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Dépistage et traitement de l’ostéoporose en prévention secondaire

2.9 Taux de dépistage et de traitement de l’ostéoporose

2.9.2 Dépistage et traitement de l’ostéoporose en prévention secondaire

De nombreuses études ont également évalué les taux d’obtention d’un test de dépistage et de traitements pharmacologiques pour l’ostéoporose chez les patients ayant subi une fracture de fragilisation, ces patients étant considérés à haut risque de fractures subséquentes.

Données canadiennes

Au Québec, en 2008, l’étude ROCQ a notamment rapporté que parmi les femmes de 50 ans et plus avec une fracture de fragilisation n’ayant pas de traitement pharmacologique pour l’ostéoporose à l’entrée à l’étude, seulement 28% d’entre elles avaient obtenu un test de mesure de la DMO et 15% ont initié un traitement pour l’ostéoporose dans les six à huit mois après la fracture [25]. Au total, 79% des femmes n’avaient ni diagnostic ni traitement pour l’ostéoporose à la fin du suivi, et ce malgré le fait que 71% des femmes avaient consulté un médecin six à huit mois après la fracture. De plus, deux études de cohorte effectuées à l’aide des banques de données de la RAMQ ont observé que seulement 13% des femmes et 5% des hommes âgés avec une fracture ostéoporotique avaient obtenu un test de mesure de la DMO et que 25% à 30% des femmes et 10% des hommes étaient traités pour l’ostéoporose [189, 190].

Une revue systématique portant sur l’écart thérapeutique de la prise en charge de l’ostéoporose au Canada publiée en 2004 a rapporté que suite à une fracture ostéoporotique,

1,7% à 50,0% des patients obtiennent un diagnostic d’ostéoporose ou un test de dépistage, tandis que 5,2% à 37,5% reçoivent un traitement pharmacologique [188]. Deux analyses de l’étude de cohorte canadienne CaMos publiées après cette revue systématique ont également rapporté les taux de traitement pour l’ostéoporose chez les patients âgés de 50 ans et plus avec une fracture de fragilisation [193, 195]. D’une part, il a été observé que seulement 44% des femmes obtiennent un traitement pharmacologique pour l’ostéoporose 10 ans après la survenue de la fracture [195]. D’autre part, ce taux était encore plus bas chez les hommes, où 90% des patients sont demeurés sans traitement cinq ans après la survenue de la fracture [193]. Dans une autre étude de cohorte canadienne réalisée en 2008 chez des femmes de 50 ans et plus au Manitoba, l’étude Maximizing Osteoporosis

Management in Manitoba (MOMM), le taux d’obtention d’un test de dépistage pour

l’ostéoporose et/ou d’un traitement pharmacologique pour l’ostéoporose durant l’année suivant la survenue d’une fracture de fragilisation était de seulement 20,5% [192]. Finalement selon une enquête de l’Agence de santé publique du Canada réalisée en 2010, un Canadien sur deux (48%) ayant subi une fracture ostéoporotique après l'âge de 40 ans déclare avoir obtenu un test de mesure de la DMO [1].

Données internationales

Une revue de dossiers effectuée chez des patients de 65 ans et plus hospitalisés pour une fracture de la hanche dans un hôpital de l’état de New York a rapporté qu’aussi peu que 5% de ces patients ont reçu un traitement pour l’ostéoporose à leur sortie de l’hôpital, et que seulement 3% ont obtenu un test de mesure de la DMO durant leur hospitalisation ou avaient un tel test prévu dans leur dossier [183]. Les faibles taux observés dans cette étude peuvent être toutefois dus à la période de suivi très courte, les patients n’ayant probablement pas eu l’occasion de rencontrer leur médecin de famille dans un délai aussi court. Deux études réalisées aux États-Unis chez des femmes ayant subi une fracture du poignet ont également rapporté de faibles taux de dépistage et de traitement de l’ostéoporose : seulement 3% à 5% des femmes ont obtenu un test de dépistage pour

l’ostéoporose et 18% à 23% des participantes ont initié un traitement pharmacologique pour l’ostéoporose dans l’année suivant la fracture [181, 185].

En Israël, une revue de dossiers hospitaliers effectuée chez des patients âgés de 50 ans et plus avec une fracture de fragilisation a rapporté que 10% à 30% des patients traités à l’urgence et 39% à 42% des patients hospitalisés avaient initié un traitement pharmacologique pour l’ostéoporose six mois après la fracture [184]. Une autre revue de dossiers transversale récente réalisée au Royaume-Uni a rapporté que seulement 28% des femmes ménopausées se présentant à l’hôpital participant avec une fracture de fragilisation et avec un antécédent de fracture recevaient un traitement pharmacologique pour l’ostéoporose [194].

Deux revues systématiques incluant des études réalisées dans différent pays ont examiné les taux d’obtention d’un test de mesure de la DMO et d’un traitement pharmacologique pour l’ostéoporose suite à une fracture de fragilisation, et ont obtenu des résultats similaires. Ces revues systématiques ont rapporté que seulement 1% à 32% des patients âgés de 40 ans et plus avec une fracture ostéoporotique reçoivent un test de dépistage pour l’ostéoporose, que 2% à 62% initient un supplément de calcium et de vitamine D, et qu’un traitement pharmacologique est initié chez 1% à 65% des patients, dépendamment des études [187, 191].

On peut remarquer une faible amélioration des pratiques préventives de l’ostéoporose dans les études récentes comparativement aux études plus anciennes. En prévention primaire, les études publiées avant 2006 montrent des proportions de patients à risque de fractures obtenant un test de dépistage pour l’ostéoporose variant entre 2% à 23%, tandis qu’un traitement pharmacologique était reçu par 21% à 66% de ces patients. Dans les études publiées en 2006 ou plus, ces taux se situaient entre 47% et 50% pour l’obtention d’un test de dépistage et était de 59% pour l’initiation d’un traitement pour l’ostéoporose. Un phénomène similaire est observé parmi les études en prévention secondaire : les proportions de patients à risque de fractures obtenant un test de dépistage pour

l’ostéoporose observées dans les études publiées avant 2006 se situaient entre 1% et 35% et un traitement pharmacologique était reçu par 1% à 42% des patients, tandis que dans les études publiées en 2006 ou plus, ces taux se situaient entre 5% et 48% pour l’obtention d’un test de dépistage et entre 10% et 65% pour l’initiation d’un traitement pour l’ostéoporose. Toutefois, malgré les nombreux efforts pour améliorer la détection et le traitement de l’ostéoporose, il apparaît que la prise en charge de cette condition demeure encore à ce jour loin des recommandations des guides de pratiques cliniques, et ce même chez les patients les plus à risque de fractures.