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2.5 Facteurs de risque de fractures ostéoporotiques

2.5.3 Autres facteurs de risque

Syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing constitue une condition plutôt rare caractérisée par une production excessive de glucocorticoïdes endogènes, notamment le cortisol. L’ostéoporose est une complication fréquente chez ces patients [74]. En effet, il a été estimé que jusqu’à 50% des patients adultes atteints de cette condition aurait une DMO ostéoporotique [74]. De plus, selon plusieurs études transversales, des fractures de fragilisation seraient observées chez 30% à 50% des patients avec un diagnostic de syndrome de Cushing, particulièrement au niveau des vertèbres [74]. Certaines évidences suggèrent que le déficit en densité osseuse pourrait être partiellement réversible suite à la normalisation des niveaux de cortisol, des améliorations de la DMO ayant été observées suite à quelques années de traitement [74].

Insuffisance rénale chronique

Depuis quelques années, plusieurs études ont commencé à montrer un lien entre une insuffisance rénale chronique et l’incidence de fractures de fragilisation. Notamment, une analyse prospective de l’étude CaMos effectuée sur 635 patients âgés de 50 ans et plus a rapporté une perte de masse osseuse significativement plus rapide chez les patients du quartile le plus bas de clairance de la créatinine estimée et ce même en ajustant pour l’âge, le sexe, le poids, la DMO à l’entrée à l’étude et d’autres valeurs cliniques [75]. Il a également été observé qu’une diminution de la DMO se produisait même aux stades les plus précoces d’insuffisance rénale chronique. Les auteurs mentionnent que la perte de masse osseuse due à une insuffisance rénale dépasse celle observée chez les femmes ménopausées. Une autre étude a estimé qu’un peu plus de la moitié (52%) des patients initiant une dialyse ont une fracture vertébrale prévalente ou un antécédent de fractures de fragilisation [76]. De plus, cette même étude a observé que 69% et 24% de ces patients avaient une DMO ostéopénique et ostéoporotique, respectivement [76]. Dans une analyse de l’étude Study of Osteoporotic Fractures, une diminution de la fonction rénale était notamment associée à un risque augmenté de fractures de la hanche; en effet, les femmes à des stades plus avancés d’insuffisance rénale avaient un risque 2,3 fois plus élevé de subir une telle fracture comparativement aux femmes ayant une atteinte moins sévère (HR: 2,32; IC 95%: 1,15 – 4,68) [77]. Une hyperparathyroïdie causant une augmentation des niveaux circulants de PTH, une déficience en vitamine D due à une diminution de la conversion de ses métabolites par le rein et une acidose métabolique pourraient expliquer cette association [75].

Diabète

Bien que la DMO semble être plus grande chez les patients souffrant de diabète de type 2 [78-80], une augmentation du risque de fractures a été observée chez ces patients dans plusieurs études de cohorte. Tout d’abord, l’étude Study of Osteoporotic Fractures a rapporté que les femmes âgées diabétiques n’utilisant pas d’insuline avaient un risque presque deux fois plus élevé de fractures de la hanche (RR: 1,82; IC 95%: 1,24 – 2,69) et

du poignet (RR: 1,94; IC 95%: 1,24 – 3,02) comparativement aux femmes non diabétiques [78]. Le risque de fractures augmentait avec le nombre d’années depuis le diagnostic [78]. Dans une autre étude observationnelle prospective réalisée chez 93 676 femmes ménopausées, la Women’s Health Initiative Observational Study (WHI-OS), le risque de fractures après sept années de suivi était 20% plus élevé chez les femmes diabétiques (RR: 1,20; IC 95%: 1,11 – 1,30) [79]. Ces mesures d’association étaient notamment ajustées pour l’âge, l’IMC, la DMO à l’entrée à l’étude et le risque de chutes. Ces augmentations du risque de fractures ont été confirmées par une méta-analyse, celle-ci ayant rapporté un risque 38% plus élevé de fractures de la hanche chez les patients diabétiques (RR: 1,38; IC 95%: 1,25 – 1,53) [80]. Ces associations pourraient être expliquées par les complications associées au diabète comme la neuropathie périphérique et la rétinopathie, qui pourraient augmenter le risque de chutes [79]. Qui plus est, une altération du métabolisme de la vitamine D due à une néphropathie, une augmentation de l’excrétion rénale du calcium secondaire à l’hyperglycémie et une accumulation de produits terminaux de glycation dans le tissu osseux pouvant diminuer la résistance osseuse constituent de possibles mécanismes pathophysiologiques [79, 80].

Transplantation d’organes

L’ostéoporose est considérée comme une complication fréquente suite à une transplantation de rein, de foie, de poumon ou de coeur. Près de la moitié des patients transplantés souffriraient d’ostéoporose et des fractures vertébrales sont observées chez près d’un tiers de ces patients [81]. La perte de masse osseuse et l’incidence de fractures serait les plus élevées juste après la transplantation, soit dans les premiers trois à six mois [81]. Plusieurs facteurs inter-reliés peuvent contribuer à la pathogénèse de l’ostéoporose secondaire à une transplantation d’organes. En effet, les patients candidats à une transplantation d’organes présentent souvent des facteurs de risque d’ostéoporose pré- établis, incluant un âge avancé, une déficience en vitamine D, un statut ménopausique pour les femmes, une immobilité prolongée et une consommation excessive d’alcool et de tabac [15, 81]. Toutefois, le facteur principal semblant contribuer à la perte osseuse chez les

patients ayant reçu une transplantation d’organe repose dans le traitement immunosuppresseur avec des glucocorticoïdes, la cyclosporine et le tacrolimus [12, 15, 81]. La cyclosporine et le tracolimus accélèrent le remodelage osseux, mais dans ce dernier, la résorption osseuse dépasse la formation de tissu osseux résultant ainsi à une perte nette de masse osseuse [81].

Tumeurs malignes de la moelle

L’ostéoporose a également été rapportée chez plusieurs patients atteints de tumeurs malignes de la moelle, telles que le myélome multiple, les leucémies et les lymphomes [12, 15]. Ces conditions sembleraient être associées à une augmentation de la libération de cytokines activant les ostéoclastes et inhibant les ostéoblastes [12, 15]. De plus, les patients atteints de ces tumeurs sont généralement moins physiquement actifs et ont souvent un faible IMC [12]. Il a également été démontré que les agents de chimiothérapie utilisés pour traiter ces tumeurs pourraient causer un hypogonadisme, ces agents étant directement toxiques pour les gonades [12]. D’ailleurs, chez les femmes, ces traitements entraînent fréquemment une insuffisance ovarienne ainsi qu’une ménopause précoce [12]. Les agents de chimiothérapie pourraient également avoir un effet inhibiteur sur la réplication des ostéoblastes ainsi que sur la minéralisation du tissu osseux [12].

2.6 Conséquences cliniques de l’ostéoporose : Les fractures