur ce même graphique) qui fluctue mensuellement entre 15 000 et 35 000 pages vues par mois depuis deux ans.

La totalité de cette croissance de fréquentation n’est, bien sûr, pas entièrement attribuable aux seules mesures de communication prévues par le PNACC. En effet, les événements internationaux relatifs au climat et notamment les publications du GIEC76 focalisent fortement les médias et suscitent l’intérêt du public.

Graphique 1 : Fréquentation mensuelle et nombre de pages consultées sur le site de l’ONERC

76 La très forte croissance de fréquentation constatée fin 2013 correspond à la publication du volume 1 du cinquième rapport du GIEC.

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Fréquentation de la partie ONERC et adaptation du site du MEDDE

rubrique DGEC portail (visites)

portail (pages vues)

mois

fréquentation

2.4.7. La France est aujourd’hui mieux préparée qu’elle ne l’était en