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PARTIE II : ETATS DES LIEUX

2.3. CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE

2.3.2.2. Facteurs socio-économiques

Réduction de la production agricole

La réduction, voire la chute drastique de la productivité agricole constitue, un impact de la dégradation des terres et de déforestation fortement ressenti par les paysans. La dégradation des terres et le déboisement, à travers la réduction de la productivité agricole, montrent à quel point l’environnement et les moyens de subsistance sont interdépendants. La chute de la production agricole entraîne, dans les mêmes proportions, la baisse des revenus des paysans

.

En effet, les populations rurales comme urbaines y tirent l’essentiel de leurs produits alimentaires. Le rendement du système agricole est partout en Côte d’Ivoire, essentiellement fonction de la qualité des sols et des techniques culturales. L’utilisation des intrants pour la production agricole est de plus en plus répandue dans la culture des denrées alimentaires dans le but de restaurer ou renforcer la productivité des terres.

Augmentation des charges d’exploitation agricole

L’utilisation des intrants agricoles est de plus en plus répandue dans les régions visitées, notamment dans la culture des denrées alimentaires. En effet, pour maintenir un certain niveau de productivité des exploitations, les paysans sont obligés d’apporter des nutriments au sol pour l’enrichir. L’achat des intrants agricoles accroît les charges d’exploitation des paysans (accessibilité aux intrants et semences…)

Le rendement du système agricole est partout en Côte d’Ivoire, essentiellement fonction de la qualité des sols et des techniques culturales. Comme les itinéraires techniques sont très peu suivis par les paysans, l’utilisation de l’engrais apparaît comme la seule solution pour faire face à la dégradation des terres.

Cependant, le faible niveau de mécanisation agricole et l’insuffisance de la productivité des exploitations qui lui est inhérente limitent, chez les paysans, les possibilités d’amortissement du coût des intrants agricoles. Ainsi, l’on peut à juste titre, dire que la dégradation des terres contribue à appauvrir les paysans.

Chute de la production animale

La dégradation des terres et le déboisement entraînent chez les éleveurs, une baisse de la taille et de la qualité des cheptels. En effet, la raréfaction des pâturages et des cours d’eau a pour conséquence principale l’affaiblissement de la qualité du bétail et la réduction de sa taille. En effet, les animaux mal nourris sont moins résistants à la fatigue et aux maladies.

La dégradation des terres et le déboisement affectent le système de production économique du monde rural. En effet, en réduisant la capacité de production des éleveurs et des agriculteurs, la dégradation des terres et le déboisement fragilisent la base d’existence de ces populations.

Aussi, l’on peut dire que la dégradation des terres et le déboisement constituent un facteur de paupérisation des populations des régions affectées par ce phénomène.

La détérioration des conditions de vie et de travail des femmes

Avec la dégradation des terres et le déboisement, les conditions de la femme se détériorent davantage. En effet, les femmes sont amenées à travailler dans des champs de plus en plus éloignés du village ; elles ramassent du bois de chauffe de plus en plus loin de leur résidence et vont chercher de l’eau plus loin que par le passé.

De ce qui précède, il apparaît que la dégradation des terres et le déboisement fragilisent davantage les conditions d’existence des populations pauvres, notamment les femmes.

Des changements dans les pratiques culturales

Un impact socioéconomique positif que la dégradation des terres et le déboisement ont eu au niveau de certaines localités est le changement des pratiques culturales chez des paysans. En effet, avec la chute de la productivité des cultures de rente traditionnelles (café, cacao et anacarde), les paysans, surtout les jeunes et les femmes, s’adonnent à la culture maraîchère.

Outre le maraîchage, les jeunes, probablement déçus des contrats saisonniers, s’adonnent de plus en plus aux cultures vivrières comme le riz.

Apparition d’activités génératrices de revenus non agricoles

Dans le sillage des cultures maraîchères et vivrières, des activités de commerce ont commencé à se mettre en place et se développer progressivement. Il s’agit d’une part, du négoce du vivrier et du maraîcher et d’autre part, du commerce de produits phytosanitaires.

La vente de produits phytosanitaires peut procurer des recettes mensuelles de 350000FCFA à 500000FCFA. . Quant au négoce du vivrier et des maraîchers, il semble s’avérer une activité très lucrative. Toutefois, ces deux activités semblent être l’affaire de quelques individus ayant déjà d’importants moyens économiques ; en outre, à l’image de toute autre activité socioéconomique de ces zones, elles demeurent liées aux aléas climatiques.

2.3.3. Défis

Comme nous l’avons souligné dans la présente étude, le phénomène de dégradation des terres et de déboisement a de nombreuses conséquences sur les populations des zones touchées. Il convient, pour faire face aux impacts de ce phénomène, de mener trois types d’action :

- les actions de prévention ; - les actions de correction ;

- les actions de soutien aux populations touchées par le phénomène.

Actions de prévention :

 Renforcer et vulgariser la réglementation

Les actions de prévention auront pour objectif principal de prévenir la dégradation des terres et le déboisement. Elles auront de ce fait à agir sur les facteurs explicatifs du phénomène. Le premier facteur ici est l’exploitation forestière qui se fait au delà du 8e parallèle, au mépris de la réglementation en vigueur en la matière. Des moyens matériels et humains doivent être dégagés pour faire respecter la réglementation.

Le deuxième facteur sur lequel l’on devra agir est l’ignorance et l’indifférence des acteurs relativement au mécanisme et impacts de la dégradation des terres et de déboisement. Les actions de sensibilisation et d’éducation devront être entreprises en faveur des paysans et autres acteurs intervenant dans le monde rural. Des actions de renforcement des capacités des autorités et des techniciens devront être menées en matière de lutte contre la dégradation des terres et le déboisement.

 Sensibiliser et éduquer les acteurs sur les bonnes pratiques de GDT

L’objectif des actions de sensibilisation, d’éducation et de renforcement des capacités des acteurs est double : il s’agit d’une part, de faire connaître aux populations les mécanismes de dégradation des terres et de déboisement, et d’autre part, de développer chez elles (les populations), des aptitudes et la volonté d’entreprendre, au niveau individuel et collectif, des

des populations par rapport au processus et aux effets de la dégradation des terres et du déboisement, mais aussi et surtout pour élaborer des stratégies de sensibilisation et d’éducation de ces populations relativement au phénomène étudié.

Actions de correction

Concernant les actions de correction des effets et impacts de la dégradation des terres et du déboisement, elles pourraient avoir plusieurs objectifs :

- Régénérer et fertiliser les sols : on préparerait par exemple du compost, qui deviendra de l’humus et régénérera les sols grâce à ses matières organiques, faire la promotion de l’association Agriculture-Elevage, Encourager l’association des cultures avec les légumineuses ;

- Boiser et reboiser : les arbres jouent plusieurs rôles: ils contribuent à fixer les sols, stabilisent les berges des cours d’eau, font office de coupe-vent, renforcent la fertilité des sols, et aident les sols à absorber l’eau lorsque les précipitations sont fortes. Les opérations d’extension forestière peuvent contribuer à faire régresser les effets négatifs résultant du changement climatique ;

- Elaborer et encourager les pratiques culturales durables.

Actions de renforcement des capacités

Les actions de soutien aux populations ont pour objectif d’appuyer, au plan technique et financier, les efforts des acteurs pour leur permettre de faire face aux aléas climatiques et les atténuer. Une action importante ici serait d’aider les paysans à avoir une maîtrise (même relative) de l’eau. La réalisation des retenues d’eau (à condition bien sûr de faire des études d’impact environnemental) nous paraît nécessaire par exemple pour permettre aux paysans de pratiquer les cultures maraîchères et vivrières en toute saison.

Toutes les mesures énumérées ci-dessus doivent être soutenues par une réelle volonté politique ; elles doivent en outre, s’inscrire dans un programme national de lutte contre la pauvreté.