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PARTIE I : Le cancer du sein

III. Incidence, facteurs de risque et facteurs de survie

2. Facteurs de risque

2.3. Facteurs hormonaux

Les variations d’incidence observées entre différents pays et zones géographiques amènent à parler de risques environnementaux. Les radiations ionisantes constituent le facteur de risque environnemental le mieux décrit. Les animaux de laboratoire et les populations humaines ayant été exposés à de fortes doses de radiations ionisantes présentent un taux de cancer du sein relativement élevé (Ronckers et al., 2005).

Un certain nombre de produits chimiques environnementaux peuvent augmenter le risque de

cancer du sein. C’est notamment le cas des organochlorés tels que le

Dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) ou les Polychlorobiphényls (PCB) qui ont longtemps été utilisés comme pesticides. Les dioxines ou encore les solvants organiques utilisés dans l’industrie sont également incriminés (Coyle, 2004).

Le régime alimentaire semble aussi avoir une importance dans l’apparition des cancers mammaires. La surconsommation de protéines et de graisses animales a longtemps été incriminée or il apparaît qu’un régime alimentaire riche en acide gras oléique (présent dans l’huile d’olive par exemple) protège des cancers du sein (Wang et al., 2008). Par ailleurs, le taux de cancer mammaire est plus élevé dans les contrées occidentales qu’au Japon ou autres pays d’Asie moins consommateurs de graisses animales. Il est clairement démontré que les femmes obèses post-ménopausées présentent un risque supérieur de développer un cancer mammaire (Carmichael et Bates, 2004; Dumitrescu et Cotarla, 2005). La consommation d’alcool ainsi qu’une consommation active ou passive de tabac augmente également ce risque (Morabia et al., 1996; Johnson et al., 2000; Thygesen et al., 2008). Enfin, la pratique d’une activité physique diminue le risque de développer un cancer du sein chez les femmes pré et post-ménopausées (Maruti et al., 2008).

2.3. Facteurs hormonaux

Certaines hormones stéroïdes jouent un rôle important dans le développement de la glande mammaire. Elles jouent aussi un rôle important en tant que facteur de risque du cancer du sein. Les carcinomes mammaires hormono-dépendants s'observent chez approximativement 60% des patientes pré-ménopausées et chez 75% des patientes ménopausées. On distingue les hormones endogènes (œstrogènes et progestérone) des hormones exogènes pouvant être apportées par les contraceptifs oraux, les traitements hormonaux substitutifs ou encore les xénoœstrogènes.

16 2.3.1. Hormones endogènes

Le risque semble dépendre essentiellement du temps d'exposition de l'épithélium mammaire à ces hormones. De nombreuses variables, incluant l'âge des premières règles, celui de la première grossesse et de la ménopause ainsi que le nombre de grossesses, sont à prendre en compte. Chez les femmes pré-ménopausées, les œstrogènes sous forme d’œstradiol sont majoritairement produits par les ovaires. Après la ménopause, les œstrogènes continuent à être produits au niveau du tissu adipeux notamment dans la glande mammaire (Chen, 1998). Une ménarche précoce (avant 12 ans) augmente de 10 à 30 % le risque de cancer mammaire. De même, une ménopause tardive élève le risque de 3% pour chaque année dépassant l'âge moyen de la ménopause. Ces résultats s'expliquent par l'augmentation, chez ces femmes, du nombre de cycles ovulatoires. A l'inverse, des grossesses précoces ou nombreuses et des lactations prolongées, diminuent le risque de cancer du sein (Dumitrescu et Cotarla, 2005; Sakorafas et al., 2002).

D'une manière générale, la concentration et le type d'hormones présentes dans le sérum influencent le risque de carcinogénèse mammaire. Ainsi, une augmentation du taux d'œstrone, d'œstradiol et/ou de testostérone est corrélée à une augmentation du risque de cancer du sein (Feigelson et Henderson, 1996; Key et al., 2002). La progestérone agit par l’intermédiaire de son récepteur (PR), dont il existe deux isoformes (PRA et PRB), transcrites à partir de deux promoteurs différents d’un même gène. Le rôle des isoformes est mal connu dans la tumeur mammaire mais il apparaît que l’augmentation du rapport A/B induit des gènes impliqués dans l’adhésion cellulaire aboutissant à la migration des cellules cancéreuses vers la moelle osseuse ce qui correspond à un phénotype plus agressif (Jacobsen et al., 2002). Cependant, une étude contradictoire a rapporté que la progestérone n'augmenterait pas ce risque et pourrait avoir un effet préventif (Campagnoli et al., 2005).

2.3.2. Hormones exogènes

Les traitements hormonaux substitutifs et la contraception orale sont les deux sources d'hormones exogènes les plus étudiées. Les contraceptifs oraux contiennent généralement un œstrogène et de fortes doses de progestérone. Les résultats, même s'ils sont pour la plupart contradictoires, montrent qu'ils n'augmentent que modestement le risque de cancer du sein. Ce risque varie selon l'âge d'ingestion des premiers contraceptifs et devient nul environ 10 ans après l'arrêt du traitement (Henderson et Feigelson, 2000; Dumitrescu et Cotarla, 2005).

17 En France, les traitements hormonaux substitutifs les plus couramment prescrits combinent des œstrogènes, généralement administrés sous forme de patchs ou de gels, à de la progestérone micronisée ou à des progestatifs de synthèse. Par ailleurs, les autorités sanitaires recommandent désormais un traitement hormonal substitutif de courte durée. L'examen des taux de cancer selon le type d'hormones suggère qu'avec l'œstrogène utilisé seul (traitement réservé aux femmes hystérectomisées), le sur-risque de développer un cancer du sein est minime voire inexistant. En revanche, lorsqu'il est associé à un progestatif de synthèse, le risque de cancer du sein est augmenté de 40 % et ce, indépendamment de la voie d'administration de l'œstrogène. La combinaison œstrogène et progestérone micronisée semble dépourvue d'effet cancérigène, tout du moins à court terme (Fournier et al., 2005). Les xénoœstrogènes sont des substances chimiques, d'origine naturelle ou synthétique, capables de se lier aux récepteurs des œstrogènes (ER) et d'induire ou moduler une réponse relayée par ces récepteurs. Ces xénoœstrogènes ou œstrogéno-mimétiques proviennent essentiellement de l'industrie, de l'agriculture et des rejets urbains. Les lignées cancéreuses mammaires MCF-7 et T47D, sensibles à l’œstradiol, se multiplient davantage en présence de ces molécules (Soto et al., 1995; Lascombe et al., 2000). Ces résultats suggèrent que ces molécules peuvent avoir un impact non négligeable sur l'incidence des cancers mammaires hormono-dépendants.